Procédure d’impeachment contre Biden, une stratégie à double tranchant pour les républicains

Le président républicain de la chambre des représentants, Kevin McCarthy, a annoncé mardi l’ouverture d’une procédure d’impeachment à l’encontre du président Biden, accusé de corruption en faveur de son fils Hunter. Une manoeuvre loin de faire l’unanimité dans son propre camp.

 

Alors que Donald Trump est inquiété ces derniers mois dans pas moins de quatre procès, c’est son principal rival aux présidentielles de 2024, Joe Biden, qui risque virtuellement de se retrouver sur le banc des accusés. Il est en effet visé, depuis mardi, par une procédure d’impeachment déclenchée par le président républicain de la chambre des représentants, Kevin McCarthy.

Une commission de la Chambre va mener une enquête sur des soupçons de corruption portant sur le temps où Joe Biden était vice-président de Barack Obama. Les républicains l’accusent de longue date d’avoir profité de sa position d’alors pour favoriser les affaires controversées de son fils, Hunter, en Ukraine.

Pression d’une « frange extrémiste »

Pour Michael Behrent, historien américain écrivant notamment sur la politique américaine dans la revue Esprit, cette procédure à cependant « très peu de chances d’aboutir. Il n’est même pas sûr que les républicains aient une majorité à la Chambre pour la poursuivre au-delà. » Les représentants doivent pourtant voter un à un les actes de mise en accusation avant un éventuel procès du président devant le Sénat.  

Mais cet impeachment est le fruit de la pression exercée sur Kevin McCarthy par une « frange assez extrémiste du parti, qui ne représente qu’une minorité de l’électorat, peut-être entre 30 et 40%. » S’ils ont obtenu gain de cause, cette procédure « représente un réel risque de retour de flamme, car il pourrait montrer que le parti est complètement sous contrôle » de cette minorité d’élus pro-Trump.

Plutôt que d’affaiblir Joe Biden, l’impeachment pourrait surtout souligner les importantes divisions du Grand old party (GOP), majoritaire à la Chambre des représentants. Il avait déjà fallu 15 tours de scrutin, un record, pour élire Kevin McCarthy comme speaker de la Chambre.

Un potentiel repoussoir

Pour l’historien, cette manœuvre relève donc probablement « davantage d’une stratégie strictement personnelle de ces députés » que d’une offensive généralisée contre Joe Biden. Il est d’ailleurs « intéressant de noter que les élus qui s’y opposent ne sont pas forcément modérés », souligne-t-il.

Et si les défenseurs de l’impeachment ont parfois reçu « 60 à 70% des scrutins  » lors des midterms, une partie des autres républicains sont moins certains d’être réélus. Le sénateur Mitch McConnell s’est notamment signalé contre ce choix qui risque d’agir comme un repoussoir pour les électeurs centristes qui ont été une des clés de la victoire du GOP dans des Etats ou des circonscriptions très disputés.

En outre, le soutien apporté par Donald Trump à différents candidats dans des états traditionnellement acquis aux républicains n’a pas empêché leur conquête par les démocrates.

« Aveu de faiblesse »

Pour Micheal Behrent, la décision de lancer l’impeachment est un « aveu de faiblesse » pour Kevin McCarthy, forcé aux concessions par une majorité qu’il ne parvient pas à contrôler. Comme un symbole, il n’a finalement pas soumis l’éventualité d’un impeachment au vote, comme il s’y était engagé, faute de disposer d’une majorité.

Mais, si cet impeachment ne devrait pas trop inquéter Joe Biden, l’historien s’inquiète de la « grande polarisation » de la société américaine. Même si Donald Trump devait être condamné dans un ou plusieurs de ses procès, « beaucoup y verraient un coup d’Etat contre lui, et se verraient renforcés dans leurs convictions. »

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