Le célèbre artiste Colombien Fernando Botero est mort à 91 ans

Célèbre pour ses personnages aux formes voluptueuses, le peintre et sculpteur colombien Fernando Botero s’est éteint vendredi à l’âge de 91 ans, laissant derrière lui plus de 3.000 tableaux et 300 sculptures.

« Je pense souvent à la mort et cela m’attriste de quitter ce monde et de ne plus pouvoir travailler parce que je prends beaucoup de plaisir à mon travail », avait confié le « maestro » à l’AFP lors d’un entretien à l’occasion de ses 80 ans en 2012. Sa fille a annoncé son décès à Monaco ce matin, précisant qu’il  » a continué à peindre jusqu’à la fin. »

Né le 19 avril 1932 à Medellin (nord-ouest), deuxième ville de Colombie enclavée dans les Andes, ce fils d’un représentant de commerce s’est vite tourné vers l’art. Il vendait déjà ses dessins de tauromachie à l’âge de 15 ans, aux portes des arènes de Bogota.

« Quand j’ai débuté, c’était un métier exotique en Colombie, qui n’était pas bien vu et n’offrait aucun avenir », racontait l’artiste colombien le plus côté au monde. « Lorsque j’ai dit à ma famille que je comptais me dédier à la peinture, ils m’ont répondu: « Bon d’accord, mais nous ne pouvons pas t’aider » « , se rappelait-il.

Des dimensions hors du commun

Sa carrière décolle dans les années 1970 lorsqu’il rencontre le directeur du musée allemand de New York, Dietrich Malov, avec lequel il organisera plusieurs expositions à succès. « Totalement inconnu, sans même un contrat avec une galerie de New York, j’ai alors commencé à être contacté par les plus grands marchands d’art du monde », racontait-il.

Son art se caractérise notamment par ses dimensions hors du commun, qui deviendront une marque de fabrique. Il est aussi influencé par l’art précolombien et les fresques du Mexique, où il s’installera plus tard. Sa sculpture, également marquée par le gigantisme, a occupé une place très importante dans sa carrière, développée essentiellement à Pietrasanta, en Italie.

Pour l’artiste, le qualificatif de « gros » ne convenait pas à ses personnages. Amoureux de la Renaissance italienne, il se disait « défenseur du volume » en art moderne. « Entre le petit détail et la générosité du tracé extérieur, une nouvelle dimension apparaît, plus volumétrique, plus monumentale, plus extravagante », expliquait-il.

Engagement

L’artiste, qui disait ne jamais savoir ce qu’il allait peindre le lendemain, a dépeint à travers les époques les tourments de son pays, marqué par un conflit armé de plus d’un demi-siècle. Son oeuvre met en scène guérillas, séismes, maisons de passe.

Un engagement qui l’a vu faire la satire de l’Eglise catholique dans les années 1950-60, se moquer de l’aristocratie colombienne et des dictateurs en Amérique latine dans les années 1970-80, et dénoncer les guérillas, paramilitaires et trafiquants de drogue en Colombie dans les années 1990.

Le président colombien, Gustavo Petro, lui a rendu hommage sur X : « Fernando Botero, le peintre de nos traditions et de nos défauts, le peintre de nos vertus, est mort. »

« Rapprochement révolutionnaire »

L’artiste a aussi été un grand mécène, avec des donations estimées à plus de 200 millions de dollars. Il a donné aux musées de Medellin et de Bogota nombre de ses oeuvres, et des dizaines de tableaux de sa collection privée, dont des Picasso, Monet, Renoir, Miro…

Ses oeuvres sont également visibles en plein air dans de nombreuses villes du monde, l’artiste estimant que les expositions dans les espaces publics sont un « rapprochement révolutionnaire » de l’art avec le public.

Une idée qu’il avait étrennée en 1992 sur les Champs-Elysées à Paris, puis près du Grand canal de Venise et face aux pyramides d’Egypte. Ses statues ont aussi voyagé jusqu’en Chine en 2015.

 

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