Manuel Valls au sein d’une future majorité En Marche! ? Telle est la suggestion d’Emmanuel Macron, formulée ce mardi matin sur BFM-TV-RMC. Celui-ci propose que l’ancien Premier ministre, qui a déclaré voter pour lui dès le premier tour, prenne l’étiquette En Marche! pour les législatives.
— Jean-Jacques Bourdin (@JJBourdin_RMC) 2 mai 2017
Quelques heures plus tôt, au micro d’Europe 1, Manuel Valls se prononçait justement pour un Parti socialiste (PS) au sein d’une « majorité présidentielle forte et cohérente », autour d’Emmanuel Macron. Il a affirmé son désir de voir le PS clarifier sa « position » et de ne pas mener une «campagne autonome ».
Cependant, le candidat à Évry (Essonne) précise qu’il « n’abandonne aucune étiquette ».
« On n’efface pas une vie politique en quelques heures, en quelques jours (…) J’ai été désigné par le PS et personne ne peut m’enlever cette étiquette », insiste l’ancien Premier ministre.
Le premier ministre Manuel Valls est depuis dimanche en Israël où il a rendu hommage aux victimes de l’Hyper Casher mais également à Ilan Halimi, victime de meurtre antisémite avant de rencontrer le premier ministre israélien. Il compte négocier un futur accord de paix chapeauté par la France.
Le but avoué de son voyage est avant tout de marcher sur les traces du ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, qui l’a précédé la semaine dernière afin de convaincre l’État israélien de participer à la conférence de Paris. Cette réunion, en présence de l’Union Européenne et des États-Unis, aurait pour objectif de négocier un potentiel accord de paix entre Israël et la Palestine. Prévue originellement pour le 30 mai, elle a été reportée au 3 juin prochain. Toutefois, si la conférence représente une opportunité pour la France d’être un interlocuteur privilégié au niveau international, Benjamin Netanyahu, Premier ministre Israélien, a indiqué à Jean-Marc Ayrault privilégier des négociations bilatérales avec la Palestine plutôt que l’ingérence de nations étrangères au conflit. Ce qui rend la visite de Valls cruciale pour mener à bien le projet.
« Un grand scepticisme de la part du gouvernement israélien actuel »
Selon David Khalfa pour iTELE, spécialiste du conflit israélo-palestinien et chercheur associé à l’IPSE, la froideur des politiques envers la négociation préconisée par la France est due à « un grand scepticisme de la part du gouvernement israélien actuel » causé par la « vague d’attaques subies depuis octobre » par une population « qui a fait le constat de l’échec répété des négociations« . Quant aux autorités palestiniennes, plus enthousiastes sur la question de la conférence, cela s’explique à ses yeux par le fait qu’ils « estiment que l’initiative française pourrait remettre le dossier palestinien au centre des préoccupations de la communauté internationale ».
Toutefois la visite est compliquée par la ratification par la France le 16 avril dernier d’une disposition de l’UNESCO qui lie certains lieux saints de Jérusalem à l’islam, ce qui a indigné les autorités israéliennes. L’article a été qualifié de « tentative honteuse de réécrire l’histoire, dans le cadre de la campagne politique contre Israël et le peuple juif » par Yaïr Lapid, alors ministre des finances et président du parti centriste Yesh Atid. De surcroît, la nomination d’Avigdor Lieberman, leader du parti d’extrême-droite israélien, au poste de ministre de la Défense, est un signe décourageant pour toute tentative de paix entre les deux États.
Une tension renforcée par les échecs de diplomatie française
Une tension que Manuel Valls a voulu effacer en déclarant dès son arrivée dimanche à Tel-Aviv: « Je suis l’ami d’Israël« . Celui-ci a également tenu à rassurer Benjamin Netanyahu en affirmant que, malgré la menace de Laurent Fabius selon laquelle la France reconnaîtrait la Palestine en cas d’échec des négociations, une telle décision n’était pas à l’ordre du jour. Le premier ministre a également réitéré les propos qu’il avait tenu lors du dîner du CRIF le 7 mars 2016, qui assimilaient antisémitisme et antisionisme.
Des tentatives de conciliation qui devraient aller dans le sens de Benjamin Netanyahu, qui a rappelé la semaine dernière que son « gouvernement aspire à la paix« . Mais celles-ci n’ont toutefois pas suffi, puisque Netanyahu a déclaré renoncer cet après-midi à toute participation à la Conférence de Paris.
D’autre part, de tels propos ont été généralement mal accueillis par les défenseurs de l’Etat palestinien, qui considèrent que Manuel Valls n’est pas un interlocuteur impartial. Aussi, Taoufiq Tahani, président de l’Association France-Palestine, déclare : « Celui qui a très bien décrit Manuel Valls, c’est Roger Cukierman, le président du CRIF ; il a déclaré que c’était le meilleur interlocuteur français pour Israël. Il ne s’est pas trompé dans son jugement : Oui, Manuel Valls sert beaucoup plus les intérêts d’Israël que les intérêts de la France« . Il ajoute : « Le bilan de la visite est extrêmement négatif. La première raison étant que, alors que la France avait voté la résolution de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine palestinien, il a dit là-bas que c’était une erreur. Le deuxième recul qui nous semble extrêmement grave c’est de renier la parole de la France donnée par Laurent Fabius selon laquelle il y aurait reconnaissance de la Palestine ». Taoufiq Tahani parle également de « déclarations extrêmement choquantes » lorsqu’à l’université de Tel-Aviv, il a évoqué le boycott européen contre les produits israéliens : « Il a parlé d’une détestation de l’état d’Israël et des juifs dans leur ensemble : il continue sur sa politique d’amalgame entre critique de l’état d’Israël et antisémitisme« . Il semble donc que malgré ses efforts, Manuel Valls ne fasse qu’aggraver le mécontentement dans un conflit déjà vieux de plus de cinquante ans.
La composition du nouveau gouvernement a été annoncée par l’Élysée. Il comporte 38 ministres et secrétaires d’État, 19 hommes et 19 femmes. Parmi lesquels, beaucoup de petits nouveaux mais aussi quelques revenants.
On l’attendait, le voilà. Le nouveau gouvernement Valls a été dévoilé cet après-midi par l’Élysée. Au total, dix ministres ou secrétaires d’État rejoignent les rangs du gouvernement, quatre autres s’en vont. Le point.
Les entrants
– Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères
– Jean-Michel Baylet (PRG), ministre de l’aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales
– Emmanuelle Cosse (EELV), ministre du Logement et de l’habitat durable
– Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la communication
– Barbara Pompili (ex-EELV), secrétaire d’État chargée des Relations internationales sur le climat (Élysée)
– Juliette Méadel, porte-parole du PS, nommée secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes
– Jean-Vincent Placé nommé secrétaire d’État chargé de la Réforme de l’État
– Ericka Bareigts, députée de la Réunion, nommée secrétaire d’État chargée de l’Égalité réelle
– Estelle Grelier, député de la Seine-Maritime, nommée secrétaire d’État chargée des Collectivités territoriales
– Hélène Geoffroy, députée PS, nommée secrétaire d’État chargée de la Ville
Les sortants
– Laurent Fabius quitte le ministère des Affaires étrangères et rejoint le Conseil constitutionnel et est remplacé par Jean-Marc Ayrault
– Sylvia Pinel quitte le ministère du Logement et est remplacée par Emmanuelle Cosse
– Marylise Lebranchu, quitte le ministère de la Décentralisation et de la Fonction publique
– Fleur Pellerin, quitte le ministère de la Culture et est remplacée par Audrey Azoulay