Vidéo – A l’occasion du congrès fondateur du parti «Les Républicains» qui se tenait samedi porte de la Villette, l’ancien Premier Ministre a dû faire face à un un accueil plutôt inamical dès son arrivée sur les lieux.
Alain Juppé hué, ce n’est pas franchement une histoire nouvelle. Moi-même je m’étais livré à l’exercice à l’occasion du Plan Juppé de 1995, du haut de mon tricycle. Mais au sein de la droite la scène a tendance à devenir récurrente. Le premier congrès des Républicains était placé sous le signe du rassemblement et pas de la primaire de 2016, pour laquelle chacun se prépare. Raté. François Fillon puis Alain Juppé ont pu mesurer qu’ils ne faisaient pas l’unanimité parmi les militants présents sur place.
« Ça me fait de la peine »
Samedi, le maire de Bordeaux a même commencé son discours en s’adressant aux siffleurs : « Certains d’entre vous me sifflent. Certains ». « Ça me fait de la peine, mais ça ne change pas ma détermination », a-t-il poursuivi alors que ses partisans répondaient aux sifflets par des applaudissements. Et d’ajouter : « Vous êtes ma famille. Je resterai dans ma famille et mon action politique se déroulera toujours dans ma famille ». Le calme ramené, il a pu poursuivre son discours. Cependant il n’a été vraiment applaudi que lorsqu’il a évoqué « celui qui a permis le rassemblement ». Ovations et la salle s’est mise à scander « Nicolas, Nicolas ».
Cet incident n’est pas sans en rappeler un autre, le 22 novembre dernier à Bordeaux. Au cours d’un meeting de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé s’était vu malmener par des militants UMP dans son propre fief. Cependant contrairement à cette fois-là l’ancien président a tenu à calmer les esprits : «Nous avons la chance d’appartenir à une famille politique qui compte dans ses rangs un homme d’Etat comme Alain Juppé. C’est une richesse». Puis il a pris le temps de citer François Fillon, Bruno Le Maire, Jean-Pierre Raffarin, Laurent Wauquiez, Nathalie Kosciusko-Morizet, comme autant de «chances» pour sa formation politique.
Nathalie Kosciusko Morizet a justement dénoncé dimanche le fait qu’Alain Juppé et François Fillon aient subi des huées au congrès fondateur des Républicains, y voyant « plus qu’un couac » et estimant que « ça ne doit pas être ça, Les Républicains ». « Je n’aime pas ça ! (…) Pour moi, ça, c’est la résurgence de l’ancien parti. Ça ne doit pas être ça, Les Républicains ! », a déclaré la numéro deux de l’ex-UMP. A part quelques exceptions, peu de réactions des autres « chances » du nouveau parti.
La primaire de 2016 dans tous les esprits
Nicolas Sarkozy relativise l’incident : « je regrette les quelque sifflets, mais quand vous avez 15 à 17 000 personnes devant vous, vous ne pouvez pas contrôler que chacun puisse se tenir parfaitement ». Ces quolibets mettent néanmoins en lumière les divisions du parti que les formules rhétoriques rassembleuses peinent à cacher. À peine nés, Les Républicains s’engagent dans un conflit entre les vestiges de la chiraquie et les sarkozistes. Depuis quelques mois la tension monte entre les partisans de Nicolas Sarkozy et ceux de la ligne Juppé-NKM qui prônent notamment un rapprochement avec le centre.
La campagne des primaires est déjà lancée, Alain Juppé contre attaque aujourd’hui : « Nicolas Sarkozy a le parti, moi pour l’instant j’ai l’opinion, mais j’organise ma petite PME. Parfois, il arrive que des PME performantes soient plus efficaces que des grandes entreprises du CAC 40 ».
Antoine ETCHETO.