L’avionneur Boeing dans les turbulences après la décision d’une grève massive

Coup dur pour Boeing, le géant de l’aviation américaine. Vendredi 13 septembre 2024, les salariés de la firme concurrente d’Airbus ont voté largement pour une grève à effet immédiat, dans une usine de Seattle aux États-Unis, berceau de l’entreprise depuis 1916. La raison? Un désaccord sur leur nouvelle convention collective qui n’avait pas été changé depuis 2008.

Le syndicat de machinistes de Boeing, situé à Seattle, a décidé de se mettre en grève, vendredi 13 septembre 2024. LUC OLINGA / AFP.

La situation ne semble pas s’améliorer pour l’avionneur américain Boeing. À Seattle, sur la côte ouest des États-Unis, le syndicat des machinistes a voté une grève à effet immédiat avec une écrasante majorité: 96 %. Cette décision n’est pas sans justifications et trouve ses racines dans les négociations salariales découlant d’une nouvelle convention de la direction. Cela faisait 16 ans que cette dite convention n’avait pas été changée, date à laquelle la dernière grève a eu lieu durant 57 jours.

Un grand syndicat

À l’origine de ce mouvement social, le syndicat des machinistes IAM-District 751 (Association Internationale des Machinistes), comptant environ 33.000 membres dans la région de Seattle: « Nous ferons grève à minuit (heure locale) », annonce le syndicat dans une publication sur leur compte X (Twitter).


Il y a quelques semaines, l’IAM réclamait une augmentation des salaires d’au moins 40 % sur l’espace de trois ans, ainsi que de meilleurs avantages, notamment sur les retraites. D’après Jon Holden, président du syndicat, les salaires « stagnent depuis des années, malgré une inflation massive ».
Sous la menace d’une grève depuis plusieurs mois, l’avionneur et le syndicat avaient pourtant trouvé un accord quant à cette nouvelle convention collective en début de semaine. IAM-District 751 réclamait 40 % de hausse des salaires, la direction avait décidé qu’elle serait de 25 %. Jon Holden s’était d’ailleurs félicité de ces négociations, « c’est le meilleur contrat que nous n’ayons jamais eu ».

Boeing dans la tourmente

Ces efforts n’ont pas convaincu les machinistes qui ont rejeté cette convention à une majorité écrasante de 94.6 %. Cette décision est un coup dur pour Boeing, la grève va entraîner la fermeture de deux grandes usines de la firme dans la région de Seattle. Contacté, le siège de Boeing France n’a pas souhaité en dire plus sur la suite des événements. Quelques heures après le vote des salariés, le groupe Boeing, au travers d’un communiqué, assure entendre les réclamations: « Le message a été clair (…). Nous restons déterminés à rétablir nos relations avec nos employés et le syndicat, et nous sommes prêts à retourner à la table des négociations pour parvenir à un nouvel accord. »
Bien « qu’engagés » dans la négociation, les jours à venir sont encore incertains pour le géant de l’aviation déjà dans la tourmente

Jon Holden, le président du syndicat des machinistes IAM-District 751, jeudi 12 septembre 2024. JASON REDMOND / AFP.

L’affaire des 737 MAX

En plus de la grève massive, l’affaire de son modèle phare, le 737 MAX, ne fini de faire parler de lui avec les différentes affaires, l’une des dernières en date, l’incident début janvier sur un 737 MAX d’Alaska Airlines qui avait perdu une porte en plein vol.
Autorisé à voler en 2017 par le régulateur américain de l’aviation, le 737 MAX devait faire la fierté de Boeing. Le premier accident sur ce modèle intervient l’année d’après, en 2018, avec le crash d’un Boeing de la compagnie Lion Air faisait 189 morts. La flotte des 737 MAX est par la suite clouée au sol pendant plusieurs mois dans le monde entier. Tous ces déboires ont précarisé la situation financière du constructeur, en concurrence directe avec Airbus, dont la réputation ne cesse de chuter.
Selon les analystes de TD Cowen, banque d’investissement américaine, une grève de 50 jours priverait Boeing de 3 à 3.5 milliards de dollars de liquidités et aurait un impact de 5.5 milliards sur le chiffre d’affaires. Dans les échanges électroniques avant l’ouverture de la Bourse de New York vendredi, le titre du constructeur chutait d’ailleurs de près de 4 %.

Yan Daniel

Accompagner les jeunes et protéger leur santé

L’union des joueurs de rugby a été créée en 1998.

Le syndicat national de joueurs de rugby Provale, créé en 1998, offre notamment un suivi juridique et médical à ses quelque 500 adhérents, entre témoignages et conseils d’anciens auprès des plus jeunes et accompagnement à la reconversion des joueurs en fin de carrière. “On insiste auprès des jeunes sur le fait que le corps est leur outil de travail et qu’il faut prendre soin de soi, explique son vice-président Laurent Semperé, joueur au Stade Français. Dans la culture de ce sport, il n’est pas admis de dire quand on a mal. On pense que pour se dépasser, il ne faut pas parler de ses souffrances.”

La structure veille particulièrement à ce que les joueurs préservent leur intégrité physique et alerte sur les dangers, notamment en organisant une à deux visites annuelles dans les clubs. “Les jeunes que l’on forme découvrent souvent les risques. Lorsqu’un joueur confirmé apporte son témoignage, cela a du poids car il connaît le fonctionnement du système de l’intérieur.” L’organisation insiste également sur l’importance de ne pas délaisser une formation scolaire parallèle à la pratique sportive.

 

A.H. & M.L.

Le McDonald’s des Champs Elysées en grève contre sa vente à un franchisé

Le fast food McDonald’s sur les Champs-Elysées était bloqué ce mercredi pendant la pause déjeuner par une vingtaine de manifestants. Le restaurant devrait être vendu d’ici quelques jours à un franchisé. Les salariés craignent une baisse des salaires et une dégradation des conditions de travail.

Une vingtaine de manifestants bloquent le MacDonald's des Champs Elysées pendant la pause déjeuner. Crédit : Alice Pattyn
Une vingtaine de manifestants bloquent le MacDonald’s des Champs Elysées pendant la pause déjeuner. Crédit : Alice Pattyn

Sur la plus belle avenue de Paris, le géant de la restauration rapide se pare de drapeaux, de banderoles et des slogans fusent. Des manifestants bloquent l’accès à ceux qui auraient aimés déjeuner chez McDonald’s ce midi. Le projet de vente du fast food à un franchisé inquiète les salariés. Les salariés craignent que leurs conditions de travail se dégradent et que les salaires baissent. « Mcdo, Parmentier, on n’est pas à vendre. Respecte tes client.e.s, respecte tes salariés.e.s » peut-on lire sur les banderoles. Ce franchisé s’appelle Michel Parmentier et possède déjà une vingtaine de fast-food dans la capitale.

Avant de sortir drapeaux, banderoles et slogans, les militants se font discrets devant le restaurant. Certains partent jouer au « faux client ». Le principe est simple : un militant fait des commandes sur les bornes, clique sur le paiement en caisse et ne va jamais récupérer sa commande. C’est un moyen pour « mettre le bazar ».

Il suffit d’une vingtaine de personnes pour paralyser le restaurant. Certains bloquent l’entrée avec des grandes banderoles et d’autres invitent les clients à quitter les lieux. Le début de la grève se passe de manière pacifique sans aucune altercation. Seulement quelques adolescents mécontents insultent les manifestants car ils ne peuvent pas satisfaire leur envie de junk food.

Seulement deux grévistes du fast food

Ce sont principalement des syndicats qui militent. Ces syndiqués ne travaillent pas dans ce fast food mais viennent prêter main forte. Certains sont employés dans d’autres McDonald’s en France. Très peu d’employés du fast food des Champs-Elysées sont grévistes. Seulement deux manifestent et ce sont ceux qui font partie des délégués du personnel et qui sont élus au comité d’entreprise. Massamba Dramé, délégué Sud Solidaires, s’époumone dans le mégaphone et essaye de convaincre ses collègues d’arrêter le travail. Mais aucun n’obtempère et les derniers clients qui ont pu rentrer sont servis. « Ils nous soutiennent par la pensée mais ils ne peuvent pas s’arrêter. Ils gagnent trop peu d’argent pour se permettre de perdre une ou deux heures de travail. Certains sont dans des situations financières délicates » explique Youssef, militant CGT. Mouhamadou est le second employé du fast food qui fait grève. Il est en colère contre la direction. « On a un double discours. La direction dit que c’est un projet top secret et ensuite les managers viennent voir un par un les employés pour leur expliquer que tout va bien se passer, pour les manipuler. On veut un dialogue, mais la direction refuse de discuter avec nous » dit-il, exaspéré.

Massamba Dramé, délégué du personnel, use de son mégaphone pour inciter ses collègues à le rejoindre dans la grève. Crédit : Alice Pattyn
Massamba Dramé, délégué du personnel, use de son mégaphone pour inciter ses collègues à le rejoindre dans la grève. Crédit : Alice Pattyn

La direction assure à ses employés qu’ils seront conservés lors de la vente et qu’aucune diminution de salaire ne sera effective. D’après les syndicats, des scénarios semblables ne se sont pas passés ainsi. « Cette situation s’est déjà appliquée à celui d’Opéra il y a trois ans. Les salaires ont baissé de 23% et désormais, ils ne sont plus que quatre. Mr Parmentier place ses équipes et vire ceux qui étaient sur place » nous indique Raphaël Millon, militant du syndicat Sud Solidaires.

Une employée qui n’a pas souhaité nous communiquer son identité indique qu’elle gagne 950 euros par mois pour 30 heures de travail par semaine. Si une baisse de 23% s’applique sur son salaire, elle ne gagnera plus que 731,50 euros. Un manque à gagner de plus de 200 euros.

Pas de dialogue entre salariés et direction

Après plus de deux heures de blocage, aucun dialogue n’est en cours entre les grévistes, les salariés et la direction. Un grand tableau de conférence est installé sur le trottoir devant le McDonald’s pour que les passants puissent signer une pétition. Des tracts en anglais, japonais, chinois, arabe et français sont distribués aux touristes interloqués. L’enseigne perd plusieurs milliers d’euros pendant cette manifestation qui se déroule durant la pause déjeuner du mercredi, un moment-clé de la semaine.

Des passants s'arrêtent pour signer la pétition et exprimer leur soutien. Crédit : Alice Pattyn
Des passants s’arrêtent pour signer la pétition et exprimer leur soutien. Crédit : Alice Pattyn

Les directeurs et managers sur place ne font aucun commentaire. Ils attendent que les militants partent. La compagnie ne communique pas sur cet événement. Impossible de connaître les réelles raisons de la vente du McDonald’s qui fait le plus gros chiffre d’affaires en Europe. Les syndicats émettent une hypothèse : depuis l’élection d’une nouvelle organisation syndicale en juin dernier, McDonald’s souhaiterait se débarrasser de ceux qui s’opposeraient à la direction. En vendant le restaurant à un franchisé, la compagnie ne gère plus la masse salariale et donc les syndicats.

Les grévistes souhaitent une chose : que le fast food ne soit pas franchisé. Mais sa vente devrait être actée le 19 octobre pour une reprise annoncée le 1er décembre, selon les syndicats.

Alice Pattyn

Un 1er mai sous le spectre de l’élection présidentielle

A moins d’une semaine du second tour de l’élection présidentielle entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, le défilé du 1er mai 2017 a réuni entre 142 000 et 280 000 personnes dans toute la France. Au coeur de la manifestation : la question du Front national.

A l’arrière du cortège syndical, dominé par ses autocollants rouges, des affiches jaunes et noires attirent l’oeil. Ce sont celles du collectif #LePenNON. Un seul mot d’ordre : faire barrage à Marine Le Pen, coûte que coûte. Clara, 25 ans, a voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour, pourtant elle votera Macron au second. « Je me souviens de 2002. Mes parents m’avaient emmenée manifester et il était important pour moi de se rassembler autour du rejet des idées véhiculées par le Front national. Je n’ai pas envie que l’idée du Front national, au second tour de la présidentielle soit banalisée« , explique-t-elle, même si elle admet qu’elle votera Emmanuel Macron à contre-coeur. Un discours que l’on retrouve sur les affiches, qui appellent toutes à voter le candidat d’En Marche !. « En Marche forcée » ou « voter blanc c’est voter FN à 50%« , peut-on lire sur certaines affiches.


#LePenNon pic.twitter.com/8t7yZdhEfd

Le Front national en ligne de mire

Si le 1er mai est traditionnellement la Journée internationale des travailleurs, elle revêt tous les cinq ans un caractère plus politique que syndical à l’occasion de l’élection présidentielle. Ce 1er mai 2017 n’échappe pas à la règle même si les différents appels à manifester contre le Front national n’ont pas eu autant d’écho qu’en 2002. Selon le ministère de l’Intérieur, 142 000 personnes ont manifesté dans toute la France, contre 280 000 pour la CGT. La qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle en 2002 avait fait descendre entre 1,3 et 2 millions de personnes dans les rues. A Paris, ils étaient entre 30 000 et 80 000 personnes à avoir rejoint la place de la République dès 14 heures 30.

A Paris, le cortège, bon enfant, réunit des familles avec enfants, des jeunes et des moins jeunes. La sono diffuse des titres populaires, qui font danser des pancartes anti Marine Le Pen, entre deux slogans contre le Front national. Dans le cortège, peu sont ceux qui invitent ouvertement à l’abstention le 7 mai, malgré un appel lancé, par des militants de la France Insoumise, à défiler contre Le Pen et Macron. Voter Macron ou s’abstenir, la question divise en ce 1er mai.

Un rassemblement en ordre dispersé

A l’inverse de 2002, les différentes organisations n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur le mot d’ordre à adopter. Le cortège syndical, dominé par une intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires, appelle à faire barrage au Front national sans pour autant se prononcer en faveur d’Emmanuel Macron. Un peu plus loin au métro Jaurès à Paris, dans une autre manifestation, la CFDT et l’UNSA, appellent ouvertement à voter Emmanuel Macron au second tour.

Pas de mot d’ordre officiel de la part de l’intersyndicale et des militants laissés à leur libre arbitre. Guillaume, 29 ans, syndicaliste CGT, reconnaît faire face à un dilemme. « Je me suis battu toute l’année dernière contre Macron et sa loi Travail, et ce second tour c’est, pour moi, choisir entre la peste et le choléra« , déclare-t-il. Pourtant, ce syndicaliste qui s’est toujours abstenu aux élections confie qu’il votera pour le candidat d’En Marche! dimanche. « Ce sera le début de la lutte« , conclut-il. Une vision critiquée par un collègue syndicaliste, qui refuse de voter Macron. « Pour moi, ce sera le vote blanc, je ne peux pas mettre un bulletin Macron dans l’urne, ce serait une trahison. Mais ça ne nous empêche pas de trinquer tous ensemble !« , expose ce quinquagénaire, béret vissé sur la tête et mojito à la main.

Une ambiance joviale, qui tranche avec l’atmosphère tendue qui règne en tête du cortège. Une centaine de manifestants s’est rassemblée, prête à en découdre. Les slogans « Tout le monde déteste la police » remplacent les considérations électorales. Dès la place de la Bastille, des affrontements avec les CRS éclatent. Vers 18 heures, les premiers manifestants arrivent eux place de la Nation où ils se dispersent dans le calme.

A Paris, six CRS ont été blessés, selon le ministre de l’Intérieur Mathias Fekl, et deux manifestants ont été placés en garde à vue.

Dorine Goth