Primaire de droite : un deuxième débat plus musclé

Il ne reste plus que dix-sept jours et un débat aux sept candidats de la primaire de la droite avant le premier tour du scrutin. Ils se sont affrontés en direct jeudi pour le deuxième round, dans la salle Wagram. Cette fois-ci, les échanges ont été plus nombreux et plus musclés. Globalement, les candidats ont tous été plus convaincants.
On commence par Alain Juppé, le candidat favori. Un statut qui lui permet de rester en retrait lors de ce deuxième débat. Il était en effet plutôt discret et sur la défensive. Bref, sa prestation peut être qualifié de « non risquée. » Mais il a parfois durci le ton, notamment contre les journalistes qui l’ont interrogé : « Excuse-moi… Euh, excusez-moi, on est en train de parler sécurité ! » rétorque-t-il à Apolline de Malherbe, qui lui assène qu’il n’y a « rien sur les quartiers dans son programme ». Il a assuré respecter la parité gouvernementale s’il était élu et a confirmé qu’il ne ferait qu’un seul mandat. On soulignera enfin son lapsus, « François Bar.. » en référence à Francois Baroin, pressenti pour être premier ministre de Nicolas Sarkozy à la place de François Bayrou. François Bayrou qui ne sera pas le premier ministre d’Alain Juppé en cas de victoire.

La phrase marquante : « Je ne suis pas homme à changer de cap tous les six mois. »
Selon un sondage Elabe pour BFMTV et RMC publié dans la foulée du débat, Nicolas Sarkozy est le candidat le plus convaincant (24%) après Alain Juppé (34%). L’ancien Président a pourtant été la cible prioritaire de ses concurrents mais a su garder son calme tout au long de l’émission. Mieux, il a même fait l’effort de sourire ! Son arme principale est son expérience en tant qu’ancien Président. Il aurait selon lui appris de ses erreurs et de ses réussites et serait donc plus apte que les autres à exercer cette fonction.

La phrase marquante : [Adressée à Le Maire] « Bruno, commence d’abord par être élu, tu verras que c’est très difficile ».
Francois Fillon arrive en 3e place de ce débat, derrière Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Il est apparu comme le candidat « gaulliste » et s’est énergiquement refusé à entrer dans le débat sur la place de Bayrou dans le futur gouvernement. « Je ne rentre pas dans ce pugilat alors que nous avons 4 millions de chômeurs, la menace terroriste. Je passe un contrat avec les Français, pas avec Bayrou. Ça s’appelle le gaullisme ». Selon lui, inutile d’engager de nouveaux fonctionnaires de police, le problème vendrait des 35 heures et de la répartition annuelle du temps de travail. Le sondage BFM lui accorde le prix du plus « courageux » du débat.

La phrase marquante : « Oui, je suis pour l’uniforme à l’école parce que je pense que c’est moderne. »
Au centre du plateau, la seule femme candidate à cette primaire, Nathalie Kosciusko-Morizet. Sa prestation pourrait être qualifiée de « percutante ». En effet, celle qui avait été effacée lors du premier débat, cogne et se démarque, notamment contre les attaques de Nicolas Sarkozy. Elle l’affirme, si elle était Présidente, elle ne «gesticulerait pas en fonction de l’actualité». Une critique à peine voilée du style présidentiel de l’ancien chef de l’État. Evoquant le FN, « on ne fricote pas avec leurs idées, on ne braconne pas sur leurs terres ». Elle s’est donc présentée comme « le vote antidote », celui des électeurs qui ne soutiennent ni Hollande ni Le Pen. Pour de nombreux téléspectateurs, c’est elle qui a remporté ce deuxième débat.

La phrase marquante : « Les femmes, ce n’est pas de la diversité, c’est la moitié de l’humanité ! »
Jean-François Copé, au plus bas dans les intentions de vote à la primaire, n’a manqué aucune occasion de tacler son meilleur ennemi Nicolas Sarkozy. Sur la question migratoire, il s’en est pris aux accords du Touquet, signés par l’ex-chef de l’Etat, alors ministre de l’Intérieur, en 2003.
Mais il a aussi marqué le débat notamment grâce a des touches d’humour qui ont déclenché des rires dans l’assistance. Il a par exemple évoqué lui-même « l’affaire du pain au chocolat » – en référence à l’interview pour Europe 1 lors de laquelle il s’était montré incapable de donner le prix de la viennoiserie. Il a aussi fait preuve d’autodérision en expliquant que « les échecs ça forme plus que les victoires, je peux en porter témoignage. »


Le prix d’un pain au chocolat ? « 10 ou 15… par Europe1fr

La phrase marquante : « On a peut-être fait des réformes formidables, mais on a été battu en 2012 »

 

Bruno Le Maire a reconnu avoir raté le premier débat, et décidé de se reprendre en main pour le deuxième. Cette remise en question a payé : il s’est montré plus agressif, plus direct et plus spontané. C’est lui qui a déclenché les hostilités envers l’ennemi public n°1 de ce débat, Nicolas Sarkozy, rappelant que les anciens présidents comme Mitterrand ou Chirac ne s’étaient pas représentés « après avoir été battus ». Cette attaque lui a valu une réplique cinglante de l’ex-chef de l’État : « Commence déjà par essayer d’être élu ! » Ambiance…
L’ex-ministre de l’Agriculture s’est clairement positionné à droite, notamment sur les questions identitaires : il a célébré ce qu’il appelle « le combat culturel » pour imposer « que les lois religieuses se soumettent aux lois de la République ». Sur la question du terrorisme, il estime que « face à une menace d’exception, il faut une justice d’exception ». Il souhaite donc « permettre aux juges d’interpeller de manière préventive toute personne qui pourrait commettre un acte terroriste ».
Mais une erreur factuelle embarrassante ternit la performance du diplomate de formation. Alors qu’il défendait une intervention au sol des troupes françaises en Syrie, il a soutenu que la France l’avait déjà fait en 2011 en Syrie. Alain Juppé, qui était ministre des Affaires étrangères à cette époque, l’a sèchement contredit.
La phrase marquante : « Je suis d’accord avec toi, Nicolas, mais tu serais plus crédible si tu n’avais pas ouvert à la gauche », en réaction à la méfiance de M. Sarkozy envers François Bayrou.
Il est le seul a avoir été plus performant lors du premier débat diffusé sur TF1. Jean-Frédéric Poisson est apparu jeudi uniquement pour ce qu’il est : « le candidat le plus à droite de ces primaires », comme il s’est lui-même qualifié. Critiqué par NKM pour ses rapports avec le Front National (le candidat avait déclaré sur RTL se sentir parfois proche des idées du FN), il a néanmoins clarifié la situation et affirmé qu’il ne voterait pas Marine Le Pen en 2017.

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La phrase marquante : « Je suis allé voir Bachar El-Assad […] Je voulais savoir par moi-même si oui ou non il était sur le départ », a assumé le député, favorable au régime syrien
Rendez-vous le 17 novembre prochain pour le 3e débat.

 

Valentine Leboeuf et Célia Laborie

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