Etats-Unis : la Cour suprême suspend le plan climat d’Obama

Après examen des plaintes de 25 États, la Cour suprême des États-Unis a décidé mardi 9 février de suspendre le « Clean Power Plan » de Barack Obama, censé lutter contre le réchauffement climatique.

US President Barack Obama delivers remarks at a Clean Power Plan event at the White House in Washington, DC, August 3, 2015. President Barack Obama described climate change as one of the key challenges of our time Monday as he announced the first ever limits on US power plant emissions. As a step to try to adapt, Obama announced power plant owners must cut carbon dioxide emissions by 32 percent from 2005 levels by 2030. AFP PHOTO/JIM WATSON / AFP / JIM WATSON
US President Barack Obama présente le Clean Power Plan à la Maison Blanche, Washington, DC. Le 3 août 2015. crédits / JIM WATSON / AFP

C’est une très mauvaise surprise pour le président américain. La Cour suprême, la plus haute instance de justice américaine, a suspendu mardi 9 février son programme, censé limiter les émissions polluantes des centrales thermiques de 32 % d’ici à 2030 par rapport à 2005, en laissant aux États la souplesse nécessaire pour y parvenir. Les différentes mesures du « Clean Power Plan » avaient été finalisées en août dernier et le président américain les avait présentées lors de la COP21 à Washington. Mais 27 États américains, dont la majorité sont républicains, ont saisi la Cour Suprême début décembre et ont voté contre le projet du président, demandant son annulation. La décision de la Cour suprême, qui a voté avec une majorité de cinq juges sur neuf, a réagi avec une rapidité étonnante et a finalement annulé le « Clean Power Plan » d’Obama.

5 voix contre 4 : une majorité fragile

Concrètement, l’application de ces nouvelles règles n’est que retardée, au moins jusqu’à l’été, le temps qu’une cour d’appel examine les arguments avancés par les États détracteurs. Malgré ce déboire, la Maison Blanche a réaffirmé sa « confiance » en son plan de lutte contre le réchauffement climatique. « Nous sommes en désaccord avec la décision de la Cour suprême de suspendre le ‘Clean Power Plan' », a souligné l’exécutif dans un communiqué, tout en affirmant que le plan repose sur des bases « techniques et légales solides ».

Un retard pour la COP21

Les clans républicain et démocrate se déchirent une fois de plus face à cette décision. Le candidat à la primaire démocrate américaine Bernie Sanders, qui a emporté haut la main la primaire dans le New Hampshire, a jugé « profondément décevante » la décision de la Cour suprême. Le procureur de Virginie occidentale Patrick Morrisey, un des frondeurs du plan d’Obama, a, quant à lui, salué sur son compte Twitter une « victoire monumentale ».

Au-delà de la rivalité politique, c’est un boulet au pied des États-Unis qui s’ajoute. Si la législation finit tout de même par être adoptée, le pays sera nettement en retard sur le calendrier fixé à l’occasion de la COP21.

Mathilde Pujol

2ème jour de procès en appel pour André Mikano, l’avocat des clandestins

Le procès en appel d'André Mikano, l'avocat des clandestins se déroule à la Cour d'appel de Paris jusqu'au 10 février, Flickr Kate Hopkins
Le procès en appel d’André Mikano, l’avocat des clandestins se déroule à la Cour d’appel de Paris jusqu’au 10 février, Flickr Kate Hopkins

Condamné en 2013 à deux ans de prison dont un an ferme et 100 000 euros d’amende pour « aide au séjour irrégulier en bande organisée », l’avocat André Mikano est de retour devant la justice. Depuis lundi 8 février, l’homme surnommé l’avocat des clandestins est rejugé en appel avec six co-prévenus.

Le calme plane sur la Chambre 2.8 de la Cour d’appel de Paris ce mardi 9 février. Il est 13h30, l’audience va commencer. André Mikano, principal prévenu, entre calmement, trainant derrière lui une petite valise. L’avocat a été condamné en première instance en 2013 à deux ans de prison dont un ferme et 100 000 euros d’amende pour « aide au séjour irrégulier en bande organisée ». Il aurait travaillé sciemment avec un réseau de passeurs qui faisait entrer en France des sans-papiers venant du Maroc entre 2007 et 2010.

Déclarations à charge de son coursier

Me Mikano échange quelques mots avec ses avocats, puis s’assoit nonchalamment sur le banc, passant une main dans ses cheveux blanchis. Le procès en appel s’est ouvert hier, lundi 8 février. Le Président Burkol ouvre la séance. Il commence par la lecture des déclarations de Mody Fofana, coursier d’André Mikano. Le témoignage du jeune homme est accablant. Il parle d’un ami marocain, qu’il nomme Abdel, ce dernier « fait partie d’un réseau d’immigration clandestine vers la France », déclare le Président de séance, changeant de voix pour donner un aspect plus théâtral à sa lecture. Avant de poursuivre, citant toujours l’intéressé : « Je sais qu’Abel et Me Mikano travaillent ensemble depuis un an et demi au minimum. » Sur le banc, Me Mikano écoute calmement le Président, une main soutenant sa tête.

Dans sa déclaration, Mody Fofana revient sur tous les points sensibles du dossier : les faux passeports retrouvés chez l’avocat, les 1 500 euros versés par chaque immigré clandestin, la chasse aux garants à laquelle Me Mikano se serait livré.  Deuxième lecture, celle des déclarations de Mohamed Bourg, organisateur de la filière clandestine, qui sera entendu au Maroc. « Mikano est un avocat Français qui travaille avec mon réseau, 1500 euros est le tarif qu’il demande », déclare le passeur dans la voix du Président.

L’homme détaille alors les dessous de son trafic. Le billet acheté à l’agence d’Air France à Casablanca pour un vol avec un transit à l’aéroport parisien de Roissy, l’acquisition d’un téléphone à carte pour se faire guider dans l’aéroport par un passeur qui a appris la couleur des portes par coeur. Quand cette méthode échoue, Me Mikano entre en jeu selon Mohamed Bourg.

« Moi j’ai fait la chasse aux garants ? Je ne vois pas comment ! »

A son tour, André Mikano est appelé à la barre. Le regard dur, d’un pas assuré, l’avocat s’avance. Immédiatement devant la Cour, sa posture se ferme. Ses bras se croisent sur sa poitrine, et l’homme commence par rejeter calmement les arguments avancés par le Président. Très vite, le ton monte. Le Président Burkol interrompt André Mikano et ce dernier le coupe, élevant la voix et marquant chaque parole de grands gestes de la main.

L’avocat, aujourd’hui sur le banc des accusés, est bon orateur. Son discours est organisé, sa prise de parole appuyée par des dossiers qu’il fait circuler au Président, à ses assesseurs et à l’avocat général. « Moi j’ai fait la chasse aux garants ? Je ne vois pas comment j’aurais pu en travaillant tous les jours ! », s’indigne-t-il. Me Cohen-Sabban et Me Stansal, qui assurent la défense d’André Mikano, restent à proximité de leur client, s’avançant doucement tour à tour quand le prévenu hausse trop le ton.

André Mikano ne se prive pas d’accuser les forces de police, qui lui auraient fait « subir des pressions » pendant sa garde à vue et seraient contre lui dans ce dossier. Il se défend de connaître Mohamed Bourg et se dit très déçu des accusations de Mody Fofana, qu’il considère comme une trahison. Il désigne même le jeune homme comme un Marabout. Dès que la Cour questionne André Mikano sur la somme en liquide retrouvée chez lui (205 520 euros et 47 615$), le calme retrouvé est immédiatement remplacé par la cohue. Chacun essaie de parler plus fort que l’autre et une fois de plus, Me Stansal s’approche pour faire revenir le calme.

Après avoir entendu les arguments d’André Mikano, le Président Burkol regarde le prévenu droit dans les yeux, derrière ses petites lunettes carrées. « En gros vous dites que les accusations contre vous ont été faites par quelqu’un que vous ne connaissez pas, quelqu’un d’autre qui vous a trahi, a subi des pressions et voulu vous marabouter », conclut-il sans cacher son scepticisme. Me Mikano a déjà fait l’objet d’une relaxe en 2014 dans un dossier similaire concernant une immigration clandestine venant des Philippines. Le procès en appel devrait se terminer mercredi.

Constance Maria

Art contemporain : où sont les femmes ?

A partir d’aujourd’hui, le Jeu de Paume à Paris expose la photographe portugaise Helena Almeida, grande figure contemporaine de notre siècle. Si l’histoire de l’art en général laisse peu de place aux femmes artistes, l’art contemporain ne fait pas mieux. Malgré une amélioration de la situation ces dernières années, c’est un monde très masculin où les femmes ont peu de visibilité, et de reconnaissance artistique. Comment expliquer aujourd’hui cette inégalité persistante ?

"The Visitor" by Marlene Dumas is on display during a media preview April 1, 2009 of a exhibition on loan to Sotheby's New York entitled "Women." The collection on loan from Steven and Alexandra Cohen which runs from April 2-14 depicts female subjects. AFP PHOTO/ TIMOTHY A. CLARY / AFP / TIMOTHY A. CLARY

« The Visitor » de Marlene Dumas. AFP PHOTO/ TIMOTHY A. CLARY

Le premier coup de gueule éclate en 1985, à New-York. Le groupe d’artistes féministes Guerrilla Girls se réveille et dénonce avec des moyens artistiques (peintures, photographies, affiches) la présence quasi inexistante des femmes artistes dans le monde contemporain du moment. Leur slogan est tapageur : « Faut-il que les femmes soient nues pour entrer au Metropolitan Museum ? » Selon une étude sortie quelques années plutôt, en 1980, moins de 5% des artistes exposés dans les sections d’art moderne étaient des femmes, alors qu’elles faisaient l’objet de 85% des nus. Problème de sexualisation de la femme, de sexisme, de condition féminine ? Aujourd’hui, la situation a changé – la condition de la femme en général s’étant améliorée – mais reste peu glorieuse. Le sexe et le genre continuent d’influencer la carrière des hommes et des femmes dans l’art contemporain. En 2009, le centre Pompidou prend position et consacre une exposition 100% féminine dédiée aux femmes artistes : « Elles@centrepompidou » sur « elles, et seulement elles ». Deux ans plus tôt, en 2007, sortaient des chiffres pour le moins dérangeants : la part des femmes chez les artistes contemporains les plus chers n’était estimé qu’à … 6%.

Peu d’artistes, beaucoup de directrices

Si les femmes souffrent encore aujourd’hui d’un manque de reconnaissance et de représentation au niveau artistique, elles sont cependant beaucoup plus présentes sur le pôle institutionnel, en tout cas en France. Selon des statistiques du Ministère de la Culture et de la Communication, au 1er janvier 2015, il y avait 31% de femmes à la tête d’un établissement de type « musée » et 41% à la tête d’un musée national, tandis que dans les conseils d’administrations de musée et d’établissement de type « patrimoine » ont 50% de femmes. Enfin, au 1er janvier 2015, il y a 61% de femmes directrices de centres d’art en France. A l’international, les femmes puissantes dans le monde de l’art contemporain sont assez reconnues, et occupent des postes importants, même si elles sont encore largement moins présentes que les hommes. Kathy Halbreich est directrice adjointe du MoMa (Museum Of Modern Art) à New-York depuis 2008, Jennifer Flay est la nouvelle directrice de la FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain) depuis 2003.

Reprendre l’art pour dénoncer

Rares sont les musées qui consacrent une exposition entière au travail d’une femme, et surtout d’une seule. Le Jeu de Paume a tenté le pari avec Helena Almeida, en choisissant une artiste dont la thématique artistique tourne autour du corps, d’où le nom de l’exposition « corpus ». Le schéma traditionnel et connu de tous se rapporte souvent au corps de la femme qui pose, la femme muse et « passive ». Mais aujourd’hui, une mise en abyme se construit : c’est justement avec l’art contemporain que la plupart des femmes artistes reconnues dénoncent la condition féminine, le conditionnement, le rapport au corps et à la sexualité. La franco-américaine Nikki de Saint-Phalle se positionne à travers ses sculptures et ses peintures pour le droit à l’avortement, tandis que la plasticienne taïwanaise Hsia-Fei Chang illustre dans ses oeuvres et ses performances l’hypersexualisation des petites filles. Aujourd’hui, Marlène Dumas est la femme artiste la plus chère au monde. Son tableau La maîtresse, d’après une photo de classe, s’est vendu 3,3 millions de dollars en 2005 chez Christie’s à Londres. Ses toiles coûtent entre 2 et 6 millions de dollars.

Mathilde Pujol

JO : plus de 100 ans de logos

Ce lundi soir, Paris fait un pas de plus dans sa candidature aux Jeux olympiques de 2024. La capitale française doit dévoiler son logo officiel. Pour cela, elle donne rendez-vous à l’Arc du triomphe, à 20h24, horaire symbolique.

Cette année, l’événement sportif le plus attendu se déroulera à Rio de Janeiro, au Brésil. Dans quatre ans, ce sera au tour de Tokyo, la capitale japonaise. Avant de savoir en septembre si la France pourra être le prochain hôte de la compétition, CelsaLab vous propose de découvrir plus de cent ans de logos olympiques.

 

 

Gila Ríos Jiménez