Le féminisme et le cyber-harcèlement

D’après un rapport des Nations unies, 73% des femmes dans le monde ont été exposées à une forme de violence numérique. « Quand on prend des positions féministes sur les réseaux sociaux on se fait vite harceler ou tourner en ridicule », estime Marion Charpenel, auteure d’une thèse consacrée aux mémoires féministes. Pourtant, dans la loi, l’injure publique est passible de 12 000 € d’amende. Dans les faits, il est compliqué d’obtenir justice.

Les Internettes est un collectif qui encourage les femmes à investir l’espace numérique. Éléonore Maugais explique que la sous-représentation des femmes sur YouTube est liée au cyber-harcèlement : « Même s’il y a peu de cas, ils sont très violents et très médiatisés », ce qui intimide celles qui voudraient se lancer. Alors pour lutter, Les Internettes essayent de créer de la solidarité : « Par la bienveillance, on arrivera à s’en débarrasser : il faut que ceux qui aiment une vidéo le disent, pour noyer le flots de gens qui n’ont rien de mieux à faire que d’insulter ».

Iris Tréhin

Le nouvel élan du féminisme

En 2019, la parole des femmes s’est libérée. Une nouvelle génération de féministes a repris le flambeau. Ces nouvelles activistes investissent les réseaux sociaux et s’engagent sur de nouveaux terrains.

« Une génération bien énervée se prépare », se réjouit Anaïs Bourdet, créatrice de Paye ta schnek, le réseau qui recense, depuis 2012, des témoignages de femmes harcelées dans la rue. Elle s’exprime ce soir au Carreau du Temple, à Paris, dans le cadre du cycle de conférences Présent.e.s. La salle est comble et le public presque exclusivement composé de femmes. Elles sont majoritairement jeunes et représentent bien cette nouvelle génération de féministes qui reprennent le flambeau de leurs aînées. Elles veulent mettre fin au harcèlement de rue, voir plus de femmes à des postes de pouvoir et obtenir l’égalité salariale en entreprises. Elles veulent aussi briser les tabous qui entourent la vie de nombreuses femmes : les règles, le refus d’être mère, le plaisir féminin… En un mot, elles veulent obtenir une égalité réelle entre femmes et hommes.

Lauren Bastide et Anaïs Bourdet lors de la conférence sur le harcèlement de rue. (Photo Pauline Weiss)

« Tu as l’impression que les choses ont bougé ? » questionne Lauren Bastide, la journaliste qui reçoit ce soir Anaïs Bourdet. « Le seul moment où je pourrai dire que ça a avancé, c’est quand on pourra dire que le harcèlement a reculé », répond la graphiste et militante. « L’évolution qu’il y a eu, en six ans, c’est que les femmes ont pris conscience que ces comportements sont anormaux. Mais ils n’ont pas disparu », pointe du doigt Lauren Bastide.

Comment décrire ce nouvel élan, représenté par une grande diversité de femmes ? Des Femen aux Antigones, toutes les militantes n’ont pas le même mode d’action. Le mouvement Femen est né en Ukraine en 2008. Arrivé quelques années plus tard en France, il vise à lutter contre « les trois piliers du patriarcat » : dictature, religion et industrie du sexe. Leurs actions sont spectaculaires : seins nus et poing levé, la tête ornée d’une couronne de fleurs, slogans scandés et peints sur le corps. Un mode d’action très médiatisé qui propulse leur revendications sur le devant de la scène.

En 2016, Iseul, qui appartient au groupe Les Antigones, infiltre le mouvement Femen. Pendant deux mois, la jeune femme observe les militantes et participe à certaines actions. Elle diffuse ensuite une vidéo pour montrer combien les revendications des Femen sont aux antipodes de celles des Antigones. Ces deux mouvements montrent deux visages du nouveau féminisme français. Les Antigones se positionnent comme « différentialistes ». Pour elles, femmes et hommes sont naturellement différents. Elles se considèrent féministes, mais sont très critiques des mouvements actuels qui, selon elles, « prennent les formes imposées par les sphères médiatiques et politiques du jour : obsession du buzz, réaction émotionnelle à l’actualité sans recul critique, absence de réflexion de fond », explique Anne Trewby, présidente des Antigones.

Pour les femmes, se revendiquer féministe est moins simple qu’il n’y paraît. Marion Charpenel, docteure en sciences politiques est auteure d’une thèse consacrée aux mémoires féministes. Elle estime que le mouvement Me Too, né en octobre 2017 après l’affaire Weinstein, a permis à de nombreuses femmes et hommes de s’assumer comme étant féministes. « Mais cela reste un terme qui est toujours un peu connoté négativement ». Elle explique : « Le fait que la question des violences faites aux femmes prenne plus de place dans le débat public a fait que de nouvelles militantes ont rejoint le mouvement, de nouveaux collectifs ont vu le jour et des personnes qui n’étaient initialement pas du tout proches du mouvement féministe ont commencé à s’impliquer ».

Depuis quelques mois, le nombre de comptes féministes explose sur Instagram. En parlant de sexualité, de plaisir, de la place des femmes dans la société, des règles et du corps féminin, les « nouvelles féministes 2.0 » se sont emparées des réseaux sociaux. Marie Bongars en est un exemple. Suivie par plus de 14 400 personnes, elle propose quotidiennement, sur Instagram, une revue de presse sur la place des femmes dans le monde. En parallèle de son métier de kinésithérapeute, elle a également lancé un podcast Une sacrée paire d’ovaires. Chaque semaine, elle y présente une femme et son histoire. Cet engagement féministe a été renforcé par son expérience professionnelle : « En travaillant dans un univers quasi exclusivement masculin, j’ai dû me forger un caractère et être capable de répondre à toutes les stupidités ». L’activité de Marie Bongars sur Instagram est partie d’un constat, celui de la faible représentation des femmes dans les médias.

 

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C’est pour ça qu’il est PRIMORDIAL de se battre tous les jours ✊🏿✊🏼✊🏽

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Selon une étude menée par l’Institut National de l’Audiovisuel, les femmes n’occupent en moyenne qu’un tiers du temps de parole à la télévision et à la radio. Ce chiffre a « révolté » la journaliste Lauren Bastide et c’est d’ailleurs ce qui l’a poussée à lancer son podcast La Poudre, dans lequel elle donne la parole à une femme artiste, activiste, politique… Pour elle, c’est une « proposition de compensation » face à la sous-représentation des femmes dans les médias.

Les podcasts et les activités des militantes sur les réseaux sociaux ont un impact énorme sur les jeunes qui les écoutent ou les suivent. Âgées de 20 à 40 ans, ces nouvelles porte-paroles du féminisme ne se revendiquent pas comme héritières des icônes classiques. Fiona Schmidt avoue ne jamais avoir lu Simone de Beauvoir. Son icône à elle serait plutôt Virginie Despentes.

De son côté, Sarah, étudiante de 23 ans, s’inspire des nouvelles figures des réseaux sociaux qui animent des comptes féministes, comme l’illustratrice Diglee et Dora Moutot, du compte tasjoui. Elle a réellement découvert le féminisme au début de ses études en histoire de l’art, « sensibilisée par des amies ».  Mais la « vraie » révélation survient l’été dernier.  Pour Sarah, c’est tout ou rien : elle suit aujourd’hui plus d’une centaine de comptes sur Instagram et passe des heures à écouter des podcast tels que Quoi de meuf, Mansplaining et Les couilles sur la table. «  C’est un lieu où on se cultive, on apprend des choses. C’est un relai d’actualité culturel et politique », explique-t-elle. Son engagement féministe est désormais bien ancré : « C’est comme si j’avais mis des lunettes et que je voyais désormais le monde à travers ces lunettes que je ne peux plus enlever ». Scroller son fil Instagram serait-il devenu une activité militante ?

Parmi les comptes Instagram récemment créés, 28 jours compte 48 700 abonnés. (Photo Pauline Weiss)

Irenevrose, son pseudo, étudiante en arts de 20 ans et féministe, partage sur les réseaux sociaux son combat contre la précarité menstruelle. « La société ne considère pas que les protections hygiéniques sont un besoin ». Pour prouver le contraire, en février dernier, la jeune femme a passé une journée dans Paris, sans protection hygiénique. Elle a laissé son sang tâcher son pantalon clair. « Je ne demande pas la prise en charge des protections périodiques réutilisables pour toutes les personnes menstruées. Je l’exige. Vous n’êtes pas d’accord. Je tâche. Le sang coule et le sexisme tâche », écrivait-elle alors.

Parler librement des règles, c’est aussi l’objectif du documentaire 28 jours, sorti en octobre dernier. Il a été pensée par Angèle Marrey, Justine Courtot et Myriam Attia pour « briser un tabou ». Justine Courtot alimente le compte Instagram 28 jours qui « décomplexe les règles ». Sa « petite pierre à l’édifice », basé sur la collaboration, recense les questions que les intéressés lui posent. Elle informe avec des textes, des témoignages, des conseils, mais également des illustrations. « Beaucoup de mamans me remercient et me disent que grâce à moi, elles auront un support à montrer à leurs filles quand elles auront leurs règles », détaille la journaliste de 23 ans.

L’autre tabou brisé par 28 jours, c’est l’endométriose. Cette maladie touche aujourd’hui plus d’une femme sur dix. Un chiffre largement sous-estimé, selon la gynécologue obstétricienne Laura Berlingo. L’endométriose, c’est lorsque les cellules de l’endomètre (le sang qui s’écoule pendant les règles) vont, de manière aléatoire, dans des endroits où elles ne devraient pas aller : la vessie, les ovaires, le rectum… « Au moment des règles, ces cellules saignent aussi et font très très mal. Mais les douleurs peuvent aussi survenir lors des rapports sexuels ou en dehors des règles », explique la gynécologue. Elle ajoute qu’il y a « un très grand décalage entre les premiers signes et le diagnostic », environ sept ans.

Emma, créatrice du compte Féminise ta culture, est âgée de 25 ans. L’année dernière, elle a été diagnostiquée de l’endométriose.  « Le fait de mettre un mot dessus c’est un soulagement, jusque-là on disait que c’était dans ma tête ». Elle en parle sans tabous, mais ses proches ne comprennent pas toujours son état de fatigue chronique : « C’est une maladie invisible, donc je passe pour une flemmarde. Même ma mère ne comprend pas que j’ai parfois besoin de dormir 11 heures par nuit. »  

Pour la gynécologue Laura Berlingo, les maladies des femmes sont négligées par rapport à celles des hommes et ce, même dans la recherche. Après un accouchement difficile, certaines femmes ayant subi une épisiotomie [incision du périnée pour éviter les déchirures]  ont été mutilées. Elle a aussi pris conscience que dans les hôpitaux, les chefs de service sont souvent des hommes et qu’en cas de harcèlement, ils sont protégés. Laura Berlingo dénonce une « culture du secret réelle et forte, ce qui freine la libération de la parole ». Face à tout cela, elle a décidé de transmettre son savoir à travers des podcasts, tels que Coucou le Q et Qui m’a filé la chlamydia.

Dans son cabinet, la naturopathe Ilhame Boirie reçoit essentiellement des femmes. Souvent, leurs « problèmes de santé sont liés à des traumatismes suite à des agressions sexuelles », témoigne la praticienne. « Force est de constater que ces agressions sont donc très répandues », ajoute-t-elle. Selon une enquête réalisée par l’Institut national d’études démographiques, 1 femme sur 7 est agressée sexuellement au cours de sa vie. Cela touche particulièrement les jeunes femmes, et les violences sont très souvent perpétuées par un proche.

D’après le ministère de l’Intérieur, les plaintes pour viol ont augmenté de 17% en 2018. Le chiffre monte à 20% pour les agressions sexuelles. Une hausse sensible certainement liée au mouvement Me Too. Pour Anaïs Fuchs, avocate au Barreau de Strasbourg, les choses n’ont pas changé pour « Madame Tout le monde » : « Me Too a donné du courage aux femmes mais il n’y a pas eu de changement du côté des policiers ». Lorsqu’une femme va porter plainte, elle est souvent « mal reçue » et doit faire face à « une nouvelle violence ». « Ce n’est pas toujours le cas », modère l’avocate, « j’ai l’impression qu’aucune instruction n’a été donnée aux forces de police et qu’ils essaient de les décourager ».

Au Planning familial, les bénévoles ont bien mesuré l’ampleur du phénomène des violences sexuelles au moment de Me Too. Les femmes osent enfin en parler plus librement. Alors, la question des violences sexuelles et conjugales est devenue systématique, rapporte Nathalie Marinier, salariée depuis 1987. Mais ce n’est pas le seul combat qui se prépare dans les petits locaux du 10 rue Vivienne, dans le IIe arrondissement de Paris : « L’égalité salariale, l’acceptation de toutes les sexualités, la contraception masculine qui devrait exister depuis des décennies, le congé paternité égal à celui des femmes qui devrait être obligatoire depuis toujours… » énumère Bénédicte Paoli, militante bénévole.

Au Planning familial du IIe arrondissement de Paris, la question des violences sexuelles est désormais centrale. (Photo Iris Tréhin)

Et le combat passe aussi par les mots : « Le langage est fondamental. Employer le terme de salope à tout bout de champ pose question. Ceux qui l’emploient ne se rendent pas compte que ça induit un comportement et des représentations », déclare Sylvie Brodziak, professeure de littérature et d’études de genre à l’université de Cergy-Pontoise. Depuis toujours, elle se présente comme maîtresse de conférence. Face aux universitaires et éditeurs, ce fut une véritable lutte pour imposer ce terme. On lui opposait l’argument du statut : « Ça fait maîtresse des écoles, donc institutrice, ça dévalorise le titre » ou encore « Ça fait maîtresse, soit femme illégitime ». On lui disait aussi qu’il y a « beaucoup plus d’autorité dans le mot « maître » ». Pour elle, tout cela n’est qu’une question de pouvoir. Le 28 février dernier, l’Académie Française a voté en faveur de la féminisation des noms de métiers, actant ainsi de l’évolution de la langue. Sylvie Brodziak le vit comme « un acte de liberté », un moyen de tendre vers plus d’égalité.

Le combat est le même, sur les réseaux sociaux et sur le papier. À la Libraire des femmes, fondée en 1973, le personnel a remarqué un vrai changement ces dernières années. La clientèle s’est largement diversifiée : des jeunes femmes viennent les voir pour être conseillées dans leurs premières lectures féministes et des personnes plus âgées y ont aussi leurs habitudes. Mais depuis quelques temps, la Librairie des femmes reçoit également des hommes, de tous âges.

Pour appréhender le féminisme, la Librairie des femmes conseille un livre : « Chère Ijeawele. Un manifeste pour une éducation féministe » de Chimamanda Ngozi Adichie. (Photo Iris Tréhin)

Il faut dire que le féminisme n’est pas qu’une question de femmes. Les hommes ont un rôle à jouer dans ce combat vers l’égalité. Pour Anaïs Bourdet de Paye ta schnek, cela passe par l’éducation, mais aussi par leur détermination à « ne pas laisser des situations d’oppression continuer. Il faut que les hommes prennent cette question à leur charge de temps en temps ».

Iris Tréhin et Pauline Weiss

 

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Et pour les hommes, ça a changé quelque chose Me Too ?

Burger Mania

Alimentée par les réseaux sociaux, la tendance des burgers n’en est finalement plus une. Le burger est totalement rentré dans les moeurs des Français, et n’est pas prêt de quitter nos assiettes.

 

Le burger, sandwich préféré des Français. (photo Sylvia Bouhadra)

 

Deux tranches de pain, un steak haché, du fromage, des sauces. La recette d’un succès. En 2017, le burger a été élu “sandwich préféré des Français”, devançant le traditionnel jambon-beurre. Il s’en est vendu à pas moins d’1,46 milliards, soit 46 burgers par seconde. Des chiffres pharaoniques, qui se vérifient facilement dans les rues de la capitale. Accoudée devant Le Camion qui fume, célèbre food-truck parisien, Kenya déguste son burger “Barbecue” avec deux amis mexicains, son pays d’origine. « C’est le meilleur burger que j’ai jamais mangé, affirme-t-elle entre deux bouchées. Pourtant je connais bien ceux des Etats-Unis et du Mexique, ils en vendent partout dans les rues ». Kenya raffole tellement de ces burgers qu’il lui arrive parfois de faire 1h30 de trajet depuis son domicile pour venir les déguster. Une habitude qui témoigne de la success story du Camion qui fume, lancé en 2011 et devenu la référence food truck à Paris. Mais comment s’explique réellement cette folie du burger ? Bernard Boutboul, président de Gira Conseil, société spécialisée dans la consommation alimentaire hors-domicile, livre un premier élément de réponse : « Le burger rassemble en un seul produit les quatre aliments préférés des français : le pain, le bœuf, le fromage et les frites ». Il va même plus loin dans son constat, affirmant que le burger « est en train de remplacer petit à petit notre steak-frites national ». L’époque où le burger était l’emblème des fast-foods américains est donc révolue. C’est, en somme, devenu un plat admis dans la gastronomie française.

Depuis l’installation en France de McDonald’s en 1979, le burger est en constante expansion. « C’est plus qu’une simple augmentation des ventes, affirme Bernard Boutboul, parce que les volumes de burgers ont été multiplié par 14 en l’espace de 10 ans. Aucun produit de consommation alimentaire n’a eu cette ascension ». Au début des années 2010, les food-truck se multiplient et le burger prend peu à peu place dans les cartes des restaurants. « Avant que les restaurants se mettent à proposer des burgers, McDo et Quick détenaient 98% du marché. Maintenant, ces enseignes possèdent 21% du marché. » Un phénomène qui, selon lui, n’est pas uniquement de passage. « Le burger n’est pas une mode, les ventes sont continues et ce depuis des dizaines d’années, souligne Bernard Boutboul. Le sushi était un phénomène de mode par exemple, qui est monté et redescendu très vite ». Mais le burger, lui, est fait pour rester.

 

 

Un plat pas si calorique

Longtemps servi exclusivement dans les enseignes de fast-food telles que McDonald’s ou Quick, le burger a l’image d’un plat très calorique et de mauvaise qualité. Un menu Big Mac au McDonald’s pouvant atteindre 1157 kcal. Avec sa démocratisation, celui qui est considéré comme le symbole de la malbouffe et de la junk food (littéralement « nourriture poubelle ») est-il toujours mauvais pour la santé ? « Pour moi c’est un plat sain », répond Sandra Ferreira, diététicienne et nutritionniste. Tout dépend en fait de ce que l’on met entre les deux tranches de pain : « Il faut que les aliments à l’intérieur soient équilibrés. Globalement, l’équilibre d’un repas c’est un féculent, ici le pain, à condition qu’il soit de qualité, une viande, le steak haché ou le poisson, et des fruits et légumes. Un bon burger équilibré peut se consommer plusieurs fois dans la semaine », continue la spécialiste. Attention néanmoins à ce qui accompagne votre hamburger. Si le plat en lui-même peut être équilibré, les frites et la boisson qui vont souvent avec peuvent augmenter drastiquement le nombre de calories. Autre critère pour que le burger sorte de la catégorie malbouffe : le temps que l’on prend à le déguster. Il ne doit pas être mangé sur le pouce mais être savouré tel un vrai plat. « Ça a son importance de s’asseoir et de prendre son temps notamment au niveau du système digestif. Le corps assimile moins les nutriments si on le mange rapidement. » Dans une époque où l’on fait attention à son alimentation, la vogue du burger n’est donc pas paradoxale.

 

« La street-food ça touche tout le monde, même les grands chefs »

Pour suivre la tendance, de nombreux restaurants proposent aujourd’hui des burgers, loin de ceux que l’on trouve dans les chaînes de fast-food. 85% des restaurants français ont un burger à leur carte et le revisitent de bien des manières. Produits biologiques et locaux, originalité des recettes… le burger monte en gamme et devient forcément plus cher. C’est ce que l’on appelle les burgers “gourmets”. Florian est vidéaste sur YouTube et tous les jours, il publie une vidéo où il teste des restaurants et des spécialités culinaires à travers le monde. Sa chaîne “Florian On Air” cumule aujourd’hui 500 000 abonnés. A travers ses “food tours” il a testé une multitude de burgers gourmets : « Quand je voyage en France, chaque région a son burger, les restaurateurs essaient de travailler local. Certains ajoutent du foie gras, il y a des burgers de poisson, au confit ou au magret de canard…Ce n’est pas parce que c’est un burger que ça va être quelque chose de vite fait ou bâclé ». Cette année, le règlement du concours du meilleur burger de France demandait aux participants de proposer une recette valorisant le patrimoine gastronomique français. Le gagnant de l’édition 2017 et patron du restaurant asiatique Goku à Paris, Vincent Boccara, raconte comment il a réalisé le “Black OG”, son burger phare : « Les seuls produits américains dans ce burger sont le cheddar, le bacon, les cornichons, et la sauce BBQ qui est au Jack Daniels. Mais tous les autres ingrédients sont faits avec des produits japonais. Le pain est au charbon végétal, ce qui permet de digérer plus facilement, ajoute-t-il. J’ai mis deux mois à le créer et le mettre au point ». Son Black OG s’est même retrouvé en 2017 à la carte du Mandarin Oriental à Paris, où le double chef étoilé Thierry Marx officie. « Ça a cartonné, ils le vendaient à 38 euros », se réjouit le patron du Goku. Cet intérêt que portent les restaurants gastronomiques pour le burger n’est plus si rare aujourd’hui. A la carte du Meurice à Paris, on peut également le retrouver. « Le burger est un plat simple et international, c’est pourquoi nous le retrouvons dans notre offre de restauration », explique le palace. Même chose pour le Ritz, le Bristol, ou encore le Royal Monceau. Rien d’étonnant pour Vincent Boccara : « Les burgers, tout le monde aime ça. Que tu sois riche, middle class, ou que tu sois pauvre. La street-food ça touche tout le monde, même les grands chefs. »

 

Vincent Boccara a collaboré avec le chef étoilé Thierry Marx en septembre 2017. (photo DR)

 

Le burger, star des réseaux

Cette fascination pour les burgers s’est intensifiée grâce aux réseaux sociaux. Les chaînes de fast-food américaines ont su utiliser des outils comme Twitter et Facebook pour mettre en scène leur arrivée mais aussi leur retour, comme Burger King en 2013. La chaîne Five Guys arrivée en 2016 était quant à elle déjà bien connu des français comme le burger préféré de Barack Obama… rien que ça.  « En France, il y a une certaine fascination américaine, reconnaît Florian. Les réseaux sociaux quel que soit le sujet, prennent le pouvoir dans notre vie et c’est vrai que c’est une façon d’amplifier le bouche-à-oreille », ajoute le vidéaste. Le succès des vidéos de Florian est la preuve d’un certain engouement pour la nourriture sur les réseaux : « Je crois que beaucoup de gens ont plaisir à manger et le fait de voir des trucs qui ont l’air bon à l’écran, ça les met en appétit. Je fais un peu de tout sur ma chaîne mais c’est vrai que tout ce qui est fast-food et surtout les burgers, en général ça marche bien. » D’ailleurs, c’est la vidéo dans laquelle il mangeait un burger à six steaks qui a fait exploser les compteurs de sa chaîne et qui a créé un réel buzz. Vincent Boccara quant à lui ne s’en cache pas, s’il a décidé de mettre un burger à la carte de son restaurant asiatique c’est pour une raison bien précise : « Tu ne buzzes pas sur des nouilles, une salade, ou un curry mais sur ce qui est à la mode, c’est-à-dire un burger. Que ce soit le ramen burger (NDLR : également créé par Goku, les galettes de pain étant remplacées des nouilles japonaises) ou le Black OG, je l’ai fait dans une optique marketing. »Depuis, certains clients viennent exclusivement pour goûter son fameux burger qu’ils ont découvert grâce à Instagram. « Les réseaux sociaux m’ont beaucoup aidé, un burger c’est très visuel. Tu prends un jambon beurre en photo, ça ne va pas être stylé ! Et ça m’a aidé à gagner en notoriété sur les réseaux, c’est sûr ». Attention néanmoins à ne pas en faire trop. Certains restaurateurs créent des burgers de plus en plus fous seulement pour plaire aux réseaux sociaux. Florian qui a récemment testé un burger dans lequel il fallait ajouter le cheddar soi-même grâce à une seringue, explique : « Il y a de la surenchère. On fait des burgers, on sait que personne ne va le finir, mais on va le faire juste parce que ça buzz sur les réseaux sociaux. C’est un peu l’effet pervers de la chose. »

 

 

Alice Ancelin & Sylvia Bouhadra

 

Pour compléter

La recette : l’avocado burger

On a testé pour vous : le « Beyond Meat »

L’hamburger à la conquête du monde

Facebook supprime de nombreuses pages, les accusant de désinformation

Facebook a annoncé avoir fermé de nombreuses pages et comptes.
Facebook a annoncé avoir fermé de nombreuses pages et comptes. Crédit photo : Capture d’écran.

Le réseau social américain a annoncé avoir désactivé de nombreuses pages, avançant que celles-ci ne respectaient pas les conditions d’utilisation du site.

559 pages et 251 comptes supprimés de Facebook. C’est ce qu’a annoncé le réseau social de Mark Zuckerberg jeudi 11 octobre, comme le relaie Le Monde. Ce coup de filet de grande ampleur se fait dans le cadre d’une nouvelle politique de lutte contre le spam et la désinformation, à un mois des élections de mi-mandat aux Etats-Unis.

Accusé d’influencer les précédentes campagnes, notamment par le camp Républicain, le réseau social souhaite ainsi montrer sa volonté de lutter contre les tentatives de diffusion d’informations erronées sur son site. Parmi les pages visées, la plupart se voulaient très engagées et militantes, et pouvaient compter sur d’importantes communautés de « fans ». Pour justifier sa décision, la plateforme a, via son chef de la sécurité Nathaniel Gleicher et son chef produits Oscar Rodriguez dans un post de blog, avancé le fait que les pages en question avaient violé ses conditions d’utilisation contre le spam et « les comportements inauthentiques coordonnés ».

Parmi les responsables des pages concernées, certains invoquent le manque de clarté des règles d’utilisation de Facebook ou estiment exercer une activité militante « dans leur bon droit », rejetant toute accusation de désinformation. Cette décision du réseau social relance le débat sur ses interférences dans la vie politique et militante, après les accusations formulées après les élections de 2016 qui ont entraîné des auditions de son président-directeur général Mark Zuckerberg devant le Congrès américain en avril dernier.