Vendredi, le lauréat sera annoncé. La militante écologique Greta Thunberg pourrait-elle l’obtenir? Les experts sont partagés.
Elle est, selon l’AFP, la favorite des bookmakers pour remporter le prix de Nobel de la paix, décerné vendredi à Oslo, en Norvège. La Suédoise Greta Thunberg est devenue, en un peu plus d’un an, le symbole de la lutte contre le réchauffement climatique.
Sa « grève de l’école » qui a mobilisé des milliers de jeunes dans le monde, lui a valu d’être distinguée par plusieurs prix. Cette année, par exemple, elle a gagné Right Livelihood Award, le “Prix Nobel alternatif”. Pourrait-elle aussi obtenir le Nobel, le vrai cette fois? Les spécialistes de ce prix prestigieux sont assez partagés, comme l’observe Antoine Jacob, journaliste et auteur de Histoire du prix Nobel, publié chez François Bourin Editeurs.
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Trop jeune?
“Greta Thunberg est devenue, en quelques mois, la cheffe de fil de la prise de conscience du danger climatique”, souligne Antoine Jacob. Mais, selon lui, elle est déjà trop sollicitée par les médias. Selon l’auteur, le comité norvégien qui attribue le Nobel de la paix chaque année pourrait vouloir éviter de mettre davantage de « pressions » sur la Suédoise.
L’âge de Greta Thunberg pourrait également être un obstacle. “Elle n’a que 16 ans, rappelle l’auteur, elle est peut-être un peu jeune.” Pourtant, à seulement 17 ans, Malala Yousafzai, une militante pakistanaise des droits des femmes, avait été primée en 2014. “Mais elle ne l’avait pas eu toute seule” souligne Antoine Jacob. Le militant indien Kailash Satyarthi avait également été récompensé par le Nobel de la paix cette année-là.
Le dérèglement climatique, source de conflits
Autre point soulevé par Henrik Urdal, le directeur de l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo, lors d’un entretien à l’AFP : le lien entre changement climatique et conflit armé reste à établir scientifiquement. Selon ce politologue, il n’est pas sûr que la lutte contre le réchauffement climatique contribue au maintien de la paix. Et la relation entre la cause porté par le nominé et l’établissement de la paix dans le monde est évidemment le critère premier pour obtenir le Nobel.
Pourtant, le Comité norvégien a déjà tranché sur la question. En 2007, le GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, et l’ancien vice-président américain Al-Gore se sont vus décerner le Nobel de la paix. “Un des arguments du comité était que les vagues migratoires liées à des problèmes climatiques, comme les sécheresses, par exemple, créent des tensions dans les pays d’accueil”, précise Antoine Jacob.
Greta Thunberg a affirmé lors d’un entretien avec la Radio télévision suisse (RTS) que le prix Nobel de la paix “serait une reconnaissance” du mouvement « Fridays For Future ».
Le Nobel à @GretaThunberg le 11 octobre? « Cela amènerait au mouvement une reconnaissance, une force, et le rendrait plus général encore », estime-t-elle dans l’interview qu’elle nous avait accordée. @RTSinfo @RadioTeleSuisse pic.twitter.com/dBBJvKx8fx
— Darius Rochebin (@DariusRochebin) October 1, 2019
Mais la militante écologiste n’est pas la seule candidate. 301 personnes ont été nommées cette année pour obtenir le Nobel de la paix. Il faudra donc attendre vendredi pour connaître le lauréat.
Constance Cabouret