Le Festival Lumière 2018 s’ouvre à Lyon

La cérémonie d’ouverture du dixième Festival Lumière aura lieu vendredi après-midi à Lyon. Pendant une semaine, 180 films seront projetés et l’actrice Fane Fonda va recevoir le Prix Lumière 2018.

Pendant une semaine, le Festival Lumière 2018 s’installe à Lyon où seront projetés 180 films et comme chaque année une personnalité du cinéma est récompensée du Prix Lumière. Ce sera Jane Fonda pour cette dixième édition.

« Je suis honorée par l’invitation du festival Lumière et des Lyonnais, » a déclaré Fane Fonda au moment de l’annonce du Prix Lumière, elle succède ainsi à Clint Eastwood. Cette récompense permet de célébrer la famille Fonda et en particulier l’acteur américain et père de l’actrice, Henry Fonda.

Le Prix Lumière a été créé par Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier afin de célébrer à Lyon une personnalité du septième art, à l’endroit même où le cinématographe a été inventé par Louis et Auguste Lumière et où ils ont tourné leur premier film, « Sortie d’usine », en 1895. Cette année, les visiteurs pourront apprécier un remake de ce court-métrage historique réalisé par Martin Scorsese.

Pendant cette semaine, la ville lumière accueille également plusieurs expositions autour du septième art, notamment un affichage de photographies de Charlie Chaplin. Les amateurs de cinéma pourront ainsi découvrir des clichés issue des archives familiales où les dessous de son travail sont mis à l’honneur.

Zina Desmazes

 

Anti-PMA : un air de déjà-vu

Alors que la procréation médicalement assistée pour toutes avait été promis par le candidat Macron, le Comité d’éthique a rendu fin septembre un avis favorable à son extension. Ses opposants, issus de la Manif pour tous, semblent vouloir reprendre le combat là où ils l’avaient laissé en 2013, après l’adoption du mariage pour tous.

Des sympathisants de la Manif pour Tous se rassemblent contre l'ouverture de la PMA.
Des sympathisants de la Manif pour Tous se rassemblent contre l’ouverture de la PMA / wp-caption

Le 25 septembre dernier, la Manif pour tous avait donné rendez-vous à ses sympathisants devant le siège du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Le comité venait de rendre le 18 septembre un avis favorable à l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes, ainsi qu’aux femmes seules, et une centaine d’opposants comptaient bien faire entendre leurs voix. « Nous sommes de retour », avertissait alors une manifestante à nos confrères de Libération.

Mais que penser du retour en scène des sympathisants de la Manif pour tous, cinq ans après leur échec contre la loi Taubira ? Et si les opposants au mariage pour tous profitaient du climat actuel pour rejouer le match perdu de 2013 ?

Un engagement de campagne

« On demande simplement le consensus, c’est ce qu’avait promis Macron », soupire Héloïse Pamart, responsable presse de la Manif pour tous, faisant référence à la volonté du président d’instaurer un débat « apaisé » parmi les Français.es. Sans surprise, le discours diffère chez SOS Homophobie, où l’on martèle que l’ouverture de la PMA aux couples de femmes était « un engagement de la part du Président de la République et de tout le gouvernement. »

En effet, le candidat Macron s’était prononcé en ce sens. Sur son site de campagne, on pouvait lire la chose suivante : « Nous sommes favorables à l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) pour les femmes seules et les couples de femmes. Il n’y a pas de justification juridique pour que la PMA ne leur soit pas ouverte.  »

Mariage et PMA, même combat ?

Héloïse Pamart le répète à qui veut l’entendre, l’extension de la PMA était prévisible après la légalisation du mariage pour tous : « Depuis 2013, on dit que c’est la conséquence de la loi Taubira et que bientôt, il sera question de la GPA. » En revanche, il ne serait pas ici question de prendre leur revanche sur la bataille perdue de 2013, mais bien de « défendre l’intérêt supérieur de l’enfant ».

Cet intérêt de l’enfant, les sympathisants de la Manif pour tous l’opposent de façon régulière au « droit à l’enfant », brandi, lui, par les pro-PMA. Sur le site de la Manif pour tous, on peut d’ailleurs lire : « Le droit à l’enfant n’existe pas, ni pour les couples homme/femme, ni pour les couples composés de deux personnes de même sexe, ni pour les célibataires. Personne ne peut revendiquer le droit à avoir un enfant au prétexte qu’il désire avoir un enfant. » Car selon les adhérents de la Manif pour tous, l’enfant né de PMA  ne peut pas grandir heureux et épanoui en l’absence de figure paternelle. Ils avaient d’ailleurs lancé le hashtag #PMASanspère, en réponse au « PMA pour tou-te-s » des fervents défenseurs d’une évolution de la loi.

Un « enjeu d’égalité »

Selon SOS Homophobie, la lutte actuelle pour la PMA ne doit pas être associée en permanence à celle du mariage pour tous :  « C’est un vrai combat, aujourd’hui la PMA est réservée aux couples hétérosexuels et l’ouvrir aux couples de même sexe est un véritable enjeu d’égalité. » Et pour le porte-parole de l’association pro-PMA, pas question de se laisser intimider par Ludivine de La Rochère et sa Manif pour tous : « Ce qui compte, ce n’est pas les gens qui s’opposent et descendent dans la rue, ils en ont parfaitement le droit, mais de lutter contre les propos homophobes que certains d’entre eux adressent aux familles homo-parentales. »

Après l’avis favorable du CCNE, un projet de loi devrait être discuté au parlement début 2019.

Caroline Quevrain

A Neuilly, la bataille anti-mégots a commencé

Début septembre, la mairie de Neuilly a lancé une vaste campagne publicitaire anti-mégots. Le but est de responsabiliser les fumeurs et de réduire les coûts de nettoyage, qui reste à la charge exclusive des villes.

La campagne a commencé alors que des débats sur une possible taxation des industriels du tabac sont menés.

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A Neuilly-sur-Seine, les fumeurs n’ont qu’à bien tenir leurs cigarettes en main. Au sol, devant de nombreux magasins et entreprises, des graffitis blancs détonnent. « Les incivilités, c’est vous qui les payez », accompagné d’un mégot écrasé et écrit, en plus petit, « plus de mégots, c’est plus de budget pour les ramasser, c’est moins de budgets pour les fleurs ». Le message est clair.

« Trop de monde à la pause clope »

L’opération de communication, lancée le 5 septembre, a été menée des endroits stratégiques. Notamment devant le lycée Pasteur. Impossible de rater le graffiti, fraîchement peint, à la sortie de l’établissement.

Lila, en première année de classe préparatoire PCSI (Physique chimie sciences de l’ingénieur), cigarette à la main, avoue que cela lui a fait quelque chose. « J’évite au maximum de jeter mes cigarettes par terre mais parfois, y a trop de monde à la pause clope. » Si l’étudiante reconnaît que l’excuse est « facile », le fait qu’il n’existe qu’un point de collecte est un problème, rapporte-t-elle en pointant justement une poubelle dédiée aux mégots qui déborde. « Les collégiens la prennent pour une poubelle normale », déplore-t-elle.

« Discipliner les individus »

Autre endroit stratégique, l’avenue Charles de Gaulle et ses nombreux sièges d’entreprises. « Car, qui dit entreprises, dit pauses café et beaucoup de mégots par terre… », souligne Eve Boulangé, directrice adjointe à la communication de Neuilly. Sur l’avenue, les marquages au sol reviennent à chaque coin de rue.

David, est justement en pause cigarette, devant le siège de RTL. A l’entrée, encore ce même marquage blanc. « Ca n’a pas changé grand chose selon moi. Les salariés avaient déjà l’habitude de jeter leurs mégots. Jusqu’alors, je n’ai jamais été choqué par la quantité de mégots par terre devant l’entreprise », affirme ce salarié qui reconnaît cependant l’utilité d’une telle campagne, au niveau national.

« Ces graffitis doivent servir à faire émerger une prise de conscience personnelle », selon Eve Boulangé. « Le but est de discipliner les individus et de les rendre responsables : tant pour l’impact environnemental qu’économique. »

A Neuilly, pas d’amende de prévue

Car cette incivilité a un coût pour les communes. Et dans un contexte de restriction budgétaire, « il faut faire des économies », précise la communicante. « A Neuilly, nous avons réfléchi à installer des écrase-mégots mais dans certaines villes, certaines poubelles ont pris feu. Nous avons préféré ne pas tenter l’expérience. »

Exit l’amende également. « Le maire [Jean-Christophe Fromentin ndlr] n’a pas évoqué cette option pour le moment. » Contrairement à Paris. Depuis 2015, dans la capitale, jeter un mégot au sol est en effet sanctionné d’une amende de 68 euros.

Si la question de la taxation n’est pas encore évoquée, Brune Poirson, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique a annoncé vouloir faire appliquer le principe de pollueur-payeur auprès des industriels du tabac.

Guillemette de Préval

Taxation de l’alcool : une politique de santé publique utilisée avec modération

On estime à 49 000 le nombre de décès liés à l'alcool chaque année en France.
On estime à 49 000 le nombre de décès liés à l’alcool chaque année en France.

Présentée comme une solution pour limiter la consommation d’alcool et supporter les moyens nécessaires à la prévention, la taxation des alcools et spiritueux est quasiment absente du nouveau budget de la sécurité sociale. Un blocage imputé aux traditions françaises, mais surtout à la puissance des lobbys alcooliers.

« N’emmerdez pas les français ! ». La phrase est signée George Pompidou, mais a connu une seconde jeunesse en février dernier. Alors interrogé sur l’éventualité d’un durcissement de la Loi Evin concernant la publicité des produits alcoolisés, Emmanuel Macron reprend le second président de la cinquième République et ajoute : « Je bois du vin midi et soir. Il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se saoule à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n’est pas avec le vin ». Une sortie effectuée en marge du salon de l’agriculture qui illustre, selon les professionnels de santé, les difficultés à aborder de front les problématiques de santé liées à l’alcool.

« On fait face à des lobbys extrêmement puissants »

Ce jeudi 11 octobre, neuf médecins et spécialistes des addictions adressent une lettre ouverte à la ministre de la santé Agnès Buzyn. Selon eux, la taxation de l’alcool est la « grande absente » du futur plan de prévention des substances psychoactives (cannabis, alcool, tabac) dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Celui-ci prévoit dix millions supplémentaires alloués à la prévention, financé par le produit des amendes sur la consommation de cannabis mais aucunement par la taxation de l’alcool. Une dichotomie dénoncée par Jean-Claude Tolczak, président de la Fédération Nationale des Amis de la Santé : « Les Ecossais ont opté pour ces taxes et on observe déjà des résultats. Il y a un lobbying alcoolier qui est très fort et une tradition française qui honore le vin, c’est très difficile de toucher à ce qui constitue une partie du patrimoine français ».

En France, on impute 49 000 décès à la consommation d’alcool, première cause de mortalité chez les 15-30 ans. « Ces chiffres attirent l’attention, mais n’évoquent pas l’entièreté du problème. On ne parle pas de tous les cancers et de tous les licenciements » poursuit Jean-Claude Tolczak, alors que le coût social de l’alcool est estimé par l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) à 120 milliards d’euros par an. Dès lors, pourquoi les pouvoirs publics n’optent pas pour une politique de santé semblable à celle initiée sur le tabac ? Pour Bernard Basset, vice président de l’Association nation de prévention en Alcoologie et addictologie (Anpaa) et co-signataire de la lettre ouverte à la ministre de la santé, le frein est tout trouvé : « Nous sommes dans un pays producteur d’alcool et notamment de vin, on fait donc face à des lobbys extrêmement puissants ».

« On imagine mal un député de la Côte d’Or se mettre à dos toute une partie de l’économie de sa circonscription »

Contactée par Celsalab, une ancienne lobbyiste du secteur précise le fonctionnement de ces groupes de pression. Pour elle, leur influence s’explique d’abord par le caractère « made in France » de la production : « c’est en cela que le lobby de l’alcool se distingue d’autres lobbys comme celui du tabac. C’est un secteur qui génère beaucoup d’emplois, et c’est un ressort sur lequel s’appuient les lobbyistes. Cela explique aussi la plus forte taxation des spiritueux et des bières comparé au vin, précise-t-elle. On imagine mal un député de la Côte d’Or se mettre à dos toute une partie de l’économie de sa circonscription et ses électeurs ». Outre cet ancrage dans l’économie locale, le secteur du vin compte parmi ceux qui s’exportent le mieux, au même titre que le luxe ou l’industrie automobile. En retrait d’une vision manichéenne qui opposerait par essence professionnels de santé et producteur de vins et de spiritueux, cette lobbyiste estime que ces derniers ont aussi intérêt à une certaine régulation : « les producteurs et lobbyistes craignent qu’une affaire de malformation ou de maladie due à l’alcool éclate et qu’elle fasse la une des médias pendant un an. Dans ce sens ils ont aussi intérêt à une consommation raisonnable et ont sans arrêt le cul entre deux chaises ».

Côté associatif, le son de cloche est différent. Investi dans des négociations auprès des pouvoirs publics en vue d’une plus forte réglementation, Jean-Claude Tolczak détaille : « Rien que lorsqu’il s’agit d’augmenter la taille du pictogramme de prévention pour les femmes enceintes au dos des bouteilles, on bute sur l’opposition de Vin et Société, le plus gros lobby du vin. Sur ce point, on ne peut que constater l’influence de ces groupes de pression auprès du pouvoir. On sait notamment que la conseillère du président sur les questions agricoles, Mme Bourelleau, est l’ancienne Directrice Générale de Vin et Société« .

Des blocages également culturels

Des liens qui contribuent à expliquer les blocages institutionnels, combinés aux facteurs culturels. Membre de Alcool Assistance, Auguste Charnier les constate au quotidien : « lorsque l’on parle de tabac, de cannabis ou d’héroïne, on a une oreille attentive. En revanche, lorsque l’on parle d’alcool il y a un frein naturel. Contrairement aux autres produits, on a beaucoup de chances d’avoir un consommateur en face de nous. Du fait de nos traditions, on n’est pas très à l’aise avec ce sujet. » « Chape de plomb », « pot de fer contre pot de terre », les métaphores d’une lutte disproportionnée se suivent dans les propos associatifs. Alors comment changer les termes du débat ? Reçu à l’Assemblée Nationale ce jeudi 11 octobre, Bernard Basset tente de rester positif : « on reçoit le type d’arguments classiques lorsque l’on ne veut rien faire. Il faut continuer à faire des actions comme celles d’aujourd’hui, à être actifs sur les réseaux sociaux, afin d’alerter l’opinion. »

 

Théo Meunier