Petit dico des réseaux sociaux

1527837078hashtag, nom masculin : Mot-clé précédé du signe dièse (#), permettant de retrouver tous les messages d’un microblog qui le contiennent. Aujourd’hui, ces mots-clés permettent aux communautés de se retrouver et de communiquer entre elles sur les réseaux sociaux. Pro-anorexie, sportifs ou féministes luttant contre les diktats de beauté, à chacun son hashtag. Petit guide des plus utilisés sur Instagram.



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Surnom personnifié de « anorexie ». Sur Internet, les communautés pro-ana, prônant l’anorexie,  relayent des images d’extrême maigreur et des conseils pour s’affamer. Des réseaux sociaux ont interdit l’emploi de ce hashtag mais les groupes persistent.


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Diminutifs de “fitness girl” et “fitness boy”. Sportifs au corps athlétique postant des photos de leur performance et des conseils pour motiver leurs abonnés grâce à des mantras « fitspiration » (contraction de « fitness » et « inspiration »).


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Boisson ultra protéinée obtenue après dilution de compléments alimentaires en poudre. Se prend en complément, pour prendre de la masse musculaire, ou en substitution de repas, pour perdre du poids.


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Mouvement luttant contre les injonctions à la minceur. Lancé aux Etats-Unis en 1996, il explose sur le web en 2017. Contrairement au #fatpositive qui critique la minceur, toutes les morphologies, genres et ethnies sont célébrés dans leur diversité.

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À la poursuite du corps parfait

L’image prend de plus en plus d’importance sur les réseaux sociaux. Les utilisateurs sont prêts à tout pour se montrer sous leur plus beau jour. Entre quête de reconnaissance, culte du corps, et confiance en soi, comment ces plateformes véhiculent-elles des idéaux esthétiques ?

Salle de sport, Colombes
Salle de sport, Colombes / Albane Guichard

Entre deux séries de tractions, Romain, 23 ans, fait une série de photos. Sur son compte Instagram, plus de 700 abonnés peuvent suivre ses performances physiques et “liker” ses biceps gonflés. « Je les poste pour avoir de la reconnaissance », raconte le fitboy.

Miroirs utopiques et parfois dangereux de la perfection esthétique, les réseaux sociaux exacerbent les diktats de beauté de nos sociétés. Ventre plat, côtes saillantes, fesses rebondies, plaquette de chocolat et bras sculptés, il y a des critères à respecter pour afficher un corps « parfait ». Sur Instagram, Youtube ou même Facebook, les challenges minceur ou fitness s’enchaînent, parfois au péril de la santé des participants. Pour des résultats rapides, certains internautes optent même pour des “shakers” protéinés, nouveau régime à la mode. En 2018, la communauté fitness, surnommée “fitfam” pour “fitness family”, représentait  pas moins de 87 millions de publications sur Instagram.

Des communautés au service du corps parfait

Si le culte du corps a toujours existé, ces plateformes en ligne ont rajouté à cette obsession de la perfection physique un besoin de reconnaissance par l’image. Dès le début des années 2000, les blogs et premiers réseaux sociaux ont servi de porte parole à l’injonction à la minceur, un rôle qu’assurait déjà l’industrie de la mode. Des groupes prônant l’anorexie, majoritairement constituées d’adolescentes, ont fleuri sur Internet. Les « pro-ana » (surnom que se donnent les «pro-anorexie») s’y échangent des conseils pour résister à la faim et suivent à la lettre les directives de leur amie Ana, personnification de l’anorexie, parfois jusque dans la tombe.

Sans être à l’origine des troubles du comportement alimentaire, les réseaux sociaux ont amplifié ces phénomènes, comme l’explique Laurence Plumey, médecin nutritionniste et diététicienne :

« Il y a cet espèce de culte de la minceur et avec les réseaux sociaux, il y a des communautés qui se créent, des alliances qui renforcent chez chacune la conviction de bien faire. Ça va être à celle qui réussit le plus à maigrir, à avoir le ventre le plus plat. Le fait de pouvoir communiquer augmente l’émulation et leur donne des ailes pour se jeter des paris fous. »

Ces paris fous, ou challenges, ne cessent de se renouveler sur les réseaux. « Thigh gap challenge » (écart entre les cuisses), « A4 challenge » (taille plus fine que la largeur d’une feuille A4), les adeptes de la maigreur n’ont aucune limite. Depuis quelques années, la tendance est aux défis sportifs. Du « 30 days squat challenge » (exercice de flexion des jambes) pour un fessier musclé en 30 jours au « Top Body Challenge » pour un corps d’athlète en 12 semaines, le but reste le même : transformer son corps en un temps record. Pour la médecin nutritionniste, rapidité est synonyme de danger : « Il faut que les gens comprennent que ces challenges, c’est un encouragement à se dépasser. Il vaudrait bien mieux se jeter des défis de longue durée plutôt que de mettre en péril sa santé. » Mais ce n’est pas chose facile de résister aux promesses magiques, illustrées par des millers de photos « avant/après ». Comme l’explique la sociologue Coralie Le Caroff, le désir de prendre part à ces défis est inhérent aux réseaux sociaux : « Voir des corps parfaits peut produire des comportements de mimétisme, de pression sur le corps des femmes ».

De #thinspo à #fitspo

Depuis quelques années, la mode de la minceur extrême a laissé place à la quête du corps plus musclé. Les hashtags « #fitspo » et « #strongisthenewsexy » ont pris le pas sur le hashtag  «#thinspo ». Sur le papier, c’est positif. Mieux vaut que les jeunes adolescentes rêvent devant des photos de fitgirls, certes minces mais athlétiques et en bonne santé, que sur des corps rachitiques. Et si certaines fitgirls viennent parfois à la salle dans l’unique but de se prendre en photo, « au moins, elles ne restent pas avachies sur leurs canapés », estime Laetitia Massonneau, qui s’entraîne pour le diplôme de coach sportif. 

Laëticia Massonneau, fitgirl
Laëticia Massonneau, fitgirl / Chloé Sartena

Si les hommes sont moins touchés que les femmes par l’anorexie, ils sont tout aussi nombreux à peupler les salles de sport. Pour la première fois, les deux sexes sont concernés à égalité par cette quête du corps idéal. «Le genre est gommé sur ces espaces. Hommes et femmes sont au même niveau d’injonction de perfection », explique Coralie Lecaroff. Romain pratique la musculation depuis 6 ans et admet être préoccupé par son image. Il lit avec attention les commentaires sous ses photos Instagram : « Quand on me dit c’est « lourd », « fort », j’avoue j’aime bien ! » Au-delà du genre, tous âges sont concernés.  « Je vois de plus en plus d’hommes se mettre sur Instagram, raconte Romain. Même des gens d’une quarantaine d’années postent leurs performances physiques en ligne. » Cette obsession des hommes pour leur image a passé un cap, estime Laetitia : « Il suffit de regarder le nombre de mecs dans les salons d’esthétique. Les hommes prennent beaucoup plus soin d’eux ». Comment expliquer une telle tendance ? « C’est lié aux images dans les pubs et sur les réseaux que renvoient les footballeurs par exemple. »

Poussée à son maximum, la quête d’un corps sculpté peut conduire à une addiction : la bigorexie, maladie de dépendance à une pratique intensive et quotidienne du sport dont souffrent les sportifs, professionnels ou non. Certains deviennent même accros aux réseaux sociaux et s’imposent une fréquence de publication élevée, au détriment du plaisir sportif. « Ces gens ne profitent plus de l’instant. Si tu fais ta séance pour publier sur Insta, tu n’es pas dans le sport », estime Laetitia.

La course aux publications
La course aux publications / Chloé Sartena

 

 

 

 

 

 

 

 

Shakers ou blancs de poulet ?

L’obsession pour le muscle ne se limite pas à la pratique du sport en salle. « Quand on travaille son corps, c’est 30% de sport et 70% de nutrition », explique Benjamin Martin, pompier et adepte de musculation. Sur les réseaux, les fitgirls et fitboys vantent les bienfaits des régimes ultra protéinés. Et puisque manger du jambon de dinde et du blanc de poulet 4 fois par jour ne suffit pas toujours, nombreux sont ceux qui ont recours à des compléments alimentaires. Le plus connu : la Whey, une poudre hyperprotéinée produite à partir de lait de vache, très en vogue sur les réseaux.

Sur Youtube, les célébrités comme Tibo InShape font la promotion de leur Whey et se filment en plein entraînement : « Ces vidéos sont une source de motivation », admet Benjamin. On se dit que s’ils y sont arrivés, pourquoi pas nous. » Après s’être laissé tenter par la Whey, le pompier trouve désormais ses protéines dans son alimentation : « Au début il y a un engouement, on en prend, on s’entraîne un max, on fait tout ce que les Youtubeurs disent. Mais avec le recul, c’est juste de la poudre. Autant manger de la dinde, du jambon. Il y a des protéines mais elles sont naturelles. » Romain, lui, essaie chaque nouveau complément alimentaire : « Il y a beaucoup de marques, j’ai tout testé. Le Booster ça ne m’a pas trop fait effet. La Whey je n’ai pas senti la différence. Le PreWorkout m’a fait de l’effet, ça me picotait, j’avais envie de m’entraîner. »

Tous les produits ne contiennent pas les mêmes concentrations. Pourtant, ceux qui en font la promotion précisent rarement la quantité à ne pas dépasser. « Ils n’expliquent pas grand chose, témoigne Benjamin. Je pense qu’il y a des bases en nutrition à connaître avant de prendre de la Whey ». Et ce n’est pas une médecin nutritionniste qui lui dira le contraire : « Un shaker dans la journée, si ils mangent équilibré par ailleurs, ça va. C’est l’excès le problème et il n’y a personne pour leur expliquer quelle est la frontière à ne pas franchir », regrette Laurence Plumey. Au-delà d’une certaine quantité, ces compléments sont nocifs pour la santé :

Shakers protéinés, en complément ou en substution d'un repas.
Shakers protéinés, en complément ou en substution d’un repas / Albane Guichard

« Trop de protéines, ça abîme les reins. J’ai eu un patient qui s’est jeté à corps perdu dans la pratique du sport en salle et qui s’est mis à consommer des shakers et du poulet à des doses qui frisaient l’absurde, raconte la nutritionniste. Au lieu de 60 à 80 grammes de protéines par jour, il n’était pas loin de 300 grammes. »

 

Conséquence ? Une hospitalisation pour insuffisance rénale suivie de 6 mois sous corticoïdes à haute dose. « Il ne pourra plus jamais récupérer des reins en bonne santé », regrette la médecin. Elle met en garde contre le mythe de l’homme fort : « C’est vraiment passer à côté de l’essentiel : la santé. Le corps est un cadeau qui nous est donné en venant au monde et c’est à nous d’en prendre soin. »

Conduites addictives

Romain, fitboy consommateur de Whey
Romain, fitboy consommateur de Whey

Si le sport est bon pour la santé, il est à pratiquer avec modération, tout comme la consommation de compléments protéinés. Les hommes addicts à la musculation ne sont pas plus tendres avec leur corps que les jeunes filles qui s’affament : « L’anorexie tout comme les régimes ultra protéinés sont des comportements extrêmes qui représentent un stress et un danger pour le corps humain. Ce sont des conduites addictives en fait, comme le tabac, l’alcool ou la drogue », précise la nutritionniste.

Plus grave encore, certains sportifs prennent des stéroïdes anabolisants, des hormones liées à la testostérone qui permettent de développer le tissu musculaire à une vitesse fulgurante. « Je connais des gens qui envisagent de prendre entre 10 et 15 kilos de muscles en 6 mois, grâce à la testostérone » raconte Benjamin. Mais ces produits dopants dérèglent complètement l’équilibre hormonal et accroissent les risques de maladies cardio-vasculaires. Heureusement, la majorité des “fitboys” s’en tiennent à la Whey.

Après les injonctions, la prévention

Au-delà des risques de déclencher des addictions liées au corps chez les internautes, comme l’anorexie ou la bigorexie, les réseaux sociaux peuvent également sauver des vies. Certaines communautés aident à lutter contre ces maladies. En septembre 2016, alors âgée de 17 ans, Thaïs, ouvre un compte Instagram, @happeanutb, pour suivre des filles qui se battent contre l’anorexie. « Je voulais voir que c’était possible. » La plateforme lui permet d’accélérer sa guérison. « Sans Instagram, j’aurais mis beaucoup plus de temps à m’en sortir », juge la jeune femme. Des encouragements qui la poussent à partager à son tour son combat. « Je parle de mes peurs, mes défis, mon quotidien, pour essayer d’aider les autres comme ça m’a aidé moi ». Aujourd’hui, 7 400 personnes suivent ses conseils. « Je poste des recettes plus ou moins saines. Le but c’est de montrer que manger ne veut pas dire grossir ». Pour Laurence Plumey, ce témoignage invitant à ne pas tomber dans les erreurs qu’elle a commises peut « beaucoup plus faire vaciller un jeune tenté par une telle aventure, qu’un médecin qui peut avoir un discours jugé comme moralisateur et un peu trop médical. »

De plus en plus de femmes prennent désormais la parole sur ces réseaux pour lutter contre les diktats de beauté et encourager les utilisatrices à accepter leurs corps dans toute leurs diversités. Telle est la devise du « body positive », mouvement créé aux Etats-Unis en 1996 et devenu incontournable en 2017 avec plus de 5 millions de publications sur Instagram.

Finie la suprématie du corps parfait sur les réseaux. Place au naturel : cellulite et vergetures sont désormais fièrement affichées avec le hashtag #bodypositive. La nutritionniste se réjouit que ces plateformes ne soient plus uniquement des
« outils de propagande aux effets pervers » mais servent aussi être d’ « outils d’informations saines ».

Censure virtuelle

Dans cette lignée, Instagram a interdit les hashtags comme « #thighgap » et « #thinspo », et propose de l’aide lorsque l’on recherche des comptes « pro-ana ». Dès lors que l’on cherche le hashtag « #ana », Instagram prévient l’utilisateur que les publications contenants ce tag « encouragent souvent un comportement pouvant nuire ou conduire au décès ». Un lien « besoin d’aide » permet de contacter des lignes téléphoniques d’assistance et propose des conseils pour traverser d’éventuelles « moments difficiles » . Pour Thaïs, ces actions sont positives, mais insuffisantes : “Instagram devrait supprimer toutes les publications pro-ana, mais garder celles qui mettent en garde ou encouragent à se battre comme les photos « avant/après »« .

Sur son compte Instagram, Thaïs raconte son combat contre l'anorexie mentale.
Sur son compte Instagram, Thaïs raconte son combat contre l’anorexie mentale.

Il est cependant impossible pour la plateforme d’exercer un contrôle total sur ce phénomène. À chaque hashtag supprimé, les “pro-ana” trouvent un dérivé : “thinspo” devient “thinsp0”, “thighgap” s’écrit “thightgap”, et “anathinspo” est le nouveau “thinspo”. Et la suppression de la moindre publication du mot “ana” empêcherait la création des comptes pro guérison, tagués “#anarecovery”, comme celui de Thaïs par exemple.

Depuis le 2 avril 2015, en France, la glorification de la maigreur sur les réseaux sociaux est un délit, passible d’un an d’emprisonnement et de 10 000 euros d’amende. Cet amendement voté à l’Assemblé Nationale vise essentiellement les contenus pro-anorexie sur le Web qui incitent “une personne à rechercher une maigreur excessive en encourageant des restrictions alimentaires prolongées ayant pour effet de l’exposer à un danger de mort ou de compromettre directement sa santé. »

info
Albane Guichard

 

Chloé Sartena et Albane Guichard

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« Black Lives Matter » : la principale page Facebook du mouvement était une arnaque

La chaîne américaine CNN a révélé qu’un haut-fonctionnaire du syndicat national des travailleurs australiens a créé et géré une fausse page dédiée au mouvement « Black Lives Matter ». Une escroquerie qui lui a permis de lever 100.000 dollars.

Le mouvement afro-américain "Black lives Matter" milite contre les violences et le racisme systémique subit par les Noirs.
Le mouvement afro-américain « Black Lives Matter » milite contre les violences et le racisme systémique subi par les Noirs. Crédits : CC

L’escroquerie fait sévèrement grincer des dents. La chaîne américaine CNN a révélé mardi 10 avril qu’Ian Mackay, vice-président du syndicat national des travailleurs australiens (NUW), est à l’origine de la page Facebook principale du mouvement « Black Lives Matter » (en français « Les vies des Noirs comptent »). Ce mouvement militant afro-américain, né en 2013, se mobilise contre les violences et le racisme systémique envers les Noirs. La page en question date de 2015 et compte désormais 700.000 abonnés, soit un peu plus du double de la page officielle du mouvement. Le hic ? Ian Mackay est un homme blanc non lié au mouvement, et qui a profité de la cause pour amasser quelque 100.000 dollars, dont une partie a été reversée sur des comptes bancaires australiens.

La page a depuis été clôturée

La révélation de l’escroquerie a entraîné la suspension d’Ian Mackay du syndicat national des travailleurs australiens, et la page a été fermée par Facebook. Le NUW a déclaré dans un communiqué retransmis par le Guardian  qu’une enquête sur les allégations portées à l’encontre d’Ian Mackay et d’une autre personne impliquée dans l’affaire était ouverte.

Axelle Bouschon

Community manager, un métier difficile devenu indispensable

En une dizaine d'années, la gestion des réseaux sociaux est devenue vital pour les entreprises Crédits : Pexel
En une dizaine d’années, la gestion des réseaux sociaux est devenue vital pour les entreprises
Crédits : Pexel

Dépositaire de l’image publique de l’entreprise, le community manager est un élément clef souvent sous-estimé. C’est un métier difficile, en constante évolution, dont dépendent pourtant les habitudes d’achats de nombreux consommateurs.

La compagnie aérienne américaine United Airlines a perdu un milliard de dollars suite à la publication en avril dernier de deux vidéos sur Twitter. Celles-ci montraient des employés de la compagnie être violents avec un passager. Maîtriser les réseaux sociaux est devenu vital, à l’ère où les commentaires Facebook et les tweets peuvent faire la fortune ou la ruine d’une entreprise.

“Attirer de nouveaux clients tout en satisfaisant les anciens”

Depuis l’apogée des réseaux sociaux, le garant de l’image d’une marque sur internet, c’est lui. Le community manager (CM), animateur de réseaux sociaux, est devenu l’outil indispensable des entreprises. Son objectif ? Attirer de nouveaux clients tout en satisfaisant les anciens.

Répondre aux usagers en colère, c’est la partie la plus visible de son travail. La tâche est chronophage mais permet de créer le sentiment d’une relation humaine, au cas par cas. “On répond avec bienveillance, c’est évident”, affirme Yohan Ammouri, 28 ans, community manager indépendant depuis quatre ans. “Je suis adepte du précepte “le client est roi. Mais s’il y a des insultes, notre charte stipule que l’on peut bannir les utilisateurs. Un peu comme on appelle la sécurité dans un magasin.” Le CM doit répondre dans l’instant pour contenter les clients, et tous les lecteurs potentiels.

Ces clients ne sont pas que les jeunes internet natives. “Sur Facebook, il y a tout le monde, les personnes actives ont entre 25 et 45 ans », constate Amélie Bourgeois, cogérante de l’agence Zébrure. « Pour autant, il faut garder un esprit jeune pour renouveler sa communication.” Il est donc important pour les marques de renvoyer une image positive, mais aussi de publier régulièrement pour donner rendez-vous sur le site.

Pour cela, il est indispensable de maîtriser les particularités de chaque réseau. Les hashtags sur Twitter, les émoticons sur Facebook et les photos sur Instagram. “Il faut bien saisir quel réseau choisir dès le début. Une dimension stratégique est venue s’ajouter, ce métier évolue sans cesse”, explique Yohan Ammouri.

Des conséquences directes sur le chiffre d’affaires

Les réseaux sociaux permettent de toucher une audience très large, très rapidement. Contrairement aux journaux, à la radio ou à la télévision, internet permet de cibler directement les personnes qui voient les messages des entreprises grâce à des algorithmes précis. Ainsi, la page Facebook d’un hôtel de luxe sera recommandée aux personnes avec un certain niveau de revenus et qui ont l’habitude de voyager.

Une bonne campagne sur les réseaux sociaux est probablement le meilleur investissement qu’une entreprise puisse faire pour atteindre les clients”, affirme Tristan Mendès-France, spécialiste de la question. “Mais sans community manager, il y a peu de chances que la présence en ligne soit efficace.

40% des utilisateurs admettent avoir été influencés par les réseaux sociaux pour faire un achat important, selon une étude de Vision Critical. La même étude a trouvé que le plus important pour une marque est d’être représentée par une personne amusante et humaine sur internet. Plus que la qualité des produits ou services vendus, c’est le ton du CM qui attire et fidélise les clients.

Un métier commercial et créatif

La place du community manager dans l’entreprise est primordiale et elle attire des profils différents de la plupart des métiers du digital. Le community manager-type est une femme de moins de 30 ans, diplômée d’un bac + 5 en école de commerce. Sa rémunération est très variable, mais commence à environ 2 000€ brut par mois.

La majorité des community managers sont des femmes.
La majorité des community managers sont des femmes.

Mais certains recherchent des profils différents de ce carcan, comme Amélie Bourgeois. Elle n’a retenu aucune candidature issue d’une école de commerce ou de marketing digital. “Un diplôme dans le numérique, ça ne suffit pas. Il est plus important de fournir un contenu créatif”, explique-t-elle.

Ce “métier du futur” convient particulièrement aux jeunes recrues, déjà férues de réseaux sociaux. Pour les jeunes diplômés, ce poste est souvent un premier emploi pour “mettre un pied dans la porte”. Le community manager reste rarement plus de 5 ans en poste. Les jeunes qui l’exercent ont rapidement envie de gagner plus d’argent et de responsabilités.

L’autre explication est moins glorieuse : le métier est éreintant. Toujours collé à un écran, le CM n’a pas de temps libre, il doit répondre aux sollicitations en permanence. “On répond le plus vite possible”, témoigne Amélie Bourgeois “mais on reste des humains, on répond sur les horaires de bureaux pour “éduquer” la communauté.” Sans compter le caractère souvent agressif des messages des utilisateurs. Des critères qui expliquent les risques de burn out, particulièrement élevés dans la profession.

Louise Boutard & Jean-Gabriel Fernandez

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