À l’occasion des cent ans du Tour de France, un maillot jaune à l’esthétique différente par jour sera attribué au leader du classement général, pour rendre hommage aux multiples coureurs qui ont marqué l’histoire de cette tenue emblématique.
Chaque maillot, unique, rappellera un instant particulier de la Grande boucle aux fidèles amateurs de cyclisme. Fournis par l’industrie textile Le Coq Sportif, les vingt maillots feront écho à un vainqueur ou à un monument symbolique de la compétition à l’issue des vingt étapes parcourues entre Bruxelles et Paris, en juillet prochain. Parmi les coureurs mis à l’honneur, on retrouve Bernard Hinault ou encore Eugène Christophe, figures incontournables de la compétition.
Mention spéciale pour le maillot jaune du vainqueur de cette édition 2019 du Tour, qui sera à l’effigie de l’Arc de Triomphe. Symbole de la capitale et monument phare des Champs Elysées, il accueille le sprint final depuis 1975.
Alors que la 100ème édition du Tour d’Italie (Giro) commence vendredi, les coureurs font face au même dilemme chaque année : choisir entre le Giro et le Tour de France. Le Colombien Nairo Quintana (Movistar) tentera, lui, le doublé. Rare sont ceux qui ont réussi à remporter les deux courses la même année.
Le Giro a toujours été dans l’ombre du Tour de France. Ses cols mythiques, ses « tifosis » passionnés ont été délaissés ces dernières années au profit du Tour de France. L’enchaînement des deux courses, à cinq semaines d’intervalle, a souvent poussé les favoris à faire un choix pour avoir une chance au classement général. Cette année, plusieurs coureurs vont tenter le doublé historique. Nairo Quintana s’est dit en « très bonne forme » physique avant d’entamer les deux tours mythiques. Le Français Thibaut Pinot (Française des Jeux) va également s’aligner au départ des deux courses. Mais le cycliste a fait un compromis : il jouera la gagne sur le Giro et visera les étapes sur le Tour. Car rafler la victoire sur les deux courses est difficile. Seuls sept coureurs ont déjà réussi ce doublé. Le dernier à l’avoir fait était Marco Pantani… en 1998. D’autres s’y sont cassés les dents depuis. L’Espagnol Alberto Contador avait essayé, en vain, en 2015. Il avait remporté le Giro mais avait souffert sur les routes de France (5e).
Remporter les deux courses est une tâche (quasiment) impossible. Les coureurs sortent essorés du Giro qui demande un effort physique important. Entre mai et juillet, date du Tour de France, les conditions climatiques ne sont pas les mêmes : « Les facteurs environnementaux jouent beaucoup. S’il y a de la pluie et de la neige sur le Giro on doit beaucoup taper dans l’organisme », souligne Frédéric Grappe, directeur de la performance de l’équipe Française des Jeux (FDJ). A la fatigue physique s’ajoute l’usure mentale. Les parcours, de plus en plus exigeants, demandent une concentration de chaque instant. Les coureurs redoublent d’efforts pour ne pas se faire piéger dès les premiers jours. Une cadence difficile à tenir sur plusieurs semaines : « C’est dans la tête que ça lâche. Ils ont le mental mais le cerveau envoie moins d’énergie », révèle Frédéric Grappe, également chercheur en science du sport.
Un temps de récupération court
Alors est-il devenu impossible de réitérer l’exploit de Merckx, Hinault ou Indurain ? « C’estdifficile, juge Frédéric Grappe. Il y a peu de récupération entre les deux et on est sur des modèles de course sur trois semaines. » Le préparateur physique doit donc adapter l’entraînement des coureurs entre les deux tours. « La première semaine, le coureur assimile la charge de travail et évacue la fatigue. La deuxième semaine il roule juste pour préserver l’excitabilité musculaire. Ensuite, on restimule l’organisme en suivant un modèle de course proche de celui du Tour. Et avant le Tour il cherche à retrouver sa fraîcheur. »
Malgré toutes ces contraintes, Frédéric Grappe pense que cette performance sera bientôt réalisée. « Peu y arriveront mais on trouvera des moyens. Aujourd’hui on comprend mieux la récupération du coureur par exemple. La science permettra d’améliorer les modèles de performance. »
Une pression médiatique épuisante
Les coureurs doivent aussi se plier aux exigences médiatiques. Constamment sollicités lors du Tour de France, ils doivent se soumettre aux nombreuses interviews pour soigner leur image. « La pression médiatique et l’engouement autour de la course y sont énormes. Pendant trois semaines les coureurs sont sous pression », a confié au Figaro Julien Pinot, entraîneur à la FDJ et frère de Thibaut Pinot. Le Tour de France reste une étape indispensable pour les équipes françaises. Soumises aux lois de leurs sponsors qui ont plus d’intérêts économiques en France, elles se doivent d’aligner leurs leaders sur le Tour. Mais l’Italie devient attractive depuis quelques années. Cette 100ème édition du Giro pourrait changer la donne. Preuve en est, la course sera diffusée dans son intégralité sur une chaîne gratuite (L’Equipe 21). Une première en 20 ans.