« Ô vieillesse ennemie ! »

Quand les artistes prennent de l’âge

Beaucoup d’artistes la redoutent. La vieillesse peut fortement déterminer la carrière d’un danseur de haut niveau ou d’un chanteur lyrique. D’autres métiers, chanteur de variété ou acteur, sont moins exigeants physiquement, mais ne sont pas exempts de discriminations liées à l’âge.
Maggie Boogaart, 48 ans, est une ancienne danseuse soliste devenue enseignante et chorégraphe
Maggie Boogaart, 48 ans, est une ancienne danseuse soliste devenue enseignante et chorégraphe. ©Fanny Guyomard

Charles Aznavour, Anny Cordy, Hugues Aufray, Line Renaud… Ils ont passé 80 ans, et sont encore sous les projecteurs. Mais quand les uns mènent une carrière plus longue qu’aucune autre profession, d’autres, passés un certain âge, sont exclus de ce monde où prime l’apparence. Alors quel rapport les artistes entretiennent-ils avec la vieillesse ?

« Moi j’appréhende un peu. » A 18 ans, Aline, apprentie danseuse, redoute déjà les effets de la vieillesse. Pas surprenant, pour ces professionnels qui dansent depuis l’âge de 4 ans, et dont l’usure physique se fait ressentir très tôt. Rose, 17 ans, revient d’une opération au pied. « Une fracture de fatigue », précise l’étudiante à la Paris Marais Dance School. Si vieillir apporte de la maîtrise, Carmen, 16 ans, nuance : « Avec la maturité, on pourra apporter quelque chose de nouveau à certains mouvements, mais on ne sera plus capable physiquement de les faire. »

Les danseurs se blessent dès le plus jeune âge
Les danseurs se blessent dès le plus jeune âge. ©Fanny Guyomard

L’Insee établit la vieillesse à partir de 65 ans. Mais le danseur, quand le considère-t-on comme vieux ? La question fait sourire. 35, 40, 50, les âges donnés varient. « Cela dépend beaucoup de la personnalité de chacun », souligne Rose. Mais pour Carmen, “vieillir” est un terme impropre : « Chez un danseur, on se transforme, c’est tout. Maggie par exemple, c’est une boule d’énergie. »

Maggie Boogaart, 48 ans, presse ses élèves. « Pas de temps à perdre ! » En action, ils effectuent des mouvements alternant contractions et relâchement de la tension. La respiration est placée au cœur de la danse, car elle libère les émotions et l’angoisse.

Dans ce milieu, Maggie Boogaart peut être considérée comme  “âgée”. Mais son corps, tout en muscle, est capable des plus beaux mouvements : vifs, efficaces, puissants. Alors pourquoi cette professeure à la Paris Marais Dance School a-t-elle arrêté sa carrière de soliste ? Par envie de se plonger dans la pédagogie, mais aussi par lassitude : « J’étais tellement fatiguée de danser à plein temps, je n’avais plus envie d’aller à fond », explique-t-elle. Et puis maintenant je connais mes limites, et c’est très agréable. » De 21 à 45 ans, Maggie Boogaart a parcouru les scènes du monde entier. Un « marathon », selon ses mots, où elle enchaînait 60 spectacles par an et des performances d’1h30 sur scène.

Maggie Boogaart donne des cours de danse à la Paris Marais Dance School
Maggie Boogaart donne des cours de danse à la Paris Marais Dance School. ©Fanny Guyomard

Mais pas de retraite subie pour cette Hollandaise, qui a toujours suivi ses propres règles. « Oui, c’est rare », confirme-t-elle. Les pressions sur les danseurs dépendent des compagnies, du mental du concerné, mais aussi des cultures de chaque pays. « En Europe, quand tu fais une erreur, on te met définitivement de côté, alors qu’aux Etats-Unis, on te laisse ta chance. Là-bas, on te juge uniquement par ton travail : si tu travailles, on te considère. Alors j’ai eu la chance, en travaillant, de me créer la liberté de choisir ma carrière. »

L’Américaine Martha Graham, fondatrice d’une méthode de danse contemporaine, n’a-t-elle pas dansé jusqu’à 76 ans ? Et au moment de sa mort, à 97 ans, elle créait encore une chorégraphie. Son obsession : ne jamais se laisser gagner par la vieillesse.

A lire : Martha Graham et le tabou de la vieillesse

Maggie Boogaart, qui se revendique de cette école, monte encore 5 à 6 fois sur scène chaque année. Si elle ne danse plus que 30 minutes, elle n’a pas perdu de ses muscles. « Quand on voit mon visage, on voit que je n’ai pas 18 ans. Mais quand on voit seulement mon corps, je peux avoir la même énergie qu’à 25 ans ! »

La fatigue n’est donc pas une fatalité. « L’énergie engendre de l’énergie. » C’est par cette formule que Ghislain de Compreignac, enseignant à la Paris Marais Dance School, aime interpeller ses élèves exténués. Ils prennent également conscience de la nécessité de prendre soin de leur corps, comme en se privant d’un verre de vin le soir. L’effet se fait sentir sur la répétition du lendemain…

« De nos jours, les danseurs sont en forme plus longtemps. Parce qu’il y a 30 ou 40 ans, les notions de nutrition étaient secondaires », apprend l’ex-danseur de ballet de 61 ans. Soliste, Maggie Boogaart ne mangeait ni pain, ni café, et devait dormir 10 heures chaque nuit. Aujourd’hui, ce régime strict s’applique deux mois avant de monter sur scène. Elle évoque aussi l’interdiction de prendre des médicaments antidouleur : ils insensibilisent le corps, qui dépasse alors dangereusement ses limites. Le meilleur remède ? « Le rire, qui libère de l’endorphine. »

 

« De nos jours, les danseurs sont en forme plus longtemps . »

 

Mais la douleur physique ne la quitte jamais. « J’ai tout le temps mal ! Mais je n’en parle pas », rit-elle. Maggie Boogaart cherche à préserver son corps, mais elle le met aussi à rude épreuve. « Si je n’avais pas mal, je ne serais pas satisfaite. Je cherche à pousser mes limites, à l’infini. C’est usant, mais aussi structurant. Je ne vis pas pour épargner mon corps et vivre deux ans plus longtemps. »

Ce mode de vie favoriserait même sa longévité. « Si je me limitais, je pense que je serais morte avant, par dépression ! C’est excitant de bouger, de sentir ses muscles ! »

Blessée à chaque jambe, Maggie Boogaart ne cesse pourtant de progresser. Elle raconte mieux maîtriser son corps et sa conscience de l’espace. Quant à la trace du temps sur son corps, c’est une réjouissance. « Le corps accumule les années, et c’est une impression extraordinaire : il devient comme une bibliothèque. Tu as tellement de choses en toi, c’est une richesse ! ».

Le pianiste Glenn Gould disait : « la visée de l’art n’est pas la décharge momentanée d’un peu d’adrénaline mais la construction, sur la durée d’une vie, d’un état de quiétude et d’émerveillement. » Vieillir peut donc être l’accomplissement de l’artiste.

 

« Et vous jouez toujours ? » A presque 90 ans, Jean Piat narguait la vieillesse en jouant seul sur scène la comédie Vous avez quel âge ? En 2017, on pouvait encore le voir dans la pièce Love Letters. A 92 ans, Michel Bouquet n’a pas non plus décliné. En 2016, il était nommé pour un Molière, et en mai 2018, il apparaît dans le film Lucia’s Grace sélectionné au Festival de Cannes.

Même en étant retraités, beaucoup d’artistes continuent de monter sur les planches. C’est le constat de Vincent Cardon, maître de conférences à l’université Picardie Jules-Verne. Dans un article récent, il écrit qu’en 2009, 24,5 % des artistes retraités ont cumulé emploi et retraite. Car comédien, danseur ou musicien sont plus que des métiers : ce sont des vocations. Difficile d’y mettre un terme, d’autant plus qu’il y a du travail pour tous les âges de la vie. Du moins, au cinéma et au théâtre, comme l’affirme Renaud De Manoël, comédien de 64 ans : « Dans une carrière de comédien, il y a pléthore de rôles. Au début, tu joues les jeunes premiers, puis le grand frère, le père et le grand-père. » Au théâtre, il y a même une certaine flexibilité entre l’âge de l’acteur et celui de son personnage : il arrive qu’un homme de 40 ans joue les jeunes premiers, tandis qu’au cinéma, les gros plans l’interdisent.

Alors pour Renaud De Manoël, pas question de paraître plus jeune : les exercices pour préserver sa jeunesse sont réservés à d’autres professions. « Les chanteurs et surtout les danseurs doivent faire attention à ce qu’ils mangent, à ne pas grossir… Nous, les comédiens, on s’autorise tout : on peut fumer, boire, manger ce qu’on veut. Le meilleur exemple, c’est Depardieu. » Un physique atypique, une voix de fumeur ou un petit bedon peut même être une façon de se démarquer, et de décrocher des rôles…

 

Alors, pas peur de vieillir quand on est acteur ? Pas si vite : « Pour les hommes, non. Mais pour les femmes, à partir de 50 ans, il n’y a plus beaucoup de rôles dans les pièces contemporaines », alerte Renaud De Manoël. La raison ? Elle est inconsciente : « dans le collectif mental des gens, un homme qui a des rides, c’est porteur. Alors qu’une femme qui a des rides, elle fait de la chirurgie esthétique », analyse le retraité actif. Un collectif de professionnels du cinéma, actrices et acteurs de France associés (AAFA), a donc lancé il y a deux mois une pétition pour pointer du doigt les discriminations envers les actrices et comédiennes qui ont passé la cinquantaine. Elle a recueilli plus de 5700 signatures.

 

« Elles sont où ? » C’est par cette chanson en cours d’écriture que Michèle Brousse, actrice de 60 ans et signataire de la pétition, interpelle sur la disparition de ces artistes post-cinquantenaires. Selon Michèle Brousse, cette discrimination commence même dès 45 ans, « l’âge où on n’est potentiellement plus maternante». Les rôles se limitent souvent à ceux de grands-mères, tandis que ceux des hommes s’élargissent aux postes de pouvoir. Or, cela ne reflète pas une réalité professionnelle. « Les décideurs étaient jusqu’à présent des hommes. Mais ça change. Alors maintenant que les femmes accèdent aux postes de pouvoir, on ne comprend pas pourquoi ces fonctions-là, dans les fictions, ne sont attribuées qu’aux hommes. » En jeu : les représentations. « La fiction, ça véhicule des valeurs. Les gamins s’y projettent, alors qu’elle véhicule de fausses images. Les fictions ne tiennent pas en compte qu’à 50 ans, les femmes ont encore la patate ! », s’anime celle qui se voit continuer jusqu’à la fin de ses jours.

A lire : Une pétition contre l’âgisme et le sexisme au cinéma

Mais à quel âge un acteur doit-il prendre sa retraite ? Michèle Brousse rappelle le rôle des assurances. « A partir de 80 ans, les compagnies d’assurance se défient… » Mais les problèmes de mémoire ou les difficultés à se déplacer ne sont pas des raisons de départ. « Depardieu, il a une oreillette. Il y a aussi des prompteurs. Quand vous avez une notoriété, il y a toujours des solutions. » Pour les chanteurs de variété, la notoriété fait aussi la longévité. A 94 ans, Aznavour chante encore… Avec une qualité vocale qui n’a pas pris une ride ? « On chante moins bien, mais le public ne vient plus pour votre prestation, mais pour vous », estime Mathieu Sempéré, chanteur lyrique et de variété. La longévité de l’artiste s’explique aussi par le fait que le public vieillit en même temps que son idole. Mais ces vieux de la veille sont rares, surtout chez les chanteurs lyriques, véritables sportifs de haut niveau. Vers la cinquantaine, la voix atteint une forme d’usure, et d’abord chez les femmes, dont la ménopause agit sur le tissu corporel. Donc les rôles mûrs se font plus rares, surtout en comédie musicale, où il faut à la fois chanter et danser. Mais Mathieu Sempéré pointe également une précarité économique de ce secteur, ce qui dissuade les chanteurs les plus âgés à s’engager : « En France, le chanteur de comédie musicale est sous-payé. Se “prostituer” à 20 ans, ça va, mais à 60, non. » Dernier facteur : une tendance au « jeunisme ». « Il y a de moins en moins de productions, donc elles sont plus sélectives… et privilégient les jeunes », observe l’artiste de 39 ans.

A 39 ans, le chanteur lyrique Mathieu Sempéré ne considère pas la vieillesse comme un problème. ©Fanny Guyomard

Pourtant, le temps porte aussi ses fruits. A 49 ans, Patricia Samuel n’a rien perdu de sa voix, seulement en endurance. « Plus j’ai vieilli, plus j’ai gagné en technique et en connaissances musicales. », note celle qui a arrêté sa carrière de chanteuse lyrique il y a six ans pour se consacrer à l’enseignement. Le travail serait même gage de longévité : l’entraînement de la voix l’étire et l’assouplit, ce qui lui permet de tenir dans le temps. L’énergique soprano ajoute : « Nous les chanteurs, on est aussi en très très grande forme physique, parce qu’on respire beaucoup. Mais j’entends bien sûr des collègues à 50-60 ans dire qu’ils sont fatigués. Et il y a les maladies, les cancers… Quand j’ai joué dans La Vie parisienne d’Offenbach en 2002, on était quatre chanteuses. Depuis, deux ont eu un cancer, une seule s’en est sortie. »

L'ex chanteuse lyrique Patricia Samuel n'a pas perdu de sa voix
L’ex chanteuse lyrique Patricia Samuel n’a pas perdu de sa voix. ©Fanny Guyomard

Maladie, fatigue physique, fin de contrat, démotivation… Les raisons de départ sont multiples. Mais que deviennent les artistes ayant quitté la scène ? Les sociologues ont des difficultés à suivre des parcours très divers. Certains se donnent 10 ans pour percer sur scène, avant de rejoindre une autre profession après un échec. Le chercheur Vincent Cardon a par exemple observé que les artistes entrés sur le marché du travail en 1986 ne sont plus que 5,1% à poursuivre leur carrière 20 ans plus tard.

Alors que faire après ? Tout dépend du métier. A l’Opéra de Paris, les danseurs étoiles sont priés de prendre leur retraite à… 42 ans. Sauf que leur vie artistique ne s’arrête pas là : ils rejoignent d’autres productions, et notamment des compagnies réservées aux seniors. Le Collectif français des « Ouf » accueille par exemple des danseurs professionnels de plus de 70 ans. Certains artistes, surtout les femmes, se consacrent à leur vie de famille. D’autres, enfin, changent complètement de métier. Mais la plupart se dirigent vers l’enseignement de leur discipline. Une « reconversion naturelle », pour Ghislain de Compreignac, ex-danseur désormais professeur. « C’est un métier qu’on a mis en général 10 ans à apprendre, et qu’on applique pendant deux ou trois décennies. La danse, c’est votre vie », résume le sexagénaire. Chorégraphe, répétiteur, maître de ballet ou directeur de compagnie sont des postes attractifs pour ceux qui ne veulent pas quitter le milieu de l’art, et qui n’ont plus une forme physique impeccable.

D’autres, enfin, percent après 45 ans. François Berléand n’a-t-il pas attendu cet âge pour connaître la célébrité, avec le film Le Septième ciel de Benoît Jacquot ? La chanteuse écossaise Susan Boyle est sortie elle de l’anonymat grâce à une émission de télécrochet. Elle avait alors 47 ans.

 

Constance Cabouret et Fanny Guyomard

Martha Graham et la tabou de la vieillesse

La danseuse américaine Martha Graham en 1948. ©Wikimedia Commons
La danseuse américaine Martha Graham en 1948. ©Wikimedia Commons

« Vieillir est vraiment pénible » affirmait la danseuse Américaine Martha Graham (1894-1991). « C’est un fardeau, quelque chose d’épouvantable » s’effrayait-elle à l’idée de voir son corps s’affaiblir avec le temps. Vieillir, cela signifiait pour elle arrêter de danser. Une idée inconcevable pour cette icône américaine de la danse moderne. Martha Graham tente alors d’effacer tout ce qui peut trahir son âge : pas un cheveu blanc, pas une ride ne doit apparaître. Elle porte des gants pour cacher ses mains, d’amples robes pour couvrir son corps vieillissant. Et lorsque la danseuse quitte la scène à 76 ans, usée après plus de 50 ans de carrière, elle connaît une traversée du désert. Martha Graham s’isole dans un premier temps, ne mangeant plus et sombrant dans l’alcool. Après un long séjour à l’hôpital, elle décide finalement de revenir à la tête de sa compagnie pour créer des chorégraphies. La danseuse préfère ignorer son arthrite, sa mauvaise vue, son ouïe défectueuse. Elle continue à travailler sans relâche, car « un danseur meurt deux fois, d’abord lorsqu’il arrête de danser ».

Cinq raisons d’aller voir le spectacle « Carmen(s) »

José Montalvo, chorégraphe et metteur en scène français, signe un spectacle de danse sur le personnage de Carmen, une bohémienne andalouse symbole de la liberté. En dépit de quelques longueurs et de gestes imprécis, voici cinq raisons pour lesquelles ce spectacle vaut le détour…

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1. Un spectacle politique

Liberté. Le personnage de l’opéra de Bizet incarne l’émancipation féminine, l’indépendance d’une bohémienne qui préfère mourir plutôt que de céder aux avances de son ex-amant. Car « l’amour est enfant de bohème, qui n’a jamais jamais connu de lois… » Mais cette liberté n’est pas réservée aux femmes : les hommes peuvent s’identifier à l’héroïne, comme ce danseur qui dira pendant le spectacle : « Carmen, c’est moi. »

Les seize danseurs balancent ainsi entre sensualité et force de caractère, et c’est là une originalité de l’oeuvre de José Montalvo : dévoiler la personnalité de chaque danseur, notamment lors d’une séquence où leurs témoignages sont projetés sur la scène. Fiers, touchants, les artistes disent ce que Carmen signifie pour eux, tandis que, seuls sur le plateau, ils meuvent leur corps librement et dans leur style respectif.

Support d’un discours sur la sexualité libre, Carmen évoque aussi l’exil. Chaque migrant est une Carmen, ce qui explique encore une fois le pluriel apposé au titre du spectacle. Et là encore, la danse vient libérer ces danseurs, qui viennent de France, d’Espagne ou de Corée.

2. Un classique revisité

On réécoute l’opéra de Bizet, ses morceaux orchestrés ou humés, chantonnés, frappés par les danseurs. Danse classique, claquettes, flamenco ou hip-hop s’harmonisent en un métissage rappelant le thème de la migration. De quoi enrichir cette oeuvre dont le thème semblait fait pour accueillir ce mélange de cultures.

3. Du bon usage de la vidéo

José Montalvo met aussi à profit ses compétences de vidéaste. Derrière les danseurs, un grand panneau projette des scènes qui viennent parfois faire partie intégrante du spectacle, comme lors de la séquence de témoignages dont nous avons parlé, ou quand une des danseuses joue avec un taureau… C’est aussi un moyen d’approcher les comédiens qui sortent de l’anonymat produit par la distance de la scène. On découvre leur personnalité, leur visage, leur style vestimentaire au quotidien… L’écran nous rappelle l’inscription politique de Carmen et brise la frontière du théâtre.

4. De la danse… et du chant

Les danseurs ont aussi des qualités de musicien. Ils se saisissent de percussions, d’une flûte exotique ou d’une cornemuse revisitée. Ils chantent, aussi, avec leur accent asiatique, anglophone ou hispanique. A capella, et avec justesse.

5. De l’humour

Le spectacle invite enfin au rire. Comme avec cette danseuse espagnole au caractère bien trempé et dont l’énergie est contagieuse. Elle est d’autant plus attachante que le public est parfois directement interpellé. Des scènes miment des bagarres échevelées aux accents ninja, d’autres se moquent du sexisme. Le tout est distillé de petites pointes d’humour. Et comble du plaisir : les danseurs, visiblement, s’éclatent.

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Fanny Guyomard