Gestion du foot français: la commission d’enquête du sénat effectue un contrôle à la LFP

La commission d’enquête du sénat s’est rendue ce jeudi matin à la ligue de football professionnel (LFP) pour effectuer un contrôle, deux jours après la réélection de Vincent Labrune à la tête de la ligue. 

La commission d’enquête sénatoriale sur la financiarisation du football fait usage jeudi de ses pouvoirs de contrôle en effectuant un déplacement dans les locaux de la Ligue de football professionnel (LFP), a-t-elle annoncé.

La chambre haute s’interroge en particulier sur les contours du contrat signé en 2022 entre la Ligue et le fonds d’investissement CVC Capital Partners, qui a apporté 1,5 milliard d’euros au football professionnel français contre environ 13% de ses recettes commerciales.

Le rapporteur de cette commission d’enquête, Michel Savin (Les Républicains), a ainsi décidé de mener un contrôle sur pièces et sur place dans les locaux de la LFP, une démarche qui lui permet notamment de réclamer certains documents auprès de l’instance dirigeante du foot français.

La ligue de football professionnel sous le feu des critiques

« Il interrogera les représentants de ces deux entités sur leurs frais de fonctionnement et leur gouvernance, ainsi que sur les conséquences de l’attribution récente des droits TV du championnat à un prix très inférieur à celui espéré », explique le Sénat.

La LFP fait face ces dernières semaines à plusieurs vents contraires, comme la grogne des consommateurs face au prix de DAZN ou les critiques des supporters de Ligue 2 face au changement de la programmation des matches de deuxième division.

Après ce contrôle, il tiendra à 16H00 une conférence de presse aux côtés de Laurent Lafon, sénateur centriste qui préside cette commission d’enquête.

Le Sénat a multiplié ces dernières années les commissions d’enquête au retentissement non négligeable dans la sphère publique, de l’affaire Benalla au Fonds Marianne en passant par l’influence croissante des cabinets de conseil dans les politiques publiques.

Mohamed Sadat

Mort de 27 migrants dans la Manche en 2021 : une enquête concernant l’inaction des autorités françaises

Deux militaires ont été mis en examen jeudi 1er juin dans le cadre de l’instruction sur la mort de 27 migrants décédés dans la manche en novembre 2021. Ces derniers sont soupçonnés d’avoir refusé de venir en aide aux migrants, malgré leurs nombreux appels à l’aide.

 

Deux nouveaux militaires français sont mis en examen pour « non assistance à personne en danegr ». ©JodyDellDavis

Le matin du 24 novembre 2021, le canot embarquant les migrants vers les côtes britanniques fait naufrage. Dans l’après-midi qui suit, un pêcheur, apercevant plusieurs corps flottant, donne l’alerte au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross). Plusieurs canots de sauvetage sont envoyés sur place. Le drame provoque la mort de 27 passagers, âgés de 7 à 46 ans, majoritairement des Kurdes irakiens. Il s’agit alors du naufrage le plus meurtrier dans le détroit du Pas-de-Calais depuis la généralisation des traversées de migrants en 2018. Une information judiciaire est ouverte.

Le refus de secourir les migrants

Un an et demi plus tard, le 25 mai 2023, cinq militaires, affectés au Cross et soupçonnés d’avoir fauté dans leur mission de secours la nuit du naufrage, sont mis en examen. Jeudi 1er juin, l’instruction se tourne vers deux militaires de plus. Ces derniers se trouvaient la nuit du drame à bord du patrouilleur de la marine française le  « Flamant », à « proximité relative » du canot en détresse. Ces mises en examen s’ajoutent à celles de dix passeurs présumés, majoritairement afghans.

« mais vous êtes dans les eaux anglaises, Monsieur ! ».

Les autorités militaires françaises sont mises en examen par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) du tribunal judiciaire de Paris car elles auraient refusé de porter secours aux migrants malgré une quinzaine d’appels à l’aide. Les documents de l’enquête révélée par le journal Le Monde en novembre 2022, font notamment état d’une conversation téléphonique qui interpelle. Une interlocutrice du Cross objecte à un migrant en train de se noyer, « mais vous êtes dans les eaux anglaises, Monsieur ! ». Les retranscriptions téléphoniques montrent néanmoins que le Cross a ensuite contacté à plusieurs reprises les garde-côtes britanniques. Toute la nuit les autorités françaises et britanniques se renvoient la balle, sans que personne ne viennent en aide au naufragés.

La coopération franco-britannique en question

Les deux militaires inculpés sont sortis libres de leur interrogatoire jeudi 1er juin, le code de justice militaire restreignant fortement les possibilités de placement sous contrôle judiciaire des membres de l’armée. L’affaire questionne la responsabilité des autorités françaises dans le drame, mais remet également sur la table le sujet de la coopération franco-britannique dans le cadre des traversées de la Manche.

Depuis le traité du Touquet, signé le 4 février 2003, les agents français et britanniques peuvent effectuer indifféremment des contrôles sur les côtes des deux pays. En théorie, l’accord vise à éviter les traversées illégales. En pratique, la délocalisation en France du contrôle des entrées sur le territoire britannique a pour effet d’inciter de nombreuses personnes à tenter la périlleuse traversée de la Manche. Dans leurs auditions comme témoins fin 2021, des agents du Cross invoquent un manque de moyens qui les contraint « à prioriser ». L’un d’entre eux rapporte notamment que le Cross a traité « des centaines voire des milliers d’appels » le soir du drame.

Avec le Brexit, la contestation du traité du Touquet n’a fait que croître tandis que les traversées illégales sur des embarcations précaires ne font qu’augmenter. En 2022, 46 000 demandeurs d’asile ont traversé la mer vers l’Angleterre et quelque 8 000 naufragés ont été secourus dans les eaux françaises.

Elisabeth Crépin-Leblond/AFP