Elections européennes : le droit des femmes en quelques cartes

Les lois concernant les droits des femmes varient beaucoup d’un pays à l’autre. Avortement, PMA, féminicides, égalités salariales… Les inégalités persistent. L’enjeu des élections européennes, qui se dérouleront du 23 au 26 mai, est fondamental pour les Etats membres puisque les directives votées par le Parlement Européen doivent être appliquées dans tous les pays. Mais l’Union Européenne ne légifère pas sur les questions de société et laisse les pays membres se positionner sur ces sujets.
L’avortement

Un an après le référendum autorisant l’avortement en Irlande, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est aujourd’hui légale dans quasiment tous les pays de l’Union Européenne. Seule Malte l’interdit totalement, sans aucune exception. L’acte est puni de trois ans d’emprisonnement. Le sujet est encore très tabou dans la société maltaise, ce qui s’explique notamment par le poids de la religion : dans ce pays, 95% de la population est catholique. Le Vatican est ouvertement contre l’IVG, le Pape François s’est d’ailleurs plusieurs fois positionné en ce sens.

L’Irlande du Nord va encore plus loin. Cette nation constitutive est une exception au Royaume-Uni qui autorise l’avortement. Cette région du nord de l’Irlande interdit l’IVG, à moins que la vie de la femme soit en danger, ou en cas de risques pour sa santé mentale ou physique. Toute personne pratiquant l’avortement risque la prison à vie. Depuis 2017, les Nord-Irlandaises peuvent se faire avorter gratuitement en Angleterre, les frais de transport sont également remboursés pour les personnes aux faibles revenus.

Lorsque l’avortement est légalisé, il y a toujours un délai au-delà duquel l’intervention médicale n’est plus possible. Cette période peut varier de 10 semaines (comme au Royaume-Uni) jusqu’à 24 semaines (comme aux Pays-Bas).

Néanmoins, les lois ne sont pas gravées dans le marbre et le droit à l’avortement est parfois menacé, même dans les pays où il est autorisé. C’est par exemple le cas en Pologne. La loi y interdit l’IVG, sauf en cas de viol, d’inceste, de danger pour la vie de la femme ou malformation du fœtus. Le gouvernement a essayé à plusieurs reprises de supprimer l’exception concernant les cas de malformation (ce qui représente 95% des avortement légaux pratiqués en Pologne), voire même de l’interdire totalement. S’il n’a pas réussi à mettre en œuvre ces mesures, face à une importante mobilisation, il n’est pas pour autant aisé d’avorter en Pologne puisque de nombreux médecins refusent de le pratiquer, invoquant la « clause de conscience« . Les femmes sont alors obligées de se rendre dans l’une des nombreuses cliniques clandestines ou d’aller avorter dans un autre pays.

 

Les féminicides

En France, tous les trois jours une femme est tuée par son conjoint, compagnon ou ex. Un chiffre qui ne cesse de stagner depuis plusieurs années.

D’après une étude de 2016, les pays où l’on enregistre le plus grands nombre de cas de féminicides sont l’Allemagne, la Roumanie et la France. Ces chiffres récoltés par Eurostat, concernent également les femmes qui ont été tuées par des membres de leur famille comme leur père, leur frère ou encore leur cousin. De nombreux pays de l’Union Européenne ne communiquent pas le nombre de féminicides. Seuls 15 Etats membres ont rendu publiques leurs statistiques.

Pour qu’un féminicide soit considéré comme un homicide volontaire il faut que les forces de l’ordre recueillent le sexe de la victime ainsi que ses relations avec l’auteur du meurtre. Or dans certains pays de l’Union Européenne comme la Grèce, Malte ou encore la Pologne, ces données ne sont pas tout le temps récupérées dans les cas d’homicide. La France et le Royaume-Uni sont ceux qui fournissent les données les plus détaillées.

En 2017, l’Union Européenne a ratifié la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Cette convention vise à donner un cadre juridique commun à l’Europe pour protéger les femmes de toute forme de violence. Certains pays membre de l’Union Européenne n’ont toujours pas ratifié la Convention comme la Roumanie, la République Tchèque, la Bulgarie ou encore le Royaume-Uni.

 

Les inégalités salariales

Les Européennes gagnent en moyenne 16% de moins que les hommes. Ce qui signifie que lorsque ceux-ci gagnent 1 euro, les femmes n’en touchent que 84 centimes. Les écarts varient très fortement selon les pays : seulement 5% en Roumanie ou en Italie, contre plus de 25% en Allemagne.

Ces chiffres représentent l’écart de rémunération non ajusté, c’est à dire qu’il est calculé à partir des salaires de tous les secteurs économiques. Les raisons de cette inégalité salariale sont multiples : éducation et orientation différentes, discrimination à l’emploi, répartition inégale des tâches domestiques, pression sociale…

Il n’existe pas encore de chiffres à l’échelle européenne quant à l’écart de rémunération ajusté. Celui-ci permettrait d’évaluer les inégalités entre hommes et femmes de même âge, d’un même niveau de diplôme, sous le même contrat… En France, il se situe par exemple autour de 11%, ce qui signifie que lorsqu’un homme gagne 1 euro, une femme ne reçoit que 88 centimes, à travail égal.

L’égalité salariale entre les hommes et les femmes est donc loin d’être atteinte en Europe. Pourtant, les membres de l’Union Européenne ont tous ratifié le traité de Rome, dont l’article 157 stipule que « chaque État membre assure l’application du principe de l’égalité des rémunérations entre travailleurs masculins et travailleurs féminins pour un même travail ou un travail de même valeur ».

La procréation médicalement assistée

Dans l’Union Européenne, une majorité de pays ont autorisé la procréation médicalement assistée. Cependant, certains pays ont ouvert la PMA uniquement pour les femmes seules comme la Grèce, la Hongrie, ou encore la Croatie. L’Autriche au contraire est le seul pays à accorder la PMA que pour les couples lesbiens et non aux femmes seules.

En France, la PMA est pour l’instant réservée aux couples hétérosexuels infertiles. Mais le projet loi sur la bioéthique prévoit une ouverture à toutes les femmes. Edouard Philippe a déclaré au micro de franceinfo que le projet de loi sera présenté au conseil des ministres avant l’été.

 

Poutchie Gonzales et Iris Tréhin

INFOGRAPHIES – Les élections européennes illustrées

À moins d’une semaine du renouvellement du Parlement européen,  retour sur les chiffres clés des élections européennes.  Les enjeux du scrutin sont inédits : montée des populismes, sortie d’un État membre, le Royaume-Uni, redistribution des sièges au Parlement.

 

Dans de nombreux pays de l’Union européenne (UE), les clivages politiques traditionnels sont remis en cause par des partis populistes lors des élections nationales. Quelles répercussions au niveau européen ?  Selon le dernier sondage édité par le Parlement européen, le nombre de députés issus de partis d’extrême droite pourrait doubler.

En attendant la sortie du Royaume-Uni de l’Union, 73 eurodéputés britanniques seront élus le 23 mai prochain. Une fois l’accord du Brexit validé, 27 sièges seront redistribués à d’autres pays. Les 46 restants constitueront une réserve en cas d’élargissement de l’UE.

 

Fanny Rocher et Yann Haefele

Brexit : Michel Barnier invite les Britanniques à rester dans le marché unique

Le négociateur de l’Union européenne pour le Brexit Michel Barnier appelle mercredi les Britanniques à rester dans le marché unique et à opter pour l’Union douanière comme la Norvège. Il rappelle qu’ils ont jusqu’au 31 décembre 2020 pour trancher.

La sortie de l'UE pourrait déboucher sur une relation nouvelle avec le Royaume-Uni, sur le modèle de la Norvège, par exemple. (© Own Work)
La sortie de l’UE pourrait déboucher sur une relation nouvelle avec le Royaume-Uni, sur le modèle de la Norvège, par exemple. (© Own Work)

Dans un entretien au quotidien belge « Le Soir », le négociateur de l’Union européenne pour le Brexit Michel Barnier a incité les Britanniques à faire le choix de l’Union douanière. Cela permettrait au Royaume-Uni de négocier une meilleure relation avec l’Union européenne après son départ, selon lui. Si nos voisins britanniques ont pourtant plusieurs fois affirmé qu’ils quitteraient le marché unique et l’Union douanière au moment du Brexit, Michel Barnier privilégie l’optimisme : « Tout est possible, il n’y a pas de dogmatisme », a-t-il ajouté.

Les Britanniques vont quitter l’UE le 30 mars prochain 2019. « Mais ils ne sortent pas du marché unique ni de l’Union douanière avant le 31 décembre 2020 », a-t-il observé, date probable de la fin de la période de transition de 21 mois visant à atténuer les effets néfastes du Brexit. « Tant qu’ils n’en sont pas sortis, durant la période de transition, tout est possible encore », a-t-il insisté. La nouvelle relation entre le Royaume-Uni et l’UE pourrait alors être le modèle choisi par la Norvège : un accès au marché intérieur mais pas de pouvoir décisionnel. Elle doit respecter la législation de l’UE concernant le marché unique, verser une contribution financière pour son développement et respecter les quatre libertés (libre circulation des biens, des capitaux, des personnes et des services). Autant d’obligations rejetées par les partisans du Brexit.

Au stade actuel de la négociation, « compte tenu des lignes rouges britanniques, ce qui en découle sera un accord de libre-échange du type de ceux que nous avons conclus avec le Canada, la Corée ou le Japon », a expliqué Michel Barnier. Reste un point de blocage : l’Irlande, qui protège les accords du Vendredi Saint et respecte l’intégrité du Marché intérieur. « Ce qui crée le problème en Irlande, c’est la décision du Royaume-Uni de quitter l’UE, mais aussi de quitter ce qu’il n’est pas obligatoire de quitter, c’est-à-dire le marché unique et l’Union douanière », a-t-il insisté.

Colin Gruel avec AFP

David Cameron et la vision Britannique de l’Union européenne

Les différentes étapes de l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union européenne est symptomatique des relations particulières que l’île entretient avec ses partenaires continentaux depuis la création de l’Union. 

La question du « Brexit » soulevée par David Cameron suite à sa réélection crée une vague d’inquiétude auprès des acteurs de la diplomatie continentale. Si le but affiché par le premier ministre anglais n’est pas la sortie de l’Union, mais bien la renégociation des conditions d’application des traités, la menace d’une sortie britannique est prise au sérieux par les chefs d’Etat européens.

Suppression de  « l’union sans cesse plus étroite » 

Parmi les souhaits affichés par le résident du 10 Downing Street, plusieurs font débats.

Tout d’abord le Premier ministre britannique souhaite réduire l’immigration européenne, dont le Royaume-Uni serait la principale victime. Il souhaite aussi supprimer la clause dite de « l’union sans cesse plus étroite » qui permet aux dirigeants européens d’induire une politique qui tend toujours plus vers un fédéralisme puissant de l’Union. Enfin, dans le même esprit, David Cameron souhaite renforcer le rôle des parlements nationaux qui pourraient ainsi bénéficier d’un « carton rouge ». Ce carton rouge permettrait d’aller plus loin que le « carton jaune » actuel qui offre la possibilité aux parlements de demander à Bruxelles de revoir les textes que les parlements jugent insuffisants.

Depuis le début de l’aventure européenne les britanniques ont bénéficié d’une situation particulière marquant une réelle différence avec les mastodontes continentaux (France et Allemagne notamment) qui eux espèrent plus qu’une unique intégration économique.

Gaspard WALLUT