Ce mardi, les juges de la 23ème chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris statuaient sur des cas de comparution immédiate. Entre vol aggravé, recel et trafic de drogue, le box des prévenus affichait complet. Focus sur une affaire de détention et tentative de vente de crack sanctionnée par quatre mois de prison ferme.
Détention et tentative de vente de crack. C’est un des dossiers, impliquant un jeune Sénégalais, sur lequel la 23e chambre correctionnelle du TGI de Paris délibère ce mardi après-midi.
« Vous refusez de décliner votre réelle identité et dites vous appeler “Modou“. C’est étonnant lorsqu’on sait que “Modou“ est le surnom donné aux dealers de crack », lâche la procureure au Sénégalais, debout dans le box des prévenus. Intimidé, ce dernier n’ose pas lever les yeux vers les juges. La tête baissée, il murmure à son interprète : « Je n’ai jamais vendu de drogue, je le jure ».
Il recrache 17 cailloux de crack
Isabelle Goanvic, la présidente, ne se laisse pas émouvoir et rappelle mécaniquement les faits. Samedi 29 avril, place Stalingrad, à Paris. Il est 23h40. « Modou » est entouré d’un groupe d’individus, il a deux cailloux de crack en main. Des policiers en patrouille passent devant lui et entendent : « C’est combien ? ». Les officiers suspectent un trafic de drogue et interpellent le Sénégalais. Celui-ci « devient nerveux », selon les procès verbaux, et tente de prendre la fuite. Il est rattrapé quelques mètres plus loin et immobilisé.
« Le policier rapporte que vous sembliez avoir du mal à respirer. Il vous a alors fait un léger massage cardiaque et vous avez recraché 17 cailloux de crack », détaille la présidente en portant un regard accusateur sur « Modou ». Les bras croisés, emmitouflé dans une chemise en jean trop grande pour lui, le jeune homme confie sa réponse à la traductrice : « Je ne savais pas ce que contenaient ces sachets. Les gens qui étaient autour de moi vendaient des cigarettes, moi je ne vendais rien, je faisais la manche. J’ai eu du mal à respirer parce que le policier m’a serré à la gorge, je n’avais pas de drogue dans la bouche ».
« Vous vendez la mort »
Des arguments qui ne semblent pas convaincre Isabelle Goanvic. Elle rebondit sur les 166 euros trouvés sur le prévenu au moment de son interpellation. Perdu, il murmure des mots que son interprète ne parvient pas à traduire. Pour lâcher finalement : « C’est une amie qui me les a donnés ». L’hypothèse est rapidement anéantie par la procureure. D’une voix forte, d’un ton sévère elle énonce : « Monsieur était place Stalingrad pour vendre du crack, cela ne fait aucun doute. D’où la somme d’argent en sa possession ». Elle insiste sur les ravages de cette drogue dure et requiert six mois de prison ferme avec une interdiction de territoire pendant dix ans. « Vous vendez la mort Monsieur », conclut-elle, le regard noir.
Au tour de l’avocate de la défense. Les examens sanguins révèlent que son client ne se drogue pas, l’analyse de son téléphone portable ne laisse pas présumer de l’existence d’un réseau de trafic de stupéfiants auquel il pourrait participer. Elle a beau invoquer le « manque de preuve pour constituer l’infraction », le verdict tombe. La cour a tranché. Quatre mois de prison ferme pour « détention d’une quantité de drogue toxique qui mérite d’être punie ».
Ambre Lepoivre