Inflation en dessous de 2% : tout comprendre à sa baisse

C’est une première depuis trois ans: l’inflation est passée en dessous de la barre des 2% en août, indique l’Insee dans son rapport publié vendredi 13 septembre. Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement, et quelles sont les conséquences de sa baisse sur les Français ? 

La France est finalement passée en dessous du seuil symbolique des 2% d’inflation. D’août 2023 à août 2024, les prix ont augmenté de 1,8% dans l’Hexagone, révèle l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) vendredi 13 septembre. Une première, alors que l’objectif fixé par la Banque centrale européenne n’avait pas été atteint depuis trois ans. Qu’est-ce que cette baisse représente concrètement pour les Français ? 

L’inflation est définie par l’Insee comme une “perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix.” Concrètement, si vous disposez de dix euros pour acheter des pommes vendues un euro l’unité, vous pourrez en acheter dix. Mais si le prix augmente à deux euros l’année suivante, vous n’aurez plus que cinq pommes dans votre panier: on parle d’érosion du pouvoir d’achat.

En tout, trois facteurs peuvent provoquer de l’inflation. Reprenons le même exemple: imaginons que la demande de pommes augmente drastiquement, et dépasse la quantité de pommes disponibles à la vente. Dans ce cas, la demande pousse les prix à la hausse, créant de l’inflation. À l’inverse, l’inflation peut être générée par une augmentation des coûts de production de la pomme: si les producteurs de pommes dépensent plus d’argent, ils choisiront certainement de répercuter cette hausse sur le prix de la pomme, provoquant une hausse des prix. Enfin, si la France choisit de se faire livrer en pommes de l’étranger, mais que celles-ci s’avèrent plus chères, une inflation importée apparaîtra. 

L’évolution de l’indice des prix à la consommation (IPC) de 2014 à 2024. Source : INSEE.

Après avoir atteint 2,3 % sur un an en juillet, l’augmentation des prix se modère donc à 1,8 % en août. La raison: un “très net ralentissement des prix de l’énergie” comme indiqué par l’Insee. Ainsi, les prix de l’énergie ont augmenté de 0,4 % en août 2024, contre 8,5 % en juillet. 

Plus précisément, les prix de l’électricité ont ralenti passant d’une augmentation de 19,5% l’année passée à 10,5%, les prix des produits pétroliers ont quant à eux baissé de 8,2% contre une augmentation de 1,1% en 2023. Du côté du gazole, on observe une baisse de 9,6% contre une augmentation de 0,8% il y a un an. Les prix du gaz ralentissent également avec une augmentation de 9,4% contre 11,4% en 2023.

Parmi les autres raisons expliquant la baisse de l’inflation, l’INSEE observe une stabilisation des prix des produits alimentaires sur un an, ainsi qu’une quasi-stabilisation du côté des produits manufacturés. En revanche, les prix des services accélèrent eux de 3,0% (après 2,6% en juillet) qui s’explique par “le fort rebond des prix des services de transport”.

“Les effets de l’inflation sur les ménages varient fortement selon l’évolution de leurs revenus et la structure de leur consommation” écrivent Jonathan Marie, Eric Berr et Sylvain Billot dans un essai publié vendredi 13 septembre intitulé “Inflation. Qui perd ? Qui gagne ? Pourquoi ? Que faire ?”. Tous les ménages ne sont donc pas égaux devant l’augmentation des prix : par exemple, si les salaires ont baissé entre le deuxième trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2023, les revenus du patrimoine ont eux progressé de 19,1 %.

Pour Thomas Porcher, membre des Économistes Atterrés et intervenant du Débat éco de France Inter vendredi 13 septembre, “ceux qui sont les plus riches, qui vivent avec les revenus de capitaux ont vu leur pouvoir d’achat très fortement augmenter parce que les dividendes n’ont jamais autant augmenté. Par contre, les 60% des Français qui ne vivent qu’avec leur salaire ont perdu du pouvoir d’achat”. Dès lors, les périodes d’inflation n’ont pas le même impact sur le quotidien des Français, et le ralentissement récent de l’augmentation des prix ne signifie pas pour le moment une baisse durable.

Elisa Robuchon

La CGT-énergie dépose un préavis de grève jusqu’en septembre

Le syndicat CGT-énergie a déposé ce vendredi un préavis de grève pour la période du 14 juin au 13 septembre dans les secteurs de l’énergie.

Les syndicalistes de la FNME-CGT (Fédération Nationale des Mines et de l’Energie) se mobiliseront tout l’été pour dénoncer « une nouvelle grille des salaires dont le minima se situerait en deçà du Smic« Une première journée de mobilisation est prévue le 20 juin mais le préavis de grève, déposé ce vendredi, porte sur une période allant du 14 juin au 13 septembre 2024. Ils dénoncent également « la réforme de l’assurance chômage, la loi Travail 2 qui ne promet que régression sociale« . « Cela représente une nouvelle régression de nos acquis statutaires, surtout après l’attaque sur le régime des retraites« , expliquent-ils sur leur compte Instagram. Les travailleurs des secteurs de l’électricité et du gaz seront les premiers mobilisé dès le 20 juin. Le mode d’action de cette grève n’a pas été communiqué pour le moment.

 

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Une mobilisation en réaction au projet du gouvernement de supprimer les niveaux de rémunérations dans la fonction publique. Le ministre de la Transformation et de la fonction publique, Stanislas Guerini, entend présenter un projet de loi à l’automne. Il souhaite notamment supprimer les catégories A,B et C. Il juge que « les catégories enferment souvent les agents publics, elles créent des plafonds de verre qu’il est très difficile de casser« . Le ministre a également laissé entendre que la rémunération au mérite pourrait être attribuée selon la qualité d’un service public ou sa capacité à réduire sa consommation d’énergie. Autant de mesures qui font réagir l’ensemble des services publics.

François-Xavier Roux

Pétrole : une pénurie aux conséquences incertaines

L’AIE prévoit une «importante pénurie de l’offre» de pétrole au 4e trimestre 2023. Getty – Kirill Gorskov / EyeEm

L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) prévoit une importante pénurie de l’offre d’hydrocarbure dans son rapport mensuel. Cette annonce intervient alors que le directeur de cette organisation a annoncé au Financial Times le déclin de la demande mondiale de pétrole d’ici à la fin de la décennie.

L’addition à la pompe risque encore d’être salée. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit une « importante pénurie de l’offre » de pétrole sur les trois derniers mois de l’année 2023 dans son nouveau rapport. Elle entrainerait un déficit de la ressource, déjà au plus haut avec un baril au-dessus des 88 $, pouvant amener à une hausse des prix dans les stations essences.

L’annonce de l’AIE a fait flamber lundi les cours sur les marchés : en séance, les deux références de l’or noir ont atteint un niveau inédit depuis la mi-novembre 2022. « Avant avec la pandémie, on avait eu un temps où la chute des prix avait conduit à un prix historiquement bas. Désormais, les pays producteurs, notamment l’Arabie Saoudite veulent trouver un juste prix, leur convenant ainsi qu’aux Occidentaux », souligne Paul Tourret, économiste.

Ajustement durable du marché

Pour cela, l’Arabie saoudite, la Russie, ainsi qu’une partie des pays producteurs ont décidé de continuer de limiter leurs productions. Cette restriction de la demande devrait mécaniquement amener les prix à la pompe à la hausse, déterminés par les ressources disponibles dans les sols mais aussi les taxes et les marges des distributeurs. « Le prix du pétrole est poussé à la hausse par la persistance d’une offre insuffisante sur le marché au cours des troisième et quatrième trimestres », expliquent les analystes de DNB à l’AFP.

« Ceux à quoi nous assisons, c’est un véritable ajustement du marché »

Paul Tourret, économiste à l’Inserm

Pour autant, cette décision ne devrait pas résorber l’offre mondiale en 2023 qui augmentera de 1,5 million de barils par jour grâce aux États-Unis, à l’Iran et au Brésil. « En 2024, la demande mondiale de pétrole devrait croître de 2,2 millions de barils par jour », annonce l’Organisation des pays exportateurs de pétrole dans son propre rapport, sans changement par rapport à son estimation précédent. Une évolution globale qui est loin d’être un épiphénomène. « Ceux à quoi nous assisons, c’est un véritable ajustement du marché, qu’on aurait dû avoir il y a près de 30 ans. La seule chose qui nous sauve par rapport au choc pétrolier de 1973, c’est la productivité, qui croit contrairement à l’époque », analyse Paul Tourret.

Une pénurie durable ?

Cette annonce intervient alors que pour la première fois, l’AIE entrevoit une baisse durable de la demande pour l’ensemble des énergies fossiles « dans les prochaines années » selon le directeur exécutif de l’institution de l’OCDE, Fatih Birol dans les colonnes du Financial Times. Ce qui est loin de faire consensus parmi les économistes.

AIE : les réactions négatives signifient que la demande de pétrole et de gaz pourrait ne pas atteindre son pic si tôt

 

Déjà en juillet 2008 en pleine crise économique, tous les experts et économistes étaient convaincus que le pic du pétrole, moment où la production va commencer à décliner par rapport à la demande, était atteint, après la poussée de fièvre qui avait fait grimper le prix du baril jusqu’à 150 dollars. Le lien de cause à effet entre cette pénurie et cet effondrement de la demande n’est pas avéré. « L’avantage si on prend ce pic pétrolier et même ce pic de décroissance pétrolière, il va nous permettre d’accélérer  la transition énergétique grâce à un prix élevé. Ce n’est pas encore pour aujourd’hui », conclut Paul Tourret.

Adrien-Guillaume Padovan

Sobriété énergétique : les universités reverront-elles leurs copies comme Strasbourg ?

Lundi 19 septembre, Michel Deneken, président de l’université de Strasbourg a annoncé une série de mesures pour réduire les coûts de la facture énergétique de l’établissement.  Parmi elles, la fermeture de l’université pendant deux semaines supplémentaires en hiver ou encore une température de 19°C maintenue dans les locaux. D’autres universités s’interrogent sur la stratégie à adopter. 

C’est dans une vidéo publiée sur le site internet de l’université de Strasbourg, lundi 19 septembre, que le président, Michel Deneken, a déclaré que l’établissement baisserait  sa consommation d’énergie de 10 %. De 13 millions d’euros pour l’année 2022, le budget de dépenses en gaz, énergie et chauffage pour 2023 pourrait atteindre 20 millions d’euros.

Bientôt des annonces du côté de Sorbonne Université

« Tous les établissements de l’enseignements supérieur sont confrontés à une augmentation de leur facture énergétique », déclare Cédric Herpson, vice-doyen de la faculté des Sciences et ingénierie de Sorbonne Université. Comme Strasbourg, l’établissement devrait procéder à une baisse de sa consommation d’énergie. « Les arbitrages devraient être arrêtés et communiqués dans les prochaines semaines », ajoute-t-il.

« Pas question de pénaliser les enseignements »

Parmi les différentes mesures annoncées par l’université de Strasbourg, la fermeture de l’établissement est celle qui interroge davantage parmi les syndicats étudiants, les universités et le gouvernement.

Mardi 20 septembre, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, s’est exprimée sur Franceinfo. « Nous mènerons ce plan de sobriété avec les étudiants, jamais à leur détriment ! Il n’y aura pas de retour aux cours en distanciel. » Elle a également annoncée une aide pour les établissements, qui sera évaluée au cas par cas.

À l’instar de la Sorbonne, peu d’établissements se sont exprimés sur les décisions  qu’ils vont prendre pour l’hiver. Les universités de Bourgogne et de Saint-Etienne ont annoncées qu’elles ne fermeront pas leur établissement.

Keisha MOUGANI