Grève des fonctionnaires : les professeurs au bout du rouleau

 

Un enseignant sur deux a répondu à la l'appel à la grève du mardi 10 octobre. Crédit : D. Goth
Un enseignant sur deux a répondu à la l’appel à la grève du mardi 10 octobre.
Crédit : D. Goth

Mardi 10 octobre, les professeurs du primaire et du secondaire ont majoritairement répondu à l’appel à la grève des neufs organisations syndicales. Dans le cortège parisien, peu nombreux, ils sont venus crier leur raz-le-bol.

« Tous unis ! ». C’est derrière ce cri de ralliement que les professeurs du primaire et du secondaire se sont mobilisés ce mardi 10 octobre. L’appel à la grève, pourtant suivi par près d’un enseignant sur deux, a eu du mal à se concrétiser dans la rue à Paris. Dans les rangs clairsemés, Marie C., professeure de français et d’histoire dans un lycée professionnel en banlieue parisienne, se désole du manque de mobilisation. « Les collègues ont fait majoritairement grève aujourd’hui, mais je suis la seule à être venue. Plus personne ne descend dans la rue », regrette-t-elle.

Raz-le-bol

Pourtant, si on l’écoute, le raz-le-bol est généralisé dans le corps enseignant. « Certains collègues, même en début de carrière, parlent de démissionner. Ils sont à bout. C’est pas ce qu’ils avaient imaginé en devenant prof », explique la jeune professeure. Dans son lycée situé dans en banlieue parisienne, la majorité des élèves viennent de quartiers dits « sensibles ». « Comme le lycée n’est pas situé dans une zone sensible, on n’a pas le statut de REP. Pourtant, on aurait besoin d’autant de moyens ! ». Quelques mètres plus loin, on peut voir un enseignant brandir une pancarte « Touche pas à ma REP ! »

Agressions verbales ou physiques, baisse du niveau, autant d’éléments qui inquiètent Marie. C. « On a seulement trois surveillants pour 500 élèves. C’est sûrement suffisant dans un lycée qui n’a pas de problème mais chez nous, ça n’est clairement pas suffisant », assure-t-elle. La semaine dernière, selon ses dires, l’agression physique d’un professeur a pu être évité de peu dans son établissement.

« Les murs du lycée tombent en ruine »

Marie C. pointe également du doigt le décalage entre les théories et la pratique. « On nous parle de nouvelles techniques pédagogiques basées sur le numérique. Mais comment on fait quand il n’y a pas d’ordinateurs en classe et que les murs du lycée tombent en ruine ? », poursuit-elle. Pour elle, les élèves sont les premiers à pâtir de leurs conditions de travail. « Toute leur vie ces élèves ont senti qu’ils étaient laissés à l’abandon. Ils sentent que le gouvernement ne se bat pas pour leur donner de meilleures conditions d’enseignement, du coup, ils n’ont plus envie de se battre pour s’en sortir», affirme-t-elle avant de reprendre en cœur les slogans scandés par les manifestants.

Face à ses conditions de travail, Marie C. s’inquiète des réformes prévues par le gouvernement. Alors que le pouvoir d’achat des professeurs a baissé de 9 % depuis 2010, ce dernier a annoncé un nouveau gel du point d’indice des salaires. « On nous demande de faire plus avec moins et en étant moins payés », s’emporte-elle. Durant la campagne, Emmanuel Macron avait pourtant promis « d’augmenter [leur] pouvoir d’achat comme celui des salariés des entreprises ».

Dorine Goth

Enfants et pornographie : des pratiques sexuelles futures malsaines

De plus en plus jeunes, les enfants sont confrontés à des images pornographiques sur Internet. Plusieurs enquêtes ont été menées ces dernières années : dès 11 ans, 95 % des enfants ont eu accès à ces images. Quelles sont les conséquences sur la construction de ces futurs adultes ?

 

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Dès 11 ans, 95% des enfants ont déjà été exposés à des images pornographiques, indique Israël Nisand, dans une interview donnée à France Info. Selon une enquête réalisée en 2013 par la société d’antivirus Bitfender, réalisée sur 17.000 adultes et enfants du monde entier, certains enfants ont seulement six ans lorsqu’ils visionnent des images pornographiques pour la première fois. Si certains commencent très jeunes, l’âge moyen du premier visionnage est à 14 ans : une précocité due aux réseaux sociaux ; dès qu’ils ont accès à Internet, le risque est présent.

  • Des images dangereuses pour l’enfant ?

C’est d’abord au niveau du cerveau que les images pornographiques peuvent être dangereuses pour l’enfant. Lors d’un congrès international interdisciplinaire sur les dangers sexuels le 6 octobre dernier à Rome, le neuro-chirurgien américain Donald Hilton a évoqué les ravages provoqués sur de jeunes cerveaux par les films pornographiques violents.  Selon le neuro-chirurgien, « de nombreuses recherches scientifiques démontrent que la pornographie sur Internet peut entraîner une dépendance« . Il explique d’ailleurs que sous un état de dépendance, les connaissances qu’acquiert le cerveau deviennent malsaines. De plus, le cerveau réclame toujours de la nouveauté, du changement. Les enfants peuvent surfer pendant des heures à la recherche du film parfait pour se masturber. Ils seront peut-être effrayés par les images, mais la fascination supplantera la peur.

Certaines images peuvent d’ailleurs leur paraître anodines : un enfant de 10 ans pourra difficilement visualiser ce qui est bien et ce qui est mal dans ces pratiques sexuelles montrées dans les films pornographiques. Comme l’indique France Info, la sexualité n’est pas inscrite dans les gênes mais se construit au fil de l’éducation de l’enfant, puis de l’adolescent. Les images que peut voir l’enfant « provoquent en lui des sensations, tout se passe comme s’il participait à ces films« . Si ces films violent la sensibilité de l’enfant, ils peuvent également influer sur sa sexualité future, puisque « la sexualité qui lui est présentée est une sexualité sans échange, et sans respect de l’autre ». L’enfant peut alors penser que c’est l’unique sexualité possible.

 

Israël Nisand, président du collège national des gynécologues et obstétriciens, confirme à CelsaLab : « un enfant ne peut pas comprendre les images. Un jour, un enfant m’a demandé : « comment ça se fait que les femmes aiment sucer les pénis de chiens? ». Ce à quoi j’ai répondu : « c’est complètement faux, aucune femme n’aime ça ». Le petit garçon était persuadé que c’était vrai, car une image, pour lui, c’est la réalité. Aucun parent n’aimerait que son enfant soit éduqué comme cela”.

 

  • Des conséquences sur leurs futurs comportements sexuels 
©Pixnio
©Pixnio

En plus d’avoir une vision biaisée sur la sexualité « réelle », le visionnage d’images pornographiques peut avoir d’autres conséquences très graves sur les enfants. « C’est simple, cela modifie leur sexualité, les angoisse terriblement, et ils ont une vision détestable de la femme », indique le professeur Nisand. Mais cela touche aussi les filles : « certaines adolescentes me demandent une chirurgie vaginale, parce qu’elles pensent que leur vagin est anormal par rapport à celui qu’elles ont vu sur les actrices porno. Parfois elles demandent même à leurs petits copains de leur faire des choses graves, car elles l’ont vu dans les films, et qu’elles ont l’impression que c’est comme ça qu’une relation sexuelle se déroule« .

De plus, certains peuvent arriver au stade où les vraies femmes sont synonymes de « mauvais » porno et devenir plus intéressés par de la pornographie filmée.

 

  • Des solutions ?

Plusieurs solutions sont proposées pour empêcher aux enfant d’être au contact de ces images. Et cela passe d’abord par l’éducation parentale. La société Bitdefender recommande aux parents de placer l’ordinateur de façon à ce que l’écran soit facilement visible. Bien entendu, il s’agit également de mettre un contrôle parental sur l’ordinateur mais aussi de fixer des règles avec l’enfant.

Arrive donc le deuxième conseil, il faut en parler. Dans une interview donnée à France Info, Marion Haza, psychologue et présidente de l’Association en recherche clinique sur l’adolescence (ARCAD), indique qu’il faut parler de sexualité avec ses enfants/adolescents : « l’adolescent doit trouver des adultes capables de répondre à ses questions« . Et si l’enfant a eu accès à des images pornographiques, cela doit faire l’objet d’une discussion parent-enfant.

Mais l’État a aussi son rôle à jouer. Israël Nisand s’indigne : « la loi sur la protection des mineurs n’est pas respectée, car les sites pornographiques rapportent des milliards ». Dans sa lutte contre l’accès des moins de 10 ans aux sites pornographiques, il propose d’ailleurs « d’imposer aux fournisseurs d’accès le numéro de carte bleue avant la demande de première image. Si le fournisseur d’accès ne respecte pas, la première infraction lui coûtera 50 millions, et la deuxième 500 millions d’euros. Cela pourrait leur faire changer d’avis, non ?« . Un enfant pourrait tout de même voler la carte de ses parents. « Certes, mais cela pourra au moins limiter certains enfants à avoir accès à internet, et donc à ces images, pendant 3 heures, gratuitement« . Selon lui, le gouvernement ne s’y intéresse pas assez : « lorsque l’on voit la littérature sociologique au Canada, qui montre que ces enfants auront, pour beaucoup, des penchants pédo-pornographiques, on se rend bien compte qu’on n’en parle pas assez en France »

 

Léa Broquerie