A la suite de la clôture des Jeux olympiques (JO) 2024, les croisiéristes des quais de Seine comptaient surfer sur l’engouement des JO pour renflouer les caisses d’un été délicat. L’été indien tardant à pointer le bout de son nez, la réalité pour ces travailleurs saisonniers reste compliquée.
« On ramassera les fruits des Jeux olympiques dans les prochaines semaines », espère Olivier B, croisiériste depuis neuf ans sur la Seine, dont le bateau est amarré, dans le 15e arrondissement de Paris, au port de Grenelle. Lui qui a constaté une baisse drastique d’affluence cet été, en raison d’un temps maussade et des complications liées aux JO, se rassure avec l’espoir de jours plus heureux. « Le contrecoup va arriver. On table sur l’image dorée dont Paris a bénéficié durant l’été. » Salim Makacem, gérant de Paris WaterWay, agence de location de bateaux à ponton et d’embarcations privées, croise également les doigts : « On compte surfer sur les souvenirs magnifiques qu’ont laissé les Jeux dans l’esprit des gens. »
Une fin de saison pourtant mal embarquée
Pierre Turon, responsable commercial de Green River Cruises, est plus prudent que ses confrères sur la fin de saison : « Même avec l’engouement des Jeux, le temps est toujours trop aléatoire pour s’assurer d’avoir beaucoup de clients ». À l’instant où il nous répond au téléphone, Pierre Turon est contraint de s’abriter de la grêle qui touche les quais d’Austerlitz. Pour le moment, pas d’été indien pour les Parisiens.
Pour les croisiéristes, la fin de saison se finit habituellement au déclin des beaux jours. « Dès la mi-octobre on constate généralement un gros ralentissement de la demande, reconnaît le responsable commercial. Nos bateaux sont ouverts. A cause du froid et de la pluie, les touristes ne souhaitent plus monter à bord de nos navires. C’est tout de suite moins agréable pour eux. » Le temps passe sans que la météo ne change. « Si cela continue, je doute vraiment que l’on puisse sortir la tête de l’eau pour cette saison », conclut Pierre Turon.
Tous ne sont pas dans le même bateau
Le discours n’est pas tout à fait le même pour les gérants de certaines embarcations, notamment celles couvertes et destinées à la restauration. C’est le portrait-robot du Diamant Bleu, une longue péniche blanche, qui en plus des habituels touristes et ceux venus profiter des Jeux olympiques, constate une vive recrudescence des clients parisiens venus redécouvrir la capitale le temps d’une croisière dinatoire. En effet, les habitants de la ville lumière reviennent en nombre dans certains secteurs touristiques de la capitale, grâce au boom des JO. « Pour nous, c’est la belle surprise de l’été », admet Pierre Turon à propos du retour de la demande parisienne. Il y a un désir nouveau chez eux d’apprendre à mieux connaître leur ville. »
« L’été prochain, on va capitaliser sur l’image des JO, explique, quant à lui, Salim Makacem. Notre clientèle est principalement étrangère, notamment en provenance des États-Unis. On espère que le fantasme des jeux perdura. On est convaincu que l’on aurait plus de travail. C’est certain. »
Pourtant, il semble que les gérants d’embarcations privées et d’agences fluviales touristiques ne jugent pas encore nécessaire de proposer des balades sur le thème des JO. « On a eu beaucoup de Parisiens qui nous ont appelés pour faire le même trajet que durant la cérémonie d’ouverture, explique le responsable commercial de Green River Cruises. On leur répond que c’est le trajet naturel des bateaux. C’est déjà ce que l’on propose. »
Une saison estivale maussade pour les croisiéristes
Dans la ville de l’amour, contrairement à l’effervescence et l’ébullition ambiantes, l’été n’a pas été rose pour les gérants de l’activité touristique fluviale. « Un couac total », selon Olivier B., Salim Makacem parle lui « d’une petite catastrophe » en se remémorant le bilan de la saison. « Par rapport à l’année dernière on va faire face à une perte de revenus élevée, environ 40 % en moins, détaille-t-il. Pour un travail saisonnier comme le nôtre, cela peut être compliqué. »
Plusieurs facteurs ont occasionné cet important manque à gagner. Tout d’abord, le temps gris, non-amputable aux JO, qui n’a jamais complètement cessé depuis le printemps. « On alterne entre averses battantes et légères accalmies. Personne n’est responsable. Il faut faire avec », reconnaît fataliste le gérant. Paradoxalement, malgré l’énorme coup de projecteur braqué sur ces bateaux lors de la cérémonie d’ouverture du 26 juillet, l’activité a pâti « d’un manque de visibilité certains ». Entre gradins et barricades qui jalonnaient certains quais parisiens, « les touristes ne nous voyaient pas ou n’osaient pas s’approcher de nos embarcations », explique Olivier B. qui ne regrette pourtant en rien d’avoir eu l’honneur de participer avec son bateau à la cérémonie.