Dans une vidéo postée mardi à l’occasion de la cérémonie des BET Hip-hop awards 2017, le rappeur Eminem s’en est pris à Donald Trump. Avant lui, d’autres rappeurs américains avaient déjà critiqué publiquement leur président.
« Voici une tasse de café extrêmement chaude. Devrais-je la verser sur Donald Trump ? ». Dès les premières phrases de la vidéo, la légende de Détroit fait bien comprendre qu’elle ne va pas y aller en douceur. A l’occasion des BET Hip-hop awards 2017, une cérémonie qui récompense les artistes issus des minorités ethniques, Eminem a créé la surprise en dégainant un freestyle a cappella intitulé « Cypher ». Pendant plus de quatre minutes, il enchaîne les attaques à l’encontre de Donald Trump.
A l’image, il semble excessivement nerveux, comme habité par son texte, voulant en découdre. Dans son texte, il décrit le président américain comme un « kamikaze qui va probablement causer un holocauste nucléaire ». Crise nord-coréenne, violences raciales, Puerto Rico… tous les sujets y passent et les critiques s’accumulent : « Il obtient une énorme réaction quand il attaque la NFL (ligue de football américaine, NDLR), et nous ne nous concentrons que sur ça au lieu de parler de Puerto Rico ou du contrôle des armes dans le Nevada. Toutes ces horribles tragédies et il s’ennuie. Il préfère déclencher un scandale sur twitter avec les équipes de football. Puis il dit qu’il veut baisser les impôts. Mais qui va payer pour ses extravagants voyages familiaux entre son golf et son manoir ? ».
« Un kamikaze qui va probablement causer un holocauste nucléaire. «
Avec plus de quatre millions de vues en à peine 24h, le buzz est réussi et les réactions sont nombreuses. La plus symbolique est le message de soutien de Colin Kaepernick, joueur de football américain qui est à l’origine des agenouillements durant l’hymne nationale américain. Un joueur que Donald Trump avait insulté de « fils de pute ».
I appreciate you @Eminem ✊🏾 pic.twitter.com/nwavBwsOkQ
— Colin Kaepernick (@Kaepernick7) 11 octobre 2017
Eminem n’est pas le premier à s’opposer à Trump
Cette prise de position franche à l’encontre du président des Etats-Unis n’est pas la première de la part d’un rappeur américain. Un temps glorifié par certains d’entre eux pour son côté bling-bling assumé et sa personnification du rêve américain, Donald Trump n’est désormais plus en odeur de sainteté dans le monde du hip-hop. Certains n’hésitent plus à utiliser leur renommée et leur influence sur une partie de la société américaine pour faire passer leur message et dénoncer les dérapages racistes du président américain. Avant Eminem, d’autres rappeurs avaient déjà publiquement exprimé leur critique dans des clips vidéo.
YG – « FDT (Fuck Donald Trump) »
La charge la plus flagrante envers Donald Trump est l’oeuvre du rappeur YG qui a publié un morceau « FDT (Fuck Donald Trump) » en avril 2016. Un morceau qui lui avait d’ailleurs causé de nombreux problèmes. Le rappeur californien aurait été intimidé par les Services Secrets, qui auraient menacé de retirer son album des étals s’il osait évoquer l’ex-candidat à la Maison Blanche sur l’une de ses chansons. Il avait été demandé à sa maison de disque qu’elle dévoile les textes de ses titres avant la sortie officielle de l’album.
G-Easy et Macklemore – « FDT Part. 2 »
Les deux artistes ont collaboré sur un morceau baptisé « FDT Part 2 », suite du « FDT (Fuck Donald Trump) » de YG, dans lequel ils n’hésitaient pas à tirer à boulets rouges sur Trump et son entourage. Quand G-Easy se posait la question de savoir comment l’homme politique avait pu arriver si loin dans les sondages « J’ai une question… / Comment tout ceci a t-il commencé ? / Un meeting de Trump donne l’impression de voir Hitler à Berlin / Ou de voir le KKK », Mackelmore lui, ironisait d’un « T’es devenu riche parce que ton papa t’as financé ».
Mac Miller
Un cas un peu particulier que celui du rappeur Mac Miller. En 2011, il avait sorti le morceau « Donald Trump » dans lequel il s’est amusé à glorifier le type de vie de Trump. La musique est un énorme succès et cumule à ce jour plus de 75 millions de vues sur YouTube. Au début, l’homme d’affaires se disait fan et avait même qualifié Mac Miller de « nouveau Eminem ». Mais une fois la chanson élevée au rang de platine, Trump a menacé d’attaquer le rappeur en justice pour l’usage abusif de son célèbre nom. Désormais, le rappeur originaire de Pittsburg est un anti-Trump convaincu et n’a pas hésité à s’opposer à lui en critiquant sa campagne, puis ses décisions qui sont, selon lui, basées sur le racisme et la haine des minorités.
Clément Dubrul