Au coeur d’une crise diplomatique entre Turquie et Etats-Unis, le pasteur américain Brunson libéré par la justice turque

Arrêté en, 2016 pour "soutien à des organisations terroriste", le pasteur Brunson vient d'être libéré. Crédit photo : AFP.
Arrêté en, 2016 pour « soutien à des organisations terroristes », le pasteur Brunson vient d’être libéré. Crédit photo : AFP.

Privé de liberté depuis plus d’un an et demi, le pasteur américain installé depuis plus de 20 ans en Turquie s’apprête à rentrer aux Etats-Unis.

Condamné mais relâché. Incarcéré pendant un an et demi et assigné à résidence pendant deux mois, le pasteur Brunson vient d’être condamné à trois ans et un mois de prison par un tribunal turc pour « soutien à des organisations terroristes ». Soupçonné d’être proche du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et du prédicateur Fethullah Güllen exilé aux Etats-Unis, accusé d’avoir fomenté le coup d’Etat de juillet 2016, il a cependant été remis en liberté sur demande du parquet compte tenu du temps qu’il a d’ores et déjà passé en détention. Son assignation à résidence et son interdiction de quitter la Turquie ont ainsi été levée.

Installé en Turquie depuis plus de 20 ans, ce pasteur était à la tête d’une petite église protestante à Izmir, sur la côté ouest turque. Alors qu’il a toujours démenti les accusations de terrorisme qui lui sont faites, sa détention a entraîné une grave crise diplomatique entre Ankara et Washington. De ce fait, l’administration Trump avait notamment pris des sanctions envers des ministres turcs et augmenté les taxes à l’importation des produits turcs, menant à une fragilisation de l’économie et de la monnaie turque.

Aujourd’hui libre alors qu’il encourrait jusqu’à 35 ans de prison, Andrew Brunson a dit avoir « hâte de rentrer à la maison et de retrouver (s)a famille ».

 

 

La Malaisie a décidé d’abolir la peine de mort

En Malaisie, 1200 détenus sont encore dans les couloirs de la mort - Images AFP
En Malaisie, 1200 détenus sont encore dans les couloirs de la mort – Images AFP

Kuala Lumpur dit adieu à la peine capitale. Un châtiment encore en vigueur dans de nombreux pays à travers le globe. 

C’est une décision historique pour la Malaisie. Le gouvernement de Najib Razak a décidé l’abolition prochaine de la peine capitale. Un châtiment qui suscitait une vive opposition dans un pays qui compte quelque 1.200 détenus dans les couloirs de la mort.

Jusqu’à présent, la peine de mort par pendaison était prévue par la loi malaisienne pour de nombreux crimes comme le meurtre, l’enlèvement ou le trafic de drogue. « Comme nous abolissons cette peine, les prochaines exécutions ne devraient pas être menées », a déclaré Liew Vui Keong, un haut responsable de l’exécutif malaisien. Parmi elles figurait notamment celle de Maria Elvira Pinto Exposto, une Australienne de 54 ans condamnée en mai dernier pour trafic de drogue. En 2017, l’organisation Amnesty International avait placé la Malaisie au dixième rang des pays ayant exécuté le plus de condamnés à mort l’année précédente.

La peine de mort est toujours présente mais recule

Aujourd’hui, la peine capitale est toujours en vigueur au sein de 23 pays dans le monde. Au total, c’est 993 exécutions qui ont été enregistrées en 2017, soit un recul de 4% par rapport à l’année précédente. Ce chiffre n’incluent pas la Chine, toujours considérée comme le « premier bourreau du monde » où Amnesty International estime en « milliers » le nombre d’exécutions chaque année. Les statistiques en la matière relèvent encore du secret d’Etat.

Enfin, Amnesty indique qu’à la fin de l’année dernière, 142 pays avaient aboli la peine de mort en droit ou en pratique, et 106 l’ont abolie en droit pour tous les crimes. Les derniers en date ont été la Guinée et la Mongolie qui, en 2017, ont aboli la peine capitale pour tous les crimes, tandis que le Guatemala l’a interdite pour les crimes civils uniquement.

N.Q

EN IMAGES – La justice dans la rue ce mercredi

Mercredi 11 avril 2018, magistrats, avocats et greffiers de toute la France se sont réunis place du Châtelet à Paris contre la réforme de la justice, dévoilée le 9 mars dernier. Retour en images.

Selon les syndicats, 6 à 7 000 manifestants étaient présents.
Selon les syndicats, 6 à 7 000 manifestants étaient présents.

Ce mercredi, les syndicats ont appelé à une mobilisation nationale à Paris. Magistrats, avocats et greffiers se sont donné rendez-vous place du Châtelet en début d’après-midi.

L’Union syndicale des magistrats (USM), le Syndicat de la magistrature (SM), les syndicats de greffiers et des personnels de justice (CGT, CFDT, FO, Unsa) et le Syndicat des avocats de France (SAF) sont mobilisés contre la réforme de la justice portée par la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, et présentée le 9 mars.

Plusieurs critiques de cette réforme, qui vise l’accès au droit pour tous, sont avancées :

  • Le manque de consultation des magistrats afin d’écrire la réforme
  • Les tribunaux d’instance menacés : Si Nicole Belloubet a promis de ne supprimer aucun tribunal, les 307 tribunaux d’instance, qui délivrent une justice de proximité, pour les amendes de moins de 10 000 euros, seront intégrés aux Tribunaux de Grande Instance, moins nombreux. L’accès, dans les petites villes, serait donc moindre.
  • La suppression de la spécialisation pour les juges d’instance
  • Le recours plus fréquent à un avocat : aujourd’hui, certaines affaires, comme celles liées à la Sécurité sociale, n’obligent pas l’intervention d’avocats. Après la réforme, le recours à un avocat dans ces cas précis sera obligatoire.
  • Plus de numérique, moins de contact : les petits délits devraient pouvoir être jugés lors d’une procédure en ligne. Les interrogatoires de première comparution devant le juge d’instruction se feraient, eux, par visioconférence. Les magistrats dénoncent cet éloignement.

En somme, les manifestants estiment que l’accès des Français à la justice ne sera pas facilité. La réforme prévoit aussi une augmentation du budget, qui devrait atteindre 8,3 milliards d’euros en 2022, et 6 500 postes supplémentaires.

Le Nord a été largement représenté, avec la présence des barreaux de Lille (qui a réuni à lui seul 100 manifestants), Avesnes-sur-Helpe, Valenciennes, Douai, Dunkerque, ou encore Boulogne-sur-Mer.

Mercredi 18 avril, une lettre ouverte à la Ministre de la Justice et au Premier ministre et signée par plus de 250 magistrats sera présentée au conseil des ministres.

Solène Agnès