Plusieurs milliers de réfugiés Rohingyas se sont « rebellés » lundi 31 mai. Ils ont dénoncé leurs conditions de vie sur Bhashan Char, une île boueuse, battue par les cyclones au large du Bangladesh, au moment d’une visite d’une délégation des Nations unies.
Sur l’île Bhashan Char, au Bangladesh, des milliers de réfugiés rohingyas ont protesté contre l’inaction des Nations Unies face à leurs conditions de vie déplorables, détériorées par la localisation de l’île au large du pays, boueuse, éloignée de tout et en proie à de violents cyclones.
Environ 4 000 personnes, selon les estimations de la police, ont participé à ce mouvement de protestation durant une visite d’inspection de responsables de l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
« Les Rohingyas (…) se sont rebellés dès que les représentants du HCR ont atterri (sur l’île) en hélicoptère aujourd’hui », a déclaré Alamgir Hossain, chef de la police locale. Il a expliqué que les manifestants revendiquaient un changement de leur lieu de vie : «Ils ne veulent pas vivre ici. »
18 000 réfugiés transférés depuis décembre 2020
L’installation des réfugiés sur cette île reculée et hors de portée des organisations de défense des droits de l’homme avait fait polémique. Ces dernières affirment que Bhashan Char est susceptible d’être submergée lors des moussons.
Selon un réfugié rohingya, des briques ont été lancées et la police a empêché les manifestants d’entrer dans un bâtiment où se trouvait la délégation du HCR.
Depuis décembre, environ 18 000 réfugiés rohingyas ont été transférés par les autorités du Bangladesh depuis les camps de Cox’s Bazar jusqu’à l’île inondable de Bhashan Char. Les autorités prévoient encore le transfert de 100 000 Rohingyas supplémentaires sur les 850 000 qui vivent dans la désolation des camps de Cox’s Bazar.
Des accusations de violences
Dès le premier transfert à Bhashan Char, le 4 décembre 2020, plusieurs Rohingyas affirmaient avoir été battus et menacés pour qu’ils consentent à être relogés sur l’île, selon des groupes de défense des droits humains. Le gouvernement du Bangladesh a aussitôt rejeté ces accusations, affirmant en outre que l’île était sûre et ses installations bien plus confortables que celles des camps de Cox’s Bazar.
La plupart de ces réfugiés ont fui leur pays, la Birmanie voisine, en 2017, où une offensive militaire était menée contre eux avec une « intention génocidaire », selon les conclusions des enquêteurs de l’ONU.
Lise Cloix