Quand la réalité virtuelle nous guérit

Le milieu médical a très vite exploité les atouts de l’immersion en 3D dans la prise en charge des patients. Qu’elle soit utilisée comme un outil chirurgical, un remède ou un biais de rééducation, la réalité virtuelle trouve sa place dans bien des domaines.

C’était une première mondiale : le 6 décembre dernier, le Dr Thomas Grégory, chef du service de chirurgie orthopédique et traumatologique de l’hôpital Avicenne (AP-HP), Bobigny, a posé une prothèse d’épaule avec un casque de réalité virtuelle sur la tête. Grâce à cette technologie, le chirurgien a pu voir des images de membres de la patiente en 3D, conçues à partir des radiographies, scanner et IRM exécutés au préalable.

Et la réalité virtuelle n’en est pas à son banc d’essai au bloc opératoire. Outre son utilité pour des opérations à haut risque, comme la séparation de jumeaux siamois, le casque 3D est un outil pédagogique efficace. A Chicago, des étudiants en ophtalmologie s’entraînent à opérer la cataracte sur des patients virtuels.

Une rééducation kinésithérapeutique immersive

Les médecins ne sont pas les seuls à profiter de l’utilisation de la réalité virtuelle. L’expérience immersive réussit aussi aux patients. Certains kinésithérapeutes l’ont bien compris. Laure Khaluza, spécialisée dans la rééducation vestibulaire (qui traite les vertiges et les troubles de l’équilibre), a mis au point une série de logiciels pour rééduquer par le biais de la réalité virtuelle. « Cela nous permet de travailler sur le versant visuel. Avant, sur cet aspect-là, on n’avait pas grand-chose, la rééducation était surtout axée sur le corps. », nous explique-t-elle. Le patient est plongé dans un univers virtuel dans lequel il évolue activement. Par exemple, les personnes atteintes du mal de mer sont placées sur un bateau reproduisant une houle plus ou moins forte. Selon Laure Khaluza, la réalité virtuelle permet une prise en charge adaptée à chaque patient. « On fait ce qu’on veut, on crée l’environnement de A à Z. on peut travailler sur un environnement très doux, surtout pour des sujets sensibles. On a des paramétrages à l’infini, jusqu’à des niveau plus difficiles mais aussi plus précis. »

La prise en charge des phobies s’adapte donc aussi très bien à la réalité virtuelle. Le patient est confronté de manière progressive à sa crainte. Les acrophobes, par exemple, se soigneront en se confrontant à un vide de plus en plus vertigineux, à partir des étages d’un gratte-ciel.

La réalité augmentée pour accompagner les patients en traitement lourd

L’expérience immersive soulagerait également les patients subissant des traitements médicaux lourds. Mélanie Péron, fondatrice de l’association l’Effet papillon, qui accompagne les malades dans leur parcours hospitalier, a imaginé Bliss, une application pour casques de réalité virtuelle destinée à rendre les traitements médicaux moins pénibles. « Dans les maladies graves, on est très isolé. Ce sont des parcours plein de stress et de douleurs », expose Mélanie Péron. Myélogrammes, biopsies, ponctions mammaires, extractions de dents de sagesse… La réalité virtuelle permettrait de supporter ces soins douloureux ou inconfortables sans recourir aux antalgiques. Le gaz hilarant nécessite de rester deux heures sous surveillance à l’hôpital, peut s’accompagner d’effets secondaires, et n’est pas toujours efficace. « Dans 40 % des cas, il ne fonctionne pas », relève Mélanie Péron. « Bliss a été testé sur des centaines de gestes, et la satisfaction est évaluée entre huit et dix sur dix. » Pendant le soin, le patient est plongé dans un univers virtuel onirique, accompagné d’une ambiance sonore en binaural. Le décor, volontairement enfantin et apaisant, permet de s’évader, et d’oublier la douleur.   « C’est une solution de détente et de relaxation, mais ça va beaucoup plus loin que ça » affirme Mélanie Péron, qui souligne les bienfaits d’une expérience immersive. « On ne peut pas simplement décréter à quelqu’un « respire, détends-toi, ça va aller mieux ». Avec notre univers tout naïf, on n’exige rien. C’est plus facile. » Le système profite aussi indirectement au corps médical, moins stressé à l’idée de sentir son patient détendu. « Tout ça en mettant des licornes et des moutons… », plaisante Mélanie Péron.

Le système profite également aux patients en rémission : « après un cancer, les dépressions sont très fréquentes. Du jour au lendemain, vous quittez le cocon médical, vous retournez dans votre vie d’avant, mais elle ne ce sera plus jamais la même. Les effets sont terribles », souligne Mélanie Péron. « La réalité virtuelle détourne l’attention, elle vous emmène ailleurs, vous pouvez vous échapper de votre quotidien. » La réalité virtuelle n’en est encore qu’à ses débuts, mais elle dessine un avenir prometteur dans le milieu médical.

Emilie Salabelle

Des écouteurs pour traduire en simultané plus de 40 langues étrangères

Ce mardi, lors de la conférence de rentrée de Google, la société californienne a annoncé la commercialisation, dès novembre, aux Etats-Unis, des écouteurs sans-fil capables de traduire plus de 40 langues étrangères. Leur nom ? Les Pixel Buds.

 

« Aide-moi à parler Italien, anglais, espagnol… ». Il suffit d’appuyer sur un bouton de l’oreillette pour demander à traduire. Les Pixel Buds sont ces nouveaux écouteurs sans-fil présentés ce mardi lors de la conférence de rentrée de Google. Le principe est simple : connectée en Bluetooth via son smartphone, la personne qui porte les écouteurs demande à Google Translate, l’outil de traduction de Google, quelle langue elle souhaite traduire. Le logiciel analyse alors le discours de son interlocuteur et propose une traduction dans l’oreille de son utilisateur. Pour répondre, il suffit de reprendre la parole dans sa langue natale. Le logiciel propose ensuite une traduction orale, diffusée sur le haut-parleur du smartphone, à l’interlocuteur étranger.

 

pixel buds

Les écouteurs pourront fonctionner cinq heures avant d’être rechargés. Ils seront disponibles en blanc, noir et bleu.

Ils devraient être vendus dès novembre au Canada, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, mais aussi en Australie, à Singapour et en Allemagne. Google n’a pas encore prévu de les proposer en France, pour l’instant. Le prix de départ ? 159 dollars, outre-Atlantique.

Toutefois, Google n’est pas la première société à commercialiser ce genre de produit. En mai dernier, l’entreprise Bragi sortait ses Dash Pro, les premiers écouteurs sans-fil capables de traduire simultanément 40 langues.

Waverly Labs avait la même ambition de briser la frontière entre les langues, avec la gamme d’oreillettes « Pilot ». Comme quoi, l’innovation donne des idées…

Marie Lecoq

 

Sleeping Giants: le nouvel étendard des cybermilitants

 

 

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L’idée est vieille comme internet : grâce au réseau, les citoyens peuvent se rassembler et peser de tout leur poids sur la société. Mais le succès des pétitions en ligne n’étant que tout relatif, les militants du net ont trouvé un nouveau moyen d’action. Via Twitter, Les Sleeping Giants pèsent sur la réputation des annonceurs afin d‘attaquer le modèle économique de certains sites d’actualité complotistes. Et le concept s’exporte. En France, c’est le site Boulevard Voltaire qui est visé.

“Nous essayons d’arrêter les medias racistes et sexistes coupant leurs revenus publicitaires. Beaucoup d’entreprise n’ont pas conscience de ce qui se passe. Il est temps de leur dire ». Voilà ce qu’on peut lire sur la biographie du compte Twitter des Sleeping Giants (@slpng_giants), suivis par 90.000 abonnés. En 6 mois, selon les gérants anonymes de ce mouvement, ce sont près de 2200 annonceurs qui se sont retirés du site américain Breitbart News suite à leurs pressions. L’organe de presse complotiste est un soutien actif de Donald Trump et a joué un rôle dans l’élection de ce dernier. Selon les membres de Sleeping Giants, il « attise la haine. »

La référence à Trump n’est pas anodine. Car le premier tweet des Sleeping Giants date du 17 Novembre 2016, soit neuf jours après l’élection de Donald Trump. Sleeping Giants est le nom de ce choc vécu par certains Américains qui n’imaginaient pas l’élection de Trump serait possible, et n’avaient pas mesurés l’influence d’un organe comme Breitbart News. A la poursuite des annonceurs internationaux de Breibart, des comptes officiels des Sleeping Giants ont été créés au Canada, au Brésil, au Royaume-Uni, en Suède… Chacun œuvre pour la cause commune : stopper Breitbart. Mais chacun milite aussi contre des médias de son propre pays. En France, la cible désignée est Boulevard Voltaire, site d’information d’extrême droite fondé par Robert Menard et Dominique Jamet. Ces toutes jeunes divisions du compte nord-américain peinent encore à faire le plein de militants. La division française, avec plus de 2000 abonnés, fait figure de chef de file en Europe.

Les Sleeping Giants dans le monde: la France chef de file en Europe

Voir en plein écran

Selon The Drum , le départ des annonceurs a provoqué une chute de la valeur des publicités de Breitbart de 41%, ce qui représente une coupe non négligeable dans l’économie d’un média gratuit.  En effet, ce sont le nombre de vues sur les articles accompagnés d’encarts publicitaires qui permettent au média une viabilité économique. Les annonceurs, eux, ne savent où est placée leur publicité. Ils paient des espaces à une régie publicitaire dont le rôle est de distribuer les annonces sur tous les sites leur mettant à disposition des espaces dédiés.

Et il est tout à fait possible pour un annonceur d’exprimer son refus d’apparaître sur un certain nombre de sites pour ne pas y associer leur image. C’est là le moyen d’action des Sleeping Giants dont les membres interpellent directement les annonceurs. Derrière l’apparente spontanéité de ce mouvement, la répétition des tweets a créé un véritable standard du genre :

  • Une image, souvent, comme preuve mais aussi pour jouer sur le contraste : Publicité féministes à côté d’un article sexiste, publicité pour un matelas aux vertus écologiques à côté d’un article climatosceptique…
  • Une question, quelquefois : « savaient-vous que vous financez la haine ? »
  • Une menace, plus rarement. Un chantage à l’image, sur le « soutien » et donc la caution indirecte que les annonceurs apportent aux sites incriminés.

Le procédé peut s’apparenter à un chantage financier organisé auprès des médias dans le but de modifier leur ligne politique. On sait que Twitter est une caisse de résonance en matière d’image, et une campagne négative contre leur marque effraie la plupart des entreprises. Les internautes l’ont bien compris, et jouent désormais sur ce levier. Auront-ils la peau de Breitbart ? Peut-être, à l’usure, mais le site Américain compte sur sa boutique en ligne et un vivier toujours important d’annonceurs comme Amazon qui n’ont pas encore l’intention de retirer leurs annonces.

Gaël Flaugère

Le clavier « azerty » soumis à enquête

Une enquête publique, commandée par le ministère de la culture en 2015 et mise en place par l’Association française de normalisation, vise à redéfinir l’organisation des claviers français. Deux solutions sont envisagées, une refonte du clavier « azerty », que nous connaissons tous, et une solution plus extrême, le clavier « bépo ».

Crédits : Flikr @JavierMorales
Crédits : Flikr @JavierMorales

 

Serait-ce la fin des claviers « azerty » ? Inimaginable, et pourtant. Une enquête publique a été mise en place par l’Association française de normalisation (Afnor) afin de trouver une organisation des symboles sur le clavier qui soit la mieux adaptée à la langue française.

Tout le monde peut participer à cette enquête, qui se clôture le 9 juillet. Elle offre la possibilité de choisir entre deux propositions majeures, ou de soumettre des modifications.  Des deux nouveaux claviers proposés, l’un se veut nettement plus révolutionnaire que l’autre. C’est le clavier « bépo », clavier censé être plus agréable et plus simple pour écrire en langue française sur un ordinateur ou un smartphone. Il est le fruit d’une étude statistique sur la langue française. L’autre est une version revisitée du clavier « azerty » que nous connaissons tous, agrémentée de nouveaux signes typographiques et réorganisée pour faciliter l’écriture en français.

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Les deux modèles retenus pour remplacer le clavier « azerty » originel.

La disposition des caractères sur un clavier « azerty » remonte… au XIXe siècle ! Elle est directement issue des claviers de machines à écrire anglo-saxonnes : cet arrangement permettait de taper rapidement à la machine, sans que les marteaux ne s’entrechoquent. Commandée en 2015 par le ministère de la Culture, l’enquête publique cherche à normaliser les claviers français, qui n’ont jamais fait l’objet d’aucune norme.

Pour mener à bien cette réorganisation typographique, l’Afnor met en collaboration des experts, des linguistes, des fabricants mais encore des spécialistes des affections de la main et des articulations. Elle a été lancée il y a un peu plus d’un an. La problématique importante est celle liée aux troubles de la main : en positionnant les symboles les plus utilisés au centre du clavier, l’utilisateur s’abime moins les mains. Il est « presque impossible d’écrire en français correctement avec un clavier commercialisé en France », avait déploré la Délégation générale à la langue française et aux langues de France dans un rapport.

Deux solutions : rénover ou tuer « azerty »

 

La solution la plus radicale serait la plus adaptée aux mouvements des mains écrivant français sur un clavier. « L’arrangement des touches de la disposition « bépo » est basé sur une étude statistique de la langue française. Les lettres les plus fréquentes sont placées sur la rangée de repos ce qui permet de limiter les efforts et donc la fatigue musculaire. La frappe devient plus confortable ce qui réduit les risques de troubles musculosquelettiques », précise le site bepo.fr. Seul problème, le nouvel arrangement des touches demanderait un certain temps d’adaptation.

La solution d’un clavier « azerty » amélioré serait la plus douce pour l’utilisateur : en conservant les lettres à leur place habituelle, il ne bouscule pas l’utilisateur dans ses habitudes. Il lui facilite cependant l’écriture, en déplaçant certains symboles (comme les accolades, les voyelles accentuées, l’arobase), en rendant par exemple le point accessible sans majuscule et l’accentuation des majuscules plus simple.

Ouverte jusqu’au 9 juillet, la consultation rendra ses résultats, lors d’une réunion de dépouillement, trois jours après. Les utilisateurs resteront libres d’adopter, ou non, les nouvelles propositions ou d’en faire de nouvelles. Si les deux options, « bépo » et « azerty » sont retenues tel quel, les fabricants auront la liberté d’adopter la configuration qui se prête le mieux à leurs marchés, voire les deux, à la fois pour les claviers physiques ou virtuels sur les smartphones.

Gautier VIROL