Suite à une manifestation pacifiste sur le campus de Dacca qui a tourné en émeutes policières dans la soirée du dimanche 8 avril, ce sont des milliers d’étudiants qui ont décidé de réagir en manifestant à travers l’ensemble du pays ce lundi 9 avril.
Des milliers d’étudiants bangladais se sont rassemblés et ont manifesté ce lundi 9 avril à travers le Bangladesh en réaction à des échauffourées à Dacca, la plus grande université du pays, qui ont fait la veille une centaine de blessés. Des manifestations et rassemblements se sont ainsi multipliés dans les universités.
Une soirée de manifestation initialement pacifique
Dimanche soir, les étudiants s’étaient réunis pour manifester pacifiquement contre la décision du gouvernement de réserver plus de la moitié des emplois de fonctionnaires aux familles de vétérans de la guerre d’indépendance de 1971 et aux minorités défavorisées. Une politique de quotas dans la fonction publique jugée « discriminatoire » par les étudiants, car elle ne laisserait un accès qu’à un nombre restreint de postes pour la plupart des diplômés.
« Ces quotas sont discriminatoires. En raison du système de quotas, 56% des emplois sont mis de côté pour 5% de la population du pays. Et 95% des gens doivent se battre pour les 44% restants », Hasan Al Mamun, un meneur de la fronde.
Intervention policière musclée
La police est alors intervenue pour disperser les étudiants par la force. Les policiers ont notamment recouru à des bâtons et des canons à eau pour dégager la place centrale. Les forces de l’ordre ont tiré des balles de caoutchouc et des grenades de lacrymogènes sur les manifestants.
Ils ont en retour jeté des pierres sur les forces anti-émeute, saccagé le domicile du vice-chancelier de l’université, brûlé deux voitures et vandalisé un bâtiment, a indiqué un responsable policier.
Bangladesh anti-quota protest turns violent #SaveBangladesh pic.twitter.com/bN0yHzwhfL
— Foysal Ahmed (@Fahmedsb) 8 avril 2018
Champ de bataille
Les heurts ont duré jusqu’au lundi matin, transformant l’université de Dacca en un véritable champ de bataille. L’inspecteur de police Bacchu Mia a déclaré à l’AFP que « plus de 100 personnes ont été blessées » dans les affrontements, avant de préciser que les personnes hospitalisées n’étaient toutefois pas dans un état critique. Quinze personnes ont été interpellées.
Selon les organisateurs, des dizaines de milliers de personnes ont participé à la contestation. La police a pour sa part refusé de donner une estimation.
Cette contestation est l’une des plus importantes à laquelle se trouve confrontée la Première ministre Sheikh Hasina, au pouvoir depuis une décennie. Un ministre doit rencontrer les représentants étudiants lundi à Dacca.