Si la création d’une grande métropole en Île-de-France fait l’objet d’un consensus au sein des deux principales formations politiques françaises, il existe une différence de vision entre une majorité des élus locaux, au sein des communes, et les parlementaires qui expriment une vision plus globalisée de ce que devrait être la métropole du Grand Paris
Exit le traditionnel clivage gauche – droite qui anime la vie politique française. Sur la question de la Métropole francilienne le combat se situe entre élus municipaux et parlementaires.
C’est par la voix de Patrick Devedjian que s’exprime cette différence de point de vue. L’élu d’Antony dans les Hauts-de-Seine, et président du conseil général du 92 a clairement affiché sa volonté de permettre aux communes de conserver une compétence en matière de logement. Compétence que la loi récemment votée au parlement souhaite attribuer à la future métropole.
Sophie Devedjian, qui a été maire adjointe d’Antony, en charge de l’urbanisme durant six ans, porte le discours politique de son mari. « Il existe un réel consensus avec les élus de tous bords politiques. Que ce soit Patrice Leclerc, maire (PCF) de Gennevilliers, ou M. Jarry, maire encarté à gauche de Nanterre. Tous souhaitent conserver la compétence en matière de logement. » « Une question de bon sens » renchérit Patrice Leclerc. « Cela fait plusieurs décennies que nous appliquons une politique de décentralisation et là on nous explique qu’il faut revenir à une gouvernance centralisée, qui serait administrée par des fonctionnaires d’Etat à Paris. Les communes sont le niveau d’administration le plus proche des citoyens. Nous sommes au courant des enjeux qui sont propres à chaque commune. Un administrateur de la Métropole à Paris ne sera pas aussi à même d’envisager ces enjeux, par essence, locaux. »
Antonio Duarte est urbaniste et architecte de formation, il est le président de l’association du Grand Paris. Cette « association citoyenne » créée en 2006, regroupe les forces vives de la société civile telles que des étudiants, des chercheurs, des urbanistes ou des entrepreneurs. L’association soutient le projet parlementaire. Elle défend l’émergence d’une métropole francilienne « qui ne peut s’exprimer qu’à travers une véritable vision globale du Grand Paris ». Antonio Duarte poursuit : « La Métropole doit être pensée comme large. Ce serait une hérésie de vouloir envisager le logement au niveau communal. Chaque année plus de 100 000 personnes s’installent en Île-de-France. Les Franciliens ne vivent pas seulement pour un développement économique comme souhaite le faire croire M. Devedjian. »
Tout le monde s’accorde pour dire que la métropole est nécessaire, mais la question du logement semble être le nerf de la guerre. Allons-nous vers une politique locale et communale, ou plutôt une vision globalisée de la métropole francilienne ? Réponse le 1er janvier 2016 avec l’entrée en vigueur de la métropole du Grand Paris.
Nicolas HORLAIT et Gaspard WALLUT
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