Plan de déconfinement : les réactions des politiques au discours d’Édouard Philippe

Le Premier ministre a présenté aux députés ce mardi 28 avril la « stratégie nationale » du gouvernement pour préparer le déconfinement des Français à partir du 11 mai, sans relancer l’épidémie de Covid-19. Très attendu, le discours d’Édouard Philippe a été largement commenté par la classe politique française. 

Le discours s’est déroulé dans un hémicycle presque vide. (Christophe/Flickr)

Le gouvernement s’attendait à une journée houleuse et il n’a pas été déçu. La présentation du plan de déconfinement par Édouard Philippe ce mardi a été fraîchement accueilli par l’opposition. Sachant que les critiques s’étaient abattues sur l’exécutif avant même le discours du Premier ministre.

Profitant du temps de parole qui leur était alloué, l’opposition a fustigé aussi le plan du gouvernement depuis le perchoir. Jean-Luc Mélenchon a déploré une « gestion calamiteuse » et une « décision hasardeuse » tout en déclarant qu’il était « odieux de laisser les parents décider si leurs enfants doivent ou non aller à l’école après le 11 mai ». Damien Abad, le président du groupe des Républicains à l’Assemblée, moque un « 11 mai qui s’est transformé en  »11 mais » «  et met en avant « 50 propositions » élaborées par son groupe. Enfin, Olivier Faure attaque un déconfinement qui est « encore loin d’être prêt ».

La polémique des masques

Les critiques envers le plan du gouvernement sont aussi vives sur les réseaux sociaux après sa présentation. Le député de la France insoumise, Adrien Quatennens, dénonce sur Twitter un déconfinement qui n’est pas « celui des Français mais celui du travail ».

De son côté le président des Patriotes, Florian Philippot, a publié un communiqué sur sa page Facebook. Il y dépeint un plan de déconfinement « mal ficelé » et accuse le gouvernement d’avoir « menti » sur la question du port des masques. Rejoignant d’autres députés il condamne la « folie » de la réouverture des écoles. De son côté, le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a annoncé qu’il voterait contre ce plan « incohérent ».

Le délégué général de la République en Marche, Stanislas Guérini, a, quant à lui, défendu le plan de l’exécutif qui fixe un « cadre clair et cohérent ».

Etienne Bianchi

 

TikTok, le nouvel incubateur à hits musicaux

L’application TikTok, qui compte plus de 800 millions d’utilisateurs réguliers répartis sur 145 pays, participe désormais à la propulsion des hits musicaux en haut des classements mondiaux. Un phénomène comme Doja Cat, nouvelle icône de la pop, en est la preuve.

Capture d’écran du clip « Mooo! » de Doja Cat paru en 2018, sur Youtube

Le classement du nombre de streams de Spotify cette semaine est rempli de chansons de TikTok. Attention, cela ne signifie pas que les chansons proviennent de TikTok – la plateforme pour vidéos courtes qu’affectionnent les Gen Z – une « chanson TikTok » est plutôt un morceau qui a trouvé un fondement viral dans l’application, en devenant partie intégrante d’un format de mème, d’un défi de danse ou simplement en accumulant des vues vidéo sur l’application.

Aux Etats-Unis, tous les artistes qui figurent actuellement dans le top 100 de Billboard (le classement de référence) ont fait partie d’une « trend » sur TikTok, qu’il s’agisse d’une simple popularité générale ou d’un défi de danse viral. « Blinding Lights » de The Weeknd et « Say So » de Doja Cat sont des défis de danse populaires. « The Box » de Roddy Ricch et « Don’t Start Now » de Dua Lipa sont plus proches des mèmes (mais ont aussi des défis de danse). Tous les autres morceaux du top 10 de Billboard, du numéro 1 « Toosie Slide » de Drake au numéro 10 « Everything I Wanted » de Billie Eilish, ont invité à utiliser TikTok.

Découvrir de nouveaux talents et sécuriser la popularité des stars

TikTok a démontré sa capacité à catapulter des artistes moins connus dans le courant viral dominant, comme en témoigne la trajectoire du single « Truth Hurts » de Lizzo, qui s’est hissé à la première place du classement Hot 100 de Billboard en 2019, ou le classement historique « Old Town Road » de Lil Nas X l’été dernier. L’ascension de ces deux artistes a été exponentielle grâce à leur viralité sur l’application.

Figurent aussi dans le classement des titres qui auraient sans doute atteint le sommet même sans la notoriété supplémentaire de TikTok mais qui sont désormais populaires sur l’application. La culture de Tiktok s’aligne de plus en plus sur le courant dominant, et les artistes prennent délibérément en compte le pouvoir de la plateforme.

Par exemple, les débuts historiques de Drake en numéro 1 cette semaine avec « Toosie Slide » ont probablement été aidés par le fait que la chanson, sortie le 3 avril, a déjà accumulé plus de 500 000 vidéos sur TikTok et était accompagnée d’un défi de danse intégré. Dans une interview avec Complex, Toosie, l’influenceur éponyme qui a créé la danse virale, a déclaré que Drake lui avait tendu la main pour créer une danse pour la chanson. Toosie a posté une vidéo sur TikTok le 29 mars, mettant en scène la danse avant la sortie du single.

Doja Cat : faire de la musique à mèmes

Celle qui maîtrise le mieux cette nouvelle stratégie pour lancer des hits est Doja Cat. En 2018, l’artiste californienne âgée de 24 ans déclarait dans une interview pour le média Genius qu’elle avait « l’intention de faire de la musique à mèmes« . Son premier hit « Mooo! » a cartonné, avec un clip à l’ambiance absurde et décalée où elle fantasme sur le fait d’être une vache. Saluée par des milliers de personnes dans des mèmes, dont des stars telles que Katy Perry et Chance the Rapper, la vidéo a fait plus de 71 millions de vues sur Youtube et le son a été utilisé plus de 100 000 fois sur Tiktok.

Avec un style musical qui mêle rap, pop et RnB, les chansons de Doja Cat véhiculent une bonne humeur contagieuse. Sur son dernier album « Hot Pink » paru en novembre 2019, deux titres ont bénéficié de challenges de danse qui les ont rendus viraux en très peu de temps, parmi eux, l’incontournable « Say so » repris plus de 20 millions de fois par les utilisateurs de TikTok. Cette popularité auprès du public à majorité jeune de l’application (entre 12 et 25 ans) a permis à l’artiste de se propulser au rang de star à une vitesse impressionnante, obtenant notamment un featuring avec le rappeur Tyga sur son dernier album.

Leela  Badrinath

StopCovid : le devenir de l’application encore incertain

Dans son allocution devant l’Assemblée nationale ce mardi, le Premier ministre a déclaré qu’il jugeait la question de l’application StopCovid « prématurée ». Il a également annoncé que cette application, très controversée, ferait l’objet d’un vote spécifique.

L’application StopCovid pourrait servir à traçer les personnes ayant contracté le coronavirus. Flickr

« Il me semble que le débat est un peu prématuré. Lorsque l’application, en cours de développement, fonctionnera, nous organiserons un débat spécifique suivi d’un vote spécifique », a déclaré Edouard Philippe dans son allocution concernant les modalités du plan de déconfinement, présenté dans l’après-midi du 28 avril. Parmi les points qui devaient être évoqués, la question d’une application de « contact tracing » avait été pointée du doigt par l’opposition. Une mesure que le Premier ministre a donc choisi d’éluder pour le moment.

Une application pour géolocaliser les malades

Actuellement utilisée en Corée du Sud, en Chine ou à Singapour, une telle application pourrait servir à tracer les personnes testées positives au Covid-19. L’objectif est de prévenir les personnes saines, qui ont pu rencontrer une personne malade durant sa période d’incubation, soit 10 à 15 jours avant l’apparition des premiers symptômes.

À ce jour, la version européenne de l’application est encore en train d’être mise au point par les chercheurs franco-allemands. Mais ce qui inquiète les opposants à l’application, c’est surtout le devenir des données collectées.

Une application qui fait débat

L’application provoque l’indignation des défenseurs des libertés publiques. Pour Eric Le Quellenec, avocat spécialiste droit des nouvelles technologies et de l’informatique, « l’application comporte trois risques principaux« . Le premier risque repose sur le fait que StopCovid comporte des données médicales. La diffusion de ces données pourraient porter préjudice « si l’on souhaite contracter un prêt par exemple« , illustre l’avocat. De plus, pour ce spécialiste, une telle application pourrait constituer une atteinte à la liberté publique, notamment en raison de la géolocalisation permanente qu’elle implique. Enfin, il s’inquiète également des conséquences que pourraient avoir le Wifi et le Bluetooth sur la santé des utilisateurs.

Le flou qui persiste autour des modalités exactes de l’application entretient les inquiétudes. « Il y a trop de questions en suspens. On ne sait pas combien de temps les données collectées seront par exemple conservées et qui pourra y avoir accès« , redoute Eric Le Quellenec.

Pour le spécialiste, la mise en place de ce système ne peut se faire sans de solides garde-fous. Certaines associations alertent également sur cette application.

La Commission nationale de l’informatique et des libertés de France (CNIL) a d’ailleurs rendu un avis dans ce sens. Elle « appelle à la vigilance et souligne que l’application ne peut être déployée que si son utilité est suffisamment avérée et si elle est intégrée dans une stratégie sanitaire globale. Elle demande certaines garanties supplémentaires. Elle insiste sur la nécessaire sécurité du dispositif, et fait des préconisations techniques. »

Une efficacité mise en doute

« L’approche de l’Union européenne sur le sujet est une approche basée sur le volontariat« , souligne Eric Le Quellenec. Il est impossible d’imposer à tous les possesseurs de smartphones d’installer l’application, ce qui devrait entacher son efficacité. Édouard Philippe a assuré que StopCovid ne constitue qu’un levier parmi d’autres pour organiser le déconfinement. Le Premier ministre mise avant tout sur l’attitude responsable de la part des Français, et sur le respect des consignes imposées.

Eric Le Quellenec reste donc très prudent vis-à-vis de l’efficacité de l’application. « À Singapour, par exemple, l’application n’a pas fait ses preuves puisqu’un reconfinement a été mis en place. Il y a des risques, même involontaires. Une démarche de prudence s’impose« , conclut l’avocat.

Léa Sirot et Pauline Paillassa

Coronavirus : les festivals d’été annulés et reportés jusqu’en septembre

Le premier ministre a annoncé, mardi 28 avril à l’Assemblée nationale, l’interdiction d’organiser des rassemblements de plus de 5 000 personnes jusqu’en septembre. Tous les grands évènements en plein air prévus pour cet été sont donc annulés ou reportés, et les salles de spectacles resteront fermées.

Les festivals d’été annulés et reportés (Crédit : Flickr)

Un nouveau coup dur pour la saison des festivals 2020. La plupart des grands festivals du printemps et de l’été avaient déjà annoncé leur annulation, suite à l’allocution d’Emmanuel Macron le 13 avril. Mais, avec cette nouvelle déclaration du Premier ministre Edouard Philippe ce mardi, les organisateurs qui ne s’étaient jusqu’à présent pas encore prononcés peuvent désormais y voir plus clair. « Tous les événements rassemblant plus de 5 000 personnes, qui doivent être déclarés en préfecture et nécessitent beaucoup d’organisation, ne pourront se tenir avant le mois de septembre », a indiqué le chef du gouvernement.

Quelles décisions pour les festivals du mois d’août ?

Les deux grands festivals du mois d’août, l’Interceltique de Lorient et le Rock en Seine près de Paris étaient pour l’instant maintenus malgré l’épidémie de coronavirus. Mais, avec les nouvelles mesures annoncées, leur maintien cet été semblent également compromis.

Le conseil d’administration du festival Interceltique se réunit jeudi 30 avril pour discuter d’un éventuel report de l’édition 2020. Le festival, qui fête cette son 50e anniversaire, ne pourra pas être organisé comme prévu du 7 au 16 août 2020, mais Lisardo Lombardia, son directeur, annonce que la manifestation ne sera « pas annulée ».

Lundi 27 avril, les organisateurs du Festival Cabaret Vert de Charlevilles-Mézières qui devait se dérouler du 20 au 23 août, avaient annoncé l’annulation de sa 16e édition 2020 et son report en 2021.

Une majorité de festivals déjà annulés et reportés

La plupart des grands festivals ont déjà pris les devants. Le Festival d’Avignon, le Hellfest, les Vieilles Charrues, les Francofolies ou les Solidays se sont tous annulés les uns à la suite des autres.

Un autre rassemblement régulier de l’été, la Japan Expo, a également été annulé. L’évènement, qui accueille chaque année plusieurs centaines de milliers de fans du culture japonaise, devait se dérouler du 2 au 5 juillet. La 21e édition est donc reportée pour 2021.

Le Festival de Cannes devait, quant à lui, se tenir du 12 au 23 mai. Il est reporté mais aucune nouvelle date officielle n’a été communiquée. Une partie de la programmation sera diffusée sur Youtube lors du festival de cinéma virtuel We Are One: A Global Film Festival, du 29 mai au 7 juin. Les sections parallèles (Semaines de la Critique, Quinzaine des Réalisateurs) ont, elles, annulé leur édition 2020.

Le Champs-Élysées Film Festival, consacré au cinéma indépendant américain, se tiendra complètement en ligne. Du 9 au 16 juin, tous les films en compétition seront accessibles gratuitement sur internet.

Les salles de spectacle, théâtres et cinémas resteront fermés pour une durée indéterminée. De nouvelles mesures doivent être annoncées par le gouvernement à la fin du mois de mai, notamment concernant les cafés et les restaurants.

Sarah Ziaï