Une nourrice âgée de 63 ans est jugée depuis lundi devant la cour d’assises de Paris pour avoir secoué un nourrisson de huit mois.
« Nous savons, parce que le corps d’Augustin a parlé, qu’il a subi des secouements. » Lors de son réquisitoire jeudi 14 août, l’avocat général Philippe Courroye a souligné les « certitudes » à la fois « chronologiques » mais également « médicales » présentes dans l’affaire d’un bébé secoué, âgé de huit mois et mort le lendemain des suites de multiples blessures. « Nous savons, a ajouté l’avocat général à propos de la nourrice, qu’elle a pris l’enfant, et qu’elle l’a secoué ».
La cour d’assises de Paris a requis huit ans de prison ferme à l’encontre de la femme, âgée de 63 ans. Recrutée en janvier 2019 par la famille et un couple de voisins résidant dans le même immeuble parisien, la nourrice est poursuivie pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineur de moins de 15 ans.
L’accusée nie les faits
Le 22 mai 2019 à 11h58, la femme, qui s’occupe des deux nourrissons au domicile de la victime, contacte les secours. Dans un discours décrit par la médecin régulateur comme « incohérent » et « paniqué« , elle assure qu’Augustin aurait vomi au réveil de sa sieste et serait désormais dans le coma. Transporté d’urgence à l’hôpital, le nourrisson décède le lendemain matin.
Bébés secoués : quand des parents crient à l’erreur de diagnostic
Les différentes expertises médicales menées sur place puis après le décès de la victime attestent d’une « compatibilité » des blessures du nourrisson avec un syndrome du bébé secoué. À la barre, l’accusée a cependant de nouveau nié les faits. « Je ne peux pas dire quelque chose que je n’ai pas fait« , a-t-elle succinctement déclaré.
« Je ne suis pas sûr de la théorie du bébé secoué »
Lors de précédentes auditions, elle avait décrit un enfant au comportement inhabituel, en pleurs, et particulièrement agité le jour des faits. L’accusée avait également évoqué un comportement suspect du père de la victime, et redirigé la faute vers le couple et une chute intervenue sous leur surveillance plusieurs jours auparavant.
Bébé secoué : le parquet général fait appel de l’acquittement d’une nourrice
« Je ne suis pas sûr de la théorie du bébé secoué, comme je ne suis pas sûr de l’inverse« , a argumenté son avocat, maître Bernard Benaiem. Il a plaidé l’acquittement de sa cliente au « bénéfice du doute » qui subsiste selon lui, tant sur la nature des faits responsables de la mort du nourrisson, que sur la datation de ces derniers.
Avec AFP.