La manifestation anti-procréation médicalement assistée de dimanche à Paris a peiné à rassembler les responsables politiques. Pourquoi la PMA a-t-elle mobilisée moins d’élus qu’en 2013, quand certains s’affichaient (fièrement) derrière des banderoles contre le mariage pour tous ?
74.500 personnes étaient dans la rue ce dimanche à Paris, selon un comptage Occurence commandé par le compte d’un collectif de médias. Une mobilisation beaucoup plus faible qu’en 2013, où 300.000 personnes (selon la police) et 1.400.000 (selon les organisateurs) s’étaient mobilisées lorsqu’il s’agissait de manifester contre le mariage pour tous. Les politiques aussi étaient moins présents ce dimanche.
Selon un sondage Ifop publié mi-septembre, c’est chez les sympathisants Les Républicains que le soutien à la PMA est le plus faible, à seulement 40 %. Il est également minoritaire chez les sympathisants du Rassemblement national (47 %) alors qu’il est majoritaire chez les sympathisants des Insoumis, d’Europe Ecologie-les Verts, de La République en Marche.
La démobilisation… un choix stratégique ?
Marine Le Pen n’est pas sortie. Seuls Nicolas Bay et Marion Maréchal Le Pen représentaient le RN dimanche après-midi. Même constat du côté des Républicains, très mobilisés en 2013 mais presque absents du cortège anti-PMA ce dimanche 6 octobre. A l’époque, on trouvait notamment en tête de cortège parmi les députés UMP, Valérie Pécresse, Jean-François Copé, Thierry Mariani, Laurent Wauquiez, Christine Boutin. Seuls François-Xavier Bellamy et Julien Aubert étaient présents dimanche dernier.
Pourquoi les élus LR ont-ils boudés la manifestation ? « Le contexte n’est pas du tout le même qu’au moment des manifestations anti mariage pour tous», affirme Bruno Cautrès, politologue au CEVIPOF. « En 2013, le fait d’avoir un président de gauche a particulièrement mobilisé la droite. La droite cherchait, après la défaite de Nicolas Sarkozy, un sujet fortement mobilisateur pour montrer que la droite sarkozyste était toujours là », poursuit-il. Pour ce politologue, le parti LR est toujours en convalescence et a du mal à se réinventer « Il y a une dimension stratégique, la droite veut davantage investir les thématiques économiques plutôt que d’enfourcher tous les combats conservateurs. »
Un cas emblématique de cette discrétion stratégique est celui de Christian Jacob, favori à la succession de la présidence du parti les Républicains. En déplacement dans l’Ain, il a fait savoir qu’il ne serait de toute façon pas allé manifester. Pour Bruno Cautrès, le député LR reste volontairement en retrait : « Il est en campagne et reste donc en retrait sur ces thématiques. Il fait passer le message de “je me tiens à l’écart de la politique politicienne mais je suis sur le terrain.” »
« Nous les attendons lors des prochains rassemblements »
Claire Avalle, responsable de la communication des Associations catholiques de France ne se dit pas déçue par la faible participation des élus « Il y a quand même eu certains maires, quelques représentants, mais ils sont là à titre personnels. Nous souhaiterions plutôt qu’ils prennent conscience des risques que comportent cette loi. Notre but n’est pas de mobiliser un maximum d’élus aux manifestations mais de les empêcher de voter la loi bioéthique. » Claire Avalle rappelle pourtant que les élus n’avaient été nombreux en 2013 que lors des deuxième et troisième mobilisations, elle conclut « ça n’était que notre premier rassemblement, nous les attendons lors des prochains »
Les associations ont annoncé dimanche soir les cinq prochaines dates des rassemblements pour contester la loi Bioéthique. Il faut donc peut-être attendre le 1er décembre avant de confirmer que les élus de droite ne s’affichent pas dans les rassemblements anti-PMA, pour des raisons personnelles ou stratégiques.
Camille Kauffmann