Funéraire 2.0 : quand les start-up veulent réveiller les obsèques

Le marché du funéraire est en pleine diversification, et de nombreuses start-ups veulent leur part du gâteau. Cercueils en carton, cendres transformées en diamants ou QR codes qui permettent d’en savoir plus sur la vie du défunt, les innovations ne manquent pas.

Dimanche 27 mai, la foule se presse au cimetière du Père-Lachaise. Entre deux tombes de célébrités, la sépulture du photographe André Chabot détonne, avec son gigantesque appareil photo en marbre flanqué d’un QR code. Certains passants, intrigués, se prennent au jeu et scannent le code-barres avec leur smartphone. Ils sont aussitôt renvoyés sur un site web qui raconte la vie de l’artiste et présente ses travaux.

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« C’est la première fois que je vois un truc pareil », sourit une touriste devant le QR code apposé à la tombe du photographe André Chabot dans le cimetière du Père-Lachaise. Crédits photo : Samuel Kahn

Depuis quelques années, ce dispositif fleurit dans les cimetières. Développé par une multitude de start-up, il permet aux visiteurs curieux d’obtenir des informations sur le défunt qui occupe une tombe. Texte, vidéo, lettre d’amour et même parfois photographies intimes, toutes les fantaisies sont permises. Mais ce code-barres un peu particulier n’est pas la seule innovation à vouloir changer le paysage du funéraire français : cercueils en carton, urnes miniatures à porter autour du cou, compost ou encore diamant à base de cendres humaines, les start-up rivalisent d’idées pour capter ce marché en pleine explosion.

La ruée vers le funéraire

Le baby-boom de la seconde guerre mondiale va se transformer en papy-boom en 2020, avec 800 000 décès par an, contre 500 000 aujourd’hui ”, professe Manon Stundia, cofondatrice de Facilib, une société qui propose à ses clients de prendre en charge la gestion administrative des obsèques de leurs proches. Aujourd’hui, le marché français du funéraire pèse 2 milliards d’euros. Un chiffre amené à augmenter considérablement, ce qui donne des idées à plus d’un entrepreneur.

Brigitte Sabatier, par exemple, ne supportait plus de voir “ces beaux cercueils en bois laqué qui finissaient juste par être brûlés, et qui en plus ne brûlaient même pas très bien” et a donc cherché une alternative. En 2016, elle lance abCrémation, une start-up “française et 100% écologique” qui propose des cercueils et des urnes en carton. “C’est un produit qui est bon pour la planète. Les colles sont végétales, les encres sont aqueuses, le papier pour le carton est recyclé… L’écologie passe aussi par les funérailles !”. Un projet pour lequel elle a longtemps bataillé, jusqu’à la publication en 2016 d’un décret autorisant l’utilisation de cercueils en carton partout en France. Avant cela, une quarantaine de départements français refusaient net la présence de cercueils en carton pour des raisons d’hygiène et de sécurité.

La société Eco-Cerc propose des cercueils en cellulose recyclée depuis 2012. « Je n’imaginais pas que le secteur des pompes funèbres serait aussi hostile : ils ont tout fait pour me tenir à l’écart des crématoriums », confiait au Monde sa créatrice, Martine Saussol, en janvier 2014. Crédits photos : eco-cerc.fr
La société Eco-Cerc propose des cercueils en cellulose recyclée depuis 2012. « Je n’imaginais pas que le secteur des pompes funèbres serait aussi hostile : ils ont tout fait pour me tenir à l’écart des crématoriums », confiait au Monde sa créatrice, Martine Saussol, en janvier 2014. Crédits photos : eco-cerc.fr

L’alternative proposé par abCrémation et les autres vendeurs de cercueils en carton a le mérite de coûter moins cher aux consommateurs. Les prix débutent généralement autour de 100 € pour les cercueils en carton contre 800 € pour les modèles en bois. Problème : la baisse des prix entraîne souvent une chute de la qualité des produits. Si Brigitte Sabatier affirme que ses produits “remplissent les normes d’hygiène, de sécurité et d’épaisseur fixées par la loi, et sont écologiques”, ce n’est pas le cas pour tous les cercueils en cartons proposés à la vente. François Colliot, directeur des pompes funèbres Santilly Bigard à Levallois-Perret estime ainsi que bien souvent, la colle utilisée pour ces cercueils, devient “très polluante” une fois brûlée. “En plus, les nouvelles normes de résistance des cercueils rendent difficiles l’utilisation du carton” conclut-il, visiblement pas emballé par la tendance.

Il faut dire que pour les crémations, le cercueil en carton ne fait pas l’unanimité. Jean-Michel Saint-Julien, chef d’agence de l’entreprise de pompes funèbres Roc-Eclerc, dans le onzième arrondissement de Paris, l’explique : il y a 10 ans, une famille lui demande que leur proche soit incinéré dans un cercueil en carton, en raison de ses “convictions écologiques”. Il effectue donc des démarches auprès du crématorium de la ville qui refuse, “le cercueil risquant de brûler avant d’entrer dans le four”. Seule solution : présenter à la famille un cercueil en carton pour la cérémonie, puis “mettre le cercueil en carton dans un cercueil en bois” au moment de la crémation. Tant pis pour l’écologie.

Diamants, vinyles… Le devenir des cendres soumis à la législation

D’autres sociétés vont plus loin encore dans l’innovation. Pour 5.500 €, les entreprises Lonité et Algordanza, toutes deux basées en Suisse, proposent ainsi de faire des cendres d’un défunt un diamant de 0.4 carats. Un processus rendu possible par le composé constituant commun aux cendres et aux diamants, le carbone. Il suffit donc de soumettre les premières à de très fortes pressions pour obtenir les seconds. La start-up Andvinyly, basée en Grande-Bretagne, produit quant à elle des disques vinyle à partir de cendres. Le groupe Heavens above Fireworks promet d’en faire un feu d’artifice, le studio de design Estudimoline un engrais idéal pour faire pousser un arbre du souvenir,  et la start-up NadineJarvis les transforme en crayon à papier.

Mais là encore, ces initiatives se heurtent à la législation. Aujourd’hui la loi interdit ces pratiques. On n’a pas le droit de transformer des cendres en diamants ou d’en faire un arbre. Des cendres c’est un corps, dans un état transformé. Elles sont indivisibles”, explique François Colliot, responsable de pompes funèbres. Un principe instauré en 2008 par la loi Sueur. Mais les contrôles sont rares, et rien n’empêche les proches de disposer des cendres comme bon leur semble une fois ces dernières entre leurs mains. “Comment voulez-vous que le crématorium refuse? Il n’est pas inquisiteur. Son rôle s’arrête à remettre les cendres à la famille et d’informer cette dernière sur ce qu’elle a le droit de faire ou pas”, confirme François Colliot. Une collègue agente du leader de pompes funèbres français OGF abonde : “ Il n’y a aucune règle qui contrôle l’habitat des particuliers, donc même s’ils n’ont théoriquement pas le droit d’avoir des urnes chez eux, on sait très bien que beaucoup le font. Et si certains décident d’en faire des diamants ou que sais-je… Eh bien ce n’est pas dans notre intérêt de les contrarier. On préfère faire la sourde oreille”.

Des innovations qui ont du mal à convaincre les Français

Pas si facile, donc, de révolutionner les pratiques funéraires en France. Les start-up, en plus de faire face à une législation contraignante, doivent composer avec des familles respectueuses de la tradition.

Un QR code ? Mais c’est quoi ça ? Si les gens ont envie de me connaître, qu’ils viennent me voir de mon vivant, pas sur ma tombe !” s’emporte ainsi Annick, 82 ans. Cette retraitée fait partie de ces rares français qui ont déjà pris l’ensemble de leurs dispositions pour leurs obsèques. Quand j’étais plus jeune, se souvient Annick, j’avais imaginé mon mariage parfait, avec le gâteau, les bougies, la grande allée et la robe idéale. Mon enterrement c’est un peu pareil, sauf que je ne serai pas là pour le vivre”. De fait, elle a déjà acheté son cercueil, en “joli bois blanc, de forme tombeau”. Il lui a coûté 1 500 €. Et plutôt que de le laisser aux pompes funèbres, Annick le garde dans sa cave. “Comme ça, je suis sûre qu’il est bien à l’abri ! Les invités sont toujours curieux de le voir quand je leur en parle. Ils trouvent cela bizarre, mais moi, ça me fait rire”. Cette énergique octogénaire a également réservé sa place dans un cimetière de Nice, à côté de son époux, et a même prévu la tenue qu’elle souhaitait porter pour le grand jour. “J’ai aussi suggéré à mes proches des idées de restaurants où ils pourraient aller manger après la cérémonie, mais ça, je leur laisse la décision finale, sourit Annick. Je veux que mon enterrement soit comme une fête en mon honneur. Je ne peux pas empêcher les gens d’être triste. Mais je ne veux pas leur imposer de tout organiser, surtout que je veux que ça se passe comme j’en ai envie.

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Dimanche 27 mai, fête des mères, les visiteurs sont nombreux à se recueillir au cimetière de Meudon-la-Forêt. En 2017, 65% des Français ont choisi de se faire inhumer. Crédits photo : Axelle Bouschon

Pour Jean-Michel Saint-Julien, agent de pompes funèbres, Annick, quoique bien préparée, est avant tout “une originale”. Il faut dire que les Français sont généralement mal à l’aise avec ce sujet. Jean-Louis Duchêne, ancien militaire de 79 ans résidant à Meudon-la-forêt, est de ceux-là. “Des fois, le sujet vient dans la conversation avec des amis, mais on n’en parle jamais trop longtemps. Ce n’est pas bien joyeux, aussi, comme idée. On dit toujours à celui qui a commencé à en parlerArrête-toi ! On verra bien quand ça arrivera, on ne veut pas y penser !””. “La mort en France est escamotée”, confirme Jean-Michel Saint-Julien, on en parle très peu”.

L’incinération de plus en plus plébiscitée

Quant à ceux qui prennent leurs dispositions, ils se contentent souvent de mettre de l’argent de côté et laissent à leurs proches des instructions quant à la manière dont ils veulent que l’on dispose de leurs corps.

Au cours des dernières décennies, l’incinération a gagné en popularité : si en 1979, on ne comptait que 1% d’incinération en France, ce chiffre est passé à plus de 35% en 2017. Et cette progression ne semble pas s’arrêter de sitôt : selon un sondage IPSOS de 2018, 56% des français préfèrent une incinération à une inhumation.

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« C’est mon urne préférée », montre Estelle Godreau, employée des pompes funèbres de Santilly Defer. Dans cette boutique qui fait face au cimetière du Blanc-Mesnil, les vases funéraires sont plus nombreux que les pierres tombales. Crédits photo : Samuel Kahn

 

Après crémation du défunt, les proches peuvent décider de faire enterrer les cendres dans une concession funéraire, de façon  similaire à une inhumation. Il est également possible de conserver l’urne qui les recueille dans un columbarium – un bâtiment funéraire placé dans un cimetière et géré par la commune qui peut accueillir les cendres d’un ou plusieurs défunts -, ou encore de disperser les cendres soit dans un espace aménagé par la commune – appelé « jardin du souvenir » -, soit dans un lieu public. Il faut alors notifier le maire de la commune dans laquelle on effectue la dispersion.

L’incinération, c’est d’ailleurs la solution qu’ont choisi Pierrette et son mari Louis. Ce couple de retraités réserve depuis trois ans une concession trentenaire dans le columbarium du cimetière de Genay, dans la banlieue lyonnaise, où ils résident depuis plusieurs années. Une place qui pourra accueillir les deux urnes du couple : “Ça fait soixante ans que je suis avec mon mari, je n’ai pas envie d’être séparée de lui après la mort !” . L’inhumation, pas vraiment la tasse de Pierrette : “Être enterrée sous la terre avec les vers et tout…” grimace la retraitée, “je me disais qu’être incinérée c’était plus simple”. Et plus facile pour les proches aussi, qui n’auront plus qu’à choisir les urnes du couple au moment venu.

 

En 2017, 35% des défunts ont été incinéré. Dans 15% des cas, et comme le prévoient Pierrette et Louis, les cendres du défunt sont placées dans un columbarium. Un choix généralement moins onéreux qu’un caveau, mais dont le prix varie grandement d’une commune à une autre. Crédits infographie : Axelle Bouschon

La guerre des places dans les cimetières

Si Pierrette, Louis, et Annick ont pu réserver leur concession sans trop de problème, pour certains, trouver une place s’apparente parfois à un parcours du combattant. Les cimetières des grandes villes sont engorgés. Et les places restantes sont chères. Dans les cimetières de Paris intra-muros, une concession perpétuelle coûte 7 764 € le mètre carré. Les candidats au Père-Lachaise ou à Montparnasse n’ont aucune certitude d’y accéder, les deux cimetières étant pleins à craquer. Les places se libèrent au gré des reprises de concessions.

Un processus très long et très incertain”, selon le conservateur adjoint du cimetière de Montmartre, Frédéric Tempier. “Il faut envoyer des lettres recommandées à tous les ayants-droit et la moindre erreur peut faire capoter la procédure de tous les dossiers”, explique-t-il. Au cimetière de Clamart, le gardien regrette d’être “parfois obligé de remplacer le cercueil d’un défunt donc la concession n’a pas été renouvelée par un autre dans les jours qui suivent”. Au cimetière de Montmartre, il est impossible de réserver une concession : les milliers de personnes qui souhaitent y être enterrés n’ont d’autre choix qu’espérer la libération d’une concession le jour de leurs obsèques. En 2017, seulement 386 personnes ont pu y être accueillies.

Décennale, trentenaire, cinquantenaire ou perpétuelle : le prix d’une concession funéraire dépend en partie de la durée de location choisie par le défunt. La commune où ce dernier est inhumé est l’autre facteur qui détermine le prix final : ce prix peut être jusqu’à parfois 15 fois plus important d’une commune à une autre. Crédits infographie : Axelle Bouschon

Pour pallier ce problème, des solutions ont été envisagées dès les années 1980. Une pelouse cinéraire où il est possible de disperser des cendres et de venir se recueillir a ainsi été installée au cimetière du Père-Lachaise en 1985. Mais là encore, le lieu est victime de son succès : “On en est à 1300 dispersions par an, on est à saturation”, déclare la conservatrice du cimetière, Martine Lecuyer. Il y a trois ans, une borne électronique a été installée à l’entrée du cimetière. On peut y consulter les noms des défunts et la date de la dispersion de leurs cendres.

Guilherme Evangelista, restaurateur à la retraite, recherche le nom de son frère, dont les cendres ont été dispersées l'année dernière sur la pelouse funéraire du cimetière du Père-Lachaise
Guilherme Evangelista, restaurateur à la retraite, recherche le nom de son frère, dont les cendres ont été dispersées l’année dernière sur la pelouse cinéraire du cimetière du Père-Lachaise. Crédits photo : Samuel Kahn

Ces dispositifs innovants (électroniques ou non) rencontrent un certain succès. On devrait donc être amenés à voir des QR codes et des écrans se multiplier dans les cimetières français dans les prochaines années, même si Martine Lecuyer admet que “la ville de Paris a quelques années de retard”.

Si aujourd’hui, les innovations funéraires ne manquent pas, nombre de ces propositions ont du mal à convaincre. Clients comme vendeurs pointent du doigt le côté parfois fantaisiste de ces inventions qui, plutôt qu’apporter une réponse aux problèmes rencontrés par les familles et les municipalités – le manque de place, les prix encore trop élevés entre autres -, s’apparentent parfois bien plus à des gadgets.

Axelle Bouschon & Samuel Kahn

Inauguration du monument aux enfants juifs déportés, entre souvenir et transmission

Le monument de mémoire aux enfants juifs déportés a été inauguré au cimetière du Père-Lachaise jeudi 12 octobre par la maire de Paris. Un moment plein d’émotions. L’importance de transmettre la mémoire de cet événement aux jeunes générations a été soulignée. Il s’agit du premier monument dédié à ces 11 450 victimes.

Anne Hidalgo lors de l’inauguration du monument, jeudi au Cimetière du Père LachaiseCrédits : Louise Boutard

Au fond du cimetière du Père-Lachaise, allée du mur des fédérés, la foule est plus nombreuse que prévue. Les chaises manquent pour accueillir les 300 personnes venues assister à cet événement sous surveillance militaire. La moyenne d’âge dépasse les 70 ans. Survivants de la déportation, représentants des associations de mémoire, enseignants et élus ont été invités à l’inauguration du monument aux enfants juifs déportés entre 1942 et 1945.

A 14h55, la Maire de Paris Anne Hidalgo arrive, en même temps que quelques gouttes de pluie. Cependant, les parapluies se referment bien vite, alors que Frédérique Calandra, maire du XXe arrondissement prend la parole. « Parmi ces 11 000 enfants, plus de 1 000 viennent du XXème arrondissement, rappelle-t-elle avant de poursuivre, émue. Beaucoup, n’avaient pas un an. Il est de notre devoir, de notre responsabilité de se souvenir de ce crime auquel la France a participé. »

Frédérique Calandra et Anne Hidalgo pendant l'inauguration. Crédits : Louise Boutard
Frédérique Calandra et Anne Hidalgo pendant l’inauguration.
Crédits : Louise Boutard

Chaque discours se termine par un morceau de musique, interprété au violoncelle et/ou en chœur par les étudiants du lycée Jean de la Fontaine. Ainsi, la jeunesse d’aujourd’hui se mêle à celle d’hier. Pour André Panczer, président du Conseil national pour la mémoire des enfants juifs déportés, c’est par l’éducation des jeunes que doit passer la mémoire des abominations passées. « Les enseignants ont le devoir de faire passer cette mémoire pour que les jeunes soient prémunir contre la haine et le rejet de l’autre », souligne-t-il.

Cet homme a dédié sa vie au devoir de mémoire envers les enfants juifs. L’émotion n’est donc pas feinte. Après un silence, il décrit la statue, toujours recouverte d’un voile blanc. « Chaque visage devenu transparent sur ce monument, permet de voir le visage d’un enfant que nous avons connu et qui a disparu dans la fumée, raconte l’homme qui avait huit ans pendant la guerre lorsqu’il est parti se réfugier en Suisse sans ses parents. 11 450, ce n’est qu’un nombre, mais chacun représente un enfant de chair et d’os. Ils ne sont plus que cendres. » Enfin, il s’adresse à Anne Hidalgo pour lui témoigner sa gratitude : « grâce à ce travail de mémoire, votre nom et ceux de vos adjoints resteront dans l’Histoire. »

La maire lui répond d’un signe de tête. Mais l’Histoire n’est pas la seule raison d’ériger ce monument. Anne Hidalgo affirme sa volonté de faire barrage à la haine d’hier comme à celle d’aujourd’hui :  « tous ceux qui sont tentés par le racisme, l’antisémitisme doivent savoir qu’ils trouveront toujours Paris sur leur route. »

Le monument des enfants juifs déportés a été inauguré jeudi au Cimetiè-re du Père Lachaise. Crédits : Louise Boutard
Le monument des enfants juifs déportés a été inauguré jeudi au Cimetiè-re du Père Lachaise.
Crédits : Louise Boutard

Soixante-douze ans après la Shoah, tous les intervenants ont mis en évidence un parallèle avec l’époque actuelle et ses nouveaux défis. Des enfants de migrants mourants aux portes de l’Europe, à la montée du racisme, de l’antisémitisme et de la violence. Cette haine transparaît dans les propos tenus sans honte sur internet mais aussi par le nombre croissant d’attentats à caractère antisémite. Ces craintes rendent cet hommage d’autant plus important pour Frédérique Calandra : « c’est assez effarant. Aujourd’hui il y a des gens qui dans leur tête permettent le retour de ces actes. Et il y a des gens pour leur trouver des excuses. Ce monument est important car la mémoire fait partie de la culture, et ce sont toujours l’éducation et la culture qui permettent d’empêcher les drames de ce type. Les enfants de France doivent apprendre cette histoire, aussi dure soit-elle. »

De même, la Maire de Paris compare « les petits parisiens d’aujourd’hui » aux disparus auxquels elle rend hommage. Avant de conclure sur un message de paix « d’autant plus important lorsqu’il est difficile à proférer ».

Pour conclure la cérémonie, le monument de style moderne est révélé. Dix-sept enfants et adolescents sont représentés par des silhouettes métalliques, penchées les unes vers les autres. Dix-sept ombres pour représenter 11 450 individus dont certains avaient moins d’un an. « C’est vrai qu’il est beau. C’est moderne, mais c’est beau ! » glisse l’une des invitées à sa voisine en prenant le monument en photo avec son téléphone.

C’est la première fois qu’un monument en France rend mémoire à ces 11 450 enfants.

Louise Boutard

Anne Hidalgo déposent une gerbe de fleurs devant le monument. Crédits : Louise Boutard
Anne Hidalgo déposent une gerbe de fleurs devant le monument.
Crédits : Louise Boutard