Une adolescente est devenue l’emblème de la lutte contre le harcèlement à l’école en Malaisie. Suite à une vidéo publiée sur TikTok à propos d’un commentaire déplacé d’un professeur sur le viol, des milliers d’étudiants ont témoigné d’agressions verbales et physiques dans le milieu scolaire.
« On ne peut pas laisser ce cycle de l’abus continuer dans nos écoles ». À 17 ans, Ain Husniza Saiful Nizam est à l’origine d’un déferlement de témoignages d’étudiants malaisiens sur les violences et le harcèlement qu’ils subissent. Publiée en avril, sa vidéo a déjà été vue 1,8 millions de fois sur TikTok, un réseau social prisé par les jeunes.
Filmée devant son miroir, elle raconte la mauvaise blague d’un professeur. En parlant des lois protégeant les mineurs des abus sexuels, il aurait conseillé aux jeunes garçons de choisir des femmes de plus de 18 ans, s’ils désiraient commettre un viol.
Le succès de sa vidéo sur les réseaux sociaux n’a pourtant pas été facile. Depuis, Ain subit de nombreuses attaques, dont des menaces de viol et un risque d’expulsion de son école.
Pourtant, la jeune femme souhaite « juste faire des écoles des lieux sûrs ». Si sa vidéo a été autant partagée, c’est parce qu’elle révèle selon elle les failles du système scolaire malaisien dans son ensemble.
Ain Husniza Saiful Nizam demande aujourd’hui une réforme urgente de l’éducation dans son pays, pour « aborder la culture toxique du harcèlement sexuel à l’école ».
L’application TikTok, qui compte plus de 800 millions d’utilisateurs réguliers répartis sur 145 pays, participe désormais à la propulsion des hits musicaux en haut des classements mondiaux. Un phénomène comme Doja Cat, nouvelle icône de la pop, en est la preuve.
Le classement du nombre de streams de Spotify cette semaine est rempli de chansons de TikTok. Attention, cela ne signifie pas que les chansons proviennent de TikTok – la plateforme pour vidéos courtes qu’affectionnent les Gen Z – une « chanson TikTok » est plutôt un morceau qui a trouvé un fondement viral dans l’application, en devenant partie intégrante d’un format de mème, d’un défi de danse ou simplement en accumulant des vues vidéo sur l’application.
Aux Etats-Unis, tous les artistes qui figurent actuellement dans le top 100 de Billboard (le classement de référence) ont fait partie d’une « trend » sur TikTok, qu’il s’agisse d’une simple popularité générale ou d’un défi de danse viral. « Blinding Lights » de The Weeknd et « Say So » de Doja Cat sont des défis de danse populaires. « The Box » de Roddy Ricch et « Don’t Start Now » de Dua Lipa sont plus proches des mèmes (mais ont aussi des défis de danse). Tous les autres morceaux du top 10 de Billboard, du numéro 1 « Toosie Slide » de Drake au numéro 10 « Everything I Wanted » de Billie Eilish, ont invité à utiliser TikTok.
Découvrir de nouveaux talents et sécuriser la popularité des stars
TikTok a démontré sa capacité à catapulter des artistes moins connus dans le courant viral dominant, comme en témoigne la trajectoire du single « Truth Hurts » de Lizzo, qui s’est hissé à la première place du classement Hot 100 de Billboard en 2019, ou le classement historique « Old Town Road » de Lil Nas X l’été dernier. L’ascension de ces deux artistes a été exponentielle grâce à leur viralité sur l’application.
Figurent aussi dans le classement des titres qui auraient sans doute atteint le sommet même sans la notoriété supplémentaire de TikTok mais qui sont désormais populaires sur l’application. La culture de Tiktok s’aligne de plus en plus sur le courant dominant, et les artistes prennent délibérément en compte le pouvoir de la plateforme.
Par exemple, les débuts historiques de Drake en numéro 1 cette semaine avec « Toosie Slide » ont probablement été aidés par le fait que la chanson, sortie le 3 avril, a déjà accumulé plus de 500 000 vidéos sur TikTok et était accompagnée d’un défi de danse intégré. Dans une interview avec Complex, Toosie, l’influenceur éponyme qui a créé la danse virale, a déclaré que Drake lui avait tendu la main pour créer une danse pour la chanson. Toosie a posté une vidéo sur TikTok le 29 mars, mettant en scène la danse avant la sortie du single.
Doja Cat : faire de la musique à mèmes
Celle qui maîtrise le mieux cette nouvelle stratégie pour lancer des hits est Doja Cat. En 2018, l’artiste californienne âgée de 24 ans déclarait dans une interview pour le média Genius qu’elle avait « l’intention de faire de la musique à mèmes« . Son premier hit « Mooo! » a cartonné, avec un clip à l’ambiance absurde et décalée où elle fantasme sur le fait d’être une vache. Saluée par des milliers de personnes dans des mèmes, dont des stars telles que Katy Perry et Chance the Rapper, la vidéo a fait plus de 71 millions de vues sur Youtube et le son a été utilisé plus de 100 000 fois sur Tiktok.
Avec un style musical qui mêle rap, pop et RnB, les chansons de Doja Cat véhiculent une bonne humeur contagieuse. Sur son dernier album « Hot Pink » paru en novembre 2019, deux titres ont bénéficié de challenges de danse qui les ont rendus viraux en très peu de temps, parmi eux, l’incontournable « Say so » repris plus de 20 millions de fois par les utilisateurs de TikTok. Cette popularité auprès du public à majorité jeune de l’application (entre 12 et 25 ans) a permis à l’artiste de se propulser au rang de star à une vitesse impressionnante, obtenant notamment un featuring avec le rappeur Tyga sur son dernier album.