Avec près de 49% des voix, le premier ministre Viktor Orban est désormais assuré de rempiler pour un troisième mandat consécutif. Le Fidesz, icône des partis populistes, xénophobes et europhobes, retrouve sa majorité qualifiée des deux tiers.
C’est un nouveau triomphe pour le dirigeant hongrois Viktor Orban. A l’issue d’élections dont le seul véritable enjeu était de savoir si le Jobbik allait réussir à obtenir une deuxième place solide, le parti du Premier ministre, le Fidesz, a retrouvé sa majorité qualifiée des deux tiers, perdue en 2015 lors d’une législative partielle, en remportant 48,8% des suffrages. Cette majorité de 133 sièges sur 199 est nécessaire à la promulgation des lois dites “organiques”, modifiant la Constitution. “C’est une victoire historique aujourd’hui”, a claironné Viktor Orban, qui se félicite de la participation très élevée, à 70%.
Nouveau coup dur pour l’opposition hongroise… et pour l’Europe
Loin derrière, le Jobbik, parti d’extrême-droite aux racines néonazies fondé en 2003 qui a fait campagne au centre, réussit à se hisser à la deuxième place en gagnant des sièges au Parlement. Mais les 26 parlementaires ne pèseront pas bien lourds face aux 133 sièges que le Fidesz devrait remporter. Le leader du Jobbik, Gabor Vona, a annoncé son intention de quitter la présidence de son parti. Les résultats définitifs, comportant les votes des hongrois de l’étranger, seront connus le 14 avril prochain. Mais ces suffrages ne devraient pas changer la donne.
Sur Twitter, la présidente du Front National Marine Le Pen s’est réjouie de la victoire du populiste hongrois :
Grande et nette victoire de Viktor Orban en #Hongrie 🇭🇺 : l’inversion des valeurs et l’immigration de masse prônées par l’UE sont à nouveau rejetées.
Les nationaux peuvent être majoritaires en Europe aux prochaines #Européennes2019 ! MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 8 avril 2018
A la tête du pays depuis 2010, Viktor Orban a fait campagne sur l’habituelle rhétorique anti-immigration, dépeignant une Europe gravement menacée par les réfugiés. Le Premier Ministre envisage même de taxer les ONG qui “soutiennent l’immigration”. Dans sa ligne de mire : Georges Soros, milliardaire américain d’origine hongroise qui finance de nombreuses ONG de droits civiques. Virulent sur l’Islam, réactionnaire sur les questions sociétales, à la tête d’un état fort où les médias sont sous contrôle, Viktor Orban est une icône des extrêmes-droites européennes. Cependant, en restant membre du Parti Populaire Européen au parlement européen, et en affichant un soutien à Angela Merkel, Orban est une personnalité à part en Europe : gourou des populistes et proche des europhiles.
Colin Gruel