Depuis le début du confinement, de nombreux Français privilégient les circuits courts pour se ravitailler. Une situation inédite pour les maraîchers, qui voient leur ventes doubler au même rythme que leurs heures de travail comme Jeremy, producteur et négociant de fruits et légumes dans la région lyonnaise.
Jeremy est debout depuis 4 heures du matin. Pour répondre à la demande exponentielle liée au confinement, le producteur et négociant de fruits et légumes dans la région lyonnaise enchaîne les journées de travail de 15 heures et a réquisitionné parents et amis pour l’aider. “La fréquentation du magasin a explosé, souligne Jeremy. « On est passés de 500 clients par semaine à 800, avec un panier moyen beaucoup plus important. Du coup, notre chiffre d’affaires a largement doublé”.
En plus de sa clientèle habituelle, le maraîcher a vu une vague de nouveaux clients arriver. Et pour cause, des heures d’attente dans les grandes surfaces, des clients méfiants qui privilégient les petits magasins, des restaurants fermés et des familles au complet, qu’il faut nourrir matin, midi et soir. Une situation inédite pour Jeremy, qui n’a pas pu anticiper sa production en conséquence : “Du côté des cultures, c’est compliqué à gérer parce qu’on avait planté en fonction de la demande habituelle. Avec cet afflux soudain, on a été en rupture de stock très rapidement et il a fallu s’approvisionner ailleurs.”
Et après la crise ?
Si les ventes de l’établissement ont doublé, il reste difficile d’estimer l’évolution de la clientèle une fois le confinement terminé. Le producteur se veut vigilant mais estime néanmoins qu’il va pouvoir garder une partie de ses nouveaux clients. “Je pense en fidéliser un tiers, peut-être la moitié. Une chose est sûre c’est que ça nous a fait connaître!”
En plus des règles sanitaires obligatoires (pas plus de trois clients dans le magasin et des gants pour tout le monde), le producteur a réactualisé un système de casiers : les clients adressent leur liste de courses par SMS, un code leur est envoyé quand la commande est prête, ils viennent la récupérer et laissent un chèque dans le casier. Un système que le producteur souhaite conserver après le confinement, et améliorer via une application. Dans un mois et demi, les clients pourront commander directement via leur téléphone.
De cette période inédite, où les producteurs locaux se trouvent en première ligne, Jeremy tire un bilan positif : “Pour moi c’est double travail et opportunité: c’est bénéfique mais il faut s’accrocher”.
Marjolaine Roget