Jeux olympiques : la circulation déjà compliquée à Paris

À 50 jours des Jeux Olympiques, de nombreux secteurs de la capitale sont fermés à la circulation pour installer les infrastructures de l’évènement. Les parisiens perdent déjà leurs nerfs sur les axes toujours ouverts.

Serions-nous de retour à l’époque du Covid-19 ? Dans le bas des Champs-Élysées, à la Concorde, aux Invalides ou au Trocadéro, la voiture a soudainement disparu et la ressemblance avec les confinements nous ayant frappés il n’y a pas si longtemps est saisissante. Dans les rues étrangement vides, les piétons se réapproprient le bitume et se photographient plus facilement devant les monuments. Un groupe de touristes anglais se promène en bas des Champs, au milieu de la chaussée, là où circulent normalement, chaque jour, des milliers de Parisiens. Les regards tournés vers l’obélisque de la Concorde, trônant au milieu des tribunes olympiques, ils ne s’attendaient pas à visiter Paris dans de telles conditions.

À quelques dizaines de mètres de là, les klaxons incessants du Cours La Reine tranchent avec cette ambiance joviale. Sur cette artère jouxtant la zone fermée de la Concorde, la circulation, déjà sujet d’éternelles discussions chez les locaux, est devenue infernale. Le trafic n’avance pas et bloque les automobilistes dans leur véhicule. Les livreurs ou, plus grave, les ambulanciers, sont notamment touchés. Également gênés par ces bouchons qui s’accumulent, les chauffeurs de taxis ne décolèrent pas de ces restrictions de circulation. Devant l’esplanade des Invalides, Marc, stationne à l’entrée d’une zone également coupée à la circulation. Ce taxi, d’une vingtaine d’années d’expérience, constate une dégradation de ses conditions de travail. « C’est encore des complications de circulation. On savait que les JO allaient forcément gêner la circulation mais on ne pourra même pas compenser en prenant les touristes car on n’avance pas », explique-t-il, surpris que les rues soient fermées si tôt en amont de l’évènement.

Les automobilistes ne sont pas les seuls à montrer leur surprise devant les grilles barrant la circulation. Place de la Concorde, une cycliste qui descendait énergiquement le bas de l’Avenue des Champs-Élysées pile d’un coup sec devant les grillages entourant les tribunes olympiques. Le crissement des pneus de son Vélib a fait retourner tout un groupe de touristes. Étonnée, cette femme interpelle alors un homme en gilet orange travaillant sur l’installation du site : « Est-ce que je peux faire le tour par là-bas ?», demande-t-elle, surprise. S’empressant de repartir, elle s’insère alors dans une voie automobile, faisant écho aux témoignages de nombreux cyclistes se plaignant, ces dernières semaines, de la dangerosité que les reports de circulation sur les même axes entraînent dans leurs déplacements.

Un QR Code à télécharger pour la semaine précédant la cérémonie d’ouverture

Et la situation empirera dans les prochaines semaines. Le gouvernement l’avait annoncé dans une alerte fracassante sur les smartphones qui avait surpris les Parisiens. Trois zones vont être mises en place le long de la Seine et le téléchargement d’un QR Code sera nécessaire pour y pénétrer. Les promeneurs rencontrés ne semblent, pour l’instant, pas vraiment s’être penchés sur la question mais ce document sera pourtant le seul qui leur permettra de circuler librement.

Autre problématique, la fermeture des ponts va couper la capitale en deux. C’est déjà le cas du pont Alexandre III, face aux Invalides, qui oblige les locaux à se reporter sur les ponts adjacents. Une situation qui ne semble pas stresser Lise, 22 ans, qui s’y promène avec une amie : « Je ne me rends pas compte de la circulation mais c’est super agréable d’être ici ». Le Quai d’Orsay, situé juste à côté, ne semble pas rendre compte du même côté agréable de la situation. L’été 2024 s’annonce chaud et encombré dans la capitale.

Simon Kremer

Éducation nationale : la moitié des élèves de seconde n’ont toujours pas de stage

À 10 jours du début des stages, plus de la moitié des élèves de seconde n’ont pas encore trouvé de stage, alerte le SNES-FSU ce vendredi, le principal syndicat de l’enseignement secondaire. Rendu obligatoire en octobre 2023 par Gabriel Attal lorsqu’il était ministre de l’Éducation, ce stage de découverte de la vie en entreprise doit se dérouler du 17 au 28 juin pour tous les élèves de seconde générale et technologique. Mais une partie d’entre eux n’a toujours pas signé sa convention. Le ministère de l’Éducation nationale assure pourtant qu’ « un très grand nombre d’élèves ont trouvé un stage », tout en prenant le soin de relancer lundi dernier le président du Medef, Patrick Martin, pour mobiliser les entreprises.

Emma Launé-Téreygeol

Harry Styles au Stade de France : « Tu es et tu aimes qui tu veux »

Ce jeudi 1er juin dès l’aube, une joyeuse foule s’est réunie aux abords du Stade de France. De nombreux fans attendent avec impatience le concert de leur idole pop Harry Styles. Sous les couvertures de survie des plus courageux, sur place dès la veille, les tenues les plus extravagantes sont permises, à l’image du chanteur qui revendique sa bienveillance et son ouverture d’esprit. Si certains accusent ce dernier de s’approprier les codes de la culture queer pour vendre, ses fans affirment qu’il représente un véritable changement bénéfique des critères de masculinité.

Les fans attendent le concert d’Harry Styles devant le Stade de France / Photo : Léa Warrin

Derrière les barrières qui les séparent de l’entrée, Marine et Marion se maquillent assises par terre. Les deux jeunes femmes de 19 et 23 ans sont là depuis six heures du matin. Elles racontent l’histoire qui les lie à leur idole : dès 2010, elles écoutaient les CD des One Direction dans leur chambre de jeunes adolescentes. Le boysband auquel appartenait Harry Styles se démarquait déjà par la bienveillance de ses paroles : « On regarde souvent avec mépris les groupes de fans féminins, elles passent pour des hystériques. Les One Direction ont réussi à former une grande communauté très forte, bienveillante et majoritairement féminine. On les aimait en tant que groupe, mais on aimait aussi chacun des membres pour leur personnalité« , témoigne Marine.

Autour d’elles, beaucoup de groupes se sont formés au gré des nouvelles rencontres. De nombreuses fans sont venues seules, persuadées qu’elles trouveraient des consœurs avec qui partager ce moment. C’est de cette manière que Linda et Morgane, 50 ans, se sont rencontrées. Ses deux fans de la première heure ont sympathisé dans la fil d’un concert et depuis elles parcourent le monde pour suivre leur idole ensemble. Linda affirme : « Nous sommes dans un monde régi par les hommes et Harry Styles est une figure qui permet de casser les codes. Il prône des valeurs de liberté et de respect qui sont importantes à transmettre. C’est comme cela qu’il a créé toute une sororité autour de lui ».

Les fans se rencontrent et se changent pour ce soir devant le stade de France / Photo : Léa Warrin

La majorité des personnes présentes ont grandi avec les One Direction et sont entrées dans l’âge adulte au rythme des chansons d’Harry Styles : une évolution au diapason qui renforce encore l’attachement. Pendant qu’elle peint de grands cœurs rouges sur une pancarte, Pauline, 18 ans, raconte : « Quand j’étais plus petite, j’aimais que le groupe parle des histoires d’amour entre adolescents. Aujourd’hui ce n’est plus ce que j’attends d’un artiste. Harry Styles évoque beaucoup les thèmes de la santé mentale dans ses chansons, et ça me parle« . Un discours qui évolue au rythme de son audience, et qui prend en compte des sujets de société comme le harcèlement, l’anxiété ou la dépression. En somme, Harry Styles se fait le porte-drapeau des luttes émergentes chez les adolescents en refusant de s’inscrire dans les stéréotypes de la masculinité.

Linda et Morgane se sont rencontrées à un concert et depuis elles parcourent le monde au rythme de leur idole / Photo : Léa Warrin

« Pas besoin de faire partie de la communauté pour la soutenir »

Certains considèrent que les engagements d’Harry Styles ne sont qu’une manière de rester en vogue. Il est accusé de « queerbaiting« , une pratique marketing visant à tenter d’attirer les personnes de la communauté LGBT en reprenant leurs codes. Du côté des fans, c’est la levée de boucliers : Evan, 20 ans, dénonce ce qu’il considère comme les travers de sa communauté : « Je suis LGBT et pour autant je trouve que ces accusations sont injustes. Le propos de la lutte est de mettre fin aux cases qui définissent les êtres humains de manière arbitraire, et lorsque quelqu’un d’extérieur reprend ces principes ça déplaît. Ça n’a aucun sens« .

Juliette colle les derniers strass sur son costume avant le concert / Photo : Léa Warrin

Quelques mètres plus loin, Juliette, 24 ans, continue à coller les strass multicolores sur son costume. Pour elle, les figures très médiatisées comme Harry Styles permettent de mettre en lumière les luttes féministes et LGBT : « Il remet en question ce que représente la masculinité et c’est comme ça qu’il participe à l’évolution des mentalités. Pas besoin de faire partie de la communauté pour la soutenir« . Devant le Stade de France, les avis sont dithyrambiques : cette icône contemporaine est positive et joyeuse, il ne faut pas chercher au-delà. Gwen, 20 ans, estime qu’une distance est nécessaire entre les artistes et le public : « Avec les réseaux sociaux, on essaye de faire coller nos idoles à nos idéaux, ce n’est pas sain. Je l’aime pour ce qu’il représente, au fond je ne sais pas ce qu’il est« .

Léa warrin
Manon et Marion ont fait leur costume ensemble pour l’occasion / Photo : Léa Warrin