Mickael Harpon, l’assaillant qui a tué quatre policiers à la préfecture de police de Paris, montrait plusieurs signes de radicalisation, selon un rapport de la DRPP. En France, le fait de se radicaliser ne constitue pas un délit en soi, et les députés ne semblent pas prêts à légiférer en ce sens.
En 2015, des signes de radicalisation ont été soulevés. C’est ce qu’assurent plusieurs témoignages au sujet de Mickael Harpon, l’auteur de l’attaque au couteau à la préfecture de police. L’assaillant avait notamment légitimé l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo. Il refusait aussi de serrer la main aux femmes.
Pénalement, la loi ne permet pas de condamner les personnes radicalisées. Mais pour le député LR Eric Ciotti, il faudrait mettre en place le principe de précaution. « Quand il y a autant de signes convergents, on ne peut pas laisser quelqu’un en fonction dans des emplois stratégiques et dans des lieux où la sécurité nationale est menacée. », assure-t-il à Celsalab. Selon le député des Alpes-Maritimes, les personnes concernées par la radicalisation doivent être suspendues ou mutées pour éviter toute menace. « Nous avons des services qui savent détecter les signes de radicalisation, il faut donc agir avant plutôt que de commémorer des drames ».
Une idée partagée par le porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée nationale, Hervé Berville. Le député de 29 ans explique qu’il faut renforcer la prévention. « Dès qu’il y a danger, il ne faut pas laisser ces personnes à des postes sensibles, et il faut prévoir des actions pour les mettre hors d’état de nuire ».
Un terme extrêmement flou
Aujourd’hui, on estime que la radicalisation est un processus par lequel les croyants d’une religion adoptent des positions extrémistes, souvent caractérisées par le rejet de l’autre et la violence. Mais Hervé Berville estime qu’il faudrait d’abord définir le terme radicalisation, car derrière ce mot se cachent de nombreux cas différents.
« On peut pas vous mettre en prison si vous dites »bien fait pour eux » à propos de Charlie Hebdo, par contre c’est un signal qui doit alerter les autorités. En revanche, quand les choses se font en dehors de la loi, il faut punir, sanctionner et condamner pour éviter des actes abominables ».
Du côté de la France insoumise, Alexis Corbière estime que ce n’est pas en inventant des délits supplémentaires que le problème sera réglé. « Si on veut lutter contre le terrorisme, il faut donner des moyens pour que les services de police puissent travailler. Aujourd’hui, on est capables d’identifier clairement des gens qui préparent un attentat terroriste ». Pour le député de Seine-Saint-Denis, le terme radicalisation est extrêmement flou. Le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon pendant l’élection présidentielle explique que la loi définit les choses de manière très précise, et donc que l’arsenal juridique existe déjà.
Alexandre Cool