C’est le troisième jugement d’affilée que perd Bayer aux États-Unis dans le dossier de l’herbicide controversé. La firme a immédiatement annoncé faire appel du verdict de la cour supérieure d’Oakland
Le jury a estimé que l’exposition au Roundup, produit commercialisé par Monsanto qui appartient désormais au groupe Bayer et dont la substance active est le glyphosate, aurait causé le cancer de Alberta Pilliod et de son mari Alva, deux septuagénaires américains atteints d’un lymphome. La cour reproche à la multinationale d’avoir failli à l’obligation de prévenir du grave danger que représenterait le désherbant pour la santé. Le jury a également reconnu que « Monsanto avait agi avec malveillance, oppression ou fraude et devait être puni pour son comportement », souligne la firme « Baum, Aristei & Goldman », l’un des cabinets qui défend le couple. Le jury a ordonné le versement de deux milliards de dollars de dommages compensatoires et plus de 50 millions de dommages punitifs au couple Pilliod.
Official press release: Pilliod v. Monsanto – Monsanto Hit with $2 Billion Verdict Losing Third Roundup Trial https://t.co/xBBZUrwmT8 pic.twitter.com/bCY7ldwWvc
— Baum Hedlund Law (@baumhedlund) 13 mai 2019
Bayer dans la tourmente
Ce nouveau revers judiciaire aux États-Unis intervient un an après le rachat de Monsanto, spécialiste des désherbants et semences OGM, par l’industriel allemand Bayer pour 63 milliards de dollards. Le procès du couple Pilliod contre Monsanto s’est ouvert fin mars, quelques jours après la condamnation du groupe à verser 80 millions de dollars à un septuagénaire pour les mêmes raisons. En août 2018, Monsanto avait déjà dû verser 78 millions de dollars à un jardinier atteint d’un cancer, qu’il attribue à son utilisation prolongée du Roundup dans le cadre de son métier.
Aujourd’hui, le groupe est confronté à plus de 13.400 procédures similaires aux États-Unis. Il a vu sa capitalisation boursière dégringoler de 45% depuis le rachat du groupe américain. Mais Bayer persiste et écarte tout lien entre ces cancers et son produit. En 2015, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une institution qui dépend de l’OMS, avait pourtant considéré que le glyphosate était « probablement cancérigène ».
Une situation différente en Europe
De son côté, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) n’ont pas reconnu à ce jour le Roundup comme dangereux. Par ailleurs en France, une étude sanitaire, réalisée par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, fait débat. Pour cause, les déclarations de Pierre Médevieille, vice-président de l’Office qui estime que le « climat d’hystérie » autour du produit est une « névrose française ».
Pierre Médevielle : « Si on avait la preuve formelle de la cancérogénicité du glyphosate je pense qu’il aurait été interdit » #Punchline pic.twitter.com/hX63tGRCLY
— CNEWS (@CNEWS) 13 mai 2019
L’étude sera rendue publique le 16 mai.
Thomas Coulom
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