Covid-19 : la dette commune européenne approuvée par les 27

Tous les pays de l’Union européenne ont désormais accepté les conditions de l’émission de dette commune. Pour un montant total de 750 milliards d’euros, elle doit permettre aux Etats de relancer l’économie, essoufflée par la crise sanitaire. 

Les 27 pays membres ont lancé un plan historique d’endettement commun à hauteur de 750 milliards d’euros. © Christian Lue/Unsplash

« Next Generation EU » : c’est ainsi qu’a été baptisé le plan d’endettement commun de l’Union européenne et de ses Etats membres pour relancer les économies fortement ralenties par la crise du Covid-19.

Les 27 ont officiellement notifié leur accord pour entamer la procédure commune à partir du 1er juin, comme l’a annoncé le Conseil européen dans un communiqué diffusé le 31 mai. L’Autriche et la Pologne ont ratifié le 27 mai ce plan, permettant de lancer la procédure de dette commune.

« L’Union européenne est désormais en mesure d’obtenir le financement nécessaire », s’est réjoui le Premier ministre portugais, Antonio Costa, qui assure la présidence tournante de l’Union depuis janvier.

670 milliards d’euros pour la relance des économies européennes

Sur un plan d’emprunt de 750 milliards d’euros, plus de 670 milliards iront aux différents pays de l’Union européenne selon leurs besoins. Ce plan d’endettement commun est inédit pour les 27 et incarne la solidarité continentale face à la crise du Covid-19 qui fait rage depuis mars 2020.

 

Dans une interview au journal Les Echos, le secrétaire d’Etat français chargé des Affaires européenne Clément Beaune expliquait : « Concrètement, la Commission lance ce 1er juin le processus d’émission de dette en réunissant des grandes banques internationales et européennes, et l’émission de titres aura lieu ce mois-ci. »

La première émission de dette européenne s’élèvera à un montant de 10 milliards d’euros auprès des banques, qui bénéficieront de « taux d’intérêt très favorables » d’après Clément Beaune.

Le lancement de la dette commune est un signal important de la part des Etats européens : la procédure était très critiquée dernièrement pour ses lenteurs institutionnelles. Le plan a été le fruit de négociations difficiles l’été dernier, avant d’être finalement conclu en juillet 2020.

Financer la relance et la transition écologique

Les fonds transmis depuis cette dette commune serviront aux États pour relancer leurs économies, parfois exsangues des suites de la crise sanitaire. « L’objectif est d’atténuer les conséquences économiques et sociales de la pandémie de Covid-19 et de rendre les économies et les sociétés européennes plus durables, plus résilientes et mieux préparées aux défis posés par les transitions écologique et numérique », d’après la Commission européenne.

L’idée est de financer en particulier des projets de rénovation thermiques de bâtiments, des projets ferroviaires, des bornes de recharge pour les voitures électriques, des réseaux de télécommunication et des infrastructures pour le stockage de données à travers l’Europe.

Les autres champs d’utilisation de cette dette commune seront notamment le domaine de la santé, de la recherche et de l’innovation, la modernisation des exploitations agricoles dans le cadre de la Politique Agricole Commune et la lutte en faveur de l’égalité femme-homme.

Joséphine Boone

L’OCDE prévoit une croissance mondiale

L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a annoncé ce lundi des prévisions de croissance pour l’année 2021. Elle prévoit une croissance de 5,8 % pour l’ensemble du monde malgré de fortes inégalités entre États. 

L’organisation de coopération et de développement économique prévoit une croissance mondiale de 5,8%.© Mauro Sbicego/Unsplash

L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a fait part le 31 mai de ses prévisions de croissance pour l’année 2021, qui révèlent des chiffres impressionnants et rehaussés par rapport aux estimations antérieures.

Alors que la pandémie de coronavirus se résorbe dans de nombreux États grâce à la vaccination, les économies reprennent peu à peu leur souffle. Le monde devrait connaître une croissance de 5,8 % en 2021 d’après l’organisme qui regroupe trente pays pour la plupart très développés.

En ce qui concerne la France, l’OCDE prévoit également une croissance importante, à hauteur de 5,8 % en 2021 puis 4 % en 2022. Ce matin, le ministre français de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, affirmait par ailleurs son désir de maintenir cette prévision au-dessus de 5 %. Pour la zone euro, l’OCDE annonce une croissance de 4,3 %.

Les perspectives de croissance dans le monde pour 2021 d’après l’OCDE.

De fortes inégalités

L’OCDE a cependant mis en garde contre une rechute de l’économie en raison de la persistance de « vents contraires ». Elle s’inquiète en particulier de la vaccination trop lente dans les pays les plus pauvres de la planète et de la nervosité des marchés financiers.

Dans son bilan, l’organisme explique également que la croissance entre les pays du monde, bien que globalement élevée, devrait être très inégalitaire. Ce sont en effet les pays qui vaccinent le plus vite qui verront leur économie décoller le plus rapidement, comme par exemple aux Etats-Unis où la campagne de vaccination est très avancée, accompagnée d’un plan de relance historique. La vaccination permet en particulier la hausse des emplois dans plusieurs secteurs comme la santé et le tourisme, entraînant une accélération des déplacements de populations.

Joséphine Boone

Déficit public français : un record attendu en 2021

 

Le déficit public de la France est attendu à 9,4 % du Produit intérieur brut (PIB) en 2021 d’après le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire. Du jamais vu pour l’économie française.

Un déficit de 50 milliards d’euros de plus que prévu. © Markus Spiske/Unsplash

Une dette record. La France prévoit un déficit public de 9,4% du Produit intérieur brut (PIB) en 2021, a déclaré le ministre de l’Économie Bruno Le Maire sur France 2 lundi 31 mai. Ce déficit inédit résulte des dépenses de l’État pour soutenir l’économie française depuis le début de la crise du Covid-19.

Initialement prévu à hauteur de 8,5 % du PIB, c’est donc une révision à la hausse qui a été annoncée ce lundi. Ce record est lié à différents facteurs : « Nous reportons un certain nombre de dépenses de 2020 à 2021 », a précisé le ministre. La hausse du déficit résulte aussi de l’aide apportée par l’État à différents secteurs sinistrés, « même si progressivement nous allons supprimer ces aides », a-t-il ajouté. Enfin, une partie du plan de relance sortira des caisses de l’État pour s’intégrer dans l’économie nationale au cours de l’année.

La dette publique en France depuis 2017. Lecture : En 2017, la dette publique brute française s’élevait à 98,3 % du Produit intérieur brut (PIB).

«  La prolongation de l’effort »

Le déficit français devrait atteindre 220 milliards d’euros en 2021, soit près de 50 milliards de plus que prévu initialement dans le budget voté dans la loi de finances. D’après Bruno Le Maire, ce déficit est « la prolongation de l’effort que nous avons fait pour protéger notre économie et en même temps l’accroissement de cette relance économique que nous voulons ».

Le gouvernement doit par ailleurs présenter un projet de loi de finances rectificative mercredi, corrigé de 15 milliards d’euros de mesures d’urgence supplémentaires pour les entreprises en difficulté notamment.

La dette publique est annoncée à hauteur de 117,2 % cette année, contre 115,1 % l’an dernier, qui était déjà une record pour la France. Par ailleurs, le ministre de l’Économie s’est dit « convaincu » que la France aura une croissance de 5 % cette année.

Joséphine Boone

SNCF : comprendre la dette en quatre questions

« C’est une menace pour le système ferroviaire », a assuré Elisabeth Borne sur Franceinfo. Pour la ministre chargée des Transports, la dette de la SNCF, qui s’élève aujourd’hui à près de 55 milliards d’euros, est une question urgente. D’où vient la dette ? Que compte faire le gouvernement? Éléments de réponses.
Un train SNCF © Angélique Guerin/Flickr
Un train SNCF ©Angélique Guerin/Flickr
  • Comment la dette de la SNCF est-elle répartie?

Pour comprendre comment cette dette est répartie, il faut d’abord connaître la structure de la compagnie ferroviaire. En 2015, la SNCF a été divisée en trois établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic) : SNCF, qui prend en charge le pilotage du groupe, SNCF Mobilités, chargée de transports des voyageurs et des marchandises et SNCF Réseau, qui gère les infrastructures du réseau ferré.

Selon le « Rapport sur l’avenir du transport ferroviaire » de Jean-Cyril Spinetta, rendu en février dernier au Premier ministre Edouard Philippe, c’est SNCF Réseau qui « concentre l’essentiel du déficit annuel du système ferroviaire français », avec une dette de 46 milliards d’euros en 2017. SNCF Mobilités affiche une dette de près de 8 milliards d’euros, à quoi s’ajoute des frais financiers de 1,3 milliard d’euros.

  • Pourquoi la dette de la SNCF est-elle aussi haute?

Depuis plusieurs décennies, la situation financière de la SNCF inquiète. Mais depuis 15 ans, la dette de la compagnie a bondi. Le rapport Spinetta précise que la dette de SNCF Réseau a augmenté de 15 milliards d’euros entre 2010 et 2016. Cette accélération est due en partie aux quatre projets de lignes à grande vitesse ( LGV Est vers Strasbourg, LGV Sud Europe Atlantique vers Bordeaux, LGV Bretagne-Pays de la Loire et le contournement de Nîmes et de Montpellier).

Par ailleurs, le mauvais état du réseau a conduit le groupe à doubler ses dépenses de rénovation. Elles atteignaient l’année dernière 2,6 milliards d’euros, selon le rapport Spinetta.

Enfin, les frais financiers augmentent en mesure que la dette gonfle. En 2016, les frais financiers de SNCF Réseau atteignaient 1,4 milliard d’euros.

  • Que faire de la dette?

Le gouvernement n’a pas exclu la possibilité de reprendre à son compte une part de la dette de la SNCF, en échange de « contreparties », a précisé Edouard Philippe sur France Inter. 

 Les syndicats de cheminots, eux, réclament une reprise intégrale de la dette par l’État. Mais cela ferait exploser le déficit public, explique Libération. « Si l’Etat reprend à son compte les 47 milliards d’euros de dette de SNCF Réseau, il devra assumer, l’année de l’opération, une hausse de son déficit public de 2,1 points de PIB. Soit un déficit public total qui doublerait, remontant à plus de 4 % cette année-là. La dette publique, elle, frôlerait alors les 100 % du PIB, sans même compter le déficit courant » explique le quotidien. La question de la dette reste donc à résoudre. 

  • Et ailleurs en Europe?

Du côté de l’Allemagne, l’ouverture à la concurrence a eu lieu en 1994. Le gouvernement a fusionné les deux entreprises ferroviaires existantes et a crée la Deutsche Bahn. Il reprend alors l’intégralité de la dette, soit 70 milliards de Deutsche Marks (environ 35 milliards d’euros). Près de 130 000 salariés sont licenciés. Aujourd’hui, la Deutsche Bahn est vue comme un « modèle » pour le gouvernement français. En 2017, les bénéfices de la compagnie s’élevaient à 2,2 milliards d’euros, et son chiffre d’affaires à 41 milliards d’euros. Mais la Deutsche Bahn est confrontée à une dette de 20 milliards d’euros.

Et ailleurs en Europe, certaines privatisations nuancent le modèle allemand. La France n’est peut-être pas la plus mal lotie. Au Royaume-Uni, par exemple, le rail est privatisé depuis 1994. Le gouvernement avait promis un service plus efficace et moins coûteux. Plus de vingt ans après, difficile de dire que le pari a été tenu. En 2017, la dette du Network rails atteignait 46,3 milliards de livres soit près de 53 milliards d’euros. Les voyageurs dénoncent des tarifs trop chers et des dysfonctionnements réguliers. Certains demandent même à renationaliser le réseau ferroviaire, à l’image de Jeremy Corbyn. Dans cette vidéo, le leader du parti Travailliste est assis sur le sol d’un train bondé. « Il n’y a pas assez de trains » explique Jeremy Corbyn, « et ils sont incroyablement chers« . « N’est-ce pas une bonne raison pour demander la nationalisation? »

 

Video de The Guardian

Constance Cabouret