Consentement sexuel : des députés proposent de fixer un âge seuil

Des parlementaires ont déposé des propositions de loi pour fixer un âge minimum de consentement sexuel à la suite de l’affaire de la petite Sarah, 11 ans, considérée comme consentante lors de relations avec un homme de 28 ans.

En France, seuls les très jeunes enfants font l'objet d'une présomption de non-consentement
En France, seuls les très jeunes enfants font l’objet d’une présomption de non-consentement

Un enfant de 11 ans peut-il consentir en pleine conscience à une relation sexuelle? Quatre parlementaires ont décidé de s’emparer de la question en proposant de fixer un âge minimum de consentement sexuel pour combler le flou juridique qui existe en France.

Une affaire qui devait être jugée le 26 septembre dernier au tribunal de Pontoise – et qui a été renvoyée à février 2018 – a soulevé l’indignation au début du mois. Un homme de 28 ans a convaincu la jeune Sarah, 11 ans, de le suivre chez lui où il a obtenu d’elle deux fellations et une pénétration. La plainte pour « viol » que ses parents ont déposé a été requalifiée en « atteinte sexuelle » par le parquet de Pontoise. La raison? Sarah aurait été consentante car elle a suivi son agresseur, elle ne s’est pas débattue et n’a pas subie de violence physique. En France, un acte sexuel doit avoir été commis avec «violence, contrainte, menace ou surprise» pour être qualifié d’agression sexuelle ou de viol.

Cependant, selon l’avocate de la plaignante, Carine Durrieu-Diebolt, le fait que Sarah ne se soit pas débattue ne signifie pas qu’elle était consentante. « Elle était en état de sidération, a expliqué Me DurrieuDiebolt lors de l’audience. Certaines victimes de viol restent tétanisées, figées comme des pantins, et deviennent extérieures au déroulement des faits. Ces mécanismes sont désormais bien connus et agissent a fortiori quand il s’agit d’une gamine qui se retrouve dans un ascenseur avec un homme qui commence à la tripoter. Elle était complètement novice. Comment peut-on imaginer que c’est ce qu’elle voulait ? »

 

Un seuil d’âge difficile à fixer

A la suite de l’affaire, de nombreuses voix se sont élevées pour dire qu’avant un certain âge, un mineur ne peut pas consentir de manière éclairée à des relations sexuelles. L’hebdomadaire Marianne a lancé un appel intitulé « Changeons la loi : protégeons les mineurs victimes de viols !« , soutenu par des personnalités comme l’humoriste Sophia Aram, l’ancienne ministre Roselyne Bachelot ou encore la philosophe Elisabeth Badinter.

En France, seuls les très jeunes enfants – ceux de moins de cinq ans – sont considéré d’office comme non-consentants, par jurisprudence. D’autres pays d’Europe, en revanche, ont déjà fixé un âge clair en dessous duquel les mineurs bénéficient automatiquement d’une présomption de non-consentement : 12 ans en Espagne, 14 en Allemagne, Autriche et Belgique, 15 ans au Danemark et 16 ans en Angleterre ou en Suisse.

La disparité entre les âges fixés par ces pays le montre : choisir l’âge seuil est complexe et subjectif. Le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes conseillait l’âge de 13 ans dans un avis pour une « juste condamnation sociétale et judiciaire du viol et des agressions sexuelles » rendu en octobre 2016.

D’autres préfèreraient choisir la barrière de 15 ans. C’est la proposition qu’a fait le député Patrick Mignola (MoDem) qui a déposé une proposition de loi. La députée Bérengère Poletti (LR) et les sénatrices Laurence Cohen (PCF) et Laurence Rossignol (PS) s’apprêtent à faire de même.

Clara Charles

 

Agressions sexuelles : autour de la parole, le tabou persiste

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Image tirée d’une campagne de sensibilisation aux agressions sexuelles en Italie. source

La récente polémique suscité par un extrait de l’émission « On est pas couché » où la romancière Christine Angot s’en prend violemment à l’écologiste Sandrine Rousseau a relancé le débat sur la parole autour des agressions sexuelles.

#ViolencesdeGenre La situation des victimes d’agressions sexuelles a beau avoir évoluée au cours des décennies, elle n’en est pas pour autant satisfaisante : Seulement 10% des femmes agressées déposent plainte, et 90% des affaires semblables ne donnent lieu à aucune suite. Cela prouve combien il est difficile pour les victimes de parler de ce qu’elles ont subi.

De plus, la parole n’est pas nécessairement salvatrice. Christine Angot et l’élue EELV Sandrine Rousseau l’ont prouvé lors d’un échange houleux durant l’émission « On n’est pas couché » du 30 septembre 2017. Christine Angot a violemment pris à parti l’élue venue promouvoir un livre dans lequel elle raconte avoir été agressée sexuellement par l’ancien député écologiste Denis Baupin (voir la vidéo ci-dessous) .Il se trouve que Christine Angot a également subi une agression sexuelle grave (elle a raconté dans trois de ses romans que son père la violait).

Extrait d’On est pas couché du 30 septembre 2017. (cliquez pour visionner la vidéo)

Il y a là un échange compliqué pour les spectateurs, et douloureux pour les deux femmes. Deux positions s’affrontent : Sandrine Rousseau propose la parole collective comme force de combat tandis que Christine Angot lui oppose l’impossibilité de la parole de groupe pour tenter de surpasser un traumatisme qui est avant tout personnel.

Parler ou se taire ?

Les associations d’aides aux victimes de violences sexuelles doivent sans cesse se confronter à cette posture : « Il est très difficile de recueillir la parole des femmes victimes de violences « , confie Ariane, 23 ans, en service civique au sein de l’association Ni Putes Ni Soumises depuis un an. »Bien sûr il faut d’abord tisser une relation de confiance avec beaucoup de temps et de douceur. Mais très peu expliquent clairement ce qui leur est arrivées. Certaines veulent de l’aide mais refusent en bloc de raconter.  Il est rare de les accompagner pour porter plainte ».

Le silence des victimes pose également la question de l’impunité des agresseurs. Si celles-ci ne s’expriment pas, comment empêcher la récidive ?  » Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir, mais parfois les victimes rentrent chez elles en sachant très bien ce qu’il se passera. Lorsqu’elles sont mineures, nous sommes tenus de porter plainte. Mais les femmes majeures, on ne peut pas les empêcher et là il y a des drames « , déclare Ariane.

Pour aller plus loin  : Le clash Rousseau-Angot, quel signal pour les victimes d’agressions sexuelles ?

Christine Angot parle de son oeuvre « L’inceste » chez Thierry Ardisson (1999)

plusieurs facteurs empêchent les victimes de s’exprimer publiquement sur les agressions : le caractère profondément intime du traumatisme, le sentiment de honte, voire de culpabilité, la conviction que personne ne peut comprendre, la peur d’être catégorisé comme « victime » de manière définitive. De plus, de nombreux préjugés subsistent encore sur les agressions sexuelles : en 2015, une étude conduite par le collectif Mémoire Traumatique et Victimologie démontrait que les sphères familiale et amicale étaient les plus favorables aux violences sexuelles, et que les agressions étaient commises par des membres de la famille dans la majorité des cas d’agressions sur mineures. Les résultats transcendent toutes les catégories sociales. Rien à voir avec le mythe de l’agresseur isolé et inconnu dans une ruelle sombre.

Ainsi, le clash entre Christine Angot et Sandrine Rousseau a eu le mérite de mettre en lumière la difficile parole sur les agressions sexuelles, mais aussi les nombreux tabous qui pèsent encore sur notre société. Pour libérer la parole des femmes victimes de violences sexuelles, il faut d’abord libérer les femmes tout court.

Asmaa Boussaha

Hauts-de-Seine : un psychologue jugé pour viol sur ses patientes

Un psychologue est jugé à la cour d'assises de Nanterre pour viol sur ses patientes Crédit : CC
Un psychologue est jugé à la cour d’assises de Nanterre pour viol sur ses patientes. (Crédit : A. Cilia CC)

Un psychologue est jugé cette semaine pour viol devant la cour d’assises du tribunal de Nanterre. Le praticien exerçait à Bourg-la-Reine, dans les Hauts-de-Seine et avait déjà été condamné pour des faits similaires.

Ce lundi s’ouvre le procès d’un psychologue, accusé de viol et attouchement sur des patientes. Jusqu’à jeudi, le praticien, qui exerçait à Bourg-la-Reine, comparaitra devant la cour d’assises du tribunal de Nanterre. En 2015, une première patiente dépose plainte et dénonce des « pratiques douteuses ». Suite aux investigations de la police, deux autres patientes se manifestent et déposent plainte. Sous couvert d’un travail sur l’érotisme, le praticien aurait pratiqué une série d’attouchement sur ses patientes.

Déjà condamné pour agressions sexuelles

Le praticien avait déjà été condamné pour des faits similaires. En 1996, pour viol et en 2014 pour agression sexuelle. En 2009, le tribunal d’Evry avait prononcé une interdiction définitive d’exercer.

Dorine Goth

L’Etat condamné suite au viol et à l’assassinat d’une adolescente

L’Etat a été condamné pour « faute lourde » dans l’affaire Agnès Marin, adolescente violée et assassinée en 2011 en Haute-Loire par un de ses camarades, scolarisé au lycée Cévenol après avoir été remis en liberté dans une affaire de viol, a-t-on appris ce mercredi de source judiciaire.

Dans un jugement rendu le 24 avril, le tribunal de grande instance de Paris a estimé que des « fautes » ont été « commises lors de la mise en liberté » du jeune homme. L’Etat a été condamné à verser 185.000 euros de dommages et intérêts à la famille de la victime. Aux assises, le jeune homme, prénommé Matthieu, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en première instance comme en appel. Une peine rarissime pour un accusé mineur au moment des faits.

Le 18 novembre 2011, le corps carbonisé d’Agnès Marin, 13 ans, élève de troisième au collège-lycée Cévenol, établissement privé du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), avait été retrouvé dans une forêt alentour sur les indications de Matthieu, placé en garde à vue la veille. Outre des violences sexuelles, l’autopsie avait révélé 17 coups de couteau. Âgé alors de 17 ans, le jeune homme avait intégré le collège, qui a depuis fermé ses portes, dans le cadre d’un contrôle judiciaire strict, après quatre mois de détention provisoire pour le viol, sous la menace d’une arme, d’une camarade de 15 ans dans le Gard. La famille d’Agnès Marin avait engagé des poursuites contre l’Etat, reprochant au juge d’instruction d’avoir précipitamment ordonné la remise en liberté du jeune homme, sans attendre les conclusions de l’enquête socio-éducative, ni celle de l’expertise psychiatrique.

Alice Pattyn