Vélo électrique : les raisons d’une success-story en France

En quelques années, le VAE (vélo à assistance électrique) s’est imposé comme un des moyens de transport les plus pratiques en ville. Prise de conscience écologique, inconvénients de la voiture, harmonie entre le plaisir et l’effort… Retour sur une affaire qui roule.

Alternative à la voiture sans les contraintes du vélo classique, le VAE séduit de plus en plus de Français.
Offrant une alternative à la voiture sans les contraintes du vélo classique, le VAE séduit de plus en plus de Français. Crédit photo: DR.

Une ascension rapide comme l’éclair. En quelques années seulement le vélo électrique a su se faire une place dans le cœur des Français: avec plus de 130 000 ventes en 2016 contre 6 000 environ en 2006, la France a vu le nombre de boutiques proposant des VAE exploser. Un phénomène également dû aux initiatives municipales comme à Paris où la maire PS Anne Hidalgo a voté au début de son mandat un plan Vélo destiné à réduire le nombre de voitures dans la capitale.

Prise de conscience

Harry Dabi, directeur de la boutique Velair située dans le 17e arrondissement, n’est pas surpris par ces bons chiffres: « C’est une activité en pleine expansion, surtout à Paris d’ailleurs, ça fait partie des métiers d’avenir! » Le gérant a ouvert son magasin de vélos il y a de ça trois ans. Pour lui pas de doute, le changement des comportements des clients y est pour quelque chose : « Les gens en ont marre de la voiture, entre les PV, la façon de se garer… Le vélo ça les accommodent, ça leur met moins de contraintes que les voitures. Et puis c’est ludique et on a la possibilité de faire un peu de sport. Et avec le vélo électrique, il y a l’avantage de la rapidité en continu ».

 

 

Avec des vélos électriques dont les prix peuvent aller de 1000 à 1500 €, le gérant classe ses produits en moyenne gamme. Des prix loin d’être abordables pour tous. « J’ai beaucoup de professionnels qui viennent, des avocats aussi qui veulent se rendre au Palais de Justice avec, ça leur évite les embouteillages. Mais j’ai également une clientèle de quartier qui s’en achète pour se promener le week-end. C’est aussi ça la force du vélo : à chacun son usage. »

Et en matière d’écologie? Cette question peut se poser d’emblée, dès lors qu’elle paraît intrinsèque au concept du VAE. Mais Harry Dabi ne trouve pas que celle ci joue un grand rôle dans la vente des vélos électriques, « mais ça va le devenir, c’est une évidence… »

Prime pour l’achat

Pour le commerçant, un autre aspect n’est pas à négliger : les subventions. En 2017, la ministre de l’Environnement Ségolène Royal avait lancé une aide financière pouvant aller jusqu’à 200€. Pour obtenir cette aide, les nouveaux propriétaires de vélo électrique devaient solliciter la prime dans les six mois qui suivaient l’achat. Une prime modifiée en janvier dernier et qui est désormais seulement accessible aux personnes non imposables et habitantes de certaines villes qui subventionnent elles aussi cet achat. Une décision visant à éviter, selon le gouvernement, que des foyers aisés puissent bénéficier de cette aide dès lors qu’ils auraient pu s’équiper sans. Des conditions fortement durcies qui ne passent pas pour de nombreuses associations cyclistes ; celles-ci estiment que les habitants de zone rurale sont laissés pour compte.

 

 

Priorités : SAV et assurance

Mais à entendre les clients, beaucoup ne semblaient pas au courant de cette aide : « J’ignorais que cela existait », témoigne Marianne, 47 ans. Cette habitante de Montfort-Sur-Meu (Ille-et-Vilaine) a récemment fait l’acquisition d’un vélo électrique, un bon compromis pour elle : « Je ne me sentais pas capable de faire le moindre trajet à vélo pas électrique et j’avais envie de trouver une alternative à la voiture ». Alors pour se rendre au travail en cette période de grève de la SNCF, elle n’a d’autre choix que de prendre son deux-roues pour faire 46 kilomètres (aller et retour). Elle ne regrette pas son choix. « Ma seule inquiétude c’est le stress de ne pas avoir assez de batterie, je suis déjà tombée en panne une fois… »

Ce qui inquiète le plus les usagers, c’est en effet les soucis techniques qu’ils peuvent rencontrer avec leurs vélos. « Il faut surtout qu’on ait un service SAV qui soit sans problèmes. On se doit de répondre à nos clients quand il y a un problème sur leurs vélos électriques. Ils ne s’attendent pas seulement à acquérir un bien mais également à retrouver un service », explique Harry Dabi. Le gérant en vient même à penser qu’il faudrait assurer les vélos électriques, « ce ne serait pas une mauvaise idée ». Une bonne idée pour le deux-roues… et le cycliste.

 

Hugues Garnier

Covoiturage, bus, télétravail… Comment les usagers s’organisent pour leurs déplacements pendant la grève

Votre train a été annulé, votre RER ne circule pas ou encore le trafic de votre Transilien est sérieusement ralenti ? Face au mouvement de grève perlée entrepris en ce moment et pour 3 mois par les syndicats de la SNCF, les usagers doivent parfois faire appel à d’autres options. Bus, covoiturage, télétravail, vélo… Des voyageurs témoignent des solutions qu’ils ont trouvées pour assurer leurs déplacements.

Le covoiturage, option plébiscitée
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Le covoiturage peut être une option en cas de suppression de trains ou métro. Une solution qui permet également de désengorger les routes, très empruntés par jours de grève. Crédit photo : Wikipédia commons

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nombreux sont les voyageurs qui se sont orientés vers le covoiturage en prévision de la grève. Résultat : un boom d’inscription et de trajets enregistrés sans précédent pour les plateformes de covoiturage en ligne. Le leader français, Blablacar, enregistre ainsi plus « de deux fois plus d’inscrits » depuis le début de la grève, selon son porte-parole Robert Morel.

Pour Jeanne, le covoiturage était « la meilleure solution » pour se rendre sur son lieu de travail. « J’habite à Gif-sur-Yvette, mais je travaille près de la gare du Nord, du coup pour me rendre au boulot habituellement je prends le RER B. » Mais mardi 3 avril, au premier jour de la grève « c’était une vraie catastrophe. Mon train habituel n’était plus disponible, et personne n’était en mesure de me dire quand roulerait le prochain. J’ai attendu deux heures pour rien. Le soir même, je me suis inscrit sur un site de covoiturage, et le lendemain matin, j’ai effectué mon premier voyage« .

Jeanne relève le coût « relativement faible » de son trajet, à 3,40€ et la « convivialité » qu’il apporte. « Mais je paie un abonnement pour rien, déplore-t-elle, et ça me demande plus de temps et plus d’organisation. Si personne ne propose de trajets pour se rendre là où je veux aller, je suis obligée de prendre des covoiturages qui me déposent plus ou moins loin de mon lieu de travail. Bref, ce n’est pas toujours si pratique. »

Le bus, une des alternatives les plus prisées
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Le nombre d’usagers du bus a fortement augmenté depuis le début de la grève, mardi 3 avril. Crédits photo : Wikipédia commons

La grève fait aussi ses heureux : de nombreuses compagnies de bus ont constaté une forte augmentation de leur clientèle les jours de mouvement social. Ainsi, Raphaël Daniel, directeur de la communication de Flixbus, explique au Point avoir eu le premier jour de grève « plus de 60% de réservations » qu’en temps normal ; et OuiBus enregistrait 72% de clientèle en plus mercredi.

« C’était l’option la plus optimale pour me rendre à mon partiel mercredi dernier, explique Cassie, étudiante en master d’information et communication à Lyon. Habituellement, je prends le train, mais avec la grève, j’ai dû me résoudre à chercher autre chose. J’avais envie de réviser pendant le trajet, donc le covoiturage était exclu, et je n’ai pas les moyens de prendre l’avion« . Au final, Cassie a donc effectué un trajet de 8h en bus entre sa ville de départ, Strasbourg, et Lyon, contre 4h en train. « C’était un peu long, mais le trajet était confortable et le service de la compagnie de bus agréable. Et je n’ai payé 14€, donc ça vaut vraiment le coup. Par contre les prix augmentent très vite : quand j’ai regardé les prix le lendemain, le même billet était à 54€. »

Face à la ruée des usagers, la plupart des compagnies de bus ont affrété des véhicules supplémentaires. Pas suffisamment cependant pour Etienne, assistant commercial à Paris : « Je voulais aller voir mes parents, ce week-end, à Lille. Il y a deux semaines, j’ai essayé de réserver un train pour mon retour, mais il n’y en avait aucun de disponible. Même chose pour les bus. J’ai dû me résoudre à reporter mon voyage« .

Le vélo, bon pour le coeur et l’environnement
L'entreprise Gobee.bike a mis en service ses premiers vélos sans bornes ce lundi à Paris et dans les Hauts de Seine. Crédits : Aline Bottin
Le vélo peut être une alternative pour les plus courtes distances Crédits : Aline Bottin

Pour Patrick, le ralentissement du trafic du RER C était une excuse toute trouvée pour ressortir son vélo : « Au final, ça me fait du bien, et avec les beaux jours qui reviennent, c’est plus agréable de pédaler !« . Si ce chargé de communication se montre plutôt satisfait de l’alternative, il reconnaît qu’elle ne convient pas à tout le monde : « Moi je n’ai que 20 minutes de trajet donc c’est jouable, mais à partir du moment où la distance s’allonge, ça devient de plus en plus compliqué« .

Rester chez soi grâce au télétravail
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Durant la période de grève, et avec l’accord de leur employeurs, les salariés peuvent avoir recours au télétravail. Crédits photo : Axelle Bouschon

Pour ceux qui redoutent les embouteillages sur la route ou ceux qui ne sont pas en mesure de se rendre sur leur lieu de travail, il reste toujours l’option du télétravail. Une solution qui nécessite un accord préalable entre l’employé et l’employeur, et qui n’est pas permise pour toutes les professions. Agnès, qui travaille dans l’aménagement urbain, a décidé de recourir au télétravail pour les jours de grève à venir. Une idée proposée par son employeur et suivie par d’autres salariés de son entreprise, qu’elle a immédiatement acceptée. « C’est un bon compromis, concède Agnès. Mon entreprise est équipée en audio conférence, donc cela ne pose aucun problème d’organisation. »

Axelle Bouschon

À Paris, des nouveaux vélos en libre service et sans point d’attache

L'entreprise Gobee.bike a mis en service ses premiers vélos sans bornes ce lundi à Paris et dans les Hauts de Seine. Crédits : Aline Bottin
L’entreprise Gobee.bike a mis en service ses premiers vélos sans bornes ce lundi à Paris et dans les Hauts de Seine.
Crédits : Aline Bottin

L’entreprise Gobee.bike a mis en service ses premiers vélos disponibles en libre service et sans borne ce lundi dans la capitale et le département des Hauts-de-Seine. Aux abords de la gare Saint-Lazare, ces nouvelles bicyclettes vert pomme intriguent, mais ne déchaîne pas les foules en cette journée de lancement.

 

Sur le parvis de la gare Saint-Lazare, nombreuses sont les personnes qui pressent le pas. Mais ce lundi, quelques curieux s’arrêtent devant une lignée de vélos verts, non attachés. Il s’agit des nouveaux vélos en libre service Gobee.bike. Le principe est simple, les vélos disponibles sont géo-localisables à travers une application mobile. Une fois le trajet voulu effectué, ils peuvent être déposés sur n’importe quel espace de stationnement autorisé pour les deux-roues.

« Ces nouveaux vélos, c’est la facilité », lâche Didier Primard, qui essaye de télécharger l’application sur son téléphone portable. « On peut les déposer n’importe où, c’est la liberté que ça offre qui rend le concept intéressant, contrairement aux Vélib' », poursuit-il. Les Vélib’, mis en service en 2007, doivent en effet être rattachés à une borne. Seulement, beaucoup de Parisiens ont déjà rencontré le problème de stations saturées, condamnant l’utilisateur à trouver une place disponible dans les environs, souvent lointaine.

Pour l'application Gobee.bike, il suffit de scanner le code présents sur les vélos Crédits : Aline Bottin
Pour télécharger l’application Gobee.bike, il suffit de scanner le code présents sur les vélos
Crédits : Aline Bottin

Une initiative séduisante mais incertaine

Outre la liberté qu’offrent ces nouveaux vélos sans bornes, c’est également leur design qui séduit. « Ils sont quand même plus esthétiques que les Vélib’, sans parler qu’ils sont plus légers, ça se voit », explique Antoine Fakhriyat, utilisateur occasionnel de vélos en libre service. Lui se dit séduit par l’initiative, mais craint qu’elle ne dure qu’un temps. « Il va y avoir des dégradations, c’est sûr, du coup on ne sait pas combien de temps on pourra en profiter. C’est ça qui me dissuade de télécharger l’application pour l’instant », raconte-t-il.

Il est pourtant plus avantageux de se créer un compte Gobee.bike maintenant. La caution est fixée à 15 € si l’utilisateur s’inscrit dans les prochaines semaines, contre 50 € ensuite. Chaque demi-heure d’utilisation coûte ensuite 50 centimes d’euro. La caution est remboursée lors de la fermeture définitive du compte.

Pour utiliser les vélos Gobee, pas d'abonnement, mais une caution à payer à l'inscription qui sera remboursée lors de la fermeture du compte. Crédits : Aline Bottin
Pour utiliser les vélos Gobee, pas d’abonnement, mais une caution à payer à l’inscription qui sera remboursée lors de la fermeture du compte.
Crédits : Aline Bottin

Des Vélib’ en Afrique

Parmi les curieux qui se penchent pour comprendre le fonctionnement des vélos se trouve Pierre Elian. Cet ouvrier dans le bâtiment de 45 ans n’est pas convaincu par ce nouveau système de vélos en libre service. « On retrouve déjà des Vélib’ en Afrique, ceux là, ils vont partir encore plus vite, et plus loin ! », dit-il, rieur. « Un coup de tournevis et c’est fini, le système de blocage est retiré », ajoute-t-il, en montrant du doigt le mécanisme servant à verrouiller la bicyclette. L’entreprise a cependant assuré que seuls les vélos étaient équipés d’un système d’alarme et de capteurs pour détecter toute utilisation anormale.

Tout au long de la pause déjeuner, des curieux sont venus inspecter ces nouveaux véhicules vert pomme. Crédits : Aline Bottin
Tout au long de la pause déjeuner, des curieux sont venus inspecter ces nouveaux véhicules vert pomme.
Crédits : Aline Bottin

Pierre Elian fait donc partie des nombreuses personnes à s’être arrêtées à la vue de ces engins vert pomme, qui tranchent avec les tons grisâtres du paysage urbain. Seulement, durant la pause déjeuner ce lundi, devant la gare Saint-Lazare, pas un seul vélo n’a été emprunté, ni déposé. La nouvelle petite reine de la capitale reste plus chère que sa concurrente, et ne dispose pas encore de la même notoriété.

 

 

Aline Bottin