Un rapport de la Chambre régionales des comptes pointe du doigt la gestion de Levallois-Perret par Patrick Balkany. Une affaire qui vient s’ajouter à une mise en examen pour fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale et corruption passive. Pourtant, malgré ses déboires avec la justice, Patrick Balkany garde son aura auprès des Levalloisiens.
La vie semble paisible à Levallois-Perret. Dans cette ville des Hauts-de-Seine, pas un déchet ne traine sur les trottoirs, les squares sont fleuris, les haies taillées. Rien ne dépasse. Un constat qui tranche avec l’état des comptes de la ville. Dans un rapport que s’est procuré France Bleu 107.1, la Chambre régionale des comptes (CRC) étrille la gestion de la ville par son maire (LR), Patrick Balkany.
De nombreuses irrégularités
Au total, c’est plus de 117 millions d’euros de dépenses que la municipalité aurait « oublié » d’inscrire dans ses comptes. Une manière de dissimuler la dette déjà astronomique de la ville. Autre élément reproché au maire Les Républicains, les avantages octroyés aux cadres municipaux. Selon les auteurs du rapport, ces avantages dépasseraient largement les seuils admis dans de nombreux domaines. Certains cadres bénéficieraient notamment de primes et d’heures supplémentaires qui représenteraient plusieurs milliers d’euros par mois.
Dans ce rapport, les magistrats mettent également en lumière une pratique très en vue à Levallois-Perret: les associations para-municipales. Elle bénéficient du statut d’association Loi 1901 tout en permettant à leurs salariés de ne travailler que pour la mairie. La CRC souligne notamment l’existence d’un conseiller « occulte ». Renaud Guillot-Corail, ancien conseiller municipal ayant pris sa retraite en 2012, dispose d’un bureau adjacent à celui de Patrick Balkany. L’homme travaille exclusivement pour la municipalité tout en étant salarié du Comité de Développement Économique et d’Échanges Internationaux de Levallois. Grâce à une augmentation de son budget, cette association para-municipale continue de faire travailler ce proche de Patrick Balkany. « C’est totalement faux, le budget ne cesse de diminuer depuis deux ans » se défend Renaud Guillot-Corail qui n’a pas souhaité en dire plus.
Le rapport fait aussi état d’un nouvel épisode dans la série Bygmalion. La municipalité aurait favorisé l’entreprise proche de l’UMP (ex-Les Républicains) dans l’acquisition d’un marché public. Malgré des tarifs onéreux, la société aurait été préférée à ses concurrents. La ville a payé 218 029 euros pour les services de consultants dont la municipalité n’a pas pu donner les traces d’une quelconque intervention, si ce n’est quelques diaporama.
Pas pire qu’un autre
Si ce sandale est un nouveau coup dur pour Patrick Balkany, il n’a pas égratigné la popularité du maire. Dans les rues de la ville, malgré la nouvelle, les Levalloisiens restent solidaires. « Je continuerai à voter Balkany« , assure Nicole Richler, lunettes de soleil et chapeau sur la tête. « Il fait des petites magouilles comme tous les autres, mais lui il s’occupe bien de ses habitants« , rajoute-t-elle. L’argument du « tous-pourris! » est légion à Levallois.
Au Bagel frais, une petite enseigne de restauration rapide, l’avis de Cary et Sam Bouhadouz est sans appel. « De toute façon ils sont tous corrompus, au moins, lui, il nous chouchoute« , assure Cary. « Ces histoires c’est des miettes de pain par rapport aux autres« , renchérit son mari et associé. « Vive Balkany!« , finit-il par lâcher. Difficile de trouver des opposants. À la sortie d’une école, une maman d’élève se refuse même à tout commentaire. « Ca ne m’intéresse pas, on a un très bon maire et on est très content« , peste-t-elle avant de disparaitre dans l’établissement, passablement exaspérée.
Une faible opposition
Sa popularité, Patrick Balkany la doit à la proximité qu’il a instaurée avec ses habitants. « Ce qu’il fait je m’en fous, je veux qu’il reste maire le plus longtemps possible. C’est grâce à lui que j’ai pu trouver une place dans une crèche pour mes enfants« , explique une jeune maman. De son côté, Josette, retraité, se félicite de l’implication du maire auprès des personnes âgées. « Tous les ans pour Noël, il organise une sortie en ville, c’est une très bonne idée! » explique-t-elle avec enthousiasme. Patrick Balkany ne lésine pas sur les moyens pour satisfaire ses administrés et il le lui rendent bien.
Ses opposants les plus farouches, il les côtoient au conseil municipal. « Nous ne sommes pas surpris par le rapport. C’est ce qu’on dénonce depuis le début« , affirme Anne-Eugénie Faure, conseillère municipale du groupe d’opposition « Une autre histoire pour Levallois » (PS, EELV). Elle promet que la question du rapport sera abordée lundi, lors du conseil municipal. Son groupe prévoit le vote d’un blâme contre Patrick Balkany. Si elle regrette que le groupe d’opposition « Levalloisiens – Renouveau de la Droite et du Centre », mené par Arnaud De Courson, ne les ait pas suivi après les nombreux scandales qui ont frappé le maire de la ville, elle reste persuadée que cette fois-ci le vent va tourner. « Toute l’opposition va monter au créneau« , assure-t-elle. De son côté, Arnaud De Courson ne mâche pas ses mots « Ce rapport est une copie conforme de celui de 2009. La Chambre régionale des comptes avait déjà souligné tous ces problèmes et donné ses recommandations, mais rien n’a été fait« . Il demande que la Justice soit saisie et que des sanctions soient prises. « Un blâme n’a aucune valeur juridique ça n’a aucun sens, il faut que le gouvernement agisse pour éviter ce type de dérives. » La mairie, quant à elle, n’a pas souhaité faire de commentaire.