Les trois avocats d’Aminata Diallo, Me Mourad Battikh, Me Chloé Redon et Me Romain Ruiz, ont tenu une conférence de presse ce jeudi à Paris après la libération sous contrôle judiciaire de leur cliente. Soupçonnée d’avoir commandité l’agression de son ex-coéquipière Kheira Hamraoui en novembre 2021, l’ancienne joueuse du Paris-Saint-Germain était mise en examen depuis vendredi. L’enquête a mis en lumière l’implication et l’influence de certains membres de l’entourage d’Aminata Diallo.
Ces derniers temps, l’actualité du rectangle vert a été éclipsée par les faits divers. Deux affaires secouent le monde du football français et ont en commun l’implication de l’entourage des sportifs. D’un côté, Aminata Diallo, soupçonnée d’être la commanditaire de l’agression de son ex-coéquipière Kheira Hamraoui en novembre 2021, a été mise en examen vendredi dernier. L’enquête fait état de l’implication de certains membres de son entourage, qui l’auraient influencé et l’auraient assisté. De l’autre, Paul Pogba, champion du monde en 2018 avec l’équipe de France. En mars dernier, un groupe d’hommes, dont deux cagoulés et armés de fusil d’assaut, lui auraient réclamé la somme de 13 millions d’euros. Il aurait déclaré aux enquêteurs que son frère, Mathias, est impliqué. Celui-ci a été mis en examen pour « extorsion en bande organisée » et « participation à une association de malfaiteurs en vue de préparation d’un crime » et est incarcéré depuis ce samedi.
Ces deux affaires judiciaires mettent en lumière le danger que peut représenter un entourage malveillant. Alors qu’Aminata Diallo a été libérée sous contrôle judiciaire ce mercredi, ses avocats ont tenu une conférence de presse jeudi, à Paris. En plus de clamer l’innocence de leur cliente, ils en ont profité pour évoquer le cas de César M. Décrit comme un proche de la footballeuse, il est soupçonné d’avoir fait pression sur certains dirigeants de la section féminine du Paris-Saint-Germain, à la demande d’Aminata Diallo : « Je te jure Ami, il faut leur faire la guerre ! » a-t-il écrit à la joueuse. Les avocats de cette dernière précise : « C’est quelqu’un qui gravite dans son environnement, il est le conseiller sportif de Mme Diallo. »
« Ce n’est jamais évident de comprendre les relations »
Le succès, le rayonnement, la réussite sportive mais surtout l’argent, peuvent attirer les mauvaises personnes, comme l’explique Bruno Satin, agent de footballeurs : « Il y a une volonté de beaucoup de gens d’être impliqués dans les deals et sur ce que ça peut générer. Ils vont se prévaloir d’être les yeux, les oreilles, la conscience du joueur mais ce n’est pas toujours exact. » En plus de son rôle sur le plan sportif, l’agent s’assure que son client n’est pas parasité dans sa vie personnelle. Une tâche qui n’est pas toujours aisée : « Ce n’est jamais évident de comprendre les relations. Parfois c’est familiale, parfois c’est amicale. Il y a aussi des anciens éducateurs, qui ont aidé le joueur quand il était plus jeune. Mais si vous voulez mettre une distance avec ces gens-là, en leur faisant comprendre qu’ils n’ont rien à voir et que l’on n’a pas besoin d’eux, vous êtes vus comme un ennemi. »
Bertrand Cauly, président du Syndicat National des Agents Sportifs depuis 2006, éclaire sur la difficulté d’avoir une vision sur les agissements du joueur : « On n’est pas dans leur lit, donc forcément on ne sait pas tout. Il y a beaucoup d’approches malveillantes dont je ne suis pas au courant. Le joueur ne vous dit jamais tout. » Pour essayer de limiter au maximum ces approches, il explique mettre en place des dispositifs particuliers : « On embauche des gardes du corps, des concierges. On essaye d’entourer le joueur avec des gens de confiance. Mais, ça ne marche pas toujours, regardez Paul Pogba. »
Un phénomène qui ne date pas d’hier
La pression subie par les joueurs de football de la part de leur entourage n’est pas une nouveauté. Bruno Satin, qui s’est notamment occupé de Paul Pogba au début de la carrière de celui-ci, raconte ce qui lui est arrivé avec Kalidou Koulibaly, capitaine de la sélection sénégalaise : « Quand on l’a fait signer en Italie, à Naples, son beau frère a fait irruption. Il prétendait protéger les intérêts de la famille et voulait être intégré aux négociations. » Cette intervention a poussé le joueur a rompre ses relations avec Bruno Satin : « Son beau frère avait touché de l’argent pour attirer Koulibaly dans une autre structure, et il a réussi. »
L’argent, le nerf de la guerre. Mais selon Bertrand Cauly, les clubs ont aussi leur part de responsabilité. Il prend en exemple le cas de César M., qui n’apparait pas sur la liste des agents licenciés par la Fédération Française de Football : « A partir du moment où le Paris-Saint-Germain accepte de parler avec lui, ce n’est pas bon. » Il pointe du doigt les malversations présumées, qui ne sont, ici pas du fait de l’entourage mais de celui qui est censé assurer la bonne tenue de la carrière de la joueuse.
Dylan Berrached