Bruno Le Maire appelle à ne pas « revenir en arrière » en matière d’impôts en partant de Bercy

Le ministre démissionnaire de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a plaidé jeudi pour que la France ne revienne « pas en arrière » en matière de redressement des finances publiques et de baisses d’impôts, dans un discours dressant le bilan de son septennat à Bercy.

L’heure du bilan pour Bruno Le Maire. Le ministre démissionnaire de l’Economie et des Finances quitte Bercy ce jeudi. Dans un discours de remerciements, il lance ses préconisations pour son successeur qui doit encore être nommé dans le gouvernement du nouveau Premier ministre Michel Barnier. Le locataire de Bercy a déjà confirmé ne pas vouloir faire partie du futur gouvernement.

« La France ne doit pas revenir en arrière sur le rétablissement de ses comptes publics. Elle doit continuer de se fixer pour objectif de revenir sous les 3% de déficit (public) en 2027 » par rapport au PIB, déclare le ministre devant des centaines d’invités à Bercy. « La France ne doit pas revenir en arrière non plus sur les impôts », baissés à hauteur de 55 milliards d’euros depuis 2017, ajoute-t-il.

« Redonner l’espoir salarial aux Français »

Le ministre démissionnaire a également dit partager les inquiétudes de Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), sur le décrochage de l’économie européenne par rapport à celle américaine. « Il est temps de réagir, vite et fort », martèle-t-il. Le prochain enjeu, selon l’homme politique français, sera également de « redonner l’espoir salarial aux Français ».

« Demain je retournerai donc à ma première vocation : l’enseignement », conclut Bruno Le Maire, assurant être « heureux de reprendre le chemin des cours, cette fois sur les sujets économiques et géopolitiques », lui qui était auparavant professeur de lettres.

Crédit photo : Creative Commons / IAEA Imagebank

Comment le gouvernement entend remettre sur les rails le fret ferroviaire français

Après un déclin de son importance depuis les années 1990 et sous le coup d’une enquête de la Commission européenne, le fret ferroviaire français est en mauvaise posture. Le ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune a défendu ses projets pour stabiliser et relancer la filière.

Le fret ferroviaire n’est pas au bout de ses peines. Pour la première fois depuis une vingtaine d’année, Fret SNCF en difficultés depuis les années 1990 retrouver des résultats positifs. La libéralisation progressive du secteur dans les années 2000 n’a pas été la réponse providentielle promise, et la part modale du fret ferroviaire repasse difficilement en 2023 au-dessus des 10%. Mais la filière ne voit pas encore le bout du tunnel. Depuis janvier 2023, la Commission européenne enquête sur l’entreprise pour des subventions non-conformes de l’État entre 2007 et 2019. Si la condamnation aboutit, Fret SNCF serait contraint de rembourser 5,3 milliards d’euros, une somme colossale qui condamnerait la filiale.

Le ministre délégué aux Transports Clément Beaune a été auditionné mercredi 13 septembre 2023 par une commission d’enquête sur le sujet à l’Assemblée nationale, et entend « organiser et sécuriser l’avenir du fret ferroviaire en France comme en Europe au moment de la transition écologique ». La décision du gouvernement est de négocier un accord avec Bruxelles plutôt que d’attendre 18 mois d’enquêtes et de risquer le pire. Le ministre se justifie: « face à une situation douloureuse, la réponse est d’apporter une solution rapide qui limite les risques. Ne jouons pas, sécurisons. »

Sauver l’opérateur central du fret ferroviaire

« Nous ne pouvons pas nous passer d’un opérateur national de référence », affirme Clément Beaune. L’accord doit restructurer Fret SNCF en deux entités séparées, une dédiée au transport de marchandise en lui-même et l’autre à la maintenance. 90% des emplois doivent être conservés, et les 10% restants doivent être redirigé vers d’autres opérateurs du fret ferroviaire, ou réabsorber par le groupe SNCF vers d’autres activités.

Cette restructuration aura toutefois un prix. 23 lignes opérées jusque-là par l’opérateur public vont être cédées d’ici janvier ou juin 2024, à d’autres opérateurs: « tout ce qui sera cédé reste dans le fret ferroviaire, à défaut du Fret SNCF », insiste le ministre. Ces actions visent à rassurer l’alliance 4F qui regroupe les acteurs du fret français, et à donner la visibilité demandée par le groupe en 2022.Il n’y aura « ni sabordage, ni abandon, ni résignation sur la fret ferroviaire français » martèle-t-il.

Revitaliser le secteur entier

Au-delà de sauver les meubles, « l’objectif est d’atteindre les 18% de part modale d’ici 2030 », voire de les dépasser, et donc de retourner à son niveau des années 1980. En clair, le but est de rattraper le retard pris sur le fret routier, et donc de ne céder aucune des 23 liaisons au transport par camion. La filière a toutes ses chances dans la recherche de transports moins polluants, en lien avec les ambitions de réindustrialisation: « les nouvelles industries plus vertes vont chercher des modalités plus vertes », souligne Clément Beaune.

Pour relever ce secteur endeuillé, les efforts passent d’abord par les financements. Les aides allouées chaque année depuis 2020 sont prolongées « au moins jusqu’en 2030 » et « amplifiées de 30 millions d’euros », ce qui amène le montant total à 330 millions d’euros annuels à partir de 2025. Du côté investissements, le ministre rappelle la promesse déjà faite au mois de mai : 4 milliards d’euros engagés entre 2023 et 2032, assuré au moins à moitié par l’État, le reste fourni par les régions et acteurs locaux. Ces sommes impressionnantes restent toutefois loin des 10 milliards d’euros nécessaires, selon les estimations d’un rapport sénatorial de 2022.

Mia Goasguen–Rodeno

Les alcooliers à la conquête du public féminin

Vins pamplemousses ou bières teintées de rose : les alcooliers ont multiplié les tentatives ces dernières années pour séduire un public féminin.

« L’intérêt de cibler les femmes est qu’elles ne “ boivent pas suffisamment ” par rapport aux hommes, en tout cas au regard des industriels de l’alcool », avance Karine Gallopel-Morvan, professeure des universités à l’École des hautes études en santé publique (EHESP). 

Selon Franck Lecas, responsable du pôle loi Évin au sein de l’association Addictions France, la manoeuvre existe déjà depuis plusieurs décennies. « Les études montrent qu’à l’internationale, il y a un marketing qui se développe en direction des femmes dans les années 1990 avec ces notions de produits sucrés. on met en avant la femme qui travaille, réussit, consomme de l’alcool et fait l’apéro », explique-t-il.

Un affaiblissement de la loi Évin 

En France, la Loi Évin,votée en 1991, limite fortement les opérations de publicité comprenant de l’alcool. Elle est donc censée agir comme un pare-feu face aux évolutions récentes décrites par Franck Lecas. Or, ce n’est plus vraiment le cas, notamment depuis 2009. En effet, en vertu de la loi de modernisation de notre système de santé adoptée cette année là, les alcooliers ont la possibilité de faire de la publicité sur internet.

Et tout s’est accéléré, avec l’apparition par exemple d’influenceuses. « Elles sont payées par des marques d’alcool pour diffuser de l’information de manière très subtile et pas trop publicitaire envers leurs abonnés », décrypte Karine Gallopel-Morvan. Surtout, elles participent à l’émergence d’une offre destinée précisément aux femmes. Pour autant, ces influenceuses ne forment pas le seul volet du marketing des alcooliers.

« Des flacons de parfum, des étuis de rouge à lèvres »

En effet, il existe également tout un travail ciblé sur le packaging. « Il y a des flacons de parfum, des étuis de rouge à lèvre, des formes rappelant des chaussures ou des vêtements », énumère Karine Gallopel-Morvan. Pour Franck Lecas, il s’agit de reprendre des « stéréotypes de femmes, avec le rose, le girly, le sexy et le luxe aussi ». 

Il cite également le marketing à l’oeuvre sur les produits, prenant l’exemple des eaux alcoolisées dont l’atout serait d’être moins caloriques. « Ce qui est bien sûr faux mais ce sont ces arguments qui ciblent les femmes davantage sensibles à ces questions de santé et de poids », ajoute-t-il.

Autre élément, les alooliers cherchent à attirer des jeunes femmes. Karine Gallopel-Morvan évoque par exemple la bière Belzebuth proposant un « packaging rose, un goût à la framboise, et une boisson à trois degrés d’alcool […] ciblant très clairement les adolescentes ».

Quelle position pour les pouvoirs publics ? 

Face à ces stratégies de marketing, l’Etat marche sur des oeufs. Comme dans toutes ces problématiques liant alcool et santé, Il doit arbitrer selon des choix économiques ou sanitaires. Et il prend souvent le sujet avec des pincettes.

« L’Etat réagit dès que l’industrie de l’alcool bouge un petit doigt. Il y a par exemple le cas du Dry January : au départ Santé publique France, donc un organisme public, devait mener la campagne. Quand il a fallu la faire valider à un plus haut niveau, le Président de la République a refusé qu’elle soit portée par le gouvernement en raison de la pression des lobbys. », commente Karine Gallopel-Morvan. Face au jeu d’équilibriste mené par les pouvoirs publics, la conquête du public féminin est donc loin d’être terminée pour les alcooliers.

 

Lola Dhers et Baptiste Farge 

 

 

Plan de déconfinement : les réactions des politiques au discours d’Édouard Philippe

Le Premier ministre a présenté aux députés ce mardi 28 avril la « stratégie nationale » du gouvernement pour préparer le déconfinement des Français à partir du 11 mai, sans relancer l’épidémie de Covid-19. Très attendu, le discours d’Édouard Philippe a été largement commenté par la classe politique française. 

Le discours s’est déroulé dans un hémicycle presque vide. (Christophe/Flickr)

Le gouvernement s’attendait à une journée houleuse et il n’a pas été déçu. La présentation du plan de déconfinement par Édouard Philippe ce mardi a été fraîchement accueilli par l’opposition. Sachant que les critiques s’étaient abattues sur l’exécutif avant même le discours du Premier ministre.

Profitant du temps de parole qui leur était alloué, l’opposition a fustigé aussi le plan du gouvernement depuis le perchoir. Jean-Luc Mélenchon a déploré une « gestion calamiteuse » et une « décision hasardeuse » tout en déclarant qu’il était « odieux de laisser les parents décider si leurs enfants doivent ou non aller à l’école après le 11 mai ». Damien Abad, le président du groupe des Républicains à l’Assemblée, moque un « 11 mai qui s’est transformé en  »11 mais » «  et met en avant « 50 propositions » élaborées par son groupe. Enfin, Olivier Faure attaque un déconfinement qui est « encore loin d’être prêt ».

La polémique des masques

Les critiques envers le plan du gouvernement sont aussi vives sur les réseaux sociaux après sa présentation. Le député de la France insoumise, Adrien Quatennens, dénonce sur Twitter un déconfinement qui n’est pas « celui des Français mais celui du travail ».

De son côté le président des Patriotes, Florian Philippot, a publié un communiqué sur sa page Facebook. Il y dépeint un plan de déconfinement « mal ficelé » et accuse le gouvernement d’avoir « menti » sur la question du port des masques. Rejoignant d’autres députés il condamne la « folie » de la réouverture des écoles. De son côté, le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a annoncé qu’il voterait contre ce plan « incohérent ».

Le délégué général de la République en Marche, Stanislas Guérini, a, quant à lui, défendu le plan de l’exécutif qui fixe un « cadre clair et cohérent ».

Etienne Bianchi