Valls/Duflot : l’amour vache dure 3 ans

Cécile Duflot et Manuel Valls ne s’apprécient guère et ce n’est pas nouveau. Avant la déchéance de nationalité, le premier ministre et l’élue écologiste se sont écharpés sur de nombreux sujets.

(LIONEL BONAVENTURE/AFP)
Cécile Duflot et Manuel Valls devant le ministère de l’Intérieur, le 3 janvier 2014.  (LIONEL BONAVENTURE/AFP)

 

Je ne t’aime pas – moi non plus, voilà comment on pourrait résumer les relations politiques de Cécile Duflot et de Manuel Valls. Ces deux personnalités fortes qui ont dût cohabiter dans le gouvernement Ayrault n’ont pas la même conception de la gauche. La confrontation entre les deux vire le plus souvent au pugilat verbal. Le dernier en date concerne la déchéance de nationalité. Dimanche, la députée écologiste a maintenu sur RTL ses propos sur le sujet et sa comparaison avec le régime de Vichy, ce qui avait provoqué la colère du Premier ministre.

Retour sur leurs passe d’arme les plus virulentes.

Antoine Etcheto

Crise agricole : Valls pointe du doigt la Commission européenne

Ce lundi 8 février, Manuel Valls a accusé la Commission européenne de « faire trop peu ou trop tard » pour résoudre la crise agricole en France. Manuel Valls recevait lundi matin les dirigeants du secteur de la grande distribution au moment même où la colère gronde du côté des agriculteurs.

Manuel Valls en novembre 2010 (Photo CC / flickr Parti socialiste Photos)
Manuel Valls, en novembre 2010. (Photo CC / flickr Parti socialiste)

« Nous avons débloqué des mesures d’urgence depuis le début de la crise mais la crise est aussi européenne », a annoncé le Premier ministre. Après avoir rencontré les représentants des grandes enseignes comme Auchan ou Carrefour, Manuel Valls a demandé à la Commission d' »activer les pouvoirs dont elle dispose en cas de crise ».

Le 13 février, une rencontre est prévue entre Manuel Valls et le Premier ministre russe Dmitri Medvedev. « J’évoquerai avec lui la levée progressive de l’embargo sur la viande porcine« , a-t-il précisé. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Fol, était également présent à la réunion avec les dirigeants de la grande distribution. Il a appelé ses derniers à « ne pas faire baisser des prix déjà très bas » pour faire face à la crise actuelle. Les prix pratiqués par les grandes enseignes sont inférieurs au coût de production des agriculteurs, ce qui cristallise les mécontentements.

Au moment même où le Premier ministre rencontrait les patrons de la grande distribution, les actions de colère fleurissaient.  Quatre plate-formes logistiques sont bloquées à Bain-de-Bretagne, Gaël, Grand-Fougeray (Ille-et-Vilaine) et Saint-Gérand (Morbihan), selon France Bleu Armorique.

A Saintes (Charente-Maritime), 110 tracteurs bloquaient les accès à la ville en occupant cinq rond-points en sortie de rocade. La préfecture de Charente-Maritime a d’ailleurs annoncé qu’il n’y aurait pas de transport scolaire ce lundi.

A Arras aussi (Pas de Calais), une manifestation était également en cours dans la matinée.

En plus des prix bas, les agriculteurs souffrent aussi de la chute des cours mondiaux et de la surproduction sur les marchés du lait et du porc. Si les distributeurs réclament une baisse des tarifs, des pourparlers avec les industriels sont planifiés au mois de février.
C.R. avec AFP

 

Pôle emploi : les raisons du blocage

Les agents de Pôle emploi sont en grève ce lundi 8 février dans trois régions – Ile de France, Languedoc Roussillon / Midi Pyrénées et Auvergne / Rhône Alpes –. Les syndicats s’opposent à la fermeture des agences l’après-midi aux chômeurs sans rendez-vous et à la généralisation l’inscription en ligne.

 

Nouvelle organisation des agences

C’est le point central de l’appel à la grève. La nouvelle organisation, appelée « accès direct à son conseiller », instaure la fermeture des agences tous les après-midi à l’ensemble des demandeurs d’emploi. Ce nouveau dispositif prévoit l’accueil sans rendez-vous uniquement en matinée (8h30/12h30). Les après-midi étant désormais réservées aux demandeurs d’emploi bénéficiant d’un rendez-vous ou aux ateliers (rédaction de CV mise en valeur des expériences, etc. entre 12h30 et 16h30).

Pour la direction, cette réforme permettrait d’augmenter le temps consacré à l’accompagnement personnalisé et de fluidifier le travail des agents. Une mesure pas vraiment du goût des syndicats. « L’usager, mis à distance des agences, est abandonné à son sort. […] Ces mesures testées depuis le mois d’octobre dans les régions tests sont catastrophiques avec des queues devant le Pôle emploi dès 7h30 pour pouvoir accéder à un conseiller », indiquent les syndicats dans un tract commun. Mise en place dans 9 régions, la réforme entrera en vigueur partout en France fin mars.

 

Pole-emploi-mention-passable-pour-l-annee-2014           Mention passable pour l’année 2014 ©PHILIPPE HUGUEN/AFP
Des services dématérialisés

Les syndicats protestent également contre la mise en place du « nouveau parcours du demandeur d’emploi ». Depuis le 25 janvier, les inscriptions et les dépôts de demandes d’allocations se font uniquement sur internet, sans l’aide ni l’accompagnement d’un conseiller. Objectif pour la direction : dégager du temps pour les conseiller Pôle emploi souvent débordés par les demandes. «  L’objectif est de vider les agences de leurs usagers […] Le dossier est étudié à distance, sans échange, au risque d’avoir un calcul de droits réalisés sur des informations incomplètes », dénoncent les syndicats.

Concrètement, le demandeur d’emploi doit compléter un formulaire en ligne et procéder au téléchargement des documents requis pour réaliser son inscription. Les demandes d’allocations et les premiers éléments de recherche d’emploi doivent également être réalisées sur internet. Par la suite, le demandeur d’emploi pourra bénéficier d’un entretien avec un conseiller dans un délai de 2 à 4 semaines après son inscription. A compter du 1er mars, toutes les régions seront soumises à cette nouvelle mesure.

L.P