Vendredi le Comité du Prix Nobel de la Paix révélera le lauréat pour l’année 2019. Une annonce très attendue puisque Greta Thunberg, militante écologique, fait partie des favorites cette année. Mais face à l’état du monde actuel, comment décider quelle personnalité ou organisation doit être récompensée pour ses combats ? Antoine Jacob, journaliste et auteur du livre, Histoire du prix Nobel, explique que le choix n’est pas aussi simple que ça.
Tensions, démissions, … les membres du Comité souvent en désaccord.
Les jurés ont un peu plus de six mois pour faire leur choix. Cette année, plus de 300 candidatures ont été déposées. Avant l’été, les membres du jury devaient avoir fait le tri de ces candidatures et se retrouver avec 4 ou 5 candidats. Les candidatures peuvent parfois être farfelues et inimaginables. “Cette année déjà, on sait que ce ne sera pas Donald Trump ou Kim Jong Un”, même s’ils étaient présents dans la liste. Les cinq membres de la commission doivent se mettre d’accord sur une seule et même personne ou entité. Parfois, plusieurs personnes sont nominées, mais “on retrouve des personnes avec des causes communes.”
Pourtant, il est déjà arrivé que des membres démissionnent à la suite de conflit et de désaccord sur le choix du lauréat. En 1994, à la suite de la nomination du Palestinien Yasser Arafat et des Israéliens Yitzhak Rabin et Shimon Peres, Kaare Kristiansen, membre de la commission des Nobel décide de démissionner. Cet ancien chef du Parti chrétien populaire et cofondateur d’un groupe proche d’Israël, n’était pas “d’accord avec le choix de Yasser Arafat”.
En 2012, le choix de l’Union Européenne n’a pas fait l’unanimité non plus. Même si deux demandes d’adhésions à l’Union Européenne ont été faites, le pays n’est toujours pas membre. Les norvégiens ont deux fois dit non à l’entrée dans l’UE par référendum.
Les discussions entre les deux parties sont toujours compliquées. Lorsque l’Union Européenne fait partie des finalistes pour le prix Nobel de la Paix, cela fait plusieurs années, qu’ils sont sur la liste. Les membres du jury qui souhaitaient en majorité récompenser l’institution, ont donc tout simplement attendu “que la juré qui était opposée à cette nomination tombe malade pour voter en faveur de l’UE”.
Des choix consensuels pour faire accepter des choix plus controversés
Pour Antoine Jacob, on peut voir en fonction des années que certains choix sont plus consensuels que d’autres. « On peut remettre un prix pour le travail accompli comme les Casques Bleus ou le Haut Commissariat pour les Réfugiés, ce sont des gens consensuels. Et l’année d’après on va retrouver des personnes un peu plus polémiques« .
Les choix du comité Nobel de la Paix ont souvent été critiqués. On se rappelle encore de la sélection de Barack Obama en 2009 alors président des Etats-Unis depuis moins d’un an. Cette décision avait fait beaucoup parler puisque les jurés avaient fait ce choix seulement pour les “beaux discours de Barack Obama sur l’armement ou le monde musulman”. Mais aucun acte concret n’avait encore été fait par le président américain.
Le comité fait quand même en sorte de nominer des personnalités inconnues du grand public. Ce coup de projecteur peut être utile aux couronnés pour faire parler de leur combat mais aussi pour les protéger.
Shirin Ebadi, avocate et juge iranienne pour les Droits de l’Homme a été récompensée par le comité. Avec ce prix, elle est « devenue une personnalité publique dans le monde entier, ce qui peut donc lui éviter d’être persécutée ou exécutée« .
Le but du Prix Nobel de la Paix est avant tout de récompenser « la personne qui aura le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes et à la tenue et la promotion des conférences de paix ». Ce prix donne donc aux lauréats un coup de main et les aide à mettre en avant leur combat même si parfois, on peut critiquer le choix des jurés.