Présidentielle américaine 2024 : le soutien de Taylor Swift à Kamala Harris peut-t-il être décisif ?

Taylor Swift a soutenu la candidate démocrate sur Instagram, à l’issue de son débat face à Donald Trump. La star, qui a déjà pris position en faveur des démocrates par le passé, pourrait faire pencher la balance lors du scrutin présidentiel de novembre.

La publication a récolté plus d’un million de mentions « J’aime » en seulement 15 minutes. Hier soir, un post Instagram de la chanteuse Taylor Swift a presque éclipsé le débat entre la candidate démocrate Kamala Harris et son adversaire républicain Donald Trump. La superstar américaine a apporté son soutien longuement espéré à la vice-présidente de Joe Biden. A quelques mois de l’élection présidentielle américaine, cette prise de position ravive le camp démocrate dans sa campagne face au candidat trumpiste, qui ne le voit pas du meilleur oeil.

« Elle se bat pour les causes et les droits auxquels je crois », a ainsi loué l’interprète de « Shake it off », n’appelant pas n’ont plus explicitement les « swifties » le surnom donné à ses fans, à voter Kamala Harris. L’effet de ce message adressé à ses 283 millions de followers pourrait être considérable. En septembre 2023, la chanteuse avait déjà appelé ses fans à s’inscrire massivement sur les listes électorales. Ce jour-là, la plateforme Vote.org a recensé plus de 35 000 nouvelles inscriptions, soit un bond de 23% par rapport à la même journée un an plus tôt.

« C’est une victoire significative pour Kamala Harris« , analyse Morgane Giuliani, journaliste et autrice de « Taylor Alison Swift : la rebelle devenue icône ». « Elle est quelqu’un qui arrive à mobiliser les jeunes pour s’inscrire sur les listes électorales, notamment les primo-votants, alors que cette frange des électeurs a tendance à être abstentionniste », observe la journaliste.

Populaire auprès des jeunes électeurs

Ce n’est ainsi pas la première fois que l’artiste aux 95 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify prend position à l’approche d’une élection. En 2018, elle avait apporté son soutien à un candidat démocrate lors des élections de mi-mandat dans son Etat natal du Tennessee, mais cela n’avait pas suffi pour lui assurer la victoire. Elle s’était par la suite prononcée en faveur de Joe Biden en 2020.

Quatre ans plus tard, sa popularité n’a fait que s’accroître, en partie grâce au « Eras Tour », cette tournée musicale reconnue comme la plus lucrative de l’histoire. Les jeunes américains ne sont pas insensibles à son influence. D’après un sondage du cabinet d’étude Redfield and Wilton Strategies de janvier 2024, 18% des électeurs interrogés ont répondu qu’ils seraient plus susceptibles de voter pour un candidat soutenu par Taylor Swift pour la course à la Maison Blanche. Une partie de la communauté de la chanteuse a même lancé en août un mouvement en ligne « Swifties for Kamala », revendiquant avoir collecté plus de 114.000 dollars sur les réseaux sociaux.

La « Taylor Swift Mania » gagne la campagne démocrate

Les équipes de campagne de la candidate démocrate ne sont pas passées à côté de cet engouement. A l’issue du meeting de Kamala Harris tenu après le débat, la célèbre chanson « The Man » de la chanteuse a été diffusée, « ce qui veut dire qu’ils ont dû obtenir les droits auprès d’elle », souligne Morgane Giuliani. Ce n’est pas anodin, la superstar étant très protectrice de ses droits musicaux. « Les démocrates ont aussi mis en vente des goodies qui reprennent l’idée des bracelets de l’amitié sur leur site », ajoute l’autrice de « Taylor Alison Swift : la rebelle devenue icône », faisant allusion à cette tendance lancée par Taylor Swift parmi ses fans pendant sa tournée mondiale.

Cette nouvelle n’est pas sans susciter les craintes du camp républicain. Donald Trump s’est empressé de réagir au cours d’une interview sur Fox News, assurant que Taylor Swift allait « en payer le prix » sur le plan des ventes. L’apparition à l’US Open de l’interprète de « Dear John » auprès d’une supportrice connue de Donald Trump, connaissance du joueur de football américain et petit-ami de la star Travis Kelce, avait également fait réagir sur X (anciennement Twitter). « On se demandait si elle allait soutenir Kamala Harris publiquement car elle est régulièrement la cible de menaces et d’insultes de la part des républicains. C’est vraiment un camouflet pour Trump », estime ainsi Morgane Giuliani.

Il faut tout de même prendre en configuration « l’imprévisibilité » de l’électorat américain, prévient la journaliste. « Les Etats-Unis restent encore très marqués par la victoire de Donald Trump en 2016. Hillary Clinton a fait une campagne autour de la pop culture, avait toutes les stars derrière elle, et a quand même perdu », rappelle l’autrice. La prise de position de Taylor Swift n’assure donc pas la victoire à Kamala Harris, mais « lui donne un coup d’accélérateur », estime tout de même Morgane Giuliani, le scrutin de novembre s’annonçant très serré.

Emma Launé-Téreygeol

Taylor Swift, la superstar qui pourrait influencer l’élection présidentielle américaine

La chanteuse américaine Taylor Swift, véritable pop star qui réunit des centaines de millions de fans à travers le monde, pourrait bientôt étendre son influence à la sphère politique. Avec des fans jeunes qui voteront pour la première fois le 5 novembre prochain, son soutien à Joe Biden pourrait faire basculer l’élection en la faveur du président sortant, qui sera vraisemblablement opposé à Donald Trump.

Camille Beaurain

Trump, un leader républicain imprévu et dérangeant pour les midterms

Dans la nuit du 23 au 24 septembre, Donald Trump tiendra un meeting de campagne à Wilmington, en Caroline du Nord. Il y réaffirmera son soutien au républicain Ted Budd, candidat à la Chambre des représentants pour les élections de mi-mandat états-uniennes. L’ancien président apparaît comme le leader de la campagne républicaine, malgré les réticences de plusieurs membres du parti.

« En général, les présidents battus sont en retrait pour les midterms », souligne Simon Grivet, maître de conférence en histoire et civilisation états-uniennes à l’université de Lille. Pourtant, Donald Trump, battu lors de l’élection présidentielle en 2020 par Joe Biden, apparaît comme le chef de file du parti républicain pour les élections de mi-mandat. Dans la nuit du 23 au 24 septembre (à 19h heure locale), il tiendra un meeting à Wilmington, en Caroline du Nord, pour soutenir le candidat républicain à la Chambre des représentants Ted Budd.

« Il reste le favori chez les républicains » explique l’enseignant. Un sondage d’USA Today et d’Ipsos Survey publié le 28 août révèle que 59% des électeurs républicains sont favorables à une candidature de Donald Trump à la présidentielle 2024. Ses partisans sont nombreux à faire le déplacement lors de ses meetings, arborant pour la plupart l’acronyme MAGA, en référence au slogan de l’ancien président : « Make America great again ».

Ces midterms se tiennent deux ans après la dernière élection présidentielle, soit au milieu du mandat de Joe Biden. Les 435 sièges de la Chambre des représentants seront entièrement renouvelés. Ce sera également le cas d’un tiers des sièges du Sénat. L’objectif principal des Républicains est de décrocher la majorité dans ces deux instances, jusque-là dominée par le parti démocrate.

Imposer des candidats trumpistes

La campagne a débuté au mois de juin par des primaires dans de nombreux États. Elles ont permis aux partis d’élire leurs candidats en interne. Donald Trump a aussitôt pris position en faveur de candidats trumpistes, fidèles à ses idées. « Il a en quelques sortes sortes utilisé l’argent collecté pendant des mois depuis sa défaite pour créer un parti républicain à son image, explique Simon Grivet. Il s’est attaché à éliminer les adversaires dans son propre parti, comme Liz Cheney. » La candidate républicaine dans le Wyoming a été battue le 16 août dernier par Harriet Hageman, soutenue par l’ancien président états-unien.

L’omniprésence de Donald Trump dans les médias et sur la scène politique ne satisfait pas tous les membres du parti républicain. « Certains Républicains lui reproche de trop s’impliquer et de nuire au parti », explique Marie-Christine Bonzom, politologue spécialiste des États-Unis. Au-delà de son engagement politique, l’ancien président occupe le devant de la scène à cause des affaires judiciaires qui le visent. Fraude fiscale, responsabilité dans l’invasion du Capitole le 6 janvier 2021 et conservation illégale de documents classés « secret défense » : l’ancien président a fort à faire avec la justice.

« Avec sa personnalité et sa situation judiciaire, il fait de l’ombre au programme républicain », développe la politologue. Ces élections de mi-mandat sont traditionnellement l’occasion, pour les électeurs américains, de s’exprimer sur la politique menée par le président actuel. Les républicains entendent jouer ce qu’ils considèrent comme les points négatifs de la première moitié du mandat de Joe Biden, tels que l’inflation ou l’afflux de migrants à la frontière mexicaine. Mais avec Donald Trump, « les questions de l’ordre du personnel prennent le pas sur le programme », complète Marie-Christine Bonzom.

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Pour elle, cette situation bénéficie surtout à Joe Biden et aux démocrates. « Ils sont en train de faire en sorte que ce scrutin, qui en général est une sorte de référendum sur le bilan du président, soit un référendum anti-Trump. » L’ancien président républicain apparaît alors comme un leader dérangeant pour son parti contraint, pour le moment, de l’accepter, comme l’explique le maître de conférence Simon Grivet : « Beaucoup aimeraient se passer de lui mais sont, pour l’instant, obligés de lui être fidèles » à cause de son influence dans le paysage politique états-unien.

Laura Merceron