Selon Bruno Le Maire, invité politique ce matin sur Radio Classique, le gouvernement n’a pas « renoncé » à son objectif de 120 000 suppressions de postes de fonctionnaires sur l’ensemble du quinquennat, et estime que cet engagement sera tenu, « si c’est possible ». Pourtant, lors de sa conférence de presse du 25 avril, Emmanuel Macron s’était dit prêt à « abandonner » l’objectif de 120 000 suppressions de postes d’ici à 2022 sur l’ensemble de la fonction publique (État, hospitalière et territoriale), dans le cas où il ne serait « pas tenable ».
Le ministre de l’Économie et des Finances s’est dit “déterminé à ce que nous réduisions la dépense publique, la dette, et que nous tenions nos engagements en matière de réduction du nombre de fonctionnaires. Nous verrons si c’est possible ou non. » Cet objectif, engagement de campagne du Président, reste « atteignable », selon Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, tandis que le Premier ministre Edouard Philippe a assuré ne pas avoir de « dogme » sur le sujet de son côté.
Les parlementaires examinent lundi le projet de loi de la réforme de la fonction publique. Emmanuel Macron entend supprimer 120 000 postes d’ici 2022. Retour sur les réformes précédemment engagées, de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron.
Depuis le mandat de Mitterrand, le nombre d’employés de la fonction publique n’a cessé d’augmenter. La France serait le pays où l’on compte le plus de fonctionnaires de l’Etat. Mais pour des raisons d’économie, la fonction publique est, depuis la présidence de Nicolas Sarkozy, sous le feu des critiques.
Une baisse drastique sous Nicolas Sarkozy
Le nombre de fonctionnaires entre 2012 et 2015 augmente de 140 000. C’est en réaction à cette augmentation et aux coûts liés à la fonction publique que Nicolas Sarkozy a mis la réduction des dépenses publiques, et donc du personnel de l’Etat, au centre de sa politique. Le gouvernement Fillon a alors mis en place la « règle du non-remplacement »: un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne sera pas remplacé. Le gouvernement a ainsi supprimé près de 150 000 postes sur la période 2007-2012. Mais pendant la même période, d’autres postes ont été créés. Nicolas Sarkozy a bien mené une politique de réduction budgétaire de la fonction publique, mais a, au total, supprimé 85 000 postes. Le 29 janvier 2009, entre 1 et 2,5 millions de personnes s’étaient mobilisées pour contester la politique mise en place par Nicolas Sarkozy. Au sein de la fonction publique, plus de 23% étaient grévistes, dont 29,5% dans la fonction publique d’Etat, 21,3% dans les hôpitaux, 15% à la fonction publique territoriale.
Hollande, défenseur de la fonction publique?
Face à la baisse drastique du nombre de fonctionnaires suite au quinquennat de Nicolas Sarkozy, le président socialiste arrive au pouvoir en 2012 et annonce la création de 60 000 postes dans l’Education nationale. Il rompt également avec la « règle de non-remplacement », mise en place par son prédécesseur. Les effectifs ont bien augmenté, mais cette augmentation est un trompe-l’œil. La création de certains postes a été compensée par des suppressions de postes aux ministères des Finances ou de l’Ecologie. Entre 2012 et 2016, seuls 43 000 postes, des 60 000 annoncés, ont bien été créés.
Sous Macron, la fonction publique à la « start-up nation »?
Dès 2015, Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, envisage une refonte de la fonction publique. Deux ans après son élection à la présidence de la République, son gouvernement annonçait lundi une « grande réforme plus agile, plus ouverte et plus attractive« , qui concerne 5,5 millions d’agents (fonctions d’État, hospitalière et territoriale). Autour de cinq axes, le texte de réforme met l’accent sur « l’efficacité ». Les syndicats accusent le gouvernement de vouloir une fonction publique alignée sur les règles du privé, au détriment du statut de fonctionnaire et de l’indépendance des agents publics, avec la suppression de l’ENA. La journée de mobilisation des fonctionnaires a rassemblé jeudi dernier entre 108 900 (chiffres du ministère de l’Intérieur) et 250 000 (chiffres de la CGT) manifestants.
La prime de précarité sur certains CDD que le gouvernement souhaite instaurer dans la fonction publique coûtera environ 400 millions d’euros par an. Cette prime pourrait s’appliquer jusqu’à un salaire équivalent à deux Smic, indique le secrétaire d’Etat Olivier Dussopt dans une interview aux Echos. Le débat sur le projet de loi réformant la fonction publique commence ce lundi à l’Assemblée nationale.