La CGT l’a annoncé. Toutes les raffineries sont désormais bloquées, en protestation contre le projet de loi travail. Les tensions entre le pouvoir et le syndicat sont à leur paroxysme. L’occasion de retourner sur la relation houleuse qu’entretient la CGT avec le gouvernement, depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir.
Le clash s’intensifie de jour en jour. Toutes les raffineries sont bloquées par la CGT dans le cadre de la contestation contre le projet de loi travail. Le dialogue est rompu entre un gouvernement qui n’hésite pas à employer la force pour déloger les grévistes, et la CGT qui n’entend pas arrêter le mouvement. Les relations entre le gouvernement de Manuel Valls et le syndicat sont bloquées. Mais comment en est on arrivé là? Éléments de réponses.
2012 : la CGT appelle à voter Hollande
1er mai 2012. A l’approche du second tour de la présidentielle, Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT appelle à voter François Hollande. Un appel exceptionnel : en France, les syndicats ne donnent traditionnellement pas de consignes de vote. A l’époque il explique sa prise de position : « Le dernier quinquennat ça a été travailler plus pour gagner moins. Ça a été travailler plus longtemps pour avoir des plus petites retraites. Ca a été plus de flexibilité. Ca a été le blocage du Smic« . François Hollande devient finalement président de la République. Il fait du dialogue social l’une des priorités de son quinquennat. Pour le syndicat, cette élection est une rupture avec l’ère Sarkozy.
2013 : des lendemains qui déchantent rapidement
L’idylle ne dure pas. Premier point d’accrochage : l’accord sur « la sécurisation de l’emploi », que la CGT refuse. Signé par les syndicats patronaux et la CFDT, il prévoit une « flexibilité pour les entreprises », et « de nouveaux droits pour les salariés ». Le syndicat estime qu’il est un pas de plus dans la précarisation de l’emploi et dénonce « une modification profonde du code du travail ». La rupture est consommée. Elle ne cessera de s’amplifier au fur et à mesure du quinquennat.
2014-2015 : la rupture se creuse
31 décembre 2013 : François Hollande annonce le « pacte de responsabilité ». Objectif du dispositif : baisser les charges sociales des entreprises pour encourager l’emploi. L’exécutif entérine son virage social-libéral. Un scandale pour la CGT. Le syndicat dénonce l’absence de contreparties demandées aux entreprises en échange de l’allégement des cotisations. Pour la confédération, le gouvernement est sous l’emprise du MEDEF. C’est l’heure des premières grandes manifestations. Le 18 mars 2014, la CGT appelle à de grandes manifestations contre ce qu’elle nomme « le plan Hollande Gattaz ».
Début 2015, la CGT fait face à une crise sans précédent. « Le Canard Enchaîné » accuse Thierry Lepaon, son secrétaire général, d’avoir réalisé des travaux d’aménagement dans son appartement de fonction pour plus de 100 000 euros, facturés au syndicat. Le scandale ne passe pas : Thierry Lepaon démissionne. C’est Philippe Martinez qui le remplacera. Le nouveau secrétaire général est élu sur une ligne dure et intransigeante face à la politique du gouvernement.
2016 : la lutte finale?
Manifestations régulières, blocage des raffineries, annonce d’une grève illimité dans les transports en commun… La CGT est désormais en première ligne contre la loi travail. Le syndicat se montre intraitable. « On ira jusqu’au retrait de la loi » a annoncé Philippe Martinez. Le gouvernement ne fait aucune concession et accuse la CGT de « prendre les Français en otage ».
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— CGT_RadioFrance (@CGT_RadioFrance) 20 mai 2016
Michel Sapin sur les blocages de raffineries: « Il faut qu’on évite de prendre les Français en otage » #TeamToussaint (@itele)
— iTELE (@itele) 23 mai 2016
L’exécutif et le syndicat semblent irréconciliables. Ce combat est pourtant celui de deux grands blessés. Le gouvernement est plus impopulaire que jamais. La CGT vit une crise sans précédent, entre baisse constante de ses adhérents et scandales à répétitions. Chacun veut paraître ferme et déterminé. Mais dans leur lutte, ils pourraient se porter mutuellement le coup de grâce.
Florian CAZERES