Avec la lente réouverture des bars et restaurants, la question des jobs d’été demeure incertaine pour une population plus que jamais demandeuse au sortir de la crise sanitaire.
Pour les jeunes et les étudiants, été rime souvent avec jobs et petits boulots. Parmi les secteurs qui recrutent le plus à cette occasion : la restauration. Avec ses 59,9 % de travailleurs saisonniers par an selon Pôle emploi, il s’agit de la filière qui dépend le plus de ces travailleurs intermittents. Mais à l’heure d’un été incertain avec une menace de re-fermeture permanente due à la crise sanitaire, le secteur affichera sans doute un visage bien différent pour la période estivale.
Lorsque l’on interroge Achraf, 55 ans, patron du Franco-belge à Versailles depuis plus de vingt ans, la prudence est de mise : « On est contents d’avoir pu enfin rouvrir, mais on fait attention parce qu’à tout moment ça peut repartir ». Échaudé par les arrêtés préfectoraux en vigueur depuis deux semaines suite à la « marée humaine » de la réouverture, Achraf préfère procéder différemment cette année. Face à cette incertitude permanente, il préfère « faire appel aux anciens ». Ainsi, pas de perte de temps à former des serveurs ou cuisiniers pour quelques semaines, les serveurs de cet été doivent être prêts, flexibles et facilement mobilisables en cas de fermeture surprise à cause d’un rebond de la pandémie.
La demande est là, mais l’offre ne suit pas
Même son de cloche du côté d’Isabelle, 51 ans et cogérante du Tir Na Nog à Lille : « Nous avons déjà eu la chance de réussir à conserver toute notre équipe, on ne cherche pas spécialement à engager pour cet été. » Au sortir d’une crise qui a durement frappé le secteur de la restauration, l’objectif principal est surtout de se remettre à flot avant d’embaucher de nouvelles paires de bras parfois inexpérimentées.
Alors que l’on pouvait s’attendre à une demande moindre de la part d’une jeunesse désireuse de profiter de son été suite à une année passée en confinement, il n’en est finalement rien. « Ce n’est pas qu’on ne reçoit pas de demandes, c’est qu’on ne peut pas les accepter surtout que les profils sont plus divers et inexpérimentés que d’habitude, confie Didier Giraud, patron de l’Entrepôt à Biarritz. Il ne faut pas croire que tous les jeunes sont des feignants paresseux, ils veulent bien travailler mais ils ne le peuvent pas ».
L’État et les villes au secours de la jeunesse ?
Parfois critiqué pour sa gestion de la crise sanitaire au sein du monde étudiant, le gouvernement tente de réagir en relançant son initiative 1 jeune 1 solution créé à l’été 2020. Depuis ce lundi, 35 entreprises dont Leclerc, Just Eat ou Accor ont publié près de 10 000 offres d’emplois pour la jeunesse. Cette initiative intervient au lendemain d’une tribune parue dans le Journal du dimanche où ces chefs d’entreprise exhortaient leurs homologues à ne pas faire de cette jeunesse une « génération sacrifiée ».
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L’action fait écho à plusieurs événements organisés à des échelles plus locales. La ville de Versailles a, par exemple, proposé un job-dating le 20 mai dernier sur la grande avenue de Paris qui donne sur le château. « Ça a été un vrai succès car jeunes et employeurs étaient au rendez-vous », explique Charles Rodwell, adjoint à la jeunesse pour la ville.
Les opportunités d’emploi semblent donc au rendez-vous, même si les jeunes demandeurs d’emplois auront sans doute moins de choix que d’habitude pour cet été 2021. Des opportunités bienvenues pour une population dont 82% s’est retrouvée en difficulté financière durant le confinement, selon la Fédération des associations générales étudiantes.
Louis de Kergorlay