Union européenne : des inégalités face à la santé

« L’Europe est évidemment l’échelon indispensable à la protection de la santé ». Pour Yannick Jadot, candidat Europe Ecologie Les Verts (EELV), qui a marqué la surprise en obtenant plus de 13% des suffrages en France, l’Union européenne est le garant de l’efficacité des systèmes de santé des pays. Pourtant, en Europe, les disparités sont grandes et creusent les inégalités entre les citoyens européens. En avril dernier, peu avant les élections européennes, la Mutualité française publiait une étude sur « le regard des citoyens européens sur la santé ». On y apprenait notamment que 85% des Français interrogés se sentaient « bien protégés » par leur système de santé face à 27% du côté des Grecs interrogés. Pourtant, à y regarder de plus près, s’il est vrai que la France est le pays qui attribue la part la plus importante de son budget à la santé, il existe encore une forte proportion de Français (8,5%) qui renoncent à accéder aux soins. Un chiffre – largement supérieur à celui de l’Allemagne (2,6%), de l’Espagne (2,8%) ou de la Suède (3,9%) – qui s’explique notamment par le mauvais remboursement des soins optiques et dentaires en France. Ce taux grimpe à 25% si l’on ne prend en compte que ces deux dernières types de soin selon un rapport de l’OCDE de 2017 portant sur les points forts et les points faibles des systèmes de santé des pays européens. Pour autant, selon ce même rapport, la France se situe dans le haut du classement quant à la part des dépenses à la charge des patients (taux le plus bas d’Europe).

Source : OCDE 2017/ Eurostat.

Source : Panorama de la santé 2017.
taux de renoncement
Infogram

Il est donc légitime de penser que la France présente une des meilleurs couverture santé de l’Union européenne avec notamment 100% de ses citoyens couvert par une assurance maladie, et le deuxième (le premier étant en Finlande) meilleur taux d’habitants pour un hôpital en moyenne, avec 21 814 habitants par hôpital en 2016. En Belgique, quelque 63 000 citoyens doivent en moyenne se contenter d’un seul hôpital. Mais la France se révèle être le mauvais élève de l’Europe pour ce qui est de la prévention : en moyenne les pays européens consacrent 3% de leur PIB à la prévention en matière de santé. La France, elle, y consacre moins de 2% de son PIB. Finalement, « Il n’y pas un seul pays européen qui possède un système de santé parfait », a tenu à souligner la direction générale de la Santé de la Commission européenne en 2017… Pas même la France.

Laëtitia Lienhard et Domitille Lehman

INFOGRAPHIES – Quels sont les groupes qui composent le Parlement européen ?

Les élections européennes ont lieu du 23 au 26 mai 2019, partout en Europe. Les électeurs votent pour des partis politiques issus de leur pays. Une fois élus, ces partis se rassemblent en groupes parlementaires au Parlement européen, en fonction de leur couleur politique.

Le Parlement européen est composé de 705 sièges. Actuellement, huit groupes parlementaires se les partagent. Lors des prochaines élections, ces groupes risqueront d’évoluer ou encore d’être remplacés. Ils rassemblent les partis de chaque pays. Ils ne sont pas organisés par nationalité, mais en fonction de leurs affinités politiques.

Comment former un groupe au Parlement européen ?

Pour former un groupe politique, il faut avoir au minimum 25 députés européens représentants au moins un quart des Etats membres. Un député ne peut appartenir qu’à un seul groupe politique. Dans l’hémicycle, les places attribuées aux députés sont déterminées en fonction de leur appartenance politique, de gauche à droite, après accord des présidents de groupe. Les groupes politiques s’organisent en interne en se dotant d’un président (ou de deux co-présidents pour certains d’entre eux), d’un bureau et d’un secrétariat. Certains députés n’appartiennent à aucun groupe politique, ils font partie des non-inscrits.

Qui sont les groupes actuellement en place ?

 

Parti Populaire Européen (PPE) : la droite conservatrice

 

Le Parti Populaire Européen (PPE) est le groupe parlementaire le plus important au Parlement européen. Il compte 217 sièges occupés par des eurodéputés de tous les Etats membres. Le PPE est majoritairement composé d’eurodéputés issus des droites chrétiennes démocrates et libérales conservatrices. Les principaux partis représentés sont l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU), avec 29 membres, la Plate-forme civique (PO) polonaise avec 18 membres, le Parti populaire (PP) espagnol avec 17 membres, les Républicains (LR) français avec 16 membres et le Fidesz-Union civique hongroise (Fidesz-MPSz) avec 11 membres. Le groupe parlementaire est présidé par l’Allemand Manfred Weber (CSU) depuis juillet 2014

 

 

Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D) : le centre gauche

 

 

C’est la deuxième force politique au Parlement européen avec 187 sièges. L’alliance progressiste des socialistes et démocrates compte lui aussi des députés européens issus des vingt-huit Etats membres, majoritairement d’orientation social-démocrate. Les cinq formations politiques qui y sont les plus représentées sont : le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) avec 27 membres, le Parti démocrate (PD) italien avec 26 membres, le Parti travailliste britannique (Labour) avec 20 membres, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) avec 13 membres, le Parti social-démocrate (PSD) roumain et le Parti socialiste français (PS) avec 10 membres chacun. Il est présidé par l’Allemand Udo Bullmann (SPD) depuis mars 2018.

 

 

Conservateurs et réformistes européens (CRE) : la droite eurosceptique

 

Le CRE est le troisième groupe dans l’hémicycle européen avec 75 sièges. Les eurodéputés du CRE proviennent de partis européens de droite et de la droite nationaliste, eurosceptique et libérale d’un point de vue économique. Ses membres sont originaires de 19 pays de l’UE. Les principaux partis représentés sont : le Parti conservateur britannique (Tories) avec 18 membres, le parti polonais Droit et justice (PiS) avec 14 membres, l’Alliance néo-flamande (N-Va) belge (4 membres) et le Parti populaire danois (DF, 3 membres). Aucun parti français n’y siège. Le groupe est co-présidé par le Britannique Syed Kamall (Parti conservateur) depuis juillet 2014 et le Polonais Ryszard Legutko (PiS) depuis juillet 2017.

 

Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE) : le centre droit

 

L’Alliance des démocrates et des libéraux est composé de 68 eurodéputés, représentants 21 Etats membres. Il rassemble des partis libéraux et centristes européens, très européistes. Les principales formations politiques siégeant à l’ALDE sont les Démocrates 66 (D66) des Pays-Bas (4 membres), le Mouvement des droits et des libertés (DPS) bulgare (4 membres), le Parti libéral-démocrate (FDP, Allemagne), les Libéraux et démocrates flamands (Open VLD, Belgique), le Parti du centre (Kesk, Finlande) et le Parti populaire et démocrate (VVD, Pays-Bas), ces derniers ayant 3 membres chacun dans le groupe. Le Mouvement démocrate (MoDem) est le principal parti français présent à l’ADLE avec 2 membres. Le parti d’Emmanuel Macron, La République en marche (LaREM) pourrait compter, si les intentions de votes actuelles se confirment, une vingtaine d’eurodéputés au sein du groupe à l’issue des élections européennes de mai 2019, s’il décide d’intégrer ce groupe ou d’en créer un nouveau. Depuis juillet 2009, l’ADLE est présidée par l’ex-Premier ministre belge Guy Verhofstadt (Open VLD).

 

Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) : l’extrême gauche

 

Ce groupe d’extrême gauche rassemble 52 eurodéputés issus de partis de la gauche radicale et de l’extrême gauche, venants de 14 Etats membres. Le groupe défend une ligne politique « altereuropéenne », c’est-à-dire, attachée à la construction européenne, mais rejetant celle mise en place, qualifiée de « néolibérale » par les membres du GUE/NGL. Les partis politiques y siégeant sont : Die Linke (Allemagne, 7 membres), Podemos (Espagne, 5 membres), le Sinn Féin (Irlande, 4 membres), Syriza (Grèce), la coalition Gauche unie (IU, Espagne), le Parti communiste portugais (PCP) et le Parti communiste de Bohême et Moravie (KSČM), ces dernières formations politiques comportant chacune 3 eurodéputés au sein du GUE/GNL. Les eurodéputés français y sont au nombre de 5, dont 3 membres de la France insoumise et 2 du Parti communiste. Le groupe est présidé par par l’Allemande Gabriele Zimmer (Die Linke) depuis mars 2012.

 

Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE) : la gauche écologiste

Le groupe écologiste compte lui aussi 52 eurodéputés, issus de 18 Etats membres. Il rassemble des membres de la gauche écologiste européenne comme l’Alliance 90/Les Verts (Allemagne, 11 membres), Europe Ecologie-Les Verts (EELV) (France, 6 membres), le Parti de l’environnement-Les Verts (MP) (Suède, 4 membres), Les Verts – L’Alternative verte (Autriche, 3 membres) et le Parti vert de l’Angleterre et du pays de Galles (Royaume-Uni, 3 membres). Le groupe est Co-présidé par le Belge Philippe Lamberts (Ecolo) et l’Allemande Ska Keller (Alliance 90/Les Verts) pour la deuxième moitié de la législature 2014-2019 (depuis décembre 2016).

 

Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD) : la droite souverainiste

La droite souverainiste comprend 41 eurodéputés, venants de 7 Etats membres. Le groupe est issu de membres de la droite populiste et de l’extrême droite. Ils ont une orientation très eurosceptique, voire europhobes. Les principales formations politiques de l’ELDD sont le Mouvement 5 Etoiles (M5S) (Italie, 12 membres), le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, 3 membres), Debout la France (DLF, 2 membres) et Les Patriotes (LP, 2 membres). Le Royaume-Uni y compte par ailleurs 10 eurodéputés. Le groupe est présidé par le Britannique Nigel Farage (indépendant, ex-UKIP) depuis janvier 2017.

 

Europe des Nations et des Libertés (ENL) : l’extrême droite

Il représente le plus petit groupe du Parlement européen avec 37 membres. Les membres sont originaires de 8 pays membres. C’est le groupe le plus à l’extrême droite sur l’échiquier politique. Tous ses membres sont hostiles à l’immigration extra-européenne, sont anti-islam et se revendiquent souverainistes. Les principaux partis politiques qui y siègent sont le Rassemblement national (RN) (France, 14 membres), la Ligue du Nord (LN) (Italie, 6 membres), le Parti pour la liberté (PVV) (Pays-Bas, 4 membres), le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, 4 membres) et le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) avec 3 membres qui ont rejoint l’ENL en janvier 2019. Le groupe est co-présidé par le Néerlandais Marcel de Graaff (PVV) depuis juin 2015, rejoint par le Français Nicolas Bay (RN) en septembre 2017 en remplacement de Marine Le Pen (devenue députée française).

 

Non-inscrits (NI)

Ils sont 22 eurodéputés à n’appartenir à aucun groupe au Parlement européen. Ils sont le plus souvent issus de l’extrême droite, même si ce n’est pas systématique. Ils sont originaires de 9 Etats de l’Union européenne. On y trouve ainsi des membres d’Aube dorée (Grèce), du Jobbik (Hongrie) ou encore du Parti national-démocrate d’Allemagne (NPD), qualifiés par certains de formations politiques néonazies. Côté français, Jean-Marie Le Pen, exclu du Front national (devenu Rassemblement national), fait, par exemple, partie des eurodéputés non-inscrits.

 

La future composition du Parlement européen :

Les sondages compilés par l’AFP et le Parlement européen permettent de faire une estimation de la probable composition du futur hémicycle. Les groupes d’extrême gauche et les socio-démocrates verraient leur nombre de sièges diminuer, tandis que les écologistes gagneraient cinq sièges. Les centres droits gagneraient eux aussi des sièges, avec en partie l’arrivée de La République en Marche. À droite, le PPE perdrait 37 sièges. Les eurosceptiques perdraient des sièges eux aussi en faveur de l’extrême droite qui elle, en remporteraient. 62 sièges sont prévus pour des nouveaux partis.

Simon Tachdjian.

INFOGRAPHIE – Qui sont vos députés européens ?

De jeudi à dimanche, les 28 pays de l’Union européenne voteront pour élire 751 députés au Parlement européen. Ceux-ci, malgré leurs différences de langues et de nationalités, devront travailler ensemble et à voix égale pour les cinq prochaines années. Que savons-nous cependant de ces parlementaires qui nous représentent ? Âge, sexe, trajectoire de vie, quel est le profil-type du député européen actuel ?

Un homme d’environ 55 ans. C’est le profil-type de l’euro-député, d’après les statistiques du Parlement européen pour les élus de 2014 à 2019. Selon les chercheurs Willy Beauvallet, Sébastien Michon, Victor Lepaux et Céline Monicolle, de l’université de Strasbourg, le député européen actuel est aussi doté, a minima, d’un Bac +5 et il est issu des professions intellectuelles supérieures. Dans leur ouvrage Le Parlement européen au travail, les universitaires ont étudié l’évolution sociologique des élus européens de 1979 à aujourd’hui.

Ces chiffres cependant sont à remettre en contexte politique plus général. Ainsi, bien qu’il n’y ait que 36,2% de femmes au Parlement européen, cela représente bien plus que la moyenne nationale d’élues parlementaires des pays de l’Union, qui est de 25,4% seulement.

 

 

Audrey Dugast et Blandine Pied

Infographie : la liberté de la presse dans l’Union européenne

Après avoir dévoilé son classement mondial annuel sur la liberté de la presse et à quelques jours des élections européennes, Reporters Sans Frontières demande aux futurs parlementaires européens de légiférer pour favoriser les conditions de travail des journalistes au sein des Etats membres de l’Union européenne.

Publié chaque année depuis 2002, le classement mondial sur la liberté de la presse mesure le degré de liberté dont jouissent les journalistes issus de 180 pays différents. Créé à l’initiative de Reporters Sans Frontières, il se fonde sur l’indépendance des médias, la qualité du cadre, la sécurité des journalistes et le pluralisme. Des experts, analyses qualitatives et quantitatives sont pris en compte pour mesurer la liberté de la presse.

 

 

 

Le rapport annuel mondial de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse met en avant des disparités entre les pays de l’Union européenne. Certains Etats membres, comme les pays Scandinaves et les Pays-Bas, font office de modèles à l’internationale en matière de respect de ce droit fondamental. En revanche, la liberté de la presse est nettement moins garantie au sein d’autres pays membres tels que Malte, la Hongrie ou encore la Bulgarie. La France se situe quant à elle dans la moyenne à l’échelle européenne et pointe à la 16ème place du classement, juste devant le Royaume-Uni.

 

 

Eva Mbengue et Timothée Talbi