Le ministère russe de la défense a annoncé jeudi 1er juin avoir repoussé, à renfort d’artillerie et d’aviation, une tentative d’ « invasion » ukrainienne mobilisant des dizaines de soldats et des chars. Un nouvel épisode dans une série d’accrochages qui se multiplient depuis un mois, faisant monter la tension dans l’attente de la contre-offensive de Kiev.
Si Kiev maintient le flou sur ses plans de contre-offensive et particulièrement sur sa date, la tension est clairement montée d’un cran ces dernières semaines à la frontière russe. Moscou a annoncé jeudi 1er juin avoir repoussé une tentative d’ « invasion » menée dans la région de Belgorod par « des groupes terroristes ukrainiens comptant jusqu’à deux compagnies d’infanterie motorisée renforcées par des chars ». L’aviation et l’artillerie russe seraient parvenues à repousser cet assaut.
Dix jours plus tôt, le 22 mai, une première incursion avait déjà frappé avec succès la même région. Deux groupes de combattants russes localisés en Ukraine y ont mené un assaut de 48 heures sur trois localités frontalières. Selon les images diffusées, plusieurs dizaines d’hommes et des blindés étaient impliqués.
Une multiplication des attaques
Si la Russie a déjà subi des attentats et des attaques de drones contre ses infrastructures militaires ou logistiques, la nature, l’ampleur de ces deux incursions et le court intervalle les séparant sont inédits. D’autant que, depuis un mois, les attaques se multiplient sur le territoires russe, allant même jusqu’à cibler directement Moscou. La capitale, située à 500km du front, a subi mardi 30 mai une frappe de drones qui a endommagé des immeubles sans faire de victimes. Le 3 mai, deux drones avaient déjà été interceptés juste au-dessus du Kremlin, sans faire de dégâts significatifs.
En réponse à ces attaques, la Russie a intensifié depuis début mai ses frappes sur le territoire ukrainien, à l’aide notamment de missiles hypersoniques et de drones Shahed iraniens. Kiev en particulier, qui a été relativement épargnée depuis la sortie de l’hiver, a subi en un mois près d’une vingtaine d’attaques. La dernière en date, intervenue dans la nuit de mercredi 31 mai au jeudi 1er juin, a fait trois morts dont un enfant. Quelques heures plus tard, Volodymyr Zelensky s’envolait pour le sommet de la Communauté politique européenne (CPE), en Moldavie, pour discuter avec une cinquantaine de dirigeants européens.
Avions de chasse et armes nucléaires
L’escalade de ces dernières semaines concerne également la question des armements. Le 19 mai, Washington a ouvert la porte à la fourniture d’avions de chasses américains à Kiev, et proposé de former des pilotes ukrainiens. Les Etats-Unis accèdent ainsi a une demande ancienne de Volodymyr Zelensky, qui voit dans cette arme une des clés du succès de sa contre-offensive. Moins d’une semaine plus tard, Alexandre Loukachenko annonçait le transfert d’armes nucléaires tactiques russes sur son territoire, une première depuis la chute de l’URSS.
Malgré l’augmentation du nombre des attaques des deux côtés, la véritable contre-offensive ukrainienne devrait encore se faire attendre. Le premier assaut mené en territoire russe était le fait de groupes certes armés par Kiev, mais indépendants. Il n’a d’ailleurs pas été revendiqué par l’Ukraine. Pas plus que les différentes opérations de sabotage ou frappes de drones. Il reste donc pour l’instant difficile d’identifier quelles attaques sont réellement imputables à Kiev, et la stratégie qu’elles servent. Elles participent en tout cas à entretenir les doutes sur les intentions ukrainiennes, et à faire significativement monter les tensions.
Benjamin Milkoff