Extinction Rebellion : quel est ce mouvement écologiste de désobéissance civile ?

Ce mouvement, né au Royaume-Uni en 2018, multiplie les actions coups de poings comme l’occupation samedi du centre commercial parisien “Italie 2”. En France, ils seraient plus de 6.000 à avoir rejoint les rangs d’Extinction Rebellion (XR) pour protester contre l’inaction climatique.

Les militants d’Extinction Rebellion (XR), un mouvement social écologiste fondé sur la désobéissance civile, font parler d’eux. Samedi 7 octobre, ils occupaient le centre-commercial Italie 2. Ce lundi, ils lancent la semaine de désobéissance civile. Mais que sait-on sur ce mouvement relativement récent en France ?

 

Des militants d’Extinction Rebellion, samedi 7 octobre,  lors de l’occupation du centre-commercial Italie 2. Crédit : Jacques Demarthon/AFP

 

  • D’où vient le mouvement ?
    XR est implanté dans 58 pays . Ce mouvement n’est pas français mais bien international. Né à Londres en 2018 par des militants de Rising Up, un mouvement social de désobéissance civile, il est rapidement implanté dans  une soixantaine de pays selon l’organisation. Pour la semaine de la désobéissance civile, qui a débuté lundi 7 octobre, les actions seront donc étendues à l’international.

 

  • Quelles sont leurs revendications ?
    Ce mouvement est avant-tout écologiste. Au niveau international, il réclame  trois mesures aux gouvernements à l’international,  quatre en France. Ces mesures sont assez générales : reconnaissance de l’État de l’urgence écologique et demande d’une communication honnête, réduction immédiate des gaz à effets de serre, arrêt immédiat de la destruction des écosystèmes océaniques et terrestres et création d’une assemblée citoyenne.

 

  • Comment agissent-ils ?
    Le principe de la mobilisation d’XR s’inspire du principe de « désobéissance civile », théorisé par Henry David Thoreau dans son essai éponyme en 1879. Les militants bafouent alors les règles de droit. Pour l’enseignant-chercheur en sciences politiques, François Gemenne, la popularité d’Extinction Rebellion s’explique par l’état climatique actuel. « Beaucoup de gens réalisent l’urgence de la nécessité d’agir. Par ailleurs, la réaction politique n’étant pas à la hauteur, ils passent à des actions plus radicales. » Radicale, oui mais non violente. En effet, cette modalité de l’engagement est un des 10 principes auxquels doivent adhérer les militants. Qui dit non-violence dit actes à visage découvert et interdiction de toute violences physiques. « Par contre, ce principe de non-violence ne comprend pas la non-violence économique, comme ce fût le cas lors de l’occupation du centre Italie 2, samedi 7 octobre » explique Gwenaël*, étudiant de 22 ans qui participe à des actions d’XR.

Un mouvement sans leader :  Chez XR, la hiérarchie n’est pas verticale mais horizontale. On parle alors d' »holacratie » pour désigner ce système de gouvernance organisé selon l’intelligence collective. Un concept logique pour Gwenaël. « Dans un schéma de lutte où tu aspires à une société hiérarchisée, ce n’était pas cohérent d’adhérer à un mouvement vertical » note-t-il. Le mouvement est décentralisé puisqu’il existe 25 organisations locales. N’importe quel militant peut proposer une action. Selon une enquête réalisée par France Info, rejoindre les rangs de l’organisation est plutôt facile.  Les futurs adhérents doivent suivre le « Manuel pour permettre l’auto-organisation d’action de désobéissance civile non violente« , préparer un plan d’action et en devenir l’opérateur. Il doit ensuite recruter des futurs militants et répartir les rôles.

Action visibles et radicales : Blocages, affichages sauvages, sittings et blocus de lieux sont les formes les plus courantes des actions d’XR. Mais d’autres, plus radicales sont également organisées. Sur les marches du Trocadéro à Paris par exemple,  les militants ont  déversé 300 litres de faux sang au printemps 2019. A Strasbourg, le mouvement écologiste a par ailleurs jeté plus de 50kilos de plastique dans une fontaine. Le but,  dénoncer l’accumulation des déchets.  Récemment, les militants ont tapé fort en occupant une journée entière un centre commercial parisien pour dénoncer la surconsommation. Comme dans beaucoup d’actions militantes, le but d’XR est de choquer l’opinion publique et les médias, par des actions fortes et symboliques, facilement relayables sur les réseaux sociaux. Pour le sociologue spécialisé en écologie politique, Hadrien Malier, XR reprend les codes classiques des mouvements écologistes tels qu’Alternatiba ou ANVCOP21. Mais pour lui « on peut émettre l’hypothèse qu’outre l’action symbolique, il vise à perturber le fonctionnement de l’économie et de la vie courante. »

Une communication flashy et artistique :  Le mouvement est  symbolisé par un logo créé par Goldfrog ESP . Il représente un cercle pour la Terre. A l’intérieur, un sablier comme pour rappeler que le temps pour agir pour la planète est compté.  La stratégie de communication, elle, se veut colorée. Sur le compte Twitter de l’organisation, les emojis de fleurs et de baleines illustrent les messages d’appels à l’action. XR revendique l’art comme partie prenante de ses actions. « C’est une forme de carnaval, de catharsis, explique François Gémenne. On exprime un désarroi, celui de l’urgence climatique au travers d’un signal joyeux, comme le chant du signe finalement ».

  • Quels financements ?
    Pour réaliser leurs actions, les militants peuvent compter sur une cagnotte en ligne qui appelle aux dons de chacun. « En réalité, on a besoin de peu de budget.On fait de la récupération et chacun participe comme il le peut » nuance Gwenaël.

 

  • Quels soutiens et quels opposants ?
    Samedi 5 octobre, lors de l’occupation du centre « Italie 2 » de nombreux autres collectifs étaient présent. « La vérité pour Adama » , des Gilets Jaunes et Alternatiba militaient aussi.  Pour les militants d’XR une convergence des luttes est souhaitable. En réaction, Ségolène Royal a demandé au micro de France Inter à ce que ces mouvements soient « réprimés » le lundi 7 octobre. Elle a affirmé voir une « instrumentalisation de l’écologie par ces groupes violents »

* par soucis d’anonymat, le prénom a été modifié

Esther Michon

 

 

Jérôme Lepeytre : « Pour Philippe Martinez, le syndicalisme se fait au plus près du terrain »

Ignoré par Emmanuel Macron, mis sur la touche par les gilets jaunes, relégué au second rang des syndicats derrière la CFDT, perte de 40 000 adhérents … C’est dans un contexte social tendu que Philippe Martinez doit défendre son bilan au 52e congrès de la CGT, qui se tient jusque vendredi 17 mai à Dijon.
Philippe Martinez, leader de la CGT. /Crédit : Pascal Van

Pas question pour le leader de la CGT de changer de ligne face au gouvernement. Est-ce la meilleure façon de défendre le salariat ? Jérôme Lepeytre, journaliste spécialiste des questions sociales répond à nos questions.

La politique de la chaise vide paie-t-elle ?

Jérôme Lepeytre : Il faut garder en tête que le refus de se rendre à Matignon est surtout symbolique. C’est une stratégie qui arrive peu de temps avant le début du Congrès, qui a débuté le 13 mai. L’intérêt pour Philippe Martinez et les cégétistes est de lancer un message. En ne se rendant pas dans un environnement institutionnel, avec le Premier ministre et les autres partenaires sociaux, ils montrent qu’ils s’opposent fermement aux orientations du gouvernement. Plusieurs fois la CGT a refusé de d’aller à un rendez-vous avec le gouvernement, dont elle dénonce le refus de dialoguer. C’est à mon avis une mauvaise stratégie car ça la fait sortir du champ des acteurs sociaux qui pèsent politiquement mais aussi médiatiquement. Mais pour Philippe Martinez, le syndicalisme se fait au plus près du terrain, dans les entreprises et dans la rue où l’on peut créer un rapport de force.

On a l’impression pourtant que les gilets jaunes ont obtenu plus du gouvernement en sept mois que la CGT en quatre ans. Qu’en pensez-vous ?

JL : Il est évident que la crise des gilets jaunes touche la CGT, tout comme les autres organisations syndicales. Contrairement à la CFDT qui condamne fermement les actes des gilets jaunes, la CGT essaie de garder un lien de proximité avec eux. Mais les revendications des gilets jaunes et celles des cégétistes ne sont pas les mêmes. Les gilets jaunes se sont mobilisés pour crier contre la hausse des impôts. La baisse des impôts n’est pas une revendication syndicale, au contraire, le discours anti-fiscal du mouvement ne passe pas très bien auprès des cégétistes. L’autre difficulté est qu’il n’y a pas de porte-parole chez les gilets jaunes. Comme le gouvernement, la CGT ne parvient pas à mettre en place un dialogue avec le mouvement qui n’est pas représenté.

Philippe Martinez a affirmé le 11 mai dans Le Parisien, qu’il garderait le même cap s’il est reconduit. Est-ce une bonne stratégie ?

JL : Perdre sa place de numéro 1 des syndicats au profit de la CFDT a été un électrochoc pour Philippe Martinez. Cela fait plusieurs années qu’il y a des problèmes en interne mais personne n’a jamais rien fait pour ne pas se mettre à dos les unions syndicales et fédérations locales, qui pèsent politiquement dans les régions. Philippe Martinez a beaucoup critiqué ces problèmes et a affirmé plusieurs fois qu’il fallait retourner sur le terrain, même si les résultats sont minimes.

Comment les syndicats peuvent en 2019 représenter les travailleurs à l’heure de l’ubérisation ?

JL : C’est une question qui est débattue auprès de tous les syndicats. Ont-ils vocation à défendre le salariat ou toutes les formes de travail. Ce sont certes des indépendants mais les syndicats dont la CGT prennent en compte le fait qu’il existe une forme de subordination entre eux et des plateformes comme Uber. Les syndicats ont déjà fait un travail pour tenter d’aller à la rencontre de ces travailleurs mais ils ont du mal à appréhender leurs revendications. Ils sont face à des personnes qui ne sont pas des salariés et qui sont donc moins sensibles aux discours syndicalistes. Ces travailleurs n’ont pas forcément vocation à faire leur carrière chez Uber. Beaucoup de jeunes ont l’idée de travailler quelques années pour ces plateformes mais ils n’ont pas vocation à y rester. C’est un emploi temporaire. Les syndicats sont très en retard sur ces questions-là.

Pourquoi les jeunes ne se syndiquent pas ?

JL : Il y a évidemment des jeunes qui se syndiquent mais ils sont minoritaires. Les jeunes mettent de plus en plus de temps à trouver un emploi stable et donc à entrer dans un syndicat. Il est plus facile de faire partie d’un syndicat quand on est à temps plein et en CDI. La syndicalisation des précaires est compliquée.

Propos recueillis par Eva Mbengue

Infirmières : une plateforme pour évaluer la souffrance au travail

Quatre syndicats d’infirmières ont lancé un observatoire en ligne pour évaluer les souffrances liées à cette profession. Le but : évaluer les causes de ce malaise et l’impact des mesures qui ont été prises.
Avec la mise en place d’une plateforme en ligne, les syndicats souhaitent pouvoir évaluer les causes du malaise infirmier et l’impact des mesures prises.

Charge de travail colossale, stress constant, horaires de nuit ou décalés, perte du sens de leur travail, dépression, suicide… La souffrance infirmière est grande. Lundi 13 mai, quatre syndicats (Convergence Infirmière, SNIP, S.N.I.C.S et Snies) ont ouvert l’Observatoire de la souffrance au travail des professionnels infirmiers afin de quantifier ce malaise. Ce site repose sur un système de formulaire, de suivi et de statistiques. Il s’agit d’apporter « une aide syndicale pour repérer les causes les plus fréquentes de souffrance au travail » et « aider à une résolution », explique leur dossier de presse.

Les syndicats dénoncent une situation où même les « personnes qui souhaitent travailler dans les règles de l’art se heurtent à des organisations qui sacrifient la qualité du travail ». Et les conséquences sur le personnel infirmier sont dramatiques : « depuis juillet 2016, 12 professionnels infirmiers se sont donné la mort » sur leur lieu de travail ou en laissant une lettre décrivant les souffrances liées à leur métier. Par ailleurs, plus de 10 000 infirmiers ont été victimes d’agression en 2017, selon l’Observatoire national des violences en milieu de santé. Des attaques qui avaient provoqué un mouvement de grève, en mars dernier, aux urgences de l’hôpital parisien Saint-Antoine.

Iris Tréhin

Des aides et outils à destination des étudiants

 

  • Les logements à tarif préférentiel

 

HLM contre cours de soutien

Ce dispositif créé en 2018 par la mairie de Paris avec l’Afev, association de la fondation étudiante pour la ville, permet à des étudiants d’accéder aux logements sociaux pour un loyer très modéré. En échange, l’étudiant consacre quelques heures par semaine à du soutien scolaire aux enfants de quartiers populaires.

 

  • Les aides financières

 

L’AILE : l’aide locale à l’installation dans les logements

En 2012, la ville de Paris a mis en place l’aide à l’installation dans un logement pour les étudiants. À la clé, 900 € pour une première installation dans un logement du parc privé. Cette aide gérée par le CROUS de Paris est ouverte aux étudiants boursiers inscrits dans les académies de Paris, Créteil et Versailles vivant à Paris.

Aide mobili-jeune pour les alternants et apprentis

L’aide Mobili-jeune est une subvention qui permet d’alléger la quittance de loyer. Elle s’adresse aux jeunes de moins de 30 ans, en formation en alternance (sous contrat d’apprentissage ou de professionnalisation), au sein d’une entreprise du secteur privé non agricole. Le montant de l’aide s’élève entre 10 € et 100 € par mois.

 

  • Les outils d’accès à la location privée

 

L’avance et la garantie Loca-Pass

Les dispositifs Loca-Pass proposent une avance du dépôt de garantie ou du loyer et des charges locatives. Celle-ci est versée au bailleur puis doit être remboursée sans frais ni intérêts par l’étudiant. Le montant de l’avance pour le dépôt de garantie est de 1 200 € maximum.

Le dispositif VISALE

Le dispositif Visale se porte garant pour le logement du bénéficiaire pendant toute la durée de son occupation. Gratuite, la démarche s’adresse aux jeunes âgés de 18 à 30 ans. Il existe cependant des montants maximaux à respecter pour le loyer de l’appartement, qui varient selon les ressources du locataire.

E.A et C.D.C.

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